J’ai participé pour la 3ème fois en tant qu’exposant/conférencier au Salon de la Photo à Paris du 8 au 12 novembre sur mon propre stand.

La classe ! 🙂

Ce fut surtout un expérience incroyable. Enrichissante, motivante, euphorisante … et aussi fatigante, soyons honnête ! 🙂

Vous ne saviez pas que j’y étais ? Pas possible, 😉 j’en ai longuement parlé ici ou encore ici.

Les années précédentes, je rédigeais un article bilan classique, dans lequel je délivrais mes impressions et le bonheur de pouvoir vous rencontrer en vrai. 

Comme ici par exemple. 

Mais pour cette année, je n’ai pas voulu ça. J’ai préféré vous écrire quelque chose de différent. Quelque chose qui vous apporte plus. Qui vous fasse grandir en tant que photographe. 

Voici donc les 7 choses que j’ai apprises au salon de la photo et que je veux partager avec vous. 

salon de la photo

#1 – Les hybrides, c’est maintenant

Déjà, première chose, ce mot hybride est vraiment mal choisi. Je ne sais pas qui est derrière, mais quelle mauvaise inspiration.

Les anglais s’en sortent mieux avec « mirrorless », signifiant littéralement « sans miroir ». Car c’est bien de ça qu’il s’agit : un appareil photo à objectifs inter-changeables sans miroir. 

Alors qu’hybride … ça veut tout et rien dire (surtout rien car d’après le Larousse, c’est une chose composée d’éléments disparates). Je ne suis pas fan des mots anglais utilisés au quotidien mais, là, j’aurais préféré. 

Ce petit coup de gueule étant fait, pourquoi je vous en parle, de ces hybrides ? Parce que ça y est, mon choix est fait. Mon prochain reflex appareil photo sera un hybride. 

Oui, vous avez bien lu, d’ici quelques temps, mon appareil photo n’aura plus de miroir. 

Et c’est précisément au cours de ces 5 jours au Salon de la photo que j’ai pris ma décision. Trois éléments déclencheurs (oui, il y a un jeu de mots 🙂 )

#1 : l’excellente conférence de Jean-Christophe Dichant de Nikon Passion sur les différences entre hybrides et reflex. Je n’ai jamais pu la voir en intégralité, mais certaines séquences m’ont interpellées.

Comme celle ou Jean-Christophe, qui en fin connaisseur du marché de la photo prévoit que le reflex, à terme, aura la même place que celle tenue par le moyen format actuellement.

#2 : des discussions avec quelques uns d’entre vous. Parce que n’utilisant pas encore d’hybride sur le terrain, je n’hésitais pas à demander des retours d’expériences à ceux qui photographient avec. Et aucun ne regrette ce passage à l’hybride.

#3 : mes essais sur les stands des fabricants. L’avantage en tant qu’exposant est de pouvoir profiter des allées vides du salon de la photo avant l’arrivée massive des visiteurs.

Un vrai confort quand il s’agit de manipuler le matériel sur les stands. Je ne me suis donc pas privé de regarder, tester, déclencher, et manipuler les hybrides plein-format. J’ai adoré. 

Tout ça pour aboutir à cette conclusion : 

Je n’ai plus aucun argument éliminatoire contre l’usage d’un appareil photo hybride en photographie animalière. 

Le viseur électronique ? Oui, je reconnais, c’est encore à mon goût moins confortable qu’une visée optique. Mais ! Je suis persuadé qu’il s’agit plus d’habitude que d’un inconfort réel. Tout comme les avantages à en tirer sont plus nombreux que les inconvénients :

  • pas de black out (moment noir lors du relevage du miroir)
  • des tonnes d’informations en plus 
  • voir le rendu final directement

Les batteries ? Un hybride est plus gourmand qu’un reflex. Quand ce dernier déclenche 1000 fois sur un accus, l’hybride le fera 500 fois. Pas grave. Suffit d’avoir une batterie en plus dans la poche ou de s’offrir une poignée. 

La réactivité ? Ça fait belle lurette que les hybrides, qu’ils soient plein format ou APS-C, n’ont rien à envier à la vitesse des reflex.

L’ergonomie ? Les hybrides sont plus compacts (enlever le miroir fait gagner pas mal de place !). Mais comme pour la visée électronique, c’est une question d’habitude. Il suffira de quelques jours, de quelques sorties pour oublier la prise en main classique d’un reflex.

Le Parc d’objectifs ? Chez Nikon et Canon, la bague d’adaptation permet de réutiliser sans aucun souci les objectifs à monture reflex. Chez Sony, l’offre de téléobjectifs commence à être très intéressante (malgré des prix très élevés)

Ces quelques points possiblement négatifs balayés, voici deux avantages qui pour moi méritent à eux seuls de passer à l’hybride :

#1 : le mode silencieux … hyper méga silencieux. Je pense qu’on ne se rend pas compte qu’on assiste à une véritable révolution dans la prise de vue en photo animalière.

Pouvoir déclencher sans aucun bruit. Ne plus avoir à craindre de faire fuir l’animal avec le clic-clac. Ne plus avoir à mettre une housse anti-bruit. Ne plus avoir à faire un déclenchement, puis attendre de voir la réaction de l’animal. Quel confort !

#2 : la prise de vue en rafale hyper rapide. Bien plus que sur un reflex. Encore lui, mais le miroir est un frein mécanique à l’augmentation de la rapidité de la rafale. Un hybride, dépourvu de cette limitation, peu accéder à des fréquences plus hautes, comme 20 images/s là où le reflex plafonne lui à 12i/s

Pour terminer ce paragraphe, je ne dis pas que le reflex est has-been pour l’animalier. Je dis que l’hybride ne traine pas plus comme boulets les gros défauts d’avant.

Et ces nombreux avantages me feront vite oublier ses quelques faiblesses. 

#2 – Les photos, ça fonctionne

Qu’est ce que je peux bien vouloir dire par ce titre énigmatique ? 😉

Sur notre stand co-partagé avec Photo Passion et Nikon Passion au salon de la photo, sept conférences étaient proposées quotidiennement.

L’objectif commun à chacune d’entres elles étaient d’apporter de la valeur, des nouvelles connaissances aux spectateurs. Je crois d’ailleurs qu’on a parfaitement rempli notre mission ! 🙂

Soit animées par l’un de nous trois, soit par un auteur des éditions Dunod ou Eyrolles (d’ailleurs, j’ai enfin pu rencontrer une de mes premières idoles en photo animalière : Erwan Balança grâce à Stéphanie des éditions Eyrolles Photo.

En tant que spectateur privilégié, j’étais toujours aux premières loges. 

Du début à la fin, je remarquais que dès qu’un conférencier montrait une série de photos pour illustrer ses propos (moi compris), les passants censés passer s’arrêtaient (petite allitération au passage 🙂 ). Et regardaient l’écran. 

Bien plus que lorsque l’écran diffusait uniquement du texte ou des schémas. 

Peu importe les photos montrées, qu’elles soient animalières, de rue, de studio, minimalistes, sportives ou autre, le stand se remplissait à chaque fois. 

La conclusion ? L’image possède une force d’attraction et de rétention archi-puissante. Bien plus que du texte. 

Alors chers lecteurs, si vous ne savez pas trop pour quoi vous photographiez, dans quel but (mis à part le fait d’aimer ça), dites vous une chose : 

La photographie est le vecteur le plus puissant pour diffuser vos idées, vos messages.

Vous en avez assez que la faune sauvage soit martyrisée ? Assez de l’utilisation des pesticides ? Assez des éoliennes qui gâchent le paysage ? Assez de voir les renards et les blaireaux sur la liste des nuisibles ? 

Alors photographier pour dénoncer ce qui vous révolte est le meilleur moyen qui soit. 

salon de la photo
Cette vieille renarde a eu un impact fort sur le public

#3 – La nature, ça plait

Je n’en doutais pas une seconde. N’empêche, pouvoir le vérifier au cours de chacune des mes conférences en plein coeur du salon de la photo, ça fait du bien ! 

Le thème de ma présentation était : Trouver plus de temps pour photographier

Assez loin de la photographie animalière. Dommage de ne pas profiter de l’audience parisienne pour en parler.

Alors j’ai décidé d’inclure dans ma conférence des photographies d’animaux sauvages. Mon excuse était de faire des pauses dans mon discours assez technique. 

Mais la vraie raison était de montrer la beauté de la nature à un public vraisemblablement moins sensibilisé à la cause animale que celui de Montier-en-Der par exemple. 

En toute franchise, je craignais un peu la réaction du public. Pas des lancers de tomates, non, mais plutôt des remarques du type « on n’est pas venu pour écouter ça« .

Résultat ? Non seulement je n’ai (évidemment) jamais eu ça, mais en plus j’ai senti les spectateurs captivés par mes petites anecdotes naturalistes. 

Un exemple ? Découvrir le visage ébahi des gens quand je leur annonçait que la mésange pouvait parcourir 25 km par jour uniquement pour chercher et apporter à manger à ses oisillons. 

Ou encore quand j’expliquais que le coeur de cette même mésange peut battre jusqu’à 1000 battements pas minute (!!!). 

Et aussi au moment où je démontrais que laisser tranquille le renard est le meilleur moyen de lutter contre la propagation de la maladie de Lyme

Invariablement je notais les hochements de tête, comme pour dire « oui, évidemment ».

Bref, je ressors du salon encore plus  motivé que jamais pour continuer à soutenir la cause animale avec mes photos (cf. paragraphe précédent 😉 )

Cette mésange bleue en contre jour … une de mes photos favorites. 

#4 – Essayer le matériel, c’est essentiel

Nous l’avons tous fait. 

Aller dans une FNAC rayon photo et tester du matériel. Mais est-ce que regarder dans le viseur et appuyer sur 3 ou 4 boutons est réellement tester ? 

Non. Bien sûr. 

Essayer du matériel doit être fait plus sérieusement. Ou au moins dans des conditions censées rappeler celles qu’on aura dans la vraie vie. 

Pourquoi je vous parle de ça ? 

Parce les grosses marques présentes au salon permettent justement de le faire. 

Tenez, Sony par exemple. Toute la journée se succédaient des danseurs hip-hip sur un plateau de danse. 

Chez Olympus est venu un champion de BMX freestyle. 

Sur le stand Canon des danseuses jouant avec un grand voile flottant étaient présentes en continu.

L’intérêt ? Pouvoir shooter et tester la capacité des appareils à répondre aux exigences des photographes.

C’est ainsi que j’ai pu me rendre compte à quel point la rafale du Sony α9 est géniale, à quel point le suivi de mise au point sur les yeux de la danseuse marchait super bien. 

Donc si j’ai un conseil à vous donner : avant d’acheter un appareil photo, testez-le dans la mesure du possible en situation se rapprochant le plus de ce que vous pourrez faire sur le terrain. 

Pour ça, la solution de la location d’appareil photo à la semaine est une très très bonne alternative.

Sur le stand Canon, on pouvait tester le matériel dans de bonnes conditions

#5 – Soyez pro-actif, c’est important

Je ne connais pas quel est votre but à moyen terme en photographie. 

Je veux dire, vous seul connaissez votre ambition photo. 

Vous pouvez simplement apprécier photographier, développer puis imprimer vos photos pour les afficher sur les murs de chez vous, sans aucune autre volonté de partage. Et c’est parfait comme ça. 

Mais vous pouvez aussi souhaiter faire connaitre votre travail. Ambitionner de vous faire une place dans la famille de la photo animalière. 

C’est possible. Pas facile, mais possible. 

Pour y arriver, deux choses comptes.

La première est de créer des photos animalières fortes aux messages clairs. De celles qui racontent des histoires 

La deuxième chose, on ne la connait pas trop. Pourtant, elle est obligatoire. Je le savais plus ou moins mais ça m’a sauté aux yeux suite à la discussion que j’ai eue avec le photographe Florian Ledoux.

Je vous explique pourquoi. 

Sa carrière de photographe nature a décollé ces derniers mois. Notamment grâce à une photo assez incroyable d’un ours polaire enjambant deux plaques de glace. 

Elle a fait le tour du monde et Florian a remporté de nombreux prix grâce à cette image comme le Drone Photographer Of The Year 2018

Là, vous vous dites, « bah  oui, normal, il a fait une photo géniale donc les gens viennent le voir et c’est parti« . 

Pas du tout. Ne pensez pas une seconde que Florian s’est contenté de poster sa photo sur son site ou sa page Instagram et attendre tranquillement que National Geographic le contacte.

Ce qu’il s’est passé ? Il est allé au charbon et, sentant que sa photo d’ours polaire avait un gros potentiel, l’a proposé à de nombreux concours. Il a aussi multiplié les expositions photos (en tant qu’exposant évidement). 

Et à force de rencontrer, de côtoyer d’autres photographes et de montrer au plus grand monde son travail, ce qui devait arriver arriva, Florian a rencontré les bonnes personnes qui lui permettent de mettre sur pied ses prochains projets photo. 

Moralité : photographiez, du mieux que vous pouvez, mais surtout, ensuite, criez sur tous les toits que vous êtes là. Croyez-moi, que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans la vraie vie, c’est souvent celui qui crie le plus fort et le plus longtemps qui se démarque (à condition que les photos tiennent la route ça va sans dire).

Ici, avec Denis Dubesset, auteur du livre La photo minimaliste aux Editions Eyrolles

#6 – Formez-vous, c’est mieux

S’il fallait simplifier, il n’y a que deux choses à faire au Salon de la Photo :

  • faire le tour des marques
  • ou assister à des conférences 

Quand on est dans un processus d’achat, la première est très pratique.

Pensez, on a tout au même endroit, on accède à plus de matériel qu’on n’aura jamais dans un grand magasin et on bénéficie directement des conseils des représentants des fabricants. 

Le problème, c’est que même sans but d’acquisition, la très grande majorité des photographes conserve cet attrait pour le matériel. 

Je ne suis pas psychologue. Par contre, depuis le temps, je pense bien connaitre la mentalité du photographe (je suis dedans hein 😉 )

Tous autant qu’on est, notre désir de progresser est réel. Par contre, si le progrès peut passer par un minimum d’efforts d’apprentissage, on prend (à nouveau je me mets dedans aussi).

Où je veux en venir ? C’est simple. Acheter du matériel nouveau (et forcément plus performant) nous laisse croire qu’on progressera rapidement … et sans effort.

Mais c’est un leurre. Dans la plupart des cas je vous assure que les progrès seront minimes voire inexistants.

Comment progresser en photo à coup sur alors ? En se formant. En revanche, vous me voyez venir … ça demande un effort certain.

J’ai en tête un exemple très parlant.

Un dame, je n’ai pas d’autres infos (!) a dû voir toutes les conférences données sur notre stand. Vraiment. Je la voyais prendre des notes, enregistrer parfois avec son smartphone, photographier les diapos importantes sur l’écran, poser quelques questions à la fin. 

Et si elle avait déjà vu une conf’, alors elle filait aux grandes rencontres du salon de la photo. 

Mon avis ? Elle a bien plus progressé que n’importe quel photographe qui aura passé tout son temps à questionner les vendeurs sur telle ou telle caractéristique technique d’un appareil ou pire … d’un accessoire. 

Bref, n’oubliez pas d’apprendre, et de vous former autant que possible.

D’ailleurs, j’en profite pour vous dire que vous pouvez encore vous inscrire à l’excellent formation en ligne gratuite (un MOOC) organisé par Solerni. C’est ici.

salon de la photo
Moi, en plein action ! 
Ici, j’anime une table ronde avec de sacrées pointures ! Avec Anne-Laure Jacquart, Pierrick Bourgault et Eric Forey

#6 – la dynamique des marques, c’est flagrant

Vous ne savez pas vraiment si la marque de votre appareil photo est dynamique sur le marché de la photo ? 

Il existe un excellent moyen de le savoir : faire le tour des stands des différents fabricants. 

C’est édifiant à quel point les efforts financiers et logistiques pour créer un stand donnent une image précise de l’ambition d’une marque photo. 

Je prends l’exemple de Pentax. J’aime bien, forcément. Je travaille avec depuis plus de 10 ans. Sans le vouloir, et même si je ne suis pas matérialiste, à force de voir ces 6 lettres gravées en blanc sur mes boitiers et mes objectifs, j’y suis attaché. 

Mais il suffit de constater la petite taille de leur stand comparée à celle des autres gros que sont Sony, Canon, Nikon, Fuji ou encore Olympus pour comprendre que Pentax ne joue plus dans la même cour. 

Surtout avec leur Theta 360° qui prend la moitié du stand pour réduire à 10 m2 la présentation de leur gamme complète d’appareils, là où d’autres ont plus de 100 m2 … 

Je ne sais pas ce que sera Pentax dans 2 ans. Mais si je me base sur la qualité, l’originalité et la surface du stand, je ne donne pas cher de leur peau. 

À l’inverse, j’ai trouvé le stand de Nikon bien fichu avec une belle mise en valeur de leurs Z6 et Z7. 

Idem pour Sony qui, années après années, continue de mettre les petits plats dans les grands et montre qu’il faut désormais plus parler de SonyCaniKon que seulement de Canikon (c’est pas très beau, mais vous avez compris)

salon de la photo
Le stand Pentax en 2016 … qui n’a pas changé d’un pouce en 2018 !

#7 – la communauté des lecteurs d’Auxois Nature

Le meilleur pour la fin non ? 🙂

Vous avez été des dizaines à venir me voir. Quelle joie sérieusement que de pouvoir discuter en vrai avec vous. 

Vous êtes la communauté d’Auxois Nature. Sans vous, sans votre fidélité, ce blog ne serait rien. 

Certains sont là quasiment depuis le début et de véritables liens d’amitiés se sont créés au fil des années. Qui aurait cru en ce mois de septembre 2010, quand j’ai créé ce blog de photographie animalière, que je ferai des sorties photos avec des personnes rencontrées au départ virtuellement ? 

D’autres sont arrivés plus tard, peut-être même très récemment, et là aussi je sens un vrai engouement autour de la photo animalière. 

Je suis en pleine discussion avec une lectrice 
salon de la photo
Les photos des lecteurs au salon de la photo ! 
Ce panneau a beaucoup plu !

Ça n’est que le début, et croyez-moi, l’histoire d’Auxois Nature et de ses formidables lecteurs n’est pas prêt de s’arrêter ! 🙂