Photographe, guide photographe de voyage, ma vie photographique se passe impérativement sur le terrain. Mon domaine de prédilection est le portrait ethnique et j’ai décidé, il y a quelques jours, d’écrire un article dédié au portrait animalier 

Pourquoi ce sujet ? Vous faire découvrir certains des portraits animaliers que j’ai ramenés de mon dernier voyage photo à Madagascar, mais également vous apporter des solutions aux problèmes rencontrés par ma propre expérience en photographie. Ces images et les obstacles liés à leur réalisation méritent bien ces quelques réflexions sur le sujet.

Photographe amateur ou professionnel, nous apprenons à chaque défi qui s’impose à nous sur le terrain. En matière de photographie animalière, les difficultés rencontrées sont telles qu’un nouveau défi apparaît à chaque nouvelle prise de vue. J’espère ici, une fois de plus, participer à votre progression dans votre travail photographique…

Note de Régis : cet article a été rédigé par Marie-Ange Perney, du blog www.apprendre-la-photo-de-voyage.com. C’est donc elle qui s’exprime dans cet article.

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Des évidences se sont imposées à moi pour rédiger cet article. La première est qu’il doit être rédigé pour un blog de photographes animaliers passionnés donc vous et Régis Moscardini, l’auteur de ce blog. La deuxième est qu’il me faut vous avouer avoir recherché mon inspiration pour cet article dans les images de l’un de mes maitres en la matière : Laurent BAHEUX dont je vous propose également de découvrir quelques photos…

Revenons à Madagascar… ce voyage a permis de faire quelques portraits animaliers sans pour autant avoir eu à ma disposition le matériel spécialement adapté. Savoir s’adapter aux situations qui se présentent et dans certaines circonstances se passer d’un gros téléobjectif est une base nécessaire au photographe de terrain.

Que vous décidiez de partir à la découverte d’une région de France, d’Europe ou en voyage au bout du monde, l’utilisation de transports en commun (bus, avion, train, etc…) impose forcément d’alléger autant que possible le matériel transporté. Seule ou accompagnée, pour le continent asiatique ou Madagascar, je n’ai pas pour habitude de m’encombrer d’un gros téléobjectif pour mes voyages photos. Les 12 kg de mon sac photo (près d’un quart de mon propre poids !) suffisent à ma peine et sont déjà bien assez contradictoires à mes conseils pour voyager léger !

L’exception confirme la règle et les voyages en safaris photos (au Kenya par exemple) relèvent de ces cas particuliers. J’emporte (dans ce cas uniquement !) un zoom de type 100-400mm stabilisé ou un fixe entre 300 et 500mm.

Mais comment faire de la photo animalière en étant limité à une focale de 200mm ? Impossible me diront certains, et pourtant, dans certaines circonstances, il y a des solutions ! 

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Photographe, voyageuse au long cours, particulièrement sensible à la photographie de portraits du monde, mon objectif fétiche en voyage est le 70-200mm – f2.8. Un petit bijou pour mon activité de photographe de voyage. Bien qu’en abordant le portrait animalier l’affaire se corse quelque peu !

Nous avons passé 2 jours dans un parc national de la Grande Ile. Evidemment, dès ma première rencontre avec ces bêtes à poils, j’ai regretté de ne pas avoir un 100 – 400mm. Qu’à cela ne tienne ! Il fallait immortaliser l’instant… Inutile de me lamenter sur mon triste sort de photographe, j’avais devant moi un spectacle enchanteur, un boitier Canon 5D et un objectif 70-200mm que j’ai soudain trouvé ridiculement petit.

Pour les avoir côtoyés pendant 7 ans de ma vie dans une réserve du Nord de l’ile, je connais ces animaux par cœur et une check liste de mes connaissances en photographie m’a permis de surmonter l’émotion de ces retrouvailles pour réaliser leurs portraits.

Que vous connaissiez déjà, comme moi, certains points de ce récapitulatif qui relève plus de la réflexion que des connaissances techniques, n’enlève rien au bénéfice de les revoir à tête reposée et être sûr, le moment venu, de pouvoir les appliquer et réussir vos images. Je vous propose donc maintenant de découvrir mon B.A.-Ba de la photographie de portrait sur en extérieur .

1 – Les premiers réglages pour le portrait animalier

J’ai commencé la séance en mode priorité vitesse mais je l’ai vite abandonné et suis passée en mode manuel pour avoir une totale maîtrise sur la profondeur de champ. Réglage ISO automatique au début (dans cette forêt la lumière est difficile, en particulier les ombres) car cet animal est aussi rapide et imprévisible qu’un oiseau !

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2 – La lumière

Il faut se concentrer sur la lumière et les différences de tons du pelage de l’animal. N’oubliez pas que j’ai sélectionné qu’un seul collimateur. Nous sommes au milieu d’une forêt dense, pas d’éclairage artificiel, pas de fioritures, nos amis les bêtes ne sont pas des mannequins de studio ! Nous respectons la nature et devons être capable de nous adapter à ses contraintes !

Comme le dit Régis, un animal oublie d’être coopératif et le portrait de voyage ne doit en aucun cas être le résultat d’une mise en scène, mais bel et bien le fruit d’une belle rencontre. Dans le cas du portrait animalier avec un 70-200mm avec une ouverture constante à f2.8, la gestion de la lumière va faire toute la différence entre un photographe et un bon photographe. Il va falloir analyser la lumière ambiante à la vitesse grand « V ».

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On ne fait pas poser un animal, et pourtant saisir l’instant décisif  nous apporte de temps en temps son lot de bonheur photographique.

3 – Donnez un sens à vos images.

Comme le portrait en voyage, le portrait animalier doit avoir une âme. Pour cela, il est nécessaire de faire de belles rencontres et quoi de plus beau que d’aller au-devant de la nature. Essayez donc de faire poser un animal et de lui décrocher un sourire… Un défi photographique de taille.

4 – Rapidité et Anticipation

Le portrait animalier, et la photographie animalière en général, demandent une certaine dextérité. La réussite peut être à la portée de chacun si tant est que le photographe a une bonne dose de patience et je vous l’accorde aussi un peu de chance.

Etre à l’affût, quelquefois pendant des heures, est une condition incontournable pour saisir l’instant décisif (la bonne expression, la bonne lumière, la proximité, le regard…). La réussite d’une photo de portrait – d’une personne d’une minorité ethnique ou d’une espèce animale – dépend autant des qualités du photographe que de ses aptitudes d’approches.

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5 – Respect

Dans la nature, avoir une patte de velours et le pas léger…

6 – Mise au point

Pour le portrait animalier, pensez au post traitement de l’image, à pouvoir l’agrandir sans qu’un guêpier d’Europe ressemble à une libellule au milieu d’une étendue marécageuse de 3 hectares. Faites votre mise au point sur l’œil du sujet, avec un seul collimateur sélectionné (de préférence au tiers et non pas au centre de votre image).

Je ne résiste pas au plaisir d’illustrer ce point par cette image. Elle n’est pas prise à Madagascar et n’est pas de moi mais elle est l’un des meilleurs exemples que je connaisse de réussite dans ce domaine… 

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©Laurent Baheux

7 –  Le contraste

Si photographier veut dire écrire la lumière ce n’est pas pour rien ! Analyser ce que la lumière nous offre de plus beau, le contraste ! Vous êtes seul maître du jeu sur ce point, profitez-en… essayez, jouez et rejouez, encore et encore… 

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8 – La créativité

Pour être créatif dans le portrait animalier et traduire l’émotion que l’on ressent face à un animal, il faut mettre son cœur dans le viseur et savoir donner sans compter car l’animal ne fera aucun effort pour vous faciliter la vie. Pour un portrait rapproché n’hésitez pas à user et abuser de la créativité et à mettre en pratique la notion fondamentale de la profondeur de champs.

D’où l’intérêt d’être équipé d’un objectif de grande ouverture (f1.8 ou f2.8). Un portrait ne doit pas être réducteur et se cantonner à vouloir photographier la tête. Laissez parler votre créativité : une patte, des dents, une partie du corps de l’animal suivant son espèce (les rayures d’un zèbre, les taches d’un léopard…) et pourquoi pas essayer le N&B, comme Laurent Bayeux… Le derrière d’un éléphant, il fallait oser et pourtant cette image est superbe !

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©Laurent Baheux

 9 – Le cadrage et la composition

Ces deux aspects de l’image prennent ici tout leur sens. Il est impératif de respecter certaines règles – que vous devez certainement déjà connaître par cœur en suivant les articles de Régis – qui pourtant ne sont pas toujours appliquées même par les plus doués d’entre vous.

On pardonne beaucoup d’imperfections au photographe animalier sous prétexte qu’il « shoote » dans des conditions souvent compliquées. Dans le portrait animalier, que nenni, on ne laisse rien passer du tout ! Il sera, en abordant ce domaine, temps de mettre en application absolument toutes vos connaissances des techniques photos… de base !

En portrait animalier, il faudra faire des choix, photo d’un animal dans son environnement ou portrait serré. La prise de vue en plongée traduit un manque de respect pour l’homme et n’a que très peu d’intérêt pour la photo animalière. Par contre, pour changer de point de vue et suivant certaines circonstances, pourquoi ne pas essayer la contre-plongée ?

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10 – La profondeur de champ

Il est tout à fait possible de faire intervenir une faible profondeur de champs alors que l’on souhaite montrer un animal dans son environnement. Vincent Munier est l’un des champions dans cette catégorie de créativité et ses images en témoignent mieux que des mots :

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©Vincent Munier

Une dernière remarque concernant la post-production : une mauvaise photo à la prise de vue restera mauvaise alors qu’une bonne photo peut être sublimée au moment du développement (avec Lightroom par exemple). Si l’on ne dispose que d’un objectif de 200 mm, le soin apporté à une excellente mise au point nous servira toujours pour recadrer une photo sans perdre la qualité de définition de l’image, comme celle, en N&B ci-dessous, et son original en couleur. 

Pour conclure cet article, je ne saurais trop vous conseiller de regarder, analyser, apprécier le travail photographique des meilleurs. Non pas qu’il faille les copier, mais s’en inspirer n’est pas interdit et c’est un très bon exercice! Le savoir-faire de ces quelques photographes de haute voltige ne peut qu’enchanter tout photographe et par la même, le pousser vers le haut…

Vous êtes passionné par la photographie et les voyages ? Pour en savoir plus sur la photo de voyage, vous pouvez visiter mon blog.

Si cet article vous a plu, laissez un commentaire ci-dessous, je me ferai un plaisir d’y partager mes expériences …