Le portrait animalier : introduction

Dans l’absolue, il n’y a aucune différence entre un portrait animalier et un portrait d’homme, de femme ou d’enfant : le but est de mettre en valeur le modèle en plaçant la tête sur une grande surface de l’image. Enfin, si, juste une différence, minime, trois fois rien : l’animal oublie simplement d’être coopératif quand un mannequin accepte sans broncher de se mettre de 3/4 face (quoique …)

Que les animaux sauvages n’en fassent qu’à leur tête est à bien y réfléchir un avantage pour vous, photographe animalier. Entendez par là que finalement vous n’avez pas à étudier toutes les techniques de la photographie de portrait de personnages : l’éclairage artificiel, l’étude de la personnalité du sujet, le décor, l’utilisation des nombreux accessoires, le maquillage (la poudre sur le nez pour pas qu’il brille !). Tout cela, je le laisse avec plaisir aux photographes de studio.

Autre avantage d’être du coté des animaliers, en cas de prise de vue ratée, on a nos excuses toutes trouvées ! « L’animal est resté de dos pendant des heures, il n’est pas sorti de son nid, les végétaux du premier plan ont gêné la mise au point, les chasseurs ont tiré comme des malades pendant des semaines les animaux détallent à la moindre forme suspecte » … Bref, des excuses bien valables comme celles-ci, on en a à la pelle ! Alors que le photographe de studio, lui, comment il s’en sort avec sa photo ratée. Par quelle pirouette ? Pfff … le modèle n’était pas à l’aise, c’était sa première ? Mouais, à d’autres 🙂

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Portrait de renard – © Jérôme Salvi

Tout ce qu’il faut savoir

1°) Les objectifs

Pour le portrait animalier, impossible de faire autrement que d’avoir de longues focales : en dessous de 300 mm, ce sera chaud, même en hiver. Vos chances de réussites seront donc plus élevées avec des objectifs compris entre 300 et 600 mm. Vous n’en avez pas ? Le 200 mm fera l’affaire mais à condition d’être à quelques mètres seulement du sujet.

Je me souviens de ma première sortie avec mon premier reflex monté avec le 18-55 mm, je voulais faire du portrait  de canard. Quelle déception quand je me suis rendu-compte que les volatiles n’étaient pas plus gros qu’une noix sur l’image finale ! Bon, c’était il y a longtemps hein ! Promis, vous ne le répétez pas 🙂

2°) La stabilisation

Selon moi vous ne pourrez pas vous soustraire de cette contrainte. J’y reviendrai plus loin mais vous serez parfois obligé de fermer l’ouverture, laissant ainsi passer moins de lumière, d’où une vitesse d’obturation réduite. Et avec les longues focales, le flou de bouger est vite arrivé ! Etre stabilisé peut passer par :

  • un trépied

  • un monopode

  • un beanbag, sac de riz, sac à dos

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    Portrait d’hermine – © Fabien Gréban

3°) L’éclairage

Quand je disais que le portrait animalier rejoint en de très nombreux points le portrait de studio, celui-ci en fait partie ! Le but de tout portrait animalier étant de mettre en valeur la tête de l’animal, l’éclairage est l’élément clé, celui sur lequel vous devrez concentrer tous vos efforts. Ici, en pleine nature, en présence d’animaux sauvages, les spots, parapluies réflecteurs et autres flashes de studio sont impossibles à installer.

La seule et unique solution pour obtenir un top éclairage c’est d’être présent au bon moment. C’est facile, mais contraignant ! Les fameuses Golden Hours comme aiment les appeler les anglophones sont accessibles aux plus courageux : lever tôt le matin, être présent dès l’après midi pour être opérationnel en fin de journée. Mais le jeu en vaut la chandelle : à vous les lumières chaudes et rasantes pour des portraits animaliers du tonnerre. A ce sujet, je vous conseille de re-lire mon article sur les 5 principes de base à appliquer en photo animalière.

4°) Le cadrage

Le choix du cadrage est primordial, comme tout le temps en fait, mais ici peut-être un peu plus qu’ailleurs. Il existe plusieurs types de formats :

  • le format portrait

  • le format paysage

  • le format carré

  • le format rond … non, c’est un blague !

formats photo portrait animalier

Les 3 types de cadrage possibles

Chacun d’entre eux à ses spécificités : on ne choisira pas l’un ou l’autre par hasard ! Un format est choisi parce que c’est lui qui correspond à notre but artistique du moment et pas un autre.

Le format portrait

Le titre de l’article est, si vous l’aviez oublié, réussir son portrait animalier. Comme son nom l’indique donc, ce format est à priori celui à privilégier pour vos portraits d’animaux. J’insiste sur le “à priori” : si cette orientation d’image est celle retenue pour 90 % des portraits de personnages, c’est parce que la forme de notre tête s’y prête. On a une tête en ovale long. Si on l’avait eue carrée, notre sacro-saint format portrait serait … carré !

Le format portrait est celui à retenir si vous souhaitez réaliser photos pour les animaux qui présentent une silhouette de corps ou de tête en hauteur :

  • rapaces : buse sur un piquet, chouette perchée
  • tous animaux : vue serrée de face

Le format paysage

Ne vous fiez pas à son nom, il n’est pas aussi exclusif qu’il le laisse paraître ! Utilisez ce cadrage horizontal pour faire un portrait un peu moins serré, un peu moins … portrait 🙂 C’est l’idéal pour réaliser un portrait serré de profil : la forme de la tête des mammifères sous nos latitudes convient bien au format paysage. Les museaux longs comme les renards, les cervidés : toutes les truffes allongées.

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Portrait de renardeau – © Jérôme Salvi

5°) La mise au point

Peu importe le cadrage choisi ou l’animal photographié, il n’y a qu’un seul endroit ou faire la mise au point en portrait animalier : l’oeil. Il doit toujours être net car nous lisons les photos de telle façon que notre oeil se dirige d’abord sur l’oeil du sujet. C’est un reflex- comprenez une habitude inconsciente – ceci dit, ce serait à vérifier sur un mâle homme de base découvrant le calendrier Pirelli : pas certain que son regard se dirige automatiquement sur les yeux du modèle :). Fin de la parenthèse.

Autant on peut très souvent s’affranchir des règles basiques de la composition (la règle des tiers n’est pas toujours à respecter), autant sur la mise au point d’un portrait, faire le point ailleurs que sur l’oeil enverrai toute image au rebut.

Je vous conseille de sélectionner manuellement le collimateur de mise au point. Quelques petites impulsions bien placées sur le bouton idoine et paf, le collimateur de mise au point se trouve sur l’oeil de la bête.

On peut aussi choisir par défaut le collimateur central, celui se trouvant au centre, mais cela oblige à utiliser la technique de mise au point / recadrage. Pas franchement du gout de certains animaux de voir un gros tromblon bouger, même de quelques centimètres.

6°) La profondeur de champ

C’est la partie la plus technique de cet article, passage obligé et petit rappel d’abord. La profondeur de champ est l’envergure de la zone de netteté sur une photo :

  • grande profondeur de champ = grande zone de netteté, la plupart des plans de l’image sont nets, de l’avant plan à l’arrière plan. C’est le cas des photos de paysages par exemple ou pour montrer un animal dans son environnement

  • petite profondeur de champ = petite zone de netteté, un seul plan de l’image est net. L’exemple typique est la macrophotographie où parfois seuls les yeux d’un insecte sont nets et tout ce qui se trouve avant ou après est flou.

Il y a un excellent moyen, tout facile à appliquer pour modifier la profondeur de champ sur sa photo, c’est de jouer du diaphragme, vous savez, le trou de l’objectif qui laisse passer la lumière. Voilà comment ça se passe :

  • grand trou – grande ouverture – diaphragme bien ouvert (f/2.8 par exemple) donne une courte profondeur de champ

  • petit trou – petite ouverture – diaphragme bien fermé (f/11 à f/16) donne une grande profondeur de champ

Reste maintenant à savoir ce que vous voulez faire avec votre portrait, quel est votre intention photographique ? En fonction de votre souhait, les réglages ne seront pas les mêmes, à vous la petite molette de réglage !

Avant de déclencher, posez-vous la question “qu’est-ce que je souhaite faire ? Qu’est-ce je veux mettre en valeur ?”

  • Mettre en avant seulement les yeux en plaçant les oreilles et le museau dans la partie floue ? Ca peut-être très beau et c’est fastoche. Technique : ouvrez le diaphragme le plus possible dans la limite de votre objo, de f/1.8 à f/2.8 pour les veinards à f/5.6 pour les … moins riches.

  • Placer toutes les parties de la tête de l’animal dans la zone de netteté ? Bonne idée, mais sachez que les animaux à long museau et de face vous obligeront à avoir une assez grande zone de netteté allant du bout du bout des oreilles au bout du bout de la truffe. Chez le loup de mère-grand, ça peut faire une très grande zone :).

    technique : fermez le diaphragme à f/11, f/13, f/16 voire plus si la lumière est suffisante.

Pour les portraits de profil, avoir tous les éléments nets de la tête sera moins difficile : court ou long museau, petit ou grandes oreilles, tout sera dans la même zone de netteté.

7°) Le point de vue

Astuce rajoutée suite à la remarque dans les commentaires de Fabien du blog Astuces Photo. Merci à lui !

Le point de vue est également très important. Un portrait réussi est souvent pris à hauteur d’yeux, comme c’est le cas pour les photos qui illustrent l’article.

Mais surtout n’oubliez pas : regardez-moi dans les yeux, j’ai dit dans les yeux !!

Si j’ai oublié quelque chose, dites-le dans les commentaires ! Et puis merci à Fabien Gréban et Jérôme Salvi pour leur aimable autorisation concernant l’utilisation de leurs photos 🙂