Je vous propose aujourd’hui de vous apprendre à photographier les pics : pic noir, pic vert, pic épeiche …. Ces oiseaux sont assez communs et peuvent être rencontrés à peu près partout en France.
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IMPORTANT – cet article a été rédigé par Fabien Gréban. Photographe animalier professionnel, c’est lui qui s’exprime dans cet article.
Pour photographier les pics, deux principales techniques sont généralement utilisées :
- soit le nourrissage en hiver, notamment pour le pic épeiche, que l’on pourra attirer avec quelques noisettes,
- soit la photo à la loge, pendant l’élevage des jeunes. C’est cette dernière technique que j’utilise et dont je vais vous parler ici. Mais avant tout il faut attirer votre attention sur le fait que ces oiseaux peuvent être sensibles au dérangement, et qu’il faut prendre les précautions nécessaires pour ne pas leur nuire.
I/ Quel matériel utiliser pour photographier les pics
Le premier accessoire indispensable est une tente affût. Inutile d’espérer passer inaperçu avec un simple filet de camouflage, les pics et les oiseaux en général ont une très bonne vue … Il existe de nombreux modèles de tente. Personnellement j’utilise un affût TRAGOPAN : robuste, bien conçu et à un prix abordable. [Note de Régis : la version 4 de leur tente est sortie récemment. Je l’ai testée ici]
Comme toujours, vous aurez besoin d’une longue focale : 300mm sur un capteur APSC me semble le minimum pour prendre de belles images sans risquer de déranger les oiseaux. Il est possible d’utiliser des focales plus courtes, mais uniquement pour réaliser des photos d’ambiance, sinon vous serez trop proche de la loge et le risque de dérangement sera alors trop élevé.
Enfin, vous devrez obligatoirement utiliser un trépied pour photographier les pics. En effet, sans celui-ci, votre objectif, qui sort de la tente affût, sera facilement repérable car toujours en mouvement. Avec un trépied, vous pourrez viser vers la loge et attendre immobile la venue des oiseaux.
II/ Comment trouver une loge
Une loge, c’est quoi ? Une loge, c’est une cavité creusée dans un arbre. C’est dans cette cavité que les pics élèveront leur jeunes. La taille de la loge est bien sur en relation avec la taille de l’oiseau, donc assez petite pour le pic épeiche et beaucoup plus grande pour le pic noir.
La loge du pic noir est de forme ovale (15 cm de haut), alors que la loge du pic épeiche est plus petite et de forme ronde.
- Le pic noir est un oiseau puissant qui creusera sa loge dans des arbres vivants, le plus souvent dans un hêtre, à une hauteur de l’ordre de 6 à 10 mètres de haut.
- Le pic épeiche est moins puissant que le pic noir, il préférera creuser sa loge dans des arbres morts.
- Enfin le pic vert, de taille comprise entre le pic noir et le pic épeiche, creusera sa loge aussi bien dans un arbre vivant que dans un arbre mort.
La loge de pic épeiche peut être à une hauteur très variable. J’ai vu des loges à 15 mètres de haut, et d’autres à moins de 2 mètres.
Pour trouver une loge de pic, il faut d’abord localiser un secteur habité par des pics. En mars, ils se font largement entendre, soit par leur chant, soit par le célèbre tambourinement du pic épeiche. Pour vous familiariser avec les différents chants des pics, je vous conseille le site web oiseaux.net
En avril, les pics creusent leur loge. Ils peuvent réutiliser une ancienne loge, mais le plus souvent, ils en creusent une nouvelle. Mais bonne nouvelle, la nouvelle loge est bien souvent dans le même arbre que l’ancienne. Ainsi, en avril, vous pourrez faire le tour des arbres à loge que vous connaissez, pour chercher des copeaux au pied de l’arbre, signe de l’activité des pics. Les copeaux sont bien sur de tailles différentes selon l’oiseau. Les copeaux de pic épeiche sont très petits (de l’ordre du millimètre), alors que les copeaux du pic noir seront de plusieurs centimètres.
Attention, les pics peuvent aussi tenter de nous leurrer …. Plus sérieusement, les pics peuvent creuser plusieurs loges et la femelle fera son choix juste avant la ponte. Attention donc à ne pas installer votre affût devant la mauvaise loge, même si vous avez trouver des copeaux au pied de l’arbre. Je vous conseille donc de commencer par un affût lointain, pour vous assurer de la présence des oiseaux.
En mai, il faut ouvrir les oreilles. Les jeunes pics dans la loge seront de plus en plus bruyants, réclamant sans cesse un repas à leurs parents. C’est surtout vrai pour les jeunes pics épeiches, particulièrement bruyants. Alors que les jeunes pics noirs et verts sont plus discrets. Fin mai, à l’approche de l’envol, il est alors facile de trouver une loge de pic épeiche habitée, il suffit de se promener en forêt et d’ouvrir grand ses oreilles. C’est d’ailleurs le mois de mai le plus propice à la réalisation des images, les jeunes pics prenant leur envol en début juin (dans le massif du Jura).
III/ Comment photographier les pics à la loge
Les loges sont souvent hautes dans les arbres, nous obligeant à réaliser des images en contre-plongée, rarement esthétiques. L’astuce est alors de concentrer ses recherches de loge uniquement dans les secteurs à forte pente. Ainsi, on peut espérer être à la même hauteur qu’une loge perchée à plusieurs mètres de haut pour photographier les pics.
Une fois une loge propice à la photo localisée, il faut placer son affût. Encore une fois, selon les espèces, les précautions seront différentes :
- Même en pleine forêt, le pic épeiche est un oiseau assez tolérant. Il ne s’agit bien sur pas de se placer à 2 mètres de la loge sans affût … mais vous pourrez placer directement l’affût photo à bonne distance (15-20m) sans précautions particulières. Il suffit alors d’être discret dans l’affût et les oiseaux viendront nourrir leurs jeunes sans aucun problème.
- Pour le pic noir et le pic vert, c’est une autre histoire … ces oiseaux sont très méfiants et très intolérants vis à vis de l’homme. Je commence d’abord par placer l’affût assez loin de la loge, pour que les oiseaux s’habituent tranquillement à sa présence. Ensuite, je rapproche l’affût jusqu’à bonne distance pour la photo en une, deux ou trois étapes selon la configuration du terrain. Pour ces oiseaux, il est impératif qu’ils ne vous voient jamais entrer ou sortir de l’affût. Et attention, ils peuvent être actifs très tôt le matin, bien avant le lever du soleil.
A noter aussi que les allers et retours des parents sont très fréquents pour le pic épeiche. Toutes les 10 minutes, un adulte viendra nourrir les jeunes. Pour les pics verts et pics noirs, l’attente sera beaucoup plus longue, avec un passage toutes les 2 heures !!! (mais ce qui a l’avantage de vous permettre de rentrer ou sortir de l’affût discrètement).
Attention également au bruit de déclenchement de votre boitier. Une housse anti-bruit pourra être un plus. Vous pouvez aussi enrouler une veste polaire autour de votre matériel, c’est aussi efficace.
IV/ Faire des images originales ?
Il est toujours difficile d’innover sur des espèces courantes comme les pics, ils ont déjà été si souvent photographiés. Et puis après tout, pourquoi innover ? Le principal est bien de se faire plaisir avant tout. Mais essayons tout de même de faire des images qui sortent de l’ordinaire …
Réaliser un contre-jour
Mais on peut tout de même essayer d’avoir un vrai travail photographique plutôt que de se contenter d’une série naturaliste. Pour cela, pourquoi ne pas travailler sur les contre-jours, par exemple ?
Les loges étant souvent haut perchées, il est généralement facile d’avoir un morceau de ciel lumineux en fond, pour réaliser ce contre-jour. Il faut alors s’appliquer sur la gestion de l’exposition (il faut toujours bien exposer la zone la plus lumineuse de l’image, afin d’éviter les zones cramées).
Mais plus que le réglage de votre boîtier, c’est le positionnement de l’affût qui permettra de réaliser des images en contre-jour réussi.
Réaliser un clair-obscur
En forêt, par temps ensoleillé, le contraste est souvent très fort. Pourquoi ne pas en profiter pour tenter de réaliser un clair-obscur ? Là encore, il faudra s’appliquer à bien exposer la partie la plus lumineuse de l’image, en utilisant notamment la mesure spot de votre boîtier.
Il n’est cependant pas facile de réaliser la mesure d’exposition, l’auto-focus ET le cadrage dans le court instant où l’animal passe dans la lumière. Pour gagner de précieuses secondes, j’anticipe souvent le passage de l’animal. Je réalise au préalable ma mesure spot en mode priorité ouverture, avant de figer l’exposition en passant en mode manuel (il faut bien sur que la luminosité ne change pas entre-temps, sinon j’apporte immédiatement les corrections nécessaires).
De même pour le cadrage de mon image, sachant que le pic viendra se placer au niveau de la loge, il est possible d’anticiper avant l’arrivée de l’oiseau. Ainsi, je suis beaucoup plus réactif quand le pic se place là où je pouvais l’espérer.
Voili, voulou, vous savez tout !!!! 🙂 Amusez vous bien avec nos amis les pics.
Retrouvez d’autres images que j’ai faites :
- sur mon site web www.faune-jura.com
- sur ma page facebook www.facebook.com/fabiengreban.photo/
Bonjour,
Aujourd’hui 4 avril j’ai (enfin!) trouvé une loge haute dans un arbre dans un endroit où j’avais vu un couple de pics épeiches et sur un arbre où j’en avais vu un tambouriner. La loge est bizarrement dans un arbre vivant. J’ai pu observer énormément de copeaux frais d’environ 1cm autour de l’arbre.
Est-il possible que les pics creusent déjà leur loge?
S’agit-il obligatoirement d’un pic épeiche?
quand pourrais-je commencer les séances photos?
Merci
Bonjour,
Je suis retraité et photographe amateur. amoureux de la nature sauvage.
En ce moment , je poste des photos de pics épeiches de Juillet 2012 et Juin 2017 sur mon espace Facebook (alexismolinier de Mazamet dans le Tarn) j’aimerai avoir l’avis d’un connaisseur . Merci.
Un article très riche, MERCI !!
un peu avant ton article sur le pic noir ,j’ai fais une sortie avec un collègue ornitho .Nous avons pu repérer le pic noir et sa loge . Le lendemain j’y retourne seul ,et après 1h30 d’affut ,j’ai pu photographier et filmer le pic à l’entrée de sa loge . Cerise sur le gâteau , un couple de pic noir vient se poser à 10 m de moi sur un sapin , un de chaque coté de l’arbre ; on s’est regardé presque une minute , ils ne bougeaient pas , autant surpris les uns que les autres , je n’ai même pas pu prendre de photos!!! scotché!! quelle merveille et quel souvenir inoubliable
Salut Fabien, un article que j’apprécie particulièrement. Je viens de le lire à l’instant et hier nous avons fait une balade quand au bord du sentier des cris de petits pics épeiche ont attiré notre attention, donc j’y suis allé aujourd’hui. Et bien c’est bien plus facile que le pic noir je confirme. Ils viennent à la loge toutes les cinq minutes et il sont beaucoup moins farouches, pour débuter je trouve que c’est parfait. Seul regret, pas l’adrénaline de l’arrivée du pic noir…
ah … le pic noir … un élève de ma formation Affut Facile a mis plusieurs saisons pour parvenir à le photographier en prenant 1000 précautions.
Merci Fabien.
J’ai toujours un mâle et une femelle dans ma cour.Maintenant,je vais les observer plus attentivement.
Super article merci ! Je nourris les oiseaux dans des mangeoires en hiver, et j’ai eu la chance d’y surprendre un pic épeiche se nourrissant des boules de graisses pour mésanges et de le prendre en photo car il est venu plusieurs jours de suite, bien qu’à travers la vitre de la terrasse, c’était pas trop mal^^. En forêt, le cri du pic noir est bien reconnaissable c’est trop beau !
Les oiseaux (et les animaux en général) peuvent nous surprendre ! La littérature ne dit pas précisément que le pic épeiche vient à la mangeoire et pourtant tu en as vu un. idem pour moi cet hiver car j’ai peu observer à plusieurs reprises un geai des chênes à la mangoire aussi. Comme quoi !! 🙂
Hello Fabien , ravie de tes conseils sur ces petits oiseaux dur à prendre . J’ai réussi une fois à prendre un pic-vert , j’ai eu beaucoup de chance . J’étais au bon moment au bon endroit sans le savoir . Heureusement que mes réglages étaient corrects , car le coquin est resté environ 10 secondes .
Merci pour ces conseils judicieux .
Alors, oui, il y a une part de chance dans la photo animalière … en fait, je préfère le terme de « réussite » plutot que de chance. Car même s’il l’oiseau est arrivé là fortuitement pour toi, tu étais quand même présente sur le lieu … et pas ailleurs ! 🙂
Magnifique. Très intéressant comme article. Merci!
très belles photos !!!! article très intéressant , merci pour le partage …
J’entends très souvent des pics mais je débute et je n’ai pas encore l’approche me permettant de pouvoir photographier les animaux avec un temps suffisant pour la mise au point et le shoot…Il faut dire que je n’ai pas opté pour le plus simple, ayant un Sigma 400 mm apo télémacro, sur un Nikon D5200, la mise au point doit être faite manuellement, mais j’aime bien ce concept..Par contre le piqué de cet objo est de très bonne qualité.Vivant en Andalousie proche de la « sierra de Cazorla », j’ai pu photographier des cerfs, biches, daims, vautours, mouflons…mais les oiseaux j’ai du mal !!!
des conseils seraient les bienvenus, et ce serait un plaisir de partager mes photos avec des passionnés de nature ..
Sylvain
Merci Sylvain pour ce partage. C’est sympa d’avoir pris le temps. 🙂
Super article! Je rentre à l’instant d’une balade pour mes repérages et je suis justement tombé sur un pic epeiche (certainement le même que j’ai vu le week end dernier à une petite centaine de mètres à vol d’oiseau mais à une bonne heure à pied ;-)). Son cri est bien distinctif donc on peut assez « facilement » le repérer et effectivement en m’approchant lentement j’ai réussi à venir à environ 5 ou 6 mètres! Je n’ai malheureusement pas encore découvert de loge mais j’ai bon espoir d’ici fin mai… Quant aux pics vert et noir je n’en ai pas encore vu, mais avec ces conseils il faut que je prévoie de me lever tôt!
Merci à toi pour ces infos et également pour les photos de toi et Régis à propos du renard, elles sont magnifiques et elles mettent bien en évidence la beauté de cet animal. J’ai repéré un terrier tout à l’heure et j’espère qu’il appartient au goupil car ça fait longtemps que j’essaie d’en repérer, et si possible avec ses petits… mais promis je me posterai loin pour ne pas deranger :-). Bonne soirée et merci à tous les deux de nous en mettre plein la vue avec votre passion!
hello Julien, un grand merci pour avoir pris le temps de nous partager ton expérience. Je suis bien content que cet article t’ai aidé. A bientôt !
Merci pour ce petit descriptif, j’ai repérer plusieurs loges avec des pics et je ne savais pas trop comment les aborder. Sa a répondu à plusieur de mes questions notament sur le positionement de l’affut. Les autre année mes repérage se faisai uniquement sur des loges abandonnées, j’éspère que cette année sera plus prometeuse.
Merci beaucoup
Naturellement
Julien
Ok Julien ! Tiens nous au courant ! 🙂
Bravo,super article en plus avec de belles photos comme j’aimerai les faire.Maintenant à moi de trouver les pics.
Tu as tout pour y arriver !
encore un super article avec de belles photos! j’ai un pic épeiche qui traine par chez moi mais impossible de trouver la loge, enfin pour le moment…..dans un autre endroit, j’ai un arbre avec pleins de loges mais pas d’habitant, ah ils sont malins ces pics !
Coucou Laurence,
dans 10 à 15 jours, il faudra ouvrir grand tes oreilles … tu entendras les jeunes pics affamés réclamer un repas à leurs parents débordés. Il sera alors facile de trouver la loge, mais il faudra faire vite, les jeunes seront alors proche de l’envol.