Vous aussi vous l’avez déjà fait ! C’est sur ! Comme tous les photographes, vous y êtes déjà passé. De quoi je parle ? De la participation à un concours photos. Ne dites pas le contraire ! Moi même, je l’ai fait. Et plutôt deux fois qu’une.

Pourquoi les concours photos ont un tel succès ? La raison est simple. Les « carottes » qu’ils mettent en avant ont franchement de quoi plaire.

Comme l’appât du gain par exemple. Gagner des prix, gagner de l’argent est, on va pas se mentir, une des plus grosses sources de motivation. Ne comptez pas sur moi pour dire que c’est mal ! Comment croyez-vous que les concours attirent les plus grands photographes ? Le concours photos russe The Golden Turtle (oui, c’est ça, la tortue dorée ! ) offre plus de 80 000 € de prix ! De quoi attirer vous et moi. Mais aussi Bence Mate et consorts (pas Vincent Munier, il fait parti du jury 😉 )

Ça n’est pas tout. Réduire le photographe animalier à une quête d’argent serait … réducteur ! Il recherche aussi la gloire ! 🙂 D’après vous, je fais quoi le jour où je gagne le BBC Wildlife of the year ? Je le crie haut et fort sur tous les toits du monde ! Consécration, apothéose, gloire et triomphe ! Bon, sans aller jusque là, gagner un concours photos, même mineur et local, vous donne de la légitimité (ou vous en donne l’impression).

Enfin, c’est une belle occasion de confronter ses images à des vraies gens. Je veux dire pas virtuellement. Pas dans Facebook ou dans les forums. Voici donc un excellent moyen de connaitre le réel niveau de vos images. Même si, comme le dit très bien Walter dans l’interview, obtenir un retour motivé du jury est de plus en plus rare.

Voilà. Vous comprenez pourquoi j’ai absolument tenu à interviewer Walter Barthélemi ! Non ? Bon. Lisez la suite, vous comprendrez. 😉

L’invité

walter_barthelemi-2

Walter Barthélemi est né en Belgique, dans les Ardennes. Il découvre la photographie nature en 2003 et fait son apprentissage en autodidacte. Ce qui doit être le lot de pas mal de photographes non ? Encore que … ce blog est là pour qu’il y en ait de moins en moins ! 🙂

Avant de découvrir la photo, Walter a toujours été passionné par la nature. Pas celle des reportages TV des pays exotiques. Non. Celle à 10 kilomètres maxi de chez lui. Grosso modo la même que vous et moi. La photo est pour lui le moyen de partager ses émotions. Ça aurait pu être le dessin, la vidéo, la poésie.

Il a choisi la photo, tant mieux pour nous !

Il est un photographe reconnu par ses pairs comme étant un des meilleurs spécialistes du renard. Ses nombreux clichés d’exceptions lui ont permis de gagner ses premiers concours photos.

Tiens, justement ! Voici pourquoi j’ai voulu, pour vous, aborder ce sujet avec lui. Walter Barthélemi a participé aux concours les plus prestigieux … et en a surtout récolté des prix :

  • Festival Nature Namur (Belgique) Sélection 2010, Prix du public 2011, Sélection 2013, Sélection 2015 et Sélection 2015
  • Golden Turtle (Russie) Highly commended 2011, Sélection 2014 et Sélection 2014
  • AVES Emotion’Ailes (Belgique) Sélection 2014
  • Asferico (Italie) Highly commended 2013
  • HIPA (Emirats arabes unis) Highly commended 2013
  • Festival international de Montier-en-Der (France) Prix du conseil général de la Haute-Marne 2005, Sélection 2011
  • BBC Wildlife Photographer of the Year (Angleterre) Finaliste 2011
  • Wild Wonders of Europe Highly commended 2011

Et je ne vous mets là que les plus connus.

Alors ? J’ai choisi la bonne personne pour parler des concours ou bien ? 🙂 D’autant que Walter a aussi  vécu  la chose de l’autre coté de la barrière. Chez les jurys. Cette double casquette lui procure une hauteur de vue captivante.

N’allez surtout pas croire que la seule motivation de Walter sont les concours photos. Je ne veux surtout pas le réduire à ça ! Ecoutez l’interview et vous verrez que les concours ne sont pas une fin en soi. Ce que Walter explique très très bien.

L’actu est très chargée pour lui en ce moment. C’est toujours bon signe pour un photographe. Il a sorti presque coup sur coup un calendrier et un livre photo.

Le premier est un calendrier perpétuel « Évasion » (réutilisable tous les ans donc) et le second est un livre « Ardenne Eternelle«  aux éditions Weyrich. Du tout bon !
[av_one_half first av_uid=’av-5te3z9′]walter_barthelemi1-1[/av_one_half]

[av_one_half av_uid=’av-4rzg1h’]walter_barthelemi-1[/av_one_half]

[av_hr class=’invisible’ height=’20’ shadow=’no-shadow’ position=’center’ custom_border=’av-border-thin’ custom_width=’50px’ custom_border_color= » custom_margin_top=’30px’ custom_margin_bottom=’30px’ icon_select=’yes’ custom_icon_color= » icon=’ue808′ font=’entypo-fontello’ av_uid=’av-2rfzp1′]

Au sommaire de ce 31ème épisode de « Interview de Photographes Nature »

Voici ce que vous apprendrez dans ce podcast avec le photographe animalier Walter Barthélemi :

  • la biographie de Walter
  • pourquoi les photographes animaliers belges ont le vent en poupe
  • quel intérêt à photographier les animaux près de chez soi
  • quels sont les différents types de récompenses des concours photos
  • quels sont les types d’images qui plaisent aux jury
  • comment fonctionne un jury de concours photos
  • l’intérêt des parcs animaliers
  • comment aborder la création des films animaliers
  • et plein d’autres choses encore !

Repères cités dans cet épisode

Vous avez aimé ?

Un grand merci à Walter Barthélemi pour sa disponibilité, son partage de ses connaissances et de son expérience. Remerciez-le vous aussi sur Twitter en 1 clic en cliquant ici.

Si vous me donniez un coup de pouce pour faire connaître l’émission ? Il suffit de laisser un commentaire sur iTunes.

Grâce à ça, votre podcast préféré 😉 sera plus visible et pourra être plus facilement trouvé iTunes. Pour ça c’est très simple :

walter_barthelemi6-1

walter_barthelemi7-1

walter_barthelemi5-1

walter_barthelemi4-1

walter_barthelemi3-1

walter_barthelemi2-1

Transcription texte de l’interview sur les concours photos

Régis Moscardini : Bonjour Walter.

Walter Barthélemi : Bonjour Régis.

Régis : Je suis ravi de t’avoir avec nous sur Auxois Nature.

Walter : Merci à toi, merci pour cette demande.

Régis : C’est la tradition sur le blog, tu ne pourras pas y échapper. J’aimerais bien que tu nous parles un peu de toi, s’il te plait, en quelques mots. Ton parcours, ta bio, rapidement, sans entrer forcément dans les détails, parce qu’après j’ai  quelques questions à te poser.

Walter : Ça fait un peu plus de 10 ans que je fais de la photo. Il y a 10 ans, ça se passait en hiver, j’ai vraiment eu le coup de cœur pour la photo animalière. J’ai toujours été sur le terrain mais ça fait une dizaine d’années que je fais de la photo animalière nature.

Régis : Avant ça, tu étais plutôt passionné de nature ou c’est la photo qui t’a emmené là-dessus ? Quelle était la démarche ? Vraiment la nature qui t’a emmené à faire de la photo ou l’inverse, tu étais d’abord passionné de photo et finalement tu t’es découvert une passion pour la nature ?

Walter : Je reprends toujours un peu la même information quand on me demande, j’étais dans la nature avant de faire de la photo. La photo c’est un peu la cerise sur le gâteau. J’ai vraiment appris à faire de la photo, depuis mon adolescence j’ai toujours été dans la nature, je me suis toujours baladé. Je suis venu à la photo par un biais qui est un peu bizarre, j’y suis venu avec la plongée sous-marine.

C’est vrai que ce n’est pas la façon la plus facile. C’est vraiment le but de partager. C’est vraiment un coup de cœur. C’est une boite à images pour moi, la photo. Une possibilité de partager ce que je vois, ma vision.

Régis : D’accord. Tu te serais découvert un talent de dessinateur par exemple, tu aurais fait du dessin ? La photo n’est qu’un prétexte à rendre compte de ce que tu vois ?

Walter : Moi, j’aime être dans la nature. C’est quelque chose qu’on retrouve souvent. C’est une démarche avant tout un peu égoïste, j’ai besoin d’être dans la nature. La photo, ça a été un moment très fort, ça l’est toujours. Maintenant je m’abstiens souvent même de photographier. C’est vraiment une démarche différente. Il y a différentes façons de s’exprimer. On peut être illustrateur, on peut faire des croquis. Il y a tellement de choses dans la nature. On peut écouter, on peut regarder.

Régis : Ecrire des poèmes aussi. Tout est possible.

Walter : Voilà. Il y a tellement de choses et tellement de façons de s’exprimer. Moi je ne suis pas un photographe argentique, je suis venu à la photo au moment du numérique, cette explosion il y a une dizaine d’années. Ça a été un moyen pour moi, comme je le disais, de trouver cette boite à images un peu magique, de maitriser toute la chaine, c’est-à-dire de pouvoir faire des photos, les préparer et les partager rapidement sans avoir à faire développer les photos ou le faire soi-même.

C’est une démarche différente mais en ayant une approche argentique en termes de productivité. Je ne suis pas un gros déclencheur. Je fais peu d’images en termes de volume. On voit de tout maintenant, on voit beaucoup d’images. Mais c’est vraiment un plaisir d’être dans la nature avant tout.

Régis : Les fidèles de l’émission diront « encore un photographe belge », ils n’auront d’ailleurs peut-être pas tort. Mais je n’y suis pour rien si vous avez du talent, c’est comme ça. Je vais peut-être te poser la même question que j’ai posé à Marc Costermans il y a quelque temps de ça, l’épisode 28. Comment tu expliques ce succès de pas mal de photographes belges comme toi, comme Marc Costermans, comme Philippe Moes, Michel d’Oultremont ? C’est vraiment le fruit du hasard ou tu penses qu’il y a un petit quelque chose en plus ?

Walter : C’est une question très difficile. Bien sûr c’est des gens que je connais, certains je les connais un petit peu mieux, je les côtoie, j’en ai côtoyé récemment, j’ai exposé avec Michel il y a une semaine. Moi je suis Ardennais, la zone la moins urbanisée en Belgique, c’est la partie francophone, la Wallonie et c’est la province la plus au sud, c’est la province où il y a le plus de forêts, de milieux nature, où les animaux sont très présents.

Donc c’est quelque chose qui s’est imposé. Les noms que tu donnes, les gens sont soit de cette région ou viennent dans cette région. Je sais que Michel vient souvent en Ardennes. Moi ce que je montre c’est vraiment quelque chose qui est autour de chez moi, très près. Je suis sur des zones à 5 minutes de chez moi. Pourquoi plus de Belges ? Je ne sais pas. Il y a une évolution, il y a vraiment une explosion avec le numérique. Il y a des gens qui s’intéressent à la photo comme je disais, moi c’est d’abord la nature.

Finalement il y a pas mal de photographes que je côtoie qui sont ici, on retrouve les noms, la démarche est identique. C’est vraiment l’envie d’être dans la nature. Peut-être qu’on retrouve ça dans ce travail. Quelque chose qui transparait, qui plait aux gens.

Régis : Après, si on essaie d’aller un peu plus large au niveau géographique, il y a dans ce que tu viens de décrire, la Wallonie, les Ardennes, mais il y a aussi ce grand Nord-est de la France, les Vosges, le Jura où là aussi, il suffit de regarder une carte avec les différentes expositions, les différentes festivals qui ont lieu tous les ans.

On voit qu’il y a une espèce de concentration de festivals qui se trouvent dans cette grande zone dans laquelle on peut inclure la Belgique, les Ardennes. Forcément le lieu, la richesse de la faune incitent peut-être pas mal de personnes à pratiquer la photographie animalière.

Walter : Je vais rebondir sur cette question parce que moi depuis 10 ans j’ai toujours montré mon travail mais je me suis intéressé à ce qui se faisait ailleurs. C’est vrai qu’il y a cette concentration, entre guillemets cette notoriété des noms qui reviennent. Mais il y a beaucoup de choses qui sont faites, il y a beaucoup de choses qui sont faites ailleurs que dans le monde francophone. J’ai toujours montré mon travail à l’étranger.

Tout ce qui est monde anglophone, il y a vraiment de très belles choses. Il faut relativiser. C’est vrai qu’on retrouve des gens avec lesquels je suis en phase, ce genre de personnes ici dans ma région, des gens qui sont en France également. Mais il y a beaucoup de choses dans ce domaine, il y a vraiment beaucoup de choses. C’est un tout petit monde, le monde de la photo nature animalière. Je ne sais pas s’il y a une explication.

Régis : Est-ce que tu crois que les photographes étrangers, même le public étranger est plus sensible à tes photos à toi qui viennent de régions de la Belgique que nous Français on pourrait l’être parce qu’ils n’ont peut-être pas l’habitude de voir ce type d’espèces, ce type de paysages, ce type d’ambiance ?

Walter : Non, je ne crois pas parce qu’en fait je suis sur des sujets qu’on retrouve chez beaucoup de photographes. On traite des sujets communs au niveau de la faune, de la flore, on trouve des choses très communes. Je ne pense pas que ce soit à ce niveau-là.

Après on dit beaucoup de choses sur mon travail, on en parlera, j’ai des projets qui aboutissent. Je photographie ce qui est près de chez moi. Le retour que j’ai en tout cas des gens qui ne sont pas dans ce domaine de la photo, c’est ce qui leur plait. Ils voient des choses qu’ils peuvent trouver dans leurs déplacements près de chez eux.

Régis : C’est la proximité. Les gens s’imaginent, ça c’est à 5 minutes de chez moi, c’est ce qui les touchent finalement, c’est la proximité de ce qui est potentiellement visible ?

Walter : Oui, je pense. Il y a de ça, les gens sont très surpris, c’est un microcosme en fait le monde de la photo animalière nature. Donc il y a ces photographes qui sont plus ou moins aguerris, des photographes amateurs, professionnels. Le terme amateur, c’est le passionné, qualitativement il est très bon.

Il y a tous ces gens qui sont très au fait de tout ce qui se fait dans ce domaine-là et il y a les gens autour qui vont être touchés par rapport à leur quotidien. C’est ces gens-là qui m’intéressent. Après il y a plein de choses qui se font en photo nature animalière, il y a plein de sujets, des sujets qui sont à l’autre bout de la planète, tout ça est très intéressant mais il ne faut pas oublier ce qu’il y a à deux pas de chez soi.

C’est important. Globalement, c’est ce que j’ai envie de montrer.

Régis : C’est ce qu’a fait la personne qui était à l’initiative du concept Wild Wonders of Europe et qui s’était dit qu’il fallait vraiment mettre en avant la beauté de la nature de chez nous, de notre Europe à nous. C’était mettre en avant la proximité, la faune qui est toute proche de chez nous. Ça concourt à ça.

Walter : La thématique était intéressante. C’est un projet qui a été un peu critiqué parce qu’à l’époque cette personne a fait appel à des photographes qui n’étaient parfois pas de la région où les photos ont été prises. C’est un peu dommage. Globalement moi je trouvais que c’était un très beau projet.

Régis : Justement c’était son point de vue à lui de dire, on va prendre des photographes qui ne sont pas de la région dans laquelle on va les envoyer pour avoir un œil nouveau, avoir une façon de faire nouvelle et confronter ces photographes-là à des paysages qu’ils ne connaissent pas pour se remettre en question et avoir un travail artistique un petit peu différent.

Walter : C’est intéressant. Ce n’est pas le retour que j’en avais eu mais c’est vrai que c’est une démarche intéressante. De toute façon ça fait partie de la démarche d’un photographe de se remettre en question continuellement. Il faut se remettre en question même sur des sujets qu’on pratique beaucoup, c’est comme ça qu’on évolue. C’était vraiment un projet intéressant, oui. J’avais suivi un peu de loin.

Régis : Je vais rebondir un petit peu là-dessus aussi. C’est un secret pour personne, Walter, tu as reçu pas mal de prix. Certains sont vraiment prestigieux. J’en cite quelques-uns : Wild Wonders of Europe justement, Asferico en Italie, le Festival de Namur, tu as été finaliste du BBC Wildlife Photographer of the year, tu as également reçu en 2005 le prix du Conseil Général à Montier-en-Der.

Avant d’aller un peu plus loin dans la question des concours photos, est-ce que, parmi tout ça ou peut-être d’autres que je n’ai pas cités non plus, il y en a un qui t’a particulièrement touché, sur lequel il y a eu un petit quelque chose en plus ?

Walter : C’est vrai qu’il y a beaucoup de choses. On en dit beaucoup sur les concours. Moi je vais te parler du côté participants. J’ai été également jury à plusieurs reprises, on m’a encore sollicité. Les deux sont intéressants. Les concours c’est bien mais il faut garder à l’esprit que c’est un jeu. Parce que j’entends beaucoup de choses dans ce domaine. Il y a des gens qui parfois mettent ça trop en avant.

Je ne fais pas des photos pour les concours. Je puise dans ce que je produis. Comme je suis à plein temps, je produis pas mal de choses. Donc je pioche dedans. Dans mon parcours, le prix à Montier était le premier il y a 10 ans. Ça a été intéressant, ça a été un peu un déclic, pas de se dire je peux faire des concours photos, mais c’était un belle récompense pour une image qui avait été difficile à obtenir.

Régis : C’est marrant parce que cette image-là, je l’ai sous les yeux. Ne te vexe pas Walter, bien sûr c’était au tout début de ta pratique de la photographie

Walter : Elle a vieilli.

Régis : Oui, elle a vieilli. On sent bien l’époque de 2005.

Walter : Mais il y a une évolution fulgurante. J’ai été président du jury sur un petit concours qui est en train de progresser, on m’avait demandé. C’est un siège pas évident, c’est une démarche intéressante, elle permet d’évoluer sur sa propre production et de voir ce qu’il y a d’intéressant de soumettre. C’est un apprentissage. Je vois des gens qui sont très déçus. C’est un jeu.

C’est des gens à qui on demande de juger, c’est des hommes avec des sensibilités différentes. Ils évolueront dans leur choix d’un jour à l’autre. En tant que photographe participant, quand on se retrouve sur des concours, tu me demandes ce qui m’a le plus marqué, c’est peut-être Asferico parce que je trouve que c’est un concours qui a une qualité constante, une sélection qui me touche beaucoup d’année en année. Donc être dans cette sélection, c’est vraiment intéressant.

Après il y a des performances en termes de chiffre parce que quand on est sur un concours qui reçorit 10.000 images, j’ai été dans un concours qui avait reçu 26.000 images, il restait 150 images. Je ne veux pas être à la place des jurys dans ce cas-là. Moi j’ai des photos, je participe. Il ne faut pas se mentir, c’est un peu ce qu’on en attend, il y a aussi le côté pécuniaire.

Régis : En tant que vainqueur ou finaliste, tu touches un prix en nature, en monnaie sonnante et trébuchante ou alors en cadeaux par exemple ?

Walter : C’est la réalité de l’argent. Quand on fonctionne sur la photo, c’est des petits plus. Si on commence à aborder la chose sous cet angle-là, c’est ce que font beaucoup de concours photos maintenant. Moi je suis sollicité régulièrement. Je ne vais pas vers les concours, c’est les concours qui m’écrivent pour participer comme ça arrive à beaucoup de photographes.

On met en avant constamment la dotation, c’est vraiment ça, c’est la carotte pour dire venez, participez. Moi il y a des concours auxquels je ne participe même plus parce que les droits d’entrée sont devenus exorbitants. Je fais des choix. Chacun voit midi à sa porte.

Régis : Dans les concours on pourrait penser qu’il y a plusieurs types de gains. Il y a le gain très pratico-pratique, c’est l’argent ou la récompense. Il y a aussi comme tu l’as dit le jeu, tenter sa chance, confronter ses images aux yeux d’autres personnes qui sont plutôt dites expertes dans ce domaine-là. Puis peut-être le côté notoriété, ça peut être écrit sur un CV finalement un résultat à un concours.

Walter : En fait je l’ai expliqué à des gens qui m’accompagnent sur le terrain qui sont des gens hors de ce milieu, c’est aussi une façon d’entretenir cette notoriété. Mais c’est quoi la notoriété ? C’est mon activité donc il faut qu’à un moment donné j’attire l’attention. Les concours photos servent à ça. Je n’aime pas mettre ça en avant parce que ce n’est pas le but. C’est vrai que j’ai ralenti beaucoup.

Et à chaque fois maintenant je me pose la question : est-ce que je le fais ou est-ce que je ne le fais pas. Là, j’en ai refait. Il y a aussi un concours russe qui est très intéressant, le Goldent Turtle qui est un très gros concours, qui reçoit plus de 10.000 images, qui montre de belles sélections. Ça c’est un concours que je trouve intéressant aussi pour la mise en avant du photographe.

On voit vraiment de tout dans ce domaine, on voit des choses, il y a des aberrations, il y a des choses où c’est des tentatives, beaucoup de choses maintenant qui ne respectent pas le travail, les droits d’auteur, dont le but c’est de récupérer des images. Il faut être assez adulte, intelligent pour faire le choix. Mais on voit énormément de choses. C’est vrai que ce n’est pas une finalité.

Régis : J’allais justement te poser la question : est-ce que tu conseillerais à un photographe animalier de participer à un concours quelque soit son niveau ou tu penses qu’il faut déjà avoir un bon niveau, justifier d’un bon niveau de photo pour pouvoir participer à un concours photos ? Qu’est-ce que tu en penses ?

Walter : Non, il faut participer. C’est une bonne école en fait. Il faut le prendre comme un jeu. C’est comme montrer des photos sur des forums, montrer des photos sur des réseaux sociaux. Moi je l’ai fait, on se prend parfois des claques.

Il faut accepter la critique, il faut accepter d’être jugé, il faut accepter de ne pas être retenu. On entend plein de choses en fait. Un jury c’est une réunion de sensibilités, de gens d’horizons différents, qui vont devoir faire un choix. Parfois c’est hyper cruel, quand on arrive dans le dernier carré, on doit faire des choix entre des images magnifiques. Il faut essayer, c’est une bonne école, mais il faut être prêt à accepter.

Régis : Est-ce que le jury va donner à la photo qui aura été éliminée, on ne l’a pas retenue parce que tac, tac…

Walter : Ça dépend des concours. J’ai connu ça à Montier au tout début, moi j’ai commencé la photo fin 2003 et j’ai participé l’année suivante. J’avais une photo, on avait un retour. On récupérait ses tirages et on avait un retour, un avis. Mais c’est ingérable en pratique, on ne peut pas demander à un jury

Régis : Sur 10.000 photos reçues, ce n’est pas possible ?

Walter : Quand on reçoit sur un concours photos même 3, 4, 5.000 images, c’est impossible. Mais je sais que les gens sont demandeurs de ça.

Régis : Peut-être ce qui serait possible de faire aussi, si ta photo a été refusée, de demander au jury par mail ou au contact. « Est-ce que vous pouvez me dire en quelques mots pourquoi ma photo a été refusée, ou ma série de photos a été refusée, juste en quelques mots pour m’orienter sur une piste de progrès ? » Ça peut-être possible, ça ?

Walter : Je crois que c’est ingérable. Les grands concours style BBC auxquels j’ai participé, on a déjà un retour par rapport au niveau atteint. Ce sont des concours photos payants, les frais d’entrée sont élevés maintenant mais on a ce retour. Ça a changé un peu ces dernières années, je crois. Mais au moins on sait le niveau qu’on a atteint, ce qui est déjà une piste. Maintenant ça ne veut rien dire.

Est-ce qu’on n’est un mauvais photographe parce qu’on n’arrive pas à atteindre le dernier carré d’un concours, c’est complètement stupide. Il y a des gens qui prennent le gros coup très vite. Il faut regarder ce qui se fait autour. Il y a beaucoup de gens à qui il manque très peu de choses. Les concours, c’est un ilot, c’est très peu de choses, même sur les très gros concours, il faut pense à tous ces gens.

Et il y a des gens qui ne participent pas, qui n’ont pas envie, qui montrent très peu de choses. Moi je connais des photographes qui ont des perles et qui montrent très peu de choses, autour de moi.

Régis : Ce que tu dis, ça me fait un peu penser à l’interview de Jean-Philippe Anglade qui est le directeur scientifique de l’agence photo Biosphoto, qui me disait, si vous formulez une demande pour être photographe de l’agence et qu’on refuse cette demande-là, ce n’est pas pour ça que vous êtes un mauvais photographe, il ne faut pas se formaliser là-dessus, ce n’est pas grave.

C’est juste que sur un critère particulier vous n’avez pas été retenu. Je crois que c’est pareil pour les concours photo. Une fois si on n’a pas été bon, ce n’est pas grave, il faut persévérer. Sinon la vie continue.

Walter : Oui, tout à fait. Mais c’est sur deux plans différents. Une agence, ils ont une obligation de résultat, ils doivent accepter des images. Je suis en agence aussi. J’ai déjà  sollicité. Ils vont devoir vendre les images, donc c’est un niveau différent.

Mais être jury, la première fois où j’ai été jury, j’ai appris énormément parce que j’ai vu ce qui était rejeté très rapidement. Il faut arriver à apprendre à sélectionner, apprendre à préparer mais aussi apprendre à faire un choix parmi ces images et  prendre du recul par rapport à l’émotion qu’on a pu ressentir. Il faut pouvoir se détacher de sa production.

Régis : Est-ce que tu peux nous dire, Walter, c’est peut-être difficile comme ça sans support, sans image en tête, quel est le gros défaut qui fait que tout de suite la photo elle est classée verticalement, elle est supprimée, un ou deux gros défauts qui sont vraiment rédhibitoires ?

Walter : Pour reprendre des mots que j’ai déjà entendus, ce qui va attirer l’œil va passer. L’exception est quelque chose de différent dans la production. J’ai vu des images magnifiques sur un concours photos d’oiseaux, le concours Emotion’ailes en Belgique où j’étais jury, on a rejeté des images qui sont magnifiques. Des espèces hyper pratiquées, des espèces accessibles qu’on fait en Ecosse ou aux Shetlands ou ailleurs en Scandinavie, mais des espèces qu’on revoyait, ce sont des images qui sont grillées d’avance.

Il y a le côté émotionnel, ce qu’on va ressentir face à une image. Mais une image qui sera super bien composée sur une belle espèce très colorée, pour plein de raisons, qui sera super parfaitement au niveau photographique ne passera pas peut-être parce qu’il n’y a aucune émotion qui s’en dégage. Et c’est ça qu’il faut être capable dans sa production. Moi ça fait 10 ans que je fais de la photo. Je vois quand une image passe.

J’ai de la réussite parce que je prends le temps de sélectionner, je prends le temps, c’est quand même de la réflexion, du boulot en amont en se disant, qu’est-ce qui va peut-être pouvoir intéresser un jury. C’est clair que regarder sa production et se dire, cette image-là est super, la lumière est super, le cadrage est super, tout est piqué, parce que le piqué il faut en parler aussi. On arrive à un niveau de matériel incroyable, les gens ne parlent plus que de ça. Moi je travaille avec un matériel qui est vieux par rapport à tout ce qui sort à l’heure actuelle.

Régis : C’est quoi justement que tu as ?

Walter : Moi, j’utilise encore un 5D première génération, j’ai un D-Mark III et j’ai un plus petit boitier que j’utilise pour la vidéo qui est un 600D, je l’utilise beaucoup en photo en ce moment parce que je le trouve vraiment exceptionnel. Les gens mettent beaucoup de matériel, il n’y a rien de nouveau.

Il y a énormément d’images, il y a énormément de photographes qui se sont tournés vers cette activité de photo nature, et on prend les raccourcis. Pour ce qui est des concours photos, il faut arriver à se détacher, essayer de trouver des choses qui vont être en dehors d’une production classique, qui vont attirer l’œil.

Régis : Et c’est ce qui n’est pas facile à faire, j’imagine, en ce moment parce que le numérique, et c’est très bien comme ça, a permis à plein de gens de pouvoir s’adonner à cette passion de la photographie animalière. Mais il y a maintenant tellement de photographes qui peuvent le faire que du coup la production est énorme et il y a beaucoup d’images qui tendent à se ressembler.

Le problème c’est de trouver un angle différent, un angle de traitement différent. Forcément ce sera les mêmes espèces parce qu’on vit dans des latitudes où la faune est ce qu’elle est, mais trouver un angle esthétique un peu différent. Ce n’est pas facile.

Walter : Ce n’est pas une question de sujet. C’est une question de vision. On revient aux bases de la photo.

Régis : Bien sûr.

Walter : C’est l’œil qui prime, quelque soit le matériel. Moi j’en parle beaucoup, je n’ai jamais autant parlé de matériel, un changement stratégique, je n’ai pas énormément de moyen donc j’ai fait un changement pour quelque chose qui est devenu un outil, un couteau suisse. On parle beaucoup de matériel, je n’ai jamais autant parlé de matériel depuis que j’ai ce matériel-là, je ne suis pas vendeur de matériel, je fais de la photo.

On me dit, est-ce que c’est bon, ceci, cela. Il y a des gens qui ont des déboires, ce n’est pas acceptable avec du matériel actuel. On est devenu des testeurs actuellement. Les photographes qui ont acheté du matériel récent sont devenus des bêta-testeurs pour les grandes marques. Ce n’est pas du tout normal. Moi j’utilise un matériel plus ancien. Comme m’a dit un ami un jour, il faut continuer à désirer ce qu’on possède.

J’espère qu’il tiendra le coup et je suis très content de ce que j’obtiens. Maintenant sur ce plan-là, si on essaie justement de se détacher de tout cet aspect matériel et purement technique, mais c’est dur.

Régis : Walter, tu disais tout à l’heure que tu avais beaucoup appris en tant que jury dans des concours photos. Moi j’ai beaucoup appris en faisant ce qu’on fait là avec toi, c’est-à-dire les interviews.

Il y a une interview qui me revient en tête avec ce que tu dis, c’est celle d’Alain Pons qui reprochait aux photographes animaliers de ne pas aller assez dans les expos photo, dans les expos d’art, d’art contemporain, dans les vernissages, dans les galeries d’art, parce qu’un photographe animalier doit avant tout connaitre la nature, être un bon naturaliste mais aussi, ça on l’oublie vraiment beaucoup, être quelqu’un qui aime l’art visuel.

La photo, la peinture, peut-être l’architecture aussi, la sculpture. Se nourrir de tout ça. Je pense que quelqu’un qui arrivera à se démarquer du gros flux de travail actuellement, c’est quelqu’un qui sera capable d’aller dans des expositions qui ne sont pas forcément que de la photo, mais de se nourrir d’art au sens large.

Walter : Oui, c’est immuable. Moi je me nourris de beaucoup de choses, je lis des choses, je regarde beaucoup de choses. Maintenant je vois des photographes qui essaient de trouver une autre raison qui n’est pas la raison par rapport à leur propre production, j’ai vu ça dans le passé.

Un photographe qui est déçu sur les réseaux sociaux et qui met un message : encore cette fois ça ne passe pas cette année, je ne sais pas ce qu’il faut faire. Il faut se détacher de ça. J’ai vu des images d’une mission Apollo qui venait d’être lâchée par la Nasa, ce sont des images incroyables prises dans les années 70. Je regardais ça, si on veut parler de qualité pure en termes d’images. Quand on voit ces images-là qui ont été faites dans les années 70. Ce n’est pas une question de qualité d’images

Régis : C’est une question d’émotion, d’ambiance, de moment.

Walter : Voilà. De se confronter, de se nourrir de toutes ces choses. Moi je ne sais pas ce que je montre dans mes images. Je vois les choses comme ça. Je n’ai pas un viseur à la place des yeux. Au bout de 10 ans, je suis un peu à une charnière où je me remets en question sur différentes choses. C’est ce que j’essaie de partager quand j’ai des gens avec moi, j’essaie de les mettre à côté de moi.

Je suis un peu un touche-à-tout, j’ai travaillé avec des modèles aussi, je ne fais pas que de la nature, de l’animalier. Dans cette démarche, j’ai fait des choses, j’ai arrêté, j’ai continué. Tout ça me nourrit, me permet d’essayer différentes choses. Je regarde des choses dans d’autres domaines aussi. C’est enrichissant. C’est ce qui fait ce que vous êtes au niveau photo.

Régis : Exactement. Plus ça va, plus je suis intimement persuadé que, je me répète encore un petit peu, le photographe animalier c’est avant tout un naturaliste, juste après ou au même niveau c’est un artiste et après c’est quelqu’un qui sait manipuler son matériel. Mais ça vient quand même après.

Walter : C’est ce que j’explique. Il y a des gens qui m’abordent pour les deux, il y a entre guillemets cette maitrise technique, l’aspect technique est important, il faut l’assimiler et le dépasser, et en animalier ce qui est compliqué, il faut connaitre l’animal. Les raccourcis, ils ne marchent pas, ils ne marchent pas très longtemps. Il faut être patient, c’est vrai qu’il faut être pugnace. J’ai fait des choses les dernières semaines, si je dois quantifier le temps que j’ai passé par rapport au résultat, c’est insignifiant le résultat.

Régis : Ce n’est pas très productif le métier de photographe animalier. La productivité on la met de côté ?

Walter : C’est ça. Après on devient meilleur. Je ne loupe pas souvent les opportunités qui me sont données dans la nature. Ça devient tellement instinctif. Comme les gens qui m’ont accompagné, il y en avait un qui me disait que c’était comme un troisième bras mon appareil photo. Tout ça se fait dans la seconde, dans le quart de seconde. Si on a une opportunité de 5 secondes, c’est dans la boite.

Est-ce que c’est bon, ce n’est pas bon, c’est autre chose. La connaissance de l’animal, la connaissance de son matériel fait qu’on a des automatismes. Il faut être sur le terrain, il faut faire des photos. C’est en forgeant qu’on devient forgeron. Moi je suis beaucoup sur le terrain. Donc quand j’ai l’opportunité face à moi

Régis : Tu ne réfléchis plus, c’est devenu naturel. Tu ne réfléchis plus à l’aspect technique de la chose.

Walter : Il faut que ça devienne comme ça. Pour moi, la photo c’est ça. Moi c’est un plaisir, c’est la lumière, j’adore la lumière, j’ai toujours voulu montrer ça dans mes images, mettre en valeur les sujets par la lumière, par la composition. Mais tout ça doit devenir instinctif et pouvoir se concentrer sur le côté créatif. En fait j’ai fait beaucoup de choses dans mon parcours.

Au début, j’ai aussi travaillé dans un parc, on entend beaucoup de choses en nature animalier par rapport au parc, par rapport à la captivité. Je ne suis pas fan de ça, je me suis déjà exprimé dessus. Mais parfois il vaut mieux s’entrainer dans ce genre d’endroits pour un photographe que d’aller en pleine nature provoquer des dérangements, en n’ayant pas eu ce parcours, en n’ayant pas pris le temps d’apprendre le côté naturaliste. Il faut s’exercer quelque soit le sujet qu’on aborde. C’est souvent ce côté en animalier qui a souvent été critiqué.

C’est surtout cette explosion avec les facilités au niveau matériel parce qu’on est arrivé à un niveau d’équipement qui est impressionnant. Des gens se retrouvent parfois sur des sujets en nature où ils ne sont pas du tout aguerris, ils font des bêtises, on fait tous des bêtises, on apprend, on apprend de ses erreurs. Il faut s’exercer. J’en reviens à ce que je disais. Moi je m’exerce beaucoup. C’est humain.

Régis : Moi, ce que je peux souvent conseiller à ceux qui me posent la question, c’est de s’entrainer, comme tu l’as dit dans les zoos par exemple. Entre parenthèses, j’écoutais une émission il n’y a pas très longtemps de ça sur les zoos. J’écoutais une émission où il y avait une vétérinaire qui parlait de ça et qui disait que les zoos avaient vraiment fait beaucoup de progrès dans la conservation, dans le bien-être animal, d’ailleurs au détriment des visiteurs parce que souvent les visiteurs sont déçus de ne pas bien voir les animaux.

Mais c’est justement parce qu’ils ont des zones où ils peuvent se cacher, où ils peuvent être hors du stress de la visite de l’homme. C’est la petite parenthèse pour dire que les zoos ont fait beaucoup de progrès là-dessus.

Walter : Je ne vais pas trop aborder le sujet. Moi c’était vraiment une expérience très particulière. Je ne suis pas très fan de la captivité bien sûr. Maintenant elle a un sens à un certain moment au niveau didactique aussi. Mais on entend beaucoup de choses. On entend des extrêmes des deux côtés, des défenseurs des animaux. Ça a un sens. Il ne faut pas faire n’importe quoi. Moi c’était une période de ma vie où j’ai appris beaucoup, humainement aussi j’ai côtoyé des gens qui faisaient beaucoup pour les animaux.

Régis : Des passionnés, j’imagine ?

Walter : Des naturalistes ou des photographes animaliers que j’ai côtoyés à l’époque. Parce qu’on ne connait pas toujours l’arrière-cuisine, ce qui se passe derrière. Moi j’ai eu accès à ce qui se passait derrière. Il y a beaucoup de choses à en dire. On est dans une époque où on critique tout très rapidement, pusi on passe à autre chose. Il faut prendre aussi un peu le temps de connaitre un peu ce qui se passe.

Régis : De se renseigner, évidemment. D’ailleurs j’écoutais aussi sur les zoos, après on fermera la parenthèse, ils ont aussi un rôle de conservation, ils sont presque en surplus de population, les animaux sont a priori tellement bien, en tout cas ils n’ont pas l’air d’être très malheureux, ce qui fait qu’ils se reproduisent plutôt pas mal, il y a presque une surpopulation dans certains zoos.

Walter : En fait c’est compliqué. Si on aborde le sujet, je ne veux pas trop en parler, je ne suis pas un spécialiste. Je n’aime pas le mot spécialiste. Un animal en captivité qui se reproduit ne veut pas dire qu’il est bien. Instinctivement il va avoir ce comportement. C’est très complexe. J’ai côtoyé des scientifiques qui étaient présents, qui m’ont expliqué certaines choses. Ça a un sens.

Ce n’est pas vrai pour tous les parcs, pour tous les zoos. Parce qu’il y a de grosses conneries qui sont faites dans ce domaine-là aussi. Moi je n’avais pas remis les pieds dans un zoo pendant 25 ans. Moi j’aime la nature sauvage près de chez moi. Je n’y ai plus été depuis extrêmement longtemps. Maintenant comme je disais, il ne faut pas tout critiquer en bloc. Il faut prendre le temps de comprendre un peu ce qu’il y a derrière. Je ne suis pas trop fan, on en parle beaucoup à l’heure actuelle avec des parcs aquatiques et des choses comme ça.

Régis : C’est vrai qu’ils n’ont pas forcément le vent en poupe pour le bien-être animal. On n’en parle pas forcément du bon côté des choses. Je voulais juste finir ma petite pensée par rapport à l’entrainement. Ce qui est vraiment possible de faire, ce que je fais souvent, c’est de le faire avec des animaux domestiques. On pense forcément aux chiens, aux chats. Mais on peut tout simplement aller dans les prés à côté de chez soi si on a la chance d’en avoir, c’est le faire avec des vaches, avec des chevaux.

Moi j’aime bien les vaches, les charolaises notamment, parce que ces animaux-là ne sont pas très farouches, mais on ne peut pas vraiment les approcher, on ne peut pas les toucher. On peut apprendre quelques automatismes d’approche par exemple pour pouvoir s’entrainer avec eux. S’entrainer à la technique de prise de vue mais aussi à la technique d’approche avec les vaches. Moi j’aime bien.

Walter : Il n’y a pas de petits sujets. La meilleure école en nature c’est la macro en fait. Techniquement. Pour apprendre la composition. C’est une super école. On peut faire des choses sur 1 m² dans son jardin. Il faut prendre le temps, le temps de l’apprentissage, il ne faut pas bruler les étapes. Moi je suis un touche-à-tout. On en parlera. Là, j’ai un projet qui aboutit. On me connait pour certaines choses, notamment le renard.

Mais c’est vrai que je fais beaucoup de choses en photo. J’ai touché un peu à toutes sortes de sujets. Il faut s’essayer à des choses qui sont accessibles autour de chez soi. Ce n’est pas toujours le cas. Il y a de la vie dans les villes aussi. Il y a plein de sujets.

Régis : La macro, c’est bien d’avoir parlé de ça, parce que si on se trompe ce n’est pas grave, la composition n’est pas bonne, la netteté n’est pas bonne, on n’avait pas le bon réglage, on s’en rend compte après en postproduction sur son écran d’ordinateur, ce n’est pas grave, on y retourne le lendemain et on recommence. Alors qu’avec les animaux sauvages, ça peut être un peu plus problématique.

Je vais enchainer, Walter. Tu disais que tu touchais à pas mal de choses. En préparant cette interview, je suis allé sur ton site, je suis allé voir d’emblée de manière instinctive tes photos évidemment, ton portfolio. Et il y avait l’onglet vidéo, j’y suis allé un peu après, j’aurais dû y aller avant parce qu’il y a quatre vidéos qui sont visibles sur ton site et qui sont absolument magnifiques, notamment une qui m’a presque bouleversé, avec une musique superbe, avec une voix off d’une photographe dont tu diras le nom tout à l’heure.

Ça s’appelle « 3 pattes ». Déjà le titre est assez énigmatique, donc on a envie d’aller voir ce qui se passe. Est-ce que tu peux, peut-être en deux temps, nous dire pourquoi tu t’es mis à faire des vidéos et nous parler un plus précisément de ce reportage-là parce que je l’ai trouvé très poignant ?

Walter : Ok. Rapidement. Je suis venu à la vidéo en 2011. Quand cette fonction est apparue, puisque je filme avec le reflex, je n’avais pas les possibilités avec mon matériel, j’ai repris un boitier pour filmer, j’ai un peu testé avec le boitier d’un ami.

J’avais vraiment envie de filmer. Pour moi, ça a été une découverte, c’est complémentaire de la photo. Au niveau animalier, j’ai pris de la distance, on n’a plus le bruit du déclenchement, on est spectateur mais on peut partager ce qu’on vit. Il y a des choses qui ne prennent pas de sens en photo, qui en vidéo vont être intéressantes au niveau comportemental. Je voulais filmer des choses, les partager au niveau du renard.

En 2011, j’ai commencé un peu à filmer, j’ai filmé beaucoup de choses dans l’idée de faire quelque chose sur le renard. J’ai puisé dans cette matière pour faire ces courts métrages qui sont présents sur mon site. J’ai été récompensé, ce n’était pas vraiment calculé. J’ai fait un premier court métrage sur le renard que j’ai appelé « Land of fox » et que j’ai soumis dans un festival ici en Belgique, le Festival Nature Namur, et qui a obtenu le grand prix en film amateur cette année-là. Les choses se sont enchainées. Dans la foulée, j’ai fait

Régis : Enchainer au sens où toi ça t’encourage ou finalement tu as des propositions où on te dit, Walter continue. L’enchainement c’est quoi en fait ?

Walter : Le retour il a été très positif. On prenait cette fonction pour un petit gadget. On a réalisé à ce moment-là, il y en a d’autres qui s’y sont intéressé, il y a quand même eu pas mal de mises en avant de ce film, on a vu que c’était plus qu’un gadget. Moi j’ai parlé avec des pros, par rapport à des images, ce n’est pas simple au début. Filmer avec un reflex, ce n’est pas simple par rapport à une caméra.

Maintenant il y a des choses à faire. J’ai puisé dans mon expérience au niveau approche et sur le terrain des animaux, pour justement aller très vite et avoir du résultat. La manière dont je travaille n’est pas simple, parce que j’ai continué à travailler comme je travaillais, à l’approche mais avec un trépied pour être très stable. Tout ça a été assez dur à mettre en œuvre mais j’au eu des résultats. Mais le but avant tout, c’est vraiment de faire quelque chose sur le renard. Maintenant j’ai la matière. Non, il n’y a pas eu d’encouragement ou de volonté vénale de faire quelque chose.

Moi c’est un complément qui n’était pas finalement très compliqué à mettre en œuvre. J’ai beaucoup réfléchi, je réfléchis quand même beaucoup quand j’évolue au niveau matériel, je n’ai pas beaucoup de moyens devant moi. Après j’ai commencé à filmer avec ce tout petit boitier. J’ai fait ce deuxième film, ce court métrage « 3 pattes », pour raconter cette histoire que j’ai vécue.

Ce suivi d’une renarde qui n’a que 3 pattes. Je pense qu’elle a dû se dégager d’un piège et malheureusement elle a dû ronger sa patte, elle a survécu, elle avait une portée de 3 renardeaux qu’elle a menée à terme cette année-là.

Régis : Tu as connu cette renarde-là à 4 pattes ?

Walter : Non. C’est un court métrage et un aménagement. Au début c’est un autre renard

Régis : C’est scénarisé de toute façon.

Walter : Evidemment, voilà. Moi, je l’ai découverte au moment des naissances, je l’ai suivie, elle était extrêmement farouche comme tous les animaux qui ont été blessés, il y a une évolution dans leur comportement. Je l’ai filmée beaucoup, j’ai très peu de photos parce qu’elle était très compliquée à aborder. Mais en vidéo, la manière dont je travaillais me permettait d’être à plus longue distance.

Je l’ai vraiment suivie, revue l’hiver suivant et le printemps qui a suivi. Là je l’ai perdue. Le renard c’est une vie très dure, une vie courte en fait. En moyenne, on parle de 3-4 ans en milieu rural. En pratique, c’est souvent 1 à 2 ans. Je l’ai suivie sur 3 saisons, ce qui est déjà pas mal. J’ai voulu en parler. C’est quelque chose qui m’avait touché. Elle agit d’instinct. C’est ce que j’expliquais par rapport aux animaux qui se reproduisent en captivité, c’est l’instinct qui prime.

Eux tendent vers ça. Ils doivent se nourrir et ils doivent se reproduire. Donc c’est impressionnant de voir un animal et elle était très efficace sur ses 3 pattes.

Régis : Même si elle se fiche éperdument de ça évidemment, est-ce que ce n’est pas un moyen de lui rendre hommage quelque part ?

Walter : Oui. On m’a dit beaucoup de choses sur ce film. Je crois qu’il avait été aussi retenu pour un festival ici en Belgique. Beaucoup de gens l’ont vu. On m’en a parlé. Bien sûr ça touche les gens. Il y a ce côté animal amoindri. Les petits, c’est mignon. Tout ce que j’ai pu mettre dans ce film. Sur les images qui sont marquantes, percutantes, quand on voit à l’image le moignon de sa patte, ça touche les gens.

C’est toujours le fil conducteur. Je ne suis pas un militant, je ne monte pas aux barricades. Mais au niveau du renard il y a beaucoup de choses à en dire, j’ai appris énormément de choses. Je continue à y aller en douceur à travers les images, les vidéos, à communiquer. J’ai fait plus de choses ces derniers temps parce que j’avais été abordé pour présenter mon travail en conférence, j’en ai profité pour m’exprimer sur le renard, de remettre un peu l’église au milieu du village, de casser un peu toutes ces idées reçues.

Parce qu’on entend tellement de bêtises sur le sujet. Ce n’est pas nouveau. Il faut continuer à communiquer. C’était un peu l’idée de parler de ce que j’avais vécu, d’en profiter pour rebondir.

Régis : Je vais changer de sujet bien que finalement ça reste dans le domaine de ton actualité et de ce que tu fais aussi, de toutes les choses que tu peux faire. C’est vraiment tout neuf, début octobre, tu as sorti, tu n’es pas tout seul j’imagine, il y a une équipe avec toi, un calendrier. Mais ce calendrier-là est vraiment particulier, il a une saveur particulière pour toi. Est-ce que tu peux nous en parler, s’il te plait ?

Walter : C’est un projet qui court depuis quelques mois. C’est vraiment un travail collégial, puisqu’un éditeur fait des choix, c’est un produit qui doit être vendu. C’était vraiment un calendrier perpétuel, 365 images, une image par jour, un calendrier qui peut être réutilisé plusieurs années de suite puisque c’est le but du perpétuel, il n’y a pas de jours qui apparaissent, il y a des dates. On peut le réutiliser.

Un choix d’images parmi 10 ans d’images, donc mon premier projet au niveau édition qui aboutit. C’est assez intéressant. On me demandait souvent à quand un livre, à quand ceci, à quand cela. Ça c’est un projet qui est venu un petit peu vers moi. C’était une belle expérience. C’est aux Editions Weyrich. J’en profite pour les remercier, toute l’équipe et Olivier Weyrich de m’avoir proposé.

C’est un gros travail. Comme on abordait les concours photos, choisir des images dans le cadre de ce genre de projet ce n’est jamais une sinécure pour un photographe. J’ai amené une sélection dans laquelle on a resélectionné et on a conçu ce calendrier.

Régis : Une question toute bête : est-ce que vous avez fait attention à être raccord entre tes photos et les saisons par exemple.

Walter : Oui, tout à fait. Beaucoup d’images ont été prises quasiment aux dates où elles apparaissent. Une balade au fil des saisons, c’est ça qui est intéressant.

Régis : Il aurait fallu laisser les exif, parfois on voit sur les appareils photo, les petits compacts amateurs on voit en gros en rouge marquée en bas la date de prise de vue. Il aurait presque fallu laisser ça, ça aurait été marrant de voir la date de prise de vue.

Walter : C’est vraiment très proche, bien sûr parfois on a un peu déplacé les images mais on a respecté les saisons. C’est vrai qu’il y a eu de belles rencontres, des espèces qui n’étaient pas du tout courantes, je pense par exemple à un hibou des marais, c’est vraiment de la faune et de la flore près de chez moi sur ce calendrier. C’est un éditeur ici en Belgique qui a un catalogue qui évolue, qui évolue très bien, qui est apprécié.

Mais son public est un public à la base d’ici de la région. Donc les gens vont retrouver des choses parce qu’il y a des identifications, j’ai donné parfois les endroits pour des paysages. C’est intéressant pour ces gens parce qu’ils verront que c’est près de chez eux. C’est quelque chose qu’on voulait. Je parlais d’une observation d’un hibou des marais qui n’est pas du tout commun ici, il n’a fait que passer, je l’ai vu, il est repris à la date où je l’ai vu.

Ça va peut-être surprendre de le retrouver dans ce calendrier alors que les gens ici ne le verront jamais.

Régis : Est-ce que c’est un bel objet ? Est-ce que les photos sont de bonne qualité ? Est-ce que c’est un joli papier ? Vous avez fait attention à cet aspect-là ?

Walter : Dans ce monde, les photographes sont très pointus, ont des attentes élevées au niveau qualitatif quand on parle de bouquin. Un bouquin c’est encore à un autre niveau. Mais je suis assez bluffé. Je ne savais pas à quoi m’attendre, il y a eu d’autres versions qui ont précédé ce calendrier. Je suis quand même attentif à ça. Je suis très agréablement surpris. 365 images, c’est clair qu’il y a des images qui vont passer un peu moins bien, il y a des images très compliquées au niveau tirage.

Mais c’est vraiment minime les choses qui pourraient me décevoir, surtout sur l’ensemble du calendrier. Il est vraiment très bien, très réussi, je trouve. C’est un peu style Géo qui faisait un calendrier comme ça.

Régis : Exact.

Walter : C’est tout à fait le même style. On tourne les pages.

Régis : Avec les spirales au-dessus.

Walter : Oui, c’est un bel objet. Franchement. C’est comme un beau livre. Ça n’a rien à voir avec un calendrier annuel où on a 13 images. C’est vraiment comme un beau bouquin.

Régis : Est-ce qu’on peut l’acheter maintenant, est-ce qu’il est disponible ?

Walter : Il est disponible depuis ce début de semaine.

Régis : Comment faire ?

Walter : Tout est expliqué sur mon site. Moi je ne sais pas trop comment faire. Mais au niveau des frais d’envoi, c’est très élevé si c’est moi qui dois les envoyer à l’étranger et même en Belgique. Le plus simple est de repasser par le site de l’éditeur. Il est très bien distribué ici en Belgique, même au Luxembourg. Donc il y a une liste de points de vente sur le site de l’éditeur. Tout ça est renseigné sur mon site.

Régis : Maintenant sur Internet, il est facile de commander.

Walter : On peut le commander sur le site de l’éditeur. Ils ont un volume qui rend les choses plus intéressantes. Je ne peux pas sur l’envoi d’un calendrier. Parfois les gens veulent un petit mot, veulent quelque chose de plus personnalisé. Tout est possible. Il faut me contacter.

Régis : De toute façon, juste sous le lien pour pouvoir lancer le podcast que les auditeurs écoutent, je mets tous les liens possibles pour accéder à tout ça. Est-ce que tu organises des stages photo pour pouvoir travailler avec toi, en tout cas apprendre des choses à tes côtés ? Est-ce que c’est possible ?

Walter : J’ai lancé cette activité de stages sur le renard, pour deux périodes l’hiver

Régis : la période du rut, de reproduction et la naissance des petits. Ce sont deux choses assez délicates. C’est un stage individuel sur mesure. On m’a souvent posé la question. Je prends une personne avec moi. C’est vraiment très personnalisé, c’est quelque chose de très particulier qui va dépendre d’une saison à l’autre en fonction des possibilités. Là, j’ai déjà pas mal de demandes. Pour la prochaine session en hiver, je ne sais pas encore à quoi m’attendre au niveau de l’hiver.

C’est de l’animalier. Tout est remis en question d’une saison à l’autre. Il y a moyen de faire aussi une demande de renseignements par mon site pour avoir plus d’informations. L’idée, c’est ça, c’est de prendre une personne, de la mettre à mes côtés et d’aborder l’aspect naturaliste et l’aspect photographique, lorsque les deux aspects sont demandés, parce que ce n’est pas toujours le cas. Moi, j’ai toute sorte de gens, j’ai des photographes très débutants jusqu’à des photographes très aguerris, ou des gens qui ont juste envie de voir l’animal, qui ne l’ont jamais vu.

Mais l’idée est vraiment d’essayer de  profiter des moments de forte activité, que je connais bien, à force avec le temps j’ai appris beaucoup de choses sur le renard, pour emmener les gens, leur permettre de l’observer. Parce que c’est un stage d’observation avant tout. De le photographier. D’améliorer leurs connaissances de l’animal et leurs connaissances photographiques, la manière d’aborder la faune sauvage parce qu’on n’a pas beaucoup de temps. Le renard, je le travaille à l’approche qui pour moi est la seule façon d’avoir vraiment du résultat.

On peut faire des affûts, les affûts sont intéressants, ce sera des affûts pour observer les petits. Mais les petits, ça peut être les petits, l’activité des adultes avec les petits, ou l’activité des adultes seuls. Donc il y a beaucoup de choses. Je donne beaucoup de choses dans ces journées. Les gens qui m’ont abordé et qui sont venus avec moi pourraient mieux en parler. Mais on entend beaucoup de choses. Moi je ne mets pas les gens plusieurs heures à un endroit. C’est un petit peu au petit bonheur la chance. Je ne fonctionne pas comme ça.

Régis : C’est sur une journée ? C’est modulable ?

Walter : Ça peut-être une demi-journée, une journée, parfois j’ai eu plusieurs journées. C’est plus compliqué, ça l’est peut-être trop. J’ai eu des gens qui sont venus sur deux demi-journées, c’était pas mal parce qu’on optimise parfois les chances. On peut faire la matinée et la soirée, ou faire la soirée et le lendemain matin et loger.

Régis : Tu veux dire que faire une petite coupure comme ça un après-midi ou même d’une demi-journée, ça permet de prendre du recul, de mûrir, de digérer un peu ce qu’on a appris le matin.

Walter : Peut-être. Ce sont des choses différentes, le matin, le soir. On me pose des questions, on me demande si c’est mieux à telle heure, c’est mieux quand. C’est très variable. Ça dépend des individus. Quand on parle des petits, ça dépend d’une famille à l’autre. Il y a toujours cet aspect éthique qu’on n’a pas abordé. Moi si je fais ça, c’est que c’est possible et je le fais dans le respect maximum des animaux.

Moi je suis arrivé à un niveau où je trouve beaucoup de choses qui me permettent de faire ça. Mais à aucun moment je ne mets la pression sur les animaux. C’est-à-dire que je préfèrerais renoncer à faire quelque chose. C’est pour ça que j’ai dit que chaque saison est remise en question. Là je suis dans la phase de demande de renseignements, je ne sais pas si je pourrais offrir ces possibilités à tous les gens qui m’ont abordé jusqu’ici. C’est vraiment du sur-mesure. Donc en fonction du niveau de la personne, en fonction de ses attentes, en fonction de la situation sur le terrain.

Mais je pense que c’est ce qui est le plus performant et je pense que les gens qui m’ont accompagné sont repartis avec quelque chose. Les images sont très intéressantes mais l’idée c’est d’observer et d’apprendre des choses pour reproduire ces choses chez soi.

Bien sûr il y a des zones qui sont beaucoup plus compliquées, que ce soit en Belgique ou en France. En France il y a une pression énorme sur le renard, il y a des régions où c’est très complexe de l’observer. Mais il y a des gens qui sont venus avec moi qui ont réalisé, qui n’auraient jamais pensé qu’ils pourraient le retrouver dans certaines zones assez similaires et qui ont commencé à prospecter en utilisant ce que je leur avais montré au cours d’une journée.

L’idée c’est vraiment ça. Il y a beaucoup de choses dans cette journée. Ce n’est pas juste une balade dans la nature, je ne suis pas un guide nature, je ne fais pas ça. J’ai été abordé pour ça mais je ne prends pas une famille pour aller montrer des choses. Je me mets au niveau de l’animal et de la personne qui m’accompagne, c’est le but.

Régis : J’imagine que c’est aussi un échange avec toi. Tu dois aussi un peu apprendre à leur contact, c’est un vrai échange de passionnés ?

Walter : Il y a plein de choses. Je pense que les gens ont apprécié d’être avec moi. C’est des choses qui se font naturellement. Je ne le ferais pas si ça coinçait. Moi j’aime être dans la nature. J’ai lancé ça parce que c’est possible et que ça se passe bien avec les gens, sinon je ne le ferais pas. Je pense que les gens sont bien avec moi sinon ça se serait arrêté très vite. Mais c’est remis en question par rapport à l’activité selon les saisons.

De toute façon je prévois toujours une discussion avec les gens par téléphone. J’ai rencontré des gens, je viens d’exposer sur deux festivals où j’ai pu discuter avec pas mal de gens, là c’est encore à un autre niveau, où j’ai expliqué comment ça se passait. Je jauge aussi les attentes, le niveau. Après, c’est à moi à m’adapter. Ça reste de l’animalier. Mais je vais essayer d’optimiser, d’utiliser toute mon expérience pour optimiser le temps sur le terrain et je ne ferais pas venir quelqu’un si je sens que je n’irais pas pour moi.

Je pourrais, ça serait plus intéressant pour moi de dire, on choisit cette date-là 2 mois à l’avance et on s’y tient, quelque soit le temps, quelque soit l’activité sur le terrain. Ce n’est pas ma politique. C’est pour ça que ça reste limité. Là je suis quasiment sur le maximum que je veux accepter pour la prochaine saison.

Régis : D’accord. Pour pouvoir s’inscrire on va sur ton site. Les liens seront sur la page de l’article lié à cette interview. Tout est indiqué. Je te remercie beaucoup Walter.

Walter : Un grand merci.