Mathieu Sciberras, est un photographe animalier amateur. Je vous rappelle que le terme amateur signifie juste que la photo n’est pas son métier … mais surtout pas que Mathieu fait de moins jolies photos qu’un professionnel. 🙂

Vous pouvez découvrir le travail de Mathieu sur son site internet ainsi que sa page Facebook.

Je connais bien Mathieu parce qu’il fait parti de ma formation des Ateliers du Photographe Animalier. C’est d’ailleurs à ce titre qu’il m’avait contacté pour me prévenir qu’il projetait de réaliser son rêve photo.

Et oui, comme tout bon photographe de nature qui se respecte (enfin j’espère !), Mathieu a depuis longtemps le rêve de réaliser un voyage photo nature extraordinaire, et, disons-le, exceptionnel.

Partir dans le Grand Nord, dans l’île norvégienne du Spietzberg précisément, afin de photographier le plus grand prédateur terrestre connu  : l’ours polaire. Un sacré projet photo, qui demande des mois, voire des années de maturation et de préparation. Je l’ai longuement questionné à ce sujet.

Dans cette interview, vous apprendrez :

  • les étapes clés pour réussir son projet photo
  • l’astuce incontournable pour financer son voyage
  • quel matériel apporter sur place
  • comment fédérer ses proches pour être soutenu

Pour compléter cette interview de Mathieu, je vous conseille fortement d’écouter également celle que j’avais faite avec Philippe Bolle : photographe spécialiste des voyages photo

Voici ci-dessous une sélection de photos de Mathieu Sciberras. Enjoy 🙂

mathieu_sciberras1-1

mathieu_sciberras2-1

mathieu_sciberras3-1

mathieu_sciberras3-1

mathieu_sciberras4-1

mathieu_sciberras5-1

 

Retrouvez ci-dessous la transcription texte de l’interview :

Pour ce 22e épisode de l’émission, j’ai invité Mathieu Sciberras, photographe de nature amateur, à nous expliquer en détail comment il a réussi à mettre sur pied et organiser son projet de voyage photo qui au départ était complètement fou.

Régis Moscardini : Bonjour Mathieu Sciberras. Je te remercie d’avoir accepté mon invitation pour cette interview.

Mathieu Sciberras : Merci à toi, Régis, et bonjour.

Régis Moscardini : C’est un peu convenu comme question mais c’est un passage obligé. J’aimerais que tu te présentes s’il te plait en quelques mots pour mieux te connaitre.

Mathieu Sciberras : Je m’appelle Mathieu Sciberras, j’ai 38 ans, je ne suis pas professionnel mais grand passionné de photo. Je suis cadre d’éducation, je travaille dans une école primaire.

Régis Moscardini : Tu es dans la région lyonnaise, c’est ça ?

Mathieu Sciberras : Oui, j’habite à Caluire, c’est la banlieue de Lyon.

Régis Moscardini : J’adore ce nom de ville que je connais un tout petit peu, c’est Caluire et Cuire.

Mathieu Sciberras : Voilà, Caluire et Cuire.

Régis Moscardini : Pour la petite histoire, je crois que ce sont deux villes qui se sont rapprochées, Caluire, Cuire et ça fait Caluire et Cuire, c’est ça ?

Mathieu Sciberras : C’est ça.

Régis Moscardini : Comme je le fais à chaque fois, à chaque interview que je prépare, je lis la biographie. Maintenant sur Internet, on trouve à chaque fois on trouve le site des photographes que j’interview. Je suis allé sur le tien et je suis resté sur une phrase un peu énigmatique, c’est peut-être fait exprès, mais je me suis arrêté dessus et je veux vraiment avoir la réponse.

Tu as écrit, je te cite, après le début de ta biographie tu as écrit : « Je me suis tourné vers un très vieil ami, photographe professionnel, qui m’a appris à améliorer ma technique, maitriser mon appareil et les lumières, les compositions », et tu t’arrêtes là. Moi j’aimerais savoir qui est ce photographe professionnel ?

Mathieu Sciberras : Qui est ce photo graphe professionnel. Alors ce n’est pas du tout un photographe animalier ou quoi que ce soit, il s’appelle Martial Couderette, je ne sais pas si tu en as déjà entendu parler ?

Régis Moscardini : Non, je ne connais pas.

Mathieu Sciberras : On était à l’école ensemble, on s’est perdus de vue un peu pendant quelques années, on s’est retrouvés. Moi, je commençais la photo il y a une dizaine d’années à peu près. Je m’étais acheté un petit Nikon D60, je trouvais que c’était dommage de faire juste des photos à l’automatique et sans rien comprendre.

Vraiment par hasard je suis retombé sur son site, j’ai vu qu’il proposait des stages, c’est comme ça qu’on a repris contact. J’ai fait des stages avec lui pour apprendre la photo. Du coup depuis, on se voit régulièrement, je lui montre ce que je fais, je vais même l’emmener normalement soit l’été soit l’automne faire une petite rando photo dans les Alpes, dans mon milieu.

Donc il s’appelle Martial Couderette, il navigue beaucoup sur l’Asie, surtout Thaïlande et Birmanie, un petit peu le Vietnam.

Régis Moscardini : Tu l’as dit, il n’est pas photographe animalier. Mais ce n’est pas gênant pour l’apprentissage des techniques photos parce que peu importe le domaine photographique dans lequel on est, la maitrise de l’appareil elle reste la même de toute façon.

Mathieu Sciberras : Oui. Il m’a surtout permis d’apprendre à me servir du mode manuel. Là je crois qu’il va bientôt sortir un livre sur uniquement des portraits qu’il fait de gens qu’il rencontre dans les villages où il va. Et il m’a vraiment appris à me servir du mode manuel.

Régis Moscardini : Et tu photographies comme ça actuellement ?

Mathieu Sciberras : Je photographiais comme ça, oui. Maintenant plus du tout en fait. J’ai fait un stage photo avec Fabien Gréban qui, quand il m’a vu faire pour prendre des renards en mode manuel

Régis Moscardini : Toi, tu avais ta petite mollette sur le M, tu devais et gérer la vitesse et en même temps l’ouverture, et après tu voyais un peu ce que te proposait comme exposition l’appareil ?

Mathieu Sciberras : C’est vrai que ce que je prends surtout, c’est des bouquetins et des chamois, quelques rapaces aussi comme le gypaète, mais ce n’est pas des animaux qui demandent vraiment beaucoup de vitesse, de rapidité plutôt, surtout le bouquetin. Du coup en mode manuel, ça m’allait très bien, j’avais le temps de bien,  comment dire

Régis Moscardini : De faire les réglages qu’il te fallait.

Mathieu Sciberras : Voilà. Mais les réglages sur le renard ce n’est pas pareil. Il m’a dit, ne t’embête pas, tu te mets en mode priorité à l’ouverture, c’est bien plus facile comme ça. C’est vrai que maintenant je ne fais plus qu’en priorité ouverture au moins pour l’animalier. Après, c’est vrai que quand je fais des paysages, des choses comme ça, j’aime bien reprendre le mode manuel et mes petites habitudes.

Régis Moscardini : C’est intéressant ce que tu dis. C’est vrai que finalement chaque technique est valable et très respectable. On peut très bien aussi être en priorité vitesse sur son reflex, on peut être en priorité ouverture, tu l’as dit, on peut aussi être en tout manuel.

D’abord il faut être à l’aise avec la technique qu’on utilise mais aussi il faut s’adapter au milieu dans lequel on est. Pour ton ami photographe professionnel, Martial, lui le mode manuel lui convient parfaitement. Mais par contre pour certaines pratiques où il faut être un peu plus réactif, le mode manuel n’ira pas, le mode semi-automatique priorité à l’ouverture sera beaucoup plus intéressant.

Mathieu Sciberras : Oui, c’est beaucoup plus réactif, il y a moins de choses à régler.

Régis Moscardini : C’est ça, exactement. Tu es passionné de photos animalières, tu l’as dit, mais aussi de voyages. Tu voyages pour faire de la photo nature, vraiment ce sont des voyages photo que tu fais ou tu voyages d’abord pour toi, pour ta famille, pour le plaisir des yeux, dans quel cadre tu fais ces voyages-là ?

Mathieu Sciberras : Je voyage d’abord par plaisir parce que j’adore ça. Je voyage tout le temps avec ma femme. Je fais des photos, ça c’est clair, mais ce n’est pas la priorité quand on voyage comme ça. Je fais plein de photos de paysages, tant que je peux, elle est bien patiente pour ça, mais après ce n’est pas un voyage dédié à la photo.

On est allés en Thaïlande, on est allés au Chili, on est allés aux Etats-Unis, en Croatie, des choses comme ça. Je prends beaucoup de photos mais ce n’est quand même pas dédié à ça. Sinon je partirais tout seul.

Régis Moscardini : Sinon tu ne fais plus rien avec elle.

Mathieu Sciberras : Voilà. Elle aime bien faire de la photo mais elle ne l’entend pas comme moi.

Régis Moscardini : D’accord. C’est intéressant. Je pense qu’on est un peu tous pareils.

Mathieu Sciberras : Par amour du voyage, découvrir des endroits que je ne connais pas, découvrir les gens, c’est vraiment ça qui me passionne.

Régis Moscardini : Comme ça, tu as fait quoi comme voyages vraiment marquants ?

Mathieu Sciberras : La Thaïlande, parce que là on est partis à quatre avec mon beau-père et son amie. Elle, elle a vécu 10 ans là-bas parce qu’elle était infirmière pour Médecins du monde. Du coup, vivre 10 ans là-bas dans les camps de réfugiés birmans, ça lui a permis de connaitre des locaux, on va dire, avec qui elle a lié amitié. Ça nous a permis de faire un voyage fabuleux, un voyage qu’on n’aurait pas pu faire tous seuls.

Régis Moscardini : J’en profite pour te demander, même si ce n’est pas un voyage photo, quand on part en voyage, est-ce que c’est mieux d’y aller avec quelqu’un comme tu viens de le dire qui connait des gens, des structures, on gagne du temps, on est plus vite immergé dans le milieu ? Est-ce que tu ne conseillerais pas de pouvoir avoir ça ?

Mathieu Sciberras : C’est vraiment différent. Là, pour la Thaïlande on connaissait quelqu’un sur place qui nous a permis d’aller dans des endroits bien précis, on a fait des randos, des treks dans la jungle. Aller dans des villages de montagne. Sans cette personne-là on ne l’aurait pas fait.

Après, on est allés au Chili en 2011, on devait partir du sud, on partait de Buenos Aires en Argentine pour aller en Patagonie chilienne et remonter jusqu’à Santiago en passant par Chiloé. Quand on est arrivés à Buenos Aires, c’était tempête de neige, éruption volcanique, du coup pour notre voyage il n’y avait plus d’avion, plus rien. Nous on ne parlait pas un mot d’espagnol, personne ne parlait anglais apparemment, là il a tout fallu refaire dans l’autre sens.

Régis Moscardini : Du coup ce n’est plus un voyage, c’est une expédition, c’est l’aventure ?

Mathieu Sciberras : Oui, complète. Mais du coup on a pu voir quand même plein de choses. C’était une approche vraiment différente. C’est vrai que c’est un peu plus chaud. Franchement moi je conseille les deux.

Régis Moscardini : D’accord. Toujours en arrière-plan dans ma tête il y a la photo qui est là. On peut quand même faire de jolies photos quand on est immergé, quand on connait quelqu’un qui nous emmène dans des endroits un peu particuliers, mais on peut aussi faire des choses intéressantes quand on ne connait pas, quand on découvre comme ça sur le fil ?

Mathieu Sciberras : Oui. Moi je vois, quand on est arrivés en Patagonie chilienne, c’était le plein hiver parce qu’on est partis, c’était entre juillet et août, on était tous les deux, on avait réservé dans un hôtel où il n’y avait que nous. Il faisait tellement mauvais que j’ai eu le temps de faire des photos, mais sensationnelles.

On était au pied du Lac Grey, c’est un lac et un glacier qui se jette dedans, c’est juste au pied del Torres del Paine. Des photos d’iceberg, je crois que j’ai dû en mettre sur le site, je ne suis plus sûr parce que je n’ai pas eu le temps de tout finir sur le Chili. On peut faire des photos fantastiques.

Même si le voyage est tout à reprendre comme ça, que c’est imprévu, que ce n’est pas forcément un voyage photographique, j’ai ramené des photos magnifiques.

Régis Moscardini : C’est intéressant d’avoir ces deux sons de cloche. On va changer un peu de domaine. Tu as la particularité d’être un élève de ma formation, des ateliers de photographe animalier.

Mathieu Sciberras : Oui.

Régis Moscardini : C’est à ce titre que tu m’as envoyé un mail il y a 3-4 mois de ça maintenant, pour me dire que tu avais réussi à mettre sur pied un projet de voyage photo vraiment exceptionnel, on va en parler longuement maintenant. Plus qu’un projet, c’était un rêve de voyage photo que tu avais en tête depuis très longtemps.

Donc on va longuement en parler, comment tu as fait, le coût, les aides que tu as eues, les difficultés rencontrées. Ma première question toute simple : quel est ce rêve photo que tu vas concrétiser, que tu n’as pas encore fait, quel est ce rêve photo sans trop en dire pour en garder un peu pour la suite quand même ?

Mathieu Sciberras : Mon rêve, c’était d’aller un jour rencontrer les ours polaires dans un milieu arctique, rencontrer cet animal dans son milieu et vivre un moment là-bas.

Régis Moscardini : Je crois que c’est peut-être le plus gros carnivore terrestre, il me semble, non ?

Mathieu Sciberras : Le plus gros carnivore terrestre, oui.

Régis Moscardini : C’est ça. Le rencontrer dans son milieu, ça doit être absolument incroyable. J’aimerais qu’à la fin de notre discussion les auditeurs puissent se dire, moi aussi j’ai un rêve de voyage photo et ce que viennent de dire Régis et Mathieu ça me donne envie de vraiment tenter le coup. On va essayer de réveiller la petite flamme chez les auditeurs et leur montrer que c’est possible.

Mathieu Sciberras : Pas de souci.

Régis Moscardini : On va essayer d’être pragmatiques, concrets et de faire étape par étape. Ton rêve, c’était tu l’as dit d’aller, la région c’est le Spitzberg, c’est ça ?

Mathieu Sciberras : Oui. Au départ non, mon rêve c’était vraiment un milieu arctique

Régis Moscardini : C’était assez flou ?

Mathieu Sciberras : C’était assez flou. Au départ je m’étais plutôt orienté sur l’Alaska, mais après, du point de vue financier, du point de vue organisation là-bas sur place, c’était vraiment trop compliqué pour pouvoir y aller sur le laps de temps assez court que j’avais.

Régis Moscardini : Parce que c’est un Etat américain, c’est pour ça ou ça n’a rien à voir ?

Mathieu Sciberras : Non, c’est parce que c’est très loin et qu’il n’y a pas beaucoup de moyens de déplacement là-bas, que les endroits où je voulais aller, à part s’appeler Vincent Munier, ce n’est pas mon métier

Régis Moscardini : Parce que Mathieu Sciberras, ça n’a pas la même portée que Vincent Munier ?

Mathieu Sciberras : Non, franchement, c’est bizarre. C’est dommage. Donc le Spitzberg, terre pour moi assez légendaire quand même.

Régis Moscardini : Quelle est la première chose à faire au tout début quand on a un projet un peu fou et un voyage comme ça, tellement improbable qu’on n’oserait même pas en parler à ses proches qui nous prendraient justement pour quelque chose d’irréalisable, quelle est la première chose à faire ?

Mathieu Sciberras : La première chose à faire au tout début. Moi j’ai réfléchi très longtemps.

Régis Moscardini : Tu as mûri ça très longtemps.

Mathieu Sciberras : Je pars au mois de juin, ça fait plus d’un an que je suis inscrit pour ce projet, ça fait au moins 3-4 ans que je regardais les voyages qui étaient proposés dans Image et Nature, dans Net Image. Je me disais, ça serait vraiment bien d’y aller, il faut le faire.

Mais j’étais toujours arrêté par le budget. Et puis un jour j’en ai discuté avec ma femme. Elle m’a dit, pour quelqu’un qui n’est pas professionnel, c’est le voyage d’une vie, arrête de te poser des questions, tu y vas, tu as presque 2 ans pour financer, pour mettre de côté, donc arrête de te poser des questions, vas-y.

Régis Moscardini : La première chose que je retire de ce que tu viens de dire là. En fait il y a deux choses à retenir. La première, c’est qu’il ne faut pas être pressé, il faut attendre que ça vienne, que ça mûrisse, il faut lire un peu, voir ce qui se fait. Tranquillement laisser ça dans sa tête.

Et la deuxième chose, c’est ce que tu as fait toi, ce n’est pas forcément ce qu’il faudrait faire à chaque fois, mais c’est ce que tu as fait toi et ça a marché, c’est d’en parler à quelqu’un de proche. Pour se sentir un petit peu soutenu ? C’était quoi l’idée ?

Mathieu Sciberras : Oui. Dans mon for intérieur, j’attendais bien d’être soutenu.

Régis Moscardini : Il faut en parler un peu autour de soi ?

Mathieu Sciberras : Voilà.

Régis Moscardini : A une personne de confiance ?

Mathieu Sciberras : Il y a des gens qui n’ont pas compris du tout, qui maintenant comprennent un peu mieux, mais quand je leur ai annoncé, ont dit, tu es fou.

Régis Moscardini : Oui, c’est ça.

Mathieu Sciberras : Un voyage comme ça, il coute 5.000 euros, mais il y a tout ce qui va pour les à-côtés. Moi j’ai de la chance d’être souvent en montagne, mais il y a tout un équipement à prévoir. Ça aussi, si on ne l’a pas, ça coute vite des sous. Au niveau de son matériel photo, c’est pareil. On se dit, c’est le voyage d’une vie, on va peut-être essayer de faire un effort.

Régis Moscardini : Il ne faut pas partir avec un compact ?

Mathieu Sciberras : Voilà.

Régis Moscardini : C’est deux premières choses-là, elles sont faites. Maintenant quelle est la deuxième étape, après en avoir un petit peu parlé et l’avoir laissé mûrir, quand on sent qu’on est un peu plus prêt, quelle est la deuxième chose à faire ?

Mathieu Sciberras : Rechercher une agence qui corresponde vraiment à ce que l’on souhaite faire.

Régis Moscardini : Une agence de voyages quelle qu’elle soit ou vraiment une agence de voyages photo ?

Mathieu Sciberras : Une agence dédiée à la photo. Sinon on prend un paquebot où il y a je ne sais combien de personnes dessus qui font le tour du Spitzberg aussi.

Régis Moscardini : On peut faire le tour comme ça mais on ne fera pas de photos.

Mathieu Sciberras : Oui. Ce n’est vraiment pas ce que je recherche.

Régis Moscardini : Quelles agences tu peux donner ou en tout cas la tienne, celle avec qui tu pars ?

Mathieu Sciberras : Comme Philippe Bolle, je l’ai contacté et je vais partir avec Photographes du monde. Je m’étais déjà renseigné sur qui organisait le voyage, quel était le photographe qui partait avec.

J’ai eu avec Vincent Frances, le responsable de l’agence, que j’ai appelé, rappelé, et encore appelé, à chaque fois il répondait à toutes mes questions, il me disait, n’hésitez pas à me rappeler au moindre problème, à la moindre question, n’hésitez pas, on est là vraiment pour vous éclairer, pour voir si ça correspond bien à vos attentes. En sachant que eux aussi de leur côté étaient très clairs, vous venez là, vous ne ferez pas du tourisme.

On y va pour faire de la photo. Point. On s’embarque sur un petit bateau, on vit ensemble pendant 13 jours, et on ne fera que de la photo. Il faut avoir une certaine condition physique, il y a des exigences aussi à remplir. Cette relation qui s’est établie, j’ai trouvé ça vraiment bien.

Régis Moscardini : Comme tu l’as dit à plusieurs reprises, c’est le voyage d’une vie, il ne faut pas le louper, donc tu conseilles vraiment de partir avec une agence photo. On pourrait partir seul, faire tout seul son circuit

Mathieu Sciberras : Déjà pour aller là-bas.

Régis Moscardini : Tu ne conseilles pas ?

Mathieu Sciberras : Moi, je pense qu’il faut vraiment faire ce que l’on a envie, mais il faut que ce soit réalisable. Moi, ce n’était pas réalisable, pas envisageable que j’aille là-bas tout seul.

Régis Moscardini : Par sécurité, par coût aussi ?

Mathieu Sciberras : Par sécurité, par coût, et puis là-bas il n’y a rien. Il y a Longyearbyen la ville où il doit y avoir 2 ou 3000 habitants d’après ce que j’ai lu, mais il n’y a rien donc il faut tout un matériel alors cette fois au niveau intendance, là c’est hors de prix.

Régis Moscardini : Deuxième étape, tu as contacté une agence de voyages photo.

Mathieu Sciberras : Photographes du monde.

Régis Moscardini : Celle-ci ou une autre, peu importe. Une fois que tu as un peu plus défini ton projet avec la personne que tu as en face de toi au téléphone, ou par mail peu importe,  une fois que le projet est mieux défini, que tu as une idée du coût que ça peut valoir, quelle est la chose à faire ensuite ?

Mathieu Sciberras : Moi, je me suis documenté, j’ai lu beaucoup, même si la bibliographie sur le Spitzberg n’est pas super étendue, j’ai réussi à récupérer pas mal de bouquins sur le Spitzberg, même autre chose que de l’animalier, pour savoir où j’allais, le climat, les paysages.

J’ai lu un livre qui s’appelle « Quatre contre l’arctique », c’est l’histoire d’anciens marins du 18e siècle qui échouent là-bas et qui restent pendant 7 ans dans le Spitzberg, c’est raconté par un historien américain, c’est vraiment passionnant. Je me suis beaucoup documenté sur le lieu, après sur les animaux, comment ils réagissaient, où on pouvait les trouver. Et puis je me suis équipé, j’ai commencé à m’équiper parce qu’il faut prévoir ça à l’avance.

Quelqu’un qui a le budget tout de suite, tant mieux. Mais moi j’ai préféré prendre progressivement. Voir ce dont j’avais besoin, regarder ce qu’il me fallait, demander des conseils sur le matériel à emmener, matériel photo.

Régis Moscardini : Là, on n’est plus dans le mode, je laisse mûrir le projet, on est vraiment au-delà. Là, c’est vraiment je me documente, je me mets en condition, même si c’est encore à un an ou à plusieurs mois dans le futur, tu commences vraiment à te mettre en condition, quasiment t’imaginer dedans ?

Mathieu Sciberras : Oui. Parce que je me dis que si j’arrive là-bas et que je ne connais rien, je vais rater plein de trucs. Si j’ai juste entendu le nom Spitzberg mais que je ne connais rien dessus, je trouve que c’est dommage.

Régis Moscardini : Bien sûr. On va attaquer un peu plus les choses concrètes. J’imagine que l’agence photo t’a dit, ça va couter tant, tu commences à voir ce que tu peux réunir comme argent, ce que tu as en fonds propres. Tu l’as dit, si on a les sous, c’est super, on balance les 5.000 euros et c’est parfait.

Mais comme on est tous un peu pareils, on n’a pas les sous à disposition tout de suite, qu’est-ce qu’il est possible de faire pour financer un tel projet ? Toi, ce que tu as fait particulièrement, ça m’intéresse.  Tu n’as pas braqué une banque ?

Mathieu Sciberras : Non. Pas encore. Qu’est-ce que j’ai fait. Déjà j’ai mis moi ce que j’avais mis de côté, dans le voyage. Je me suis aussi fixé un budget tous les mois pour mettre de côté pour le voyage.

Régis Moscardini : C’est une gestion de bon père de famille de son argent personnel.

Mathieu Sciberras : Voilà, parce que je ne suis plus tout seul.

Régis Moscardini : Bien sûr.

Mathieu Sciberras : Je ne peux pas me permettre de me dire, je mets tout mon argent de côté, et mon petit et ma femme

Régis Moscardini : Et puis on verra pour les autres après.

Mathieu Sciberras : Non. J’ai lancé un projet, c’est un copain qui m’avait parlé de ça, de Ulule

Régis Moscardini : Ulule, c’est un site Internet, une plateforme de financement participatif, on appelle ça aussi, c’est dans l’air du temps, le crowdfunding . Tu peux nous dire ce que c’est  exactement le financement participatif.

Mathieu Sciberras : Moi, je ne connaissais pas du tout, c’est un copain qui m’a dit, fais ça, ça vaut le coup surtout pour ce que tu veux faire parce que mon voyage, certes, il faut que je le finance, mais j’ai un projet parallèle au voyage, c’est de faire découvrir ça aussi aux enfants qui sont dans mon école, et de mettre en place à mon retour une exposition et d’essayer de publier un livre photo regroupant mes images et les textes des enfants.

Régis Moscardini : C’est intéressant. Tu as une idée, un voyage, un projet qui est très personnel, mais ce projet-là tu vas quand même le partager avec les autres, là en l’occurrence toi ton projet de partage il est avec les élèves de ton école, mais ça peut être n’importe quoi d’autre, ça peut être une exposition.

Mathieu Sciberras : Oui. Tous ceux qui voudront bien exposer mes photos, j’en serai vraiment très content. Mais pour l’instant je le fais pour moi et pour les élèves de mon école, parce que je trouve que c’est important de sensibiliser. Je les sensibilise déjà cette année avec mes photos, parce qu’ils n’en ont jamais vu, bouquetin, chamois, ils ne savent pas ce que c’est.

Pourtant on habite à Lyon, pas très loin des Alpes. Donc on a commencé déjà à faire ce même genre de projet, pas d’expo, mais de livres avec les enfants sur ces animaux pour apprendre à les connaitre et voir que eux aussi peuvent être en danger si on n’en prend pas soin.

Mon idée, c’était ça. Malheureusement une exposition et la publication d’un livre, ça coute aussi très cher. Donc mélangeant tout, je me suis dit, un copain m’a dit aussi, un informaticien, fais ça, lance le truc sur Ulule, tu vas voir, c’est un site qui est vraiment sérieux, qui propose d’exposer ton projet, pourquoi tu le fais, de l’exposer aux gens qu’on connait ou pas forcément qui seraient intéressés pour t’aider à le financer et en contrepartie il faudra leur offrir quelque chose.

Régis Moscardini : L’idée, c’est celle-ci, tu proposes un projet, nous on est dans la photo en ce moment mais ça peut être n’importe quel type de projet, tu proposes un projet que tu veux financer, il y a des gens qui vont aller sur le site Ulule, qui vont voir les différents projets proposés, ils vont se dire, ce projet-là ça m’intéresse, ils vont voir la description.

Toi en l’occurrence ton projet, c’est partir au Spitzberg photographier la faune dans son milieu, particulièrement les ours polaires. Les gens vont donner une certaine somme d’argent. En contrepartie de la somme d’argent donnée, c’était quoi la contrepartie que tu donnais aux gens ?

Mathieu Sciberras : Je ne me rappelle plus par rapport

Régis Moscardini : Je l’ai sous les yeux. Ce que tu proposais, pour 5 euros par exemple, les gens pouvaient donner pour 5 euros ou plus, toi en contrepartie à ton retour bien sûr, tu leur donnais, envoyais une photo format carte postale issue de ton voyage, avec un mot personnel de remerciement.

Mathieu Sciberras : Voilà. Et plus on monte dans les soutiens, plus le retour est important, c’est normal. Donc il y avait après une photo bien plus grande sur un papier, on va dire, d’art. Ensuite il y avait un livre. Alors quand on dit un livre, je fais ça avec l’atelier d’imprimerie qui s’appelle Ooblik, qui est à côté de Villefranche, à Pommiers.

Ils sont en train de proposer la réalisation de petits livres qui font la taille, un peu plus grand que le format A4 et de 25 pages. C’était une belle compensation, surtout que je les connais très bien et que c’est vraiment du travail impeccable.

Régis Moscardini : Les gens laissent de l’argent, c’est une promesse, et en contrepartie tu leur rends ça. Toi, tu avais mis

Mathieu Sciberras : Au départ j’avais mis 1500 euros.

Régis Moscardini : Donc tu voulais 1500 euros de financement sur Ulule. Et puis ?

Mathieu Sciberras : J’ai dû recommencer peut-être 10 fois mon projet avant qu’Ulule le mette en ligne.

Régis Moscardini : Ça veut dire que c’est sérieux, ils relisent vraiment.

Mathieu Sciberras : Ils ont commencé par me dire, si vous voulez 1500 euros, c’est bien mais il faut penser à vos contreparties. Si vous demandez 1500 euros et que vous avez entre 300 et 400 euros de contreparties, vous n’aurez plus que 1000 euros. Donc ce qui serait bien, c’est de mettre 2000. Donc j’ai mis 2000.

On peut le laisser 3 mois, je crois, le projet. Donc je vais mettre 3 mois. Ils me renvoient un mail en me disant, le plus efficace c’est plutôt entre un mois et 45 jours, c’est là que les gens trouvent le projet le plus dynamique, parce qu’après ça traine en longueur. Il y a eu plein de choses comme ça.

Ma mise en page qui n’allait pas trop. Mon texte, il fallait que je le recommence. Ça a duré. Au bout d’un moment, j’ai même cru que je ne le ferais pas parce que

Régis Moscardini : Mais ça rend compte quand même du sérieux de cette plateforme-là, Ulule. Ce qui veut dire que des gens derrière vont relire chacun des projets qu’on leur propose, donner des conseils et ne pas laisser mettre en ligne n’importe quoi.

Mathieu Sciberras : A la moindre phrase qui, eux, la trouvaient moyenne, ils renvoient un mail en disant, il faudrait changer ça, ça serait mieux de faire comme ci comme ça.

Moi je les ai trouvés d’un très grand professionnalisme. Et ça m’a permis d’engranger mes 2000 euros. J’avais mis 40 jours, c’était jusqu’au 27 décembre, et je pense que pas loin de 10 jours avant la date, j’avais réuni les fonds.

Régis Moscardini : Cet argent-là maintenant, c’est vraiment très terre-à-terre, tu l’as touché rapidement, tu l’as maintenant pour pouvoir ?

Mathieu Sciberras : Oui, je l’ai depuis, le projet s’est arrêté le 27 décembre, je crois que j’ai eu l’argent le 3 janvier.

Régis Moscardini : Ah, ça va très vite, ça permet d’accélérer, de vraiment donner un coup de boost à ton projet. Cet argent-là va te servir à quoi ? Là on parle de toi Mathieu pour ton projet à toi, mais ce que l’on dit là c’est valable pour n’importe quel type de projet dans n’importe quelle région du monde et n’importe quel voyage. Toi, cet argent-là, il va te servir à quoi ?

Mathieu Sciberras : Il va me servir à quoi. Pas à financer le voyage. Le voyage, ça, c’est sur mes propres deniers. Ça me sert à tout ce qui est autour. J’ai hésité longtemps entre louer du matériel et acheter.

Régis Moscardini : Quand tu dis matériel, le reflex tu l’as ?

Mathieu Sciberras : Oui, j’ai un D3 et un D300 chez Nikon.

Régis Moscardini : Mais ce qui te manquait, c’était les optiques ?

Mathieu Sciberras : Voilà. J’avais un 300 mm de chez Nikon, et j’avais un 200-500 de Tamron, avec lesquels je suis vraiment très satisfait. Vraiment je n’ai rien à dire dessus.

Régis Moscardini : Tu es content de ces deux optiques-là pour ce que tu fais actuellement dans des conditions classiques.

Mathieu Sciberras : C’est sûr que si j’avais un 500 mm fixe, je serais très content. Mais sincèrement le 200-500 de Tamron, ça me permet, je trouve, de faire des photos, j’ai fait des photos et je les ai agrandies pour une exposition que j’avais faite il y a 2 ans, en 70 x 90, nickel, monté sur le D3. Franchement je n’ai rien à dire.

Régis Moscardini : Qu’est-ce qui t’a incité à vouloir aller un peu plus loin dans la qualité pour ce projet ?

Mathieu Sciberras : J’ai contacté Benoît Clouet avec qui je pars et je lui ai énuméré tout ce que j’avais, 18-200, 50 mm fixe, 70-300. Il m’a dit, non, c’est trop, il faudrait peut-être se tourner plus vers du qualitatif que du quantitatif.

Régis Moscardini : En gros, réduire un peu la voilure en termes de focale mais être meilleur en termes de qualité optique ?

Mathieu Sciberras : Oui. Du coup j’ai revendu un 70-300 de chez Nikon, j’ai revendu un 10-24 dont je ne me servais jamais honnêtement. Donc avec une partie de l’argent d’Ulule plus ce que j’avais récupéré, je me suis acheté un 70-200 qui ouvre à 2.8

Régis Moscardini : En constant ?

Mathieu Sciberras : Oui. Pour tout ce qui est paysage

Régis Moscardini : Ambiance, environnement ?

Mathieu Sciberras : Ambiance, et puis quand même animaux. Je ne pense pas qu’on s’approchera assez près des ours pour les photographier au 70-200, quoi qu’une ambiance dans un paysage. Benoit me conseillait vraiment celui-là et mon ami Martial aussi. Restait un objectif vraiment dédié aux paysages, ils me conseillaient tous un 24-70 qui ouvre à 2.8 aussi. Celui-là je vais le louer.

Régis Moscardini : Parce que tu penses qu’après le voyage tu en auras moins l’utilité ?

Mathieu Sciberras : Non. J’ai d’autres choses aussi à financer autour. Là déjà le 70-200, ça m’a couté quand même des sous. Je veux garder le reste de la participation d’Ulule pour pouvoir monter l’exposition. Ça aussi c’est quelque chose qui se calcule, qui coute de l’argent.

Donc celui-là je vais le louer. Tu l’avais conseillé dans le site sur les ateliers. Je l’ai loué avec Objectif location. Donc là je vais l’essayer, je pars justement faire un stage spécial paysages dans la neige avec mon ami Martial, samedi prochain. Je l’ai loué, je vais pouvoir m’en servir

Régis Moscardini : En situation réelle ?

Mathieu Sciberras : Voilà. Après, j’ai déjà mis une option dessus avec justement Objectif location. A mon retour, si vraiment j’en suis satisfait, je ferai peut-être l’effort de m’en offrir un parce que c’est vrai que j’aime bien prendre des paysages au 300 mm, c’est vrai que ça fait quelque chose de plus gros, de plus centré, on ne peut pas faire un grand panoramique avec un 300 mm, c’est clair.

Je ne me suis jamais servi du 10-24 parce que justement je n’y arrivais pas, j’étais en fait à chaque fois déçu par les photos que je faisais. Certes c’était joli le paysage, mais je trouvais que ça n’apportait rien. C’était une photo vide et je trouvais trop difficile à me servir de cette focale.  Donc c’est pour ça que là je vais l’essayer, le 24-70, l’emmener au Spitzberg. Donc là j’aurai à peu près de 24 jusqu’à 500

Régis Moscardini : Avec ton 200-500 de chez Tamron.

Mathieu Sciberras : Voilà.

Régis Moscardini : Là, tu vas quand même couvrir une grande plage et c’est vrai que pour un voyage comme ça de 13 jours où tu auras plein d’opportunités de différents types de photos, d’environnement, de paysages, d’ambiance et aussi d’animal en gros plan, même en portrait, c’est important d’avoir comme ça une grande plage de focales. Je reviens par rapport au projet. Je pense que tu n’es pas un spécialiste de plateforme de financement participatif.

Mathieu Sciberras : Non, pas du tout.

Régis Moscardini : Tu as pris Ulule parce qu’on te l’avait conseillé. Je le dis parce qu’il en existe d’autres, il y a KissKissBankBank, il y a Kickstarter, il y en a peut-être d’autres encore que je ne connais pas. Mais je sais qu’Ulule est assez porté, peut-être que je me trompe mais je ne crois pas, sur tous les projets un petit peu artistiques comme ça.

Mathieu Sciberras : Artistiques et culturels.

Régis Moscardini : Donc c’est vrai que les gens qui vont sur Ulule pour supporter un projet et le financer savent que sur Ulule ils vont trouver des projets de type culturel et artistique, donc c’est déjà un plus pour se distinguer par rapport à d’autres plateformes.

Mathieu Sciberras : Et c’est ce que je redis. C’est vrai que moi au début je n’y croyais pas, j’étais un peu dubitatif quand mon pote m’a dit ça. Mais quand j’ai vu. Entre guillemets je ne suis personne, personne ne me connait. Et quand j’ai vu le nombre de personnes qui ont pu participer et grâce à qui j’ai pu le réaliser

Régis Moscardini : Des personnes que tu ne connais pas ?

Mathieu Sciberras : Je vais être honnête, il y a une majorité de personnes que je connais, mais sur tous ceux qui ont participé, il y en a peut-être une dizaine, une petite dizaine qui n’ont pas mis grand-chose, 10-15 euros, comme ça.

Régis Moscardini : On est dans le concret. Une fois que tu as déposé ton projet, qu’Ulule l’a enfin accepté, ça veut dire qu’il faut le préparer à l’avance parce qu’il y a beaucoup d’échanges, ça ne s’improvise pas, il faut le préparer à l’avance, une fois que c’est bon, qu’Ulule l’a accepté, tout va bien, on laisse faire et Ulule s’occupe de toute la partie un peu promotion, ou toi quand même tu as des choses à faire de ton côté ?

Mathieu Sciberras : Oui, on a des choses à faire.

Régis Moscardini : Qu’est-ce qu’il faut faire pour que ça fonctionne bien ?

Mathieu Sciberras : Comme ils disent au départ, il faut compter sur ses proches pour lancer le truc. C’est-à-dire qu’il faut envoyer via son mail ou via Facebook un message prévenant les gens, voilà mon projet, n’hésitez pas à aller sur Ulule, aller voir.

Ils vous donnent un lien qu’on met dans le mail et comme ça les gens ils n’ont plus qu’à cliquer sur ce lien, ils sont tout de suite basculés sur Ulule. Alors bien sûr il faut s’en occuper régulièrement. Nous on est prévenu automatiquement sur notre boite mail  que telle personne a versé quelque chose sur votre projet.

Donc là, c’est remercier la personne, lui envoyer un petit mot, lui dire où on en est dans le projet. De montrer aux gens qu’on les remercie et que leur geste nous touche.

Régis Moscardini : Bien sûr.

Mathieu Sciberras : Donc tout le long du projet, il y a un suivi entre les gens qui participent et nous. Et ce que j’ai oublié de dire, c’est que, à la fin, si par hasard le but n’est pas atteint, nous on ne touche rien et Ulule redispatche l’argent chez les gens. Les gens ça ne leur coute rien au final, si ça ne réussit pas.

Régis Moscardini : Il y a vraiment une prise de risque qui est nulle.

Mathieu Sciberras : Complètement.

Régis Moscardini : Dans les deux parties, chez le patron du projet qui ne doit rien à personne puisque ça n’a pas marché

Mathieu Sciberras : Et chez les gens. Si au pire ça ne marche pas, ils récupèrent leur argent. Si ça marche, ils auront une contrepartie que je leur offrirai.

Régis Moscardini : C’est vraiment super comme système. C’est vrai, tu l’as dit, que tu es vraiment la preuve vivante qu’une personne qui n’est pas très connue dans le monde de la photo, qui fait un projet plutôt personnel, n’empêche que malgré tout ça, on peut avoir une somme comme 2000 euros.

Il y a des contreparties évidentes mais on peut avoir une somme de 2000 euros qui va servir à boucler le financement d’un projet qui au départ était vraiment très nébuleux et un peu fou.

Mathieu Sciberras : Oui, c’est clair. C’est vraiment super et moi le premier j’ai été vraiment surpris. Pourquoi j’avais choisi Ulule. Je ne sais pas si tu la connais, Nathalie Houdin, une photographe ?

Régis Moscardini : Ça me dit quelque chose.

Mathieu Sciberras : Je l’avais rencontrée sur un festival à Berne en Suisse, on avait bien discuté et j’ai reçu un mail l’année dernière ou il y a 2 ans, elle est passée par Ulule parce qu’elle avait besoin d’un financement pour son dernier livre qui s’appelait « Reflets d’eau ». Du coup, j’avais mis une participation, en contrepartie j’ai reçu le livre.

Régis Moscardini : Juste une petite remarque aussi. On peut très bien donner de l’argent et mentionner qu’on ne veut pas de contrepartie en retour. C’est vraiment un don. Moi je l’ai fait. Il y a Guillaume Collombet par exemple qui est un photographe cinéaste animalier qui a un gros projet de long métrage en ce moment.

Il doit être sur Ulule aussi je crois, peu importe. J’ai donné un peu, j’ai mis une petite participation parce que je trouve son projet super, j’ai demandé à ne pas avoir de contrepartie en retour, de compensation.

Mathieu Sciberras : Moi, j’ai des collègues qui ont fait ça aussi, qui m’ont dit, non, si on te donne de l’argent, ce n’est pas pour que tu nous donnes autre chose en compensation sinon tu ne t’en sortiras jamais, ça nous fait plaisir. C’est mes collègues. Par contre tu viendras expliquer ça dans nos classes, on compte sur toi. J’ai pas mal de mes collègues, quasiment toutes, qui ne m’ont pas demandé de compensation.

Régis Moscardini : J’espère qu’avec tout ce qu’on est en train de dire ça peut vraiment inciter les gens à réfléchir un peu plus à un projet qui leur parait un peu irréaliste et irréalisable, et qu’avec les moyens qu’on a maintenant sur Internet, les outils qu’on a à disposition, il ne faut vraiment pas se priver. Ça peut mettre, 2 ans, 3 ans, 4 ans, 5 ans, peu importe. C’est dommage de passer à côté d’un voyage ou d’un super projet. C’est possible de le faire.

Mathieu Sciberras : On pense au départ que c’est irréalisable mais il ne faut pas passer à côté, c’est trop dommage.

Régis Moscardini : Exactement. Mathieu, moi je te donne rendez-vous. Tu pars au mois de juin ?

Mathieu Sciberras : Le 4 juin.

Régis Moscardini : Je te donne rendez-vous, le temps que tu digères, le temps que tu reviennes à la vie réelle de notre société, c’est toujours un peu compliqué de revenir comme ça après un voyage dans des contrées vraiment très lointaines, moi j’ai bien envie de te ré-interviewer, pas pour parler du projet cette fois-ci mais pour parler de photo, de photo animalière dans le grand froid. Tu seras mon Vincent Munier pendant une heure.

Mathieu Sciberras : Quel honneur !

Régis Moscardini : Je te remercie beaucoup Mathieu pour presque cette heure passée ensemble. J’espère vraiment que ceux qui nous ont écoutés, on leur aura donné un petit peu envie d’aller un peu plus loin.

Mathieu Sciberras : Oui, c’est clair, il faut le faire. Si on a un projet, il faut le faire sinon on le regrettera.

[av_hr class=’default’ height=’50’ shadow=’no-shadow’ position=’center’ custom_border=’av-border-thin’ custom_width=’50px’ custom_border_color= » custom_margin_top=’30px’ custom_margin_bottom=’30px’ icon_select=’yes’ custom_icon_color= » icon=’ue808′ font=’entypo-fontello’ av_uid=’av-1ylia2′]