Dans cet article, vous allez lire le test du compact expert à capteur grand format SIGMA DP2 Merrill.

Je tiens à remercier Renaud de l’équipe Sigma France qui m’a fait confié plusieurs semaines le SIGMA DP2 Merrill pour mener à bien ce test.

SIGMA : des objectifs … et des appareils photo

Pour beaucoup Sigma est d’abord un fabriquant d’objectifs pour reflex. Pas n’importe lequel car la marque japonaise est numéro 1 en fabrication d’objectifs dans le monde. De tous les opticiens (euh … pas Atoll et compagnie !) Sigma est devant Tamron, Tokina, Zeiss et Leica. Elle est surtout connue pour offrir une excellente alternative, et surtout moins chère, aux objectifs des marques Canon ou Nikon. J’ai un Sigma 70-300 APO depuis plus de 6 ans, je l’ai trainé dans toutes les situations et il est toujours fidèle au rendez-vous !

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La présence de Sigma dans le monde – Source Sigma

Pour beaucoup, Sigma ne fait que des objectifs. Et bien non ! Depuis le début des années 1990, Sigma conçoit et fabrique aussi des appareils photos. Dans ce domaine, la politique de la marque est identique aux objectifs : offrir du matériel de qualité, à un coût toujours très raisonnable (en tout cas comparé à la concurrence des gros acteurs du marché)
Sigma a bien pris le virage du numérique et a offert très vite des appareils photos numériques.
Aujourd’hui, quand on regarde la gamme proposée par Sigma, on est surpris de voir seulement 4 APN :

  • 3 compacts : les DP Merrill
  • 1 reflex : le SD1

A titre de comparaison, Canon offre une grosse quinzaine de références (je me suis volontairement limité aux compacts experts, les DP Merrill jouant dans cette catégorie) !! Je ne sais pas vous mais j’adhère à 100 %. Aux 4 références bien sur, pas aux 15 ou 20. Pourquoi ? Ben, vous y comprenez quelque chose vous à la gamme Canon ? Moi rien. Mais rien du tout ! (Ca doit être la même chose chez Nikon). On dirait que ces marques leaders cherchent à tout prix à ne rien laisser à la concurrence. Autrement dit, plus il y en a, plus on en vend ! J’aime pas trop beaucoup ça :-). Ca me donne le tournis autant de choix !

Sigma pense aux photographes

A l’inverse, Sigma conduit une politique simplissime qui me rassure. Face aux positionnements de gamme de la concurrence basés exclusivement sur les performances techniques, Sigma répond par un discours cohérent, simple, compréhensible. Je m’explique. Sigma ne dit pas aux photographes « hey !! regardez ! Notre tout nouveau APN CoolpIxus 135 ouvre à f/2, prend en rafale à 5.6 im./s, zoom à 12x, filme en fullHD et possède le super mode SmartAuto ainsi que la connectivité Wifi ! Sinon on a le CoolPixus 150 qui lui a en plus du stabilisateur d’images à infra-rouge, de la molette multidirectionnelle unique et de la localisation GPS. Ca déchire !« . Si je voulais, je pourrais vous le faire 15 fois !

Non, Sigma dit à ces mêmes photographes avec un flegme quasi britannique : « Et bien nous on a 3 compacts :

  • le DP1 à la focale de 28 mm idéal pour les paysages
  • le DP2 à la focale de 45 mm idéal pour les reportages et le portrait
  • le DP3 à la focale de 75 mm idéal pour la proxiphotographie. »

Et voilà ! Certains diront c’est trop peu. Moi je dis c’est parfait. Sigma a construit sa gamme sur les usages des photographes. Elle est là la vraie innovation.

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4 références … une excellente chose pour s’y retrouver – Source Sigma

Quand Canon, Nikon, Sony et Pentax s’évertuent à fourrer le maximum de possibilités dans un appareil pour, croient-ils, couvrir tous les usages de la photo avec une seule machine, Sigma prend le chemin opposé. Le chemin du photographe qui souhaite posséder un appareil pour SON usage et non pas pour l’éventuelle possibilité qu’un jour il ait besoin peut-être de la connexion WIFI.

Concrètement, ça donne ça : Monsieur Photox est passionné de photo de paysages. Il veut faire péter la tirelire à Noel et donc, logiquement, se renseigne sur la gamme CanoNikonSonyPentax. Beurk … M. Photox ne comprend rien et malgré l’avalanche de termes techniques et autres spécifications de geek, ne parvient pas à trouver LE compact pour le paysage. Il n’en a rien à faire du zoom x5 pour couvrir le plus de situations. Lui, il n’a qu’une seule situation à couvrir, c’est le paysage. Et puis il tombe sur les Sigma DP Merrill. Et voilà, son choix est fait en moins de 5 secondes. Il prendra le DP1 Merrill à 28 mm.

Je ne comprends pas la logique des marques photo en général. Elles s’évertuent à ne communiquer que sur les aspects techniques de leurs produits. Et du 25 MégaPixel par çi, du zoom x12 par là, …. Et si elles prenaient conscience que ce que veulent les photographes n’est pas une course aux chiffres mais un argumentaire basé sur leurs vrais besoins. Et si elles concevaient leurs appareils photos en s’intéressant aux besoins des photographes ? Et si les ingénieurs discutaient un peu avec des photographes lors de la conception ?

Sigma innove autrement

Sigma l’a compris et est en avance sur ce point. Aucun doute là dessus. S’il y a une marque qui démontre qu’elle s’intéressent vraiment aux besoins des photographes c’est Sigma.

Mais pourquoi ne pas aller à fond dans cette logique ? Je suis déçu de voir sur le site internet Sigma France des titres de pages mettant, comme les autres, les spécificités techniques de l’appareil. Pour le DP2, je lis « Compact Numérique DP2 Merrill : Résolution record pour un compact numérique expert » Hum … je préférerai une accroche en raccord avec le positionnement : « Compact Numérique DP2 Merril : le compact ultime pour le portrait et le reportage« . Ou pour le DP1 plutôt que « Compact Numérique DP1 Merrill : 46 Millions de pixels dans un compact numérique expert » préférer « Compact Numérique DP1 Merrill : le compact parfait pour la photo de paysage » Là d’accord !

Donc petit conseil pour Sigma : laissez les annonces records de pixels aux autres et allez jusqu’au bout de votre logique de positionnement de gamme.

Nous autres, photographes grand public sommes tellement bombardés de pub et autres discours orientés chiffres et spécifications techniques que nous sommes, malheureusement, hyper sensible à ce type de discours. Il en faut toujours plus, toujours plus, toujours plus. Plus de pixels, plus HD, plus de zoom, plus de puissance, plus de …

Mais à bien y réfléchir, on s’en fout non ? Pardon Sigma, mais cette phrase là, je m’en fiche : « Sa résolution record de 46 Millions de pixels est atteinte grâce au capteur d’image direct Foveon X3, à l’aide de ses trois couches successives RGB » Gardez cela pour vos réunions d’ingénieurs et épargnez les usagers de ce langage qui ne rime à rien. Dites plutôt  » Le photographe de paysage sera comblé grâce au piqué extraordinaire aussi bien au centre que dans les coins de l’image et aux couleurs éclatantes  » Je ne sais pas vous, mais moi ça me parle !

Attention, je ne dis pas de ne pas faire d’innovations, au contraire ! Je veux être le premier à bénéficier du super capteur issu de la recherche et développement SIGMA. C’est vrai, il faut bien que je sois au courant que ce super capteur FOVEON équipe mon DP2 ! Mais ça doit venir après ! Après avoir orienté mon choix grâce à mes usages et non pas en subissant les escalades techniques des marques.

Au fait, savez-vous pourquoi Sigma a apposé Merrill à cette génération de boitiers ? Tout simplement parce que l’un des ingénieurs à l’origine du capteur FOVEON était Richard B. Merrill. Il est décédé en 2008, Sigma a donc décidé de lui rendre hommage. Je vous parle de ça parce que figurez-vous que Merrill, en plus d’être ingénieur, était un grand passionné de photographie. Ceci expliquant en partie pourquoi Sigma s’adresse aux photographes avec un discours différent des autres.

Sigma, vous êtes sur la bonne voie ! Canon, Nikon, Pentax, Sony, Panasonic et Samsung font tous strictement la même chose. Qu’est-ce qui change entre eux? Le nom de leurs innovations, c’est tout. Leurs gammes, leurs appareils sont identiques.

Pas Sigma. Proposer un appareil pour un usage. Un appareil pour un genre de photo. C’est toute la différence. Reste à bien communiquer là dessus !

Et c’est justement ce que Sigma fait en me proposant de tester un DP Merrill ! Le responsable de chez Sigma France qui m’a contacté pour effectuer le test me proposait l’un des trois DP. J’ai longuement hésité et puis je me suis tourné vers le 45 mm, donc le DP2 Merrill. J’aime assez cette focale. Elle correspond peu ou prou à ce que l’oeil humain voit. Rien que ça m’incitait à jouer un peu avec le 45 mm.

Fiche technique

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Belle gueule non ? Source Sigma

La fiche technique d’un appareil photo, c’est pas ce qu’il y a de plus sexy à lire, c’est abscons, truffé de sigles, d’anglicismes, de nombres et de mesures, et pourtant, on aime bien la lire … enfin juste les 5 premières lignes, celles qu’on comprend ! C’est donc les principales spécifications techniques que je vous mets ci-dessous. Pour la totale, la page du Sigma DP2 Merrill est parfaite, elle est là.

  • Capteur pleine couleur Foveon X3 Merrill de 46 millions de pixels
  • Objectif de très haute performance 30mm F2.8 avec bague de mise au point de type « reflex »
  • Grand écran ACL confortable de 3.0” TFT (920 000 pixels)

Là où le DP2 Merrill tire son épingle du jeu c’est sur son capteur FOVEON qui est composé de 3 couches de photodiodes. C’est le seul capteur pleine couleur au monde.

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Le fameux capteur grand format FOVEON – Source Sigma

Test terrain du SIGMA DP2 Merrill

J’ai profité d’un séjour d’une semaine dans les Alpes pour tester le DP2. Une semaine à Tignes, à plus de 2000 mètres d’altitude me semblait être le cadre idéal d’un test terrain. Et ce fut le cas ! Les randonnées quotidiennes furent une excellente base de test. Merci à ma petite famille de m’avoir supporté encore plus que d’habitude ! En gros, j’étais soi devant, soi derrière mais jamais avec le groupe :-). Et oui, c’est ça la dure vie de blogueur photographe !

Prise en main

L’objet est assez massif et lourd pour un compact. Pour l’utilisation à laquelle il est destiné c’est plus un avantage qu’un handicap. Le DP2 n’est pas voué à être dans le sac à main de madame. Plutôt dans le sac à dos photo de monsieur. (ben oui ! Les dames font les boutiques pendant que les hommes prennent des photos non ?)

La construction est très sérieuse et l’assemblage ne souffre d’aucun défaut. Le DP2 est robuste et est taillé pour suivre son propriétaire à peu près partout. Par contre, au dos de l’appareil, à la place des petits picots sensés aidé le pouce a bien trouvé sa position, j’aurai préféré sentir une bonne matière agrippante genre caoutchouc. Mon petit coté maladroit qui parle !

Quand au look de l’appareil, il a surpris son monde. Les personnes à qui je le montrai faisaient toutes une moue dubitative. Elle semblait vouloir dire  » je ne sais pas si je le trouve beau ou pas ! » Il ne laisse donc pas indifférent et j’avoue que je l’exhibais avec fierté en public !

Sigma a donc joué la carte de la simplicité. Bien vu. C’est un appareil pour faire de la photo pure, pas pour être un objet de mode. Car c’est un vrai beau parallélépipède rectangle ! Pas possible de faire plus simple ! On est loin, très loin des designs tout en arrondis qui font fureur en ce moment ( quoique ! La mode Vintage est aussi d’actualité, confère Nikon DF!) La grande face avant est toute plate et lisse, les angles sont bien marqués, les chichis tortueux ont été laissés au placard.

C’est logique avec la philosophie des Merrill : la photo, rien que la photo. Tout ce qui peut perturber le photographe, c’est viré ! Et bien moi … j’achète !

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J’ai beaucoup aime la sobriété de l’appareil – Source Sigma

Rapidité

Avant toute chose, je dois vous dire la vérité. Mes premiers contacts avec le DP2 ont été compliqués ! J’avoue avoir même râler ! Je me revois encore pester contre la lenteur de l’engin entre deux photos à prendre. M’agacer à devoir attendre quelques secondes pour avoir accès à la photo prise. Tout ça n’a pas duré très longtemps.
Je suis assis, j’ai soufflé un grand coup et je me suis cela : les types qui bossent chez Sigma ne sont pas plus bêtes que les autres. S’ils avaient voulu faire une formule 1 hyper réactive ils l’auraient fait. Un processeur bidule par çi, de la RAM machin par là et hop, l’appareil aurait décoiffé ! Au lieu de tout ça, la lenteur du DP2 pourrait être, sinon faite exprès, au moins laissée volontairement.

Vous allez me dire : en 2013 (presque 2014) quel intérêt à fabriquer un appareil photo lent ? ON court au harakiri industriel ! Et bien non ! 100 fois non ! Encore une fois, Sigma prend le contre-pied des gros acteurs du marché.

Voici pourquoi. Un appareil qui prend son temps est un appareil qui laisse du temps au photographe. Du temps pour réfléchir, pour se poser, pour penser, pour rectifier, pour analyser, pour régler. Autant de choses qu’un compact hyper rapide ne vous laisse plus le temps de faire ! Inconsciemment, vous suivez le rythme imposé par votre appareil photo. Si si je vous assure.

J’ai donc fini par comprendre ou Sigma voulait m’emmener avec son DP2 Merrill : à la prise de conscience que la photo n’est pas une course de vitesse. Et que c’est d’abord prendre son temps.

Et bien figurez-vous qu’après cette prise de conscience, le Sigma DP2 Merrill m’est apparu comme mon meilleur allié ! J’ai aimé attendre 5 secondes pour voir s’afficher ma dernière prise de vue ! Tout comme j’ai adoré devoir laisser l’appareil travailler entre deux prises de vue ! Vas-y mon coco, bosse ! Pendant ce temps j’observe le paysage devant moi et j’en profite pour réfléchir à une autre composition d’image !

Si vous n’êtes pas capable de comprendre la philosophie proposée par Sigma alors arrêtez tout de suite la lecture de l’article. La série des DP Merrill n’est pas faite pour vous. En revanche, si comme moi, un retour aux sources ne vous fait pas peur, la suite va vous combler !

L’écran

Avec 3 pouces et 920 000 pixels, l’écran du DP2 est excellent. Visionner ses images est agréable et permet de faire un premier tri sereinement. Ca c’est pour la fonction lecture.
Pour la partie visée, il garde bien sur ses qualités, mais reste fatalement confronté au problème récurrent pour ce type de visée : la luminosité ambiante. Tout va bien dans la grande majorité des conditions. Mais pendant mon test il m’est arrivé de devoir « plissé » les yeux pour ne pas planter mon cadrage. Pousser la luminosité au max solutionne le souci mais … gare à l’autonomie de la batterie, j’y reviens !

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Les fonctions essentielles sont accessibles rapdiement – Source Sigma

Les menus

Pour se rendre compte de la qualité ergonomique des menus d’un appareil photo, rien de tel que de l’utiliser sans lire la notice. Fiabilité du test garantie ! Si après 10 minutes de tâtonnement et autres de bidouillages experts, vous ne pouvez pas utiliser l’appareil, c’est que l’intuitivité est à revoir !

Alors, quid du DP2 ? Je n’ai utilisé le mode d’emploi juste pour m’assurer que je n’avais pas oublié une fonction cachée !

Pour le reste, c’est du tout bon. Evidemment, si je donne le compact à mon grand-père, question ergonomie Sigma va entendre parler du pays ! Mais pour n’importe quel photographe habitué au menus de son appareil, l’utilisation du DP2 se fera très facilement.

Pourquoi j’insiste sur cette question des menus ? Parce certaines personnes hésitent parfois à changer de marque craignant d’avoir à se « ré-habituer » aux menus de la nouvelle marque. Pourquoi pas. Alors pour ces photographes attachés à leur menus, ceux du Sigma sont logiques, bien pensés et surtout utilisables sans mode d’emploi !

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Des menus franchement intuitifs et agréables à utiliser – Source Sigma

Réglages

Est-il besoin de préciser que le DP2 Merrill est entièrement débrayable ? Non, mais je préfère l’écrire, on sait jamais. Tout est donc paramétrable, comme sur un reflex. On retrouve les mêmes modes avec les célèbres priorité ouverture ou vitesse. Sensibilité, correction d’exposition, balance des blancs, position du collimateur de mise au point, on a peut tout changer, évidemment.

J’ai trouvé plutôt bien pensé le bouton QS donnant accès rapidement (Q pour Quick ?) aux réglages de balance des blancs, de mode de prise de vue (rafale, vue par vue) sensibilité notamment. Par contre, j’ai souvent été un peu perdu dans la navigation de ce menu QS. Il fallait parfois manipuler les boutons haut / bas ou gauche / droite pour accéder aux mêmes fonctions.

L’idée de réserver un bouton dédié au choix du collimateur est excellente. J’ai l’habitude de beaucoup utiliser cette fonction sur mon reflex. Un vrai plaisir que de choisir la taille du collimateur et son emplacement en seulement 2 ou 3 clics.

Batterie

Aïe ! Je dois reconnaitre que là les ingénieurs de chez Sigma ont loupé un truc.

Deux points m’ont chagrinés :

Premier point : à pleine charge, dans des conditions normales d’utilisation, à une température extérieure de 10 à 15 °C (oui, ça compte la température pour une batterie !) la durée de vie des accus est vraiment trop juste. Sigma en est conscient puisque c’est deux batteries qui sont livrées avec l’appareil. Ne vous amusez donc pas à faire une sortie terrain avec une seule ! Vous shooterez à l’aller mais pas au retour ! Avec les deux, ça passe, mais encore faut-il ne pas trop s’amuser avec la fonction lecture voire limiter la luminosité de l’écran. Problématique quand la mise au point n’est possible que par lui.

Même mon iPhone tout vieux tout fêlé tient mieux la charge 🙂 En plus, je suis tête en l’air. Si, si. Au point de ne pas savoir laquelle des deux batteries est rechargée ou pas. C’est con hein ?? Je me permets donc un petite suggestion à Sigma : ok pour les deux batteries, mais alors une noire et une blanche (ou verte et bleue, je m’en fiche). Comme ça, pour les têtes en l’air comme moi – rassurez-moi je ne suis pas le seul ici ? – je sais que la blanche est plein et pas la noire (ou l’inverse, c’est pour l’exemple)

Deuxième point : j’ai horreur de voir l’indication de progression de charge de batterie fondre comme neige au soleil, surtout vers la fin. La gestion de cette indication est capricieuse! C’est le coup de l’aiguille de l’essence au milieu du cadran et qui, 3 kilomètres et un coup d’oeil plus loin, touche le plancher avec la lumière orange qui clignote ! Pareil pour là ! 3 barres de puissance, ok, parfait, je suis large. Paf ! 5 photos plus tard, plus qu’une barre. Ca m’énerve !

Vous l’avez compris, vraiment, là, c’est le point négatif du test. C’est d’autant plus bête que c’est purement technique, matériel (et si c’est logiciel, une ‘tite mise à jour du firmware pourrait arranger la chose). Le boitier est massif, lourd (ce qui est bien, je le rappelle !), alors quelques grammes de plus en contre-partie de plus de puissance de batterie ne me dérangerait pas.

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L’emplacement de la batterie au coté de celui de la carte SD – Source Sigma

Exposition

Prendre en défaut sur le terrain de l’exposition les appareils photos numériques récents est compliqué. C’est valable pour le DP2 Merrill. Sauf à vouloir tenter de bien exposer en même temps ciel bleu de midi et neige du sol, les qualités dynamiques du capteur se sortent de toutes les situations. Les images sont bien équilibrées et contrastées. Et puis ce qui est chouette c’est de pouvoir garder la main en jouant avec la correction d’exposition super vite via les boutons gauche et droite.

Le lac de la Grande Sassière - CLiquez sur l'image pour la voir en taille réelle - © Régis Moscardini

ISO 100 – f/9 – 1/250 – Le lac de la Grande Sassière – Cliquez sur l’image pour la voir en taille réelle – © Régis Moscardini

Mise au point

Arrivé à ce stade du test, j’ai arrêté de jouer au jeu de la comparaison entre le DP2 et ce que je connais des reflex que j’utilise tous les jours. Le compact Sigma n’est pas dans la même philosophie de pratique. C’est comme ça. La mise au point n’est pas lente, elle est conforme au reste de l’appareil. On prend le temps de réfléchir à sa photo, on pose de le trépied, on paufine la composition, on fait un peu de correction d’expo, on repaufine, on règle l’ouverture, et on fait la mise au point. Tout cela s’inscrit dans un processus créatif pour lequel la relative lenteur de la mise au point ne gêne pas du tout.

Certes, chercher à choper en rafale un lapin de garenne en pleine course venant de face est impossible. Tant mieux, car le DP2 n’est pas prévu pour ça.

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ISO 100 – f/7.1 – 1/320 – Le DP2 délivre des détails à couper le souffle – Cliquez sur l’image pour la voir en taille réelle – © Régis Moscardini

Montée en ISO

Le DP2 Merrill ne supporte pas une montée en sensibilité au delà de 400 ISO. J’ai tenté (en début de test, je n’avais pas encore saisi « l’esprit » du DP2) de photographier mes proches en intérieur à la lumière artificielle et sans flash … faut pas. Réservez donc votre créativité pour les situations pour lesquelles ce compact est destiné : lumière suffisante en extérieur.
Mes randos en montagne étaient parfaites pour lui. Même la lumière déclinante de fin de journée lui convient. Faut juste pas attendre que la nuit tombe pour tirer un portrait.

Le parc naturel de la Grande Sassière - Cliquez sur l'image pour la voir en taille réelle - © Régis Moscardini

ISO 100 – f/4 – 1/60 – Le parc naturel de la Grande Sassière – Cliquez sur l’image pour la voir en taille réelle – © Régis Moscardini

Qualité d’image

Voilà, on y est. Ce pour quoi vous avez fait l’effort de vous adapter à l’approche imposée par le DP2. Croyez-moi, ça vaut le coup ! Cet appareil délivre des images justes magnifiques. Je me souviens du premier visionnage au retour de la première journée de rando. J’ai cru que l’écran de mon MacBook faisait de la 3D ! Les photos (prises en RAW évidemment) affichent un tel niveau de détails qu’elles me semblaient être en relief. Vous êtes-vous déjà arrêté devant un écran TV très haute définition dans un magasin comme la FNAC ? Moi si ! Un tel niveau de définition donne l’impression que les éléments sortent de l’image (non, je n’avais pas de lunettes 3D). Pareil pour le DP2.

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ISO 100 – f/7.1 – 1/160 – Voilà l’effet 3D dont je vous parlais ! – Cliquez sur l’image pour la voir en taille réelle – © Régis Moscardini

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ISO 100 – f/7.1 – 1/250 – La lac du barrage de Tignes – Cliquez sur l’image pour la voir en taille réelle – © Régis Moscardini

Je sais, c’est pas bien ce que je vais dire. Juste pour voir, j’ai comparé mes photos de test avec celles prises au même endroit et dans les mêmes conditions par ma chère belle-mère et son compact tout joli tout fluo tout mini. Hum … comment dire … il y en a un qui fait de la photo et l’autre de la m….. Oui ! ne me tirez pas dessus, celui qui fait de la photo, de la vraie, coute le triple de l’autre. Mais le fait est que ces histoires de capteur FOVEON à triple couche sont donc vraies !!! Voici un passage du site Sigma :  » contrairement à un capteur traditionnel qui interprète les couleurs, le FOVEON X3 les capture en intégralité grâce à ses trois couches successives Rouge, verte et bleue. L’interprétation qui génère de nombreuses aberrations dans le traitement des images n’est ici pas nécessaire et les fichiers gagnent en précision et en qualité. »

Je comprends donc pourquoi maintenant. M. Merrill, l’ingénieur à l’origine de ce capteur a eu une idée de génie (génie … ingénieur … c’est pour ça !:-)

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Vue sur la l’aiguille percée – cliquez sur l’image pour la voir en taille réelle – © Régis Moscardini

Conclusion du test terrain

le DP2 Merrill délivre sans doute les plus belles images que vous pourriez avoir avec un compact expert. Pas de tests poussés à la sauce « Laboratoires FNAC ». Seulement mon expérience qui se limite à la comparaison avec d’autres compacts experts. Croyez-moi, la qualité des images produites par le DP2 est largement au-dessus.

A l’école, j’ai appris que la conclusion d’un texte devait répondre à la problématique posée dans l’intro. Rapidement, j’y racontais ceci : toutes les marques conçoivent et fabriquent leurs appareils sans tenir compte des usages des photographes. Seules les spécificités technologiques importent à leurs yeux. Toutes ? Non ! Une marque, Sigma, a fait le paris d’imaginer 3 compacts experts en regard de 3 domaines photographiques : les paysages (DP1 Merrill), le portrait et reportage (DP2 Merrill), la macro (DP3 Merrill).

Alors, paris réussi ? Pour moi oui. Le photographe expert voire pro qui acquiert un DP pour l’usage auquel il est prévu délivrera des images époustouflantes.

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ISO 100 – f/16 – 1/8 – On peut aussi s’amuser avec le DP2 ! – Cliquez sur l’image pour la voir en taille réelle – © Régis Moscardini

La polyvalence souvent prônée par les produits concurrents n’a pas lieu d’être avec le DP2 Merrill. C’est un appareil photo destiné à un usage bien particulier. Et si le photographe n’en sort, pas alors, le compact Sigma est l’appareil ultime.

Pour finir, je vais oser comparer le DP2 à une voiture de sport.

Imaginez une belle sportive italienne, racée, pétillante, puissante et à la ligne séduisante. C’est un vrai bonheur que de la conduire sur l’asphalte bien lisse de routes de montagnes sinueuses. On l’aime, on l’adore cette voiture ! Et puis redescendu des reliefs, on se retrouve en ville, sur des routes pavées, à devoir se faufiler dans la circulation dense urbaine. Ca tape les fesses, ça freine trop sec et la direction est trop molle à basse vitesse ! Bref, c’est l’horreur.

Et pourtant, cette voiture, on la trouve extraordinaire. Justement, parce qu’elle est extra – ordinaire.

Le DP2 Merrill, je le trouve aussi Extra – Ordinaire.

Pour en savoir plus sur le SIGMA DP2 Merrill, rendez-vous sur la page officielle

Pour voir le SIGMA DP2 Merrill sur Amazon, c’est par là (ceci est un lien affilié) : Sigma DP2Merrill Appareil photo numérique 46 Mpix Foveon X3

Et pour finir, voici une magnifique vidéo démontrant le savoir-faire de SIGMA en matière de fabrication d’objectifs. Je comprends maintenant pourquoi les cailloux valent parfois si chers !! http://vimeo.com/57003040

 

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ISO 100 – f/9 – 1/250 – Un joli petit village haut perché – Cliquez sur l’image pour la voir en taille réelle – © Régis Moscardini