Connaitre les oiseaux

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Par Régis Moscardini

Photographe animalier professionnel

Sommaire des 4 leçons gratuites :

Leçon #1 : pourquoi photographier les oiseaux – à lire ici

Leçon #2 : Connaitre les oiseaux – celle que vous lisez

Leçon #3 : Où trouver les oiseaux – à venir

Leçon #4 : Se rapprocher ET photographier les oiseaux – à venir

Il y a une règle photographique gravée dans le marbre : vous devez connaître parfaitement tout ce que vous avez de photographier.

Peu importe le domaine dans lequel vous évoluez. Je prends en exemple la photo astro. Imagineriez-vous photographier les objets célestes sans rien connaitre à l’astronomie? Cela ne vous viendrait même pas à l’idée.

C’est exactement la même chose pour la photo d’oiseaux. Prenez n’importe quelle belle photo, elle a été faite par un fin connaisseur des oiseaux.

C’est ce qu’on appelle la connaissance de son sujet. Un bon photographe est d’abord et avant tout un expert de son sujet.

Pourquoi est-ce indispensable ?

Un photographe ne connaissant pas bien son domaine photo devra exclusivement compter sur la chance pour réussir une photographie. Et donc par définition ne pourra pas reproduire à l’envie d’autres photos réussies.

À l’inverse, le photographe connaisseur (appelons le comme ça) saura, lui, compter sur son expertise pour, à chacune de ses séances photos, obtenir des résultats photographiques à la hauteur de ses attentes.

Je reprends l’exemple de l’astro-photographie.

Admettons que je débute dans ce domaine. Je sais photographier, pas de soucis avec ça. Par contre, mes connaissances astro sont très pauvres. Saurai-je quel temps de pose choisir pour avoir un filé d’étoiles esthétique ? Non. Saurai-je quel temps de pose maximal utiliser pour avoir les étoiles cette fois-ci parfaitement nettes ? Non plus.

En photographie d’oiseaux, la connaissance du sujet (des oiseaux donc) est in-dis-pen-sable

 

Connaître les oiseaux : la vue

La première chose à savoir est que le sens principal des oiseaux est la vue. Il ne s’agit pas uniquement d’une curiosité anatomique. Savoir ça a un vrai impact sur votre pratique photo.

Les oiseaux voient très bien (la très grand majorité car c’est comme tout, il y a toujours des exceptions). Pas besoin d’être un grand naturaliste pour s’en rendre compte. Il suffit de bien observer. Regardez attentivement la photo juste au-dessus. Portez votre attention sur l’oeil et particulièrement sur la taille de l’oeil relativement à la tête. Vous constatez que l’oeil prend une grande place : c’est un gros organe !

Jusqu’à 1/3 parfois de la tête ! Chez les rapaces nocturnes la surface tenue par les yeux est de 30 % sur toute celle de la tête. C’est vous dire l’importance de ce sens chez les oiseaux.

À présent, en quoi cela va-t-il modifier votre manière de les photographier ?

Et bien vous ne pourrez pas les photographier à l’approche, c’est à dire en allant vers les oiseaux. Si vous faites ça, 99 fois sur 100 ils vous auront vu avant même que vous ne les ayez détectés et s’enfuiront.

En photographie d’oiseaux, la meilleure stratégie à adopter est celle de l’attente. Si vous comptiez vous approchez par vous-même à quelques dizaines de centimètres, oubliez.

Autant il est possible de s’approcher d’un blaireau qui a une très mauvaise vue à 2 mètres de lui à bon vent, autant c’est infaisable avec les oiseaux.

Le secret pour avoir des oiseaux suffisamment proches pour qu’ils tiennent assez de place dans le cadre est d’être attentiste. De s’immobiliser quelques temps pour les voir, eux, s’approchez de vous. Et non l’inverse.

Faut-il tout savoir sur tous les oiseaux ?

Bien sûr que non ! Déjà parce que c’est impossible, et ensuite parce que ce serait inutile.

Rome ne s’est pas faite un 1 jour, il en va de même pour vos connaissances naturalistes. Ne vous stressez pas avec ça et apprenez étapes par étapes. Surtout, apprenez ce qui vous sera utile dans l’immédiat et en pratique !

Vous avez comme but photographique de photographier les hérons ? Très bonne idée ! Alors ne perdez pas de temps à ingurgiter des tonnes de connaissances sur d’autres oiseaux que le héron. Concentrez-vous sur lui et uniquement sur lui.

Apprenez où il vit, quand il est actif, quels comportements peut-on attendre de lui, que mange-t-il, quels sont les interactions entre les hérons, entre les autres espèces animales, est-il farouche, …

Avoir les réponses à ces questions vous fera avancer à grand pas dans le monde de la photographie d’oiseaux. Surtout, vous saurez parfaitement vous y prendre pour saisir la bonne photo. Car si vous savez que le héron cendré est un oiseau que l’on trouve dans les milieux humides, vous ne perdrez pas votre temps à le chercher dans les prairies sèches.

Cet exemple est caricatural mais vous comprenez l’idée.

Où trouver les connaissances naturalistes ?

Il existe un grand nombre de livres spécialisés dans ce domaine. Les ornithologues connaissent bien les éditions Delachaux et Niestlé pour la qualité de leurs livres d’identifications.

Mais ce qui fait leur qualité fait aussi leur défaut : ils sont exhaustifs. Alors je me mets à la place d’un photographe commençant à peine la photo d’oiseaux devant se coltiner un tel pavé.

Surtout si vous ne vous intéressez qu’à une espèce en particulier dans un premier temps. Rien de vous empêche d’acquérir un tel livre dès le début, c’est bon pour la culture générale mais ça n’est pas indispensable.

Je vous conseille donc de faire confiance à deux sites internet :

– Wikipédia

– oiseaux.net

On y trouve les informations naturalistes essentielles pour la grande majorité des espèces de nos régions. Si je reprends l’exemple du héron cendré, ces deux sites sont parfaitement fiables. Pourquoi ? Parce qu’il ne s’agit pas de thèmes, ni polémiques, ni d’actualité, ni très pointus scientifiquement.

Vous pouvez donc y aller les yeux fermés (euh non, en fait, car sinon vous ne pourrez pas lire ?)

Je vous retrouve dès demain pour le 3ème article de la série.