Vous ne parvenez pas à identifier les sujets photographiés inconnus

En photographie animalière, la préocupation principale de très nombreux photographes est la recherche de l’esthétisme. La belle lumière, le respect des règles de composition, l’attitude de l’animal, et j’en passe, tout cela constitue une sorte de quête constante. Mais il est un autre aspect tout aussi essentiel et qui pourtant passe souvent au second plan : l’identification des sujets. Qu’il est gratifiant de trouver le nom d’une espèce inconnu ! Il m’est arrivé d’être heureux comme un gosse après avoir déterminé le nom d’un quelconque insecte. J’ai le coeur battant à la vue d’un renard attendu depuis des heures, je l’ai (presque 😉 ) tout autant lors d’une correspondance établie entre l’observation et la fiche du bouquin.

Ce serait tellement pratique si le passereau observé dans vos jumelles brandissait une pancarte du genre «hey ! Je suis une rémiz penduline !» ou si sur les écailles du lézard était gravé «nom vernaculaire : lézard vert, nom latin : Lacerta bilineata» On peut rêver ! Bon puisque tout n’est pas servi sur un plateau, il n’y a pas d’autre choix que de se creuser la tête.

Passez de photographe animalier à photo-naturaliste

Pourquoi se casser la tête à trouver le nom des espèces photographiées ? Je peux poser la même question d’une manière plus provocatrice : voulez-vous être et rester un simple photographe animalier «de base» ou souhaitez-vous passer au stade supérieur pour devenir un photo-naturaliste ? Moi, j’ai choisi mon camp ! 🙂

Rappelez-vous que la connaissance du milieu doit-être la principale préoccupation du photographe. Si vous en doutiez encore, la lecture du recueil des conseils des meilleurs photographes animaliers devrait vous convaincre. L’identification est une des clés pour progresser : vous ne pourrez pas améliorer vos photos du papillon Paon du jour si vous ne connaissez pas son nom. Impossible alors d’avoir connaissance de ses habitudes de vie, de son habitat, de ses comportements : tous ces éléments à connaitre pour mieux le photographier.

Vous vous dites que cela doit être bien barbant de se taper des pages et des pages de bouquin d’identification ? Prenez ça comme un jeu, comme une enquête policière qui se profile avec ses indices, ses fausses routes et son dénouement !

Ne pensez pas seulement esthétique

Bien sûr, vous connaissez probablement tous les mammifères, la plupart des oiseaux et des insectes communs de votre région.  Mais quelle attitude à avoir en randonnée, en billebaude si vous rencontrez un insecte étonnant pour la première fois?

Ne tombez pas dans le piège de la belle photo coûte que coûte. Tenez, celle ci-dessous est jolie, mais elle ne vous aidera pas vraiment pour trouver le nom de l’espèce. La trop faible profondeur de champ rend la lecture des détails nécessaires à la détermination difficile. Oubliez, pour une fois, les canons de la beauté.

libellule déprimée (Libellula depressa)

Libellule déprimée (Libellula depressa) - j'ai quand même trouvé 🙂

La méthode pour vous faciliter l’identification

Je vous ai demandé de laisser de coté (momentanément hein 😉 ) la photo esthétique. Alors que faire à la place ? Votre but est de vous faciliter l’identification … à posteriori, bien au chaud (ou au frais, tout dépend de la saison) à la maison. La solution est de photographier en naturaliste :

  • multipliez les angles de vue
  • fermez le diaphragme de l’objectif pour obtenir une grande zone de netteté

Car parfois, tout ce qui sépare deux espèces entre elles est un petit point sur leur dos, une tâche quelque part, … Et ces caractéristiques clés qui aident à identifier votre sujet ne sont pas toujours visibles avec une prise artistique du sujet.

Ainsi, lorsque vous découvrez une nouveauté, ok, prenez la photo artistique d’abord, mais ensuite n’oubliez surtout pas de faire de la photo naturaliste. Faites carrément du documentaire !

Et là vous progresserez ! C’est ce qui vous différenciera du photographe animalier du photo-naturaliste : vous saurez quelle est l’epèce que vous venez de photographier.

Un bémol à cette technique, vous n’aurez pas toujours le temps de prendre ces photos documentaires (conditions difficiles, animal hyper-actif), mais tentez quand même le coup !

Un papillon pris sous son meilleur profil

Par exemple, quand je me suis intéressé pour la première fois au papillon ci-dessous, je n’avais aucune idée de quoi il s’agissait.  Je le croisais souvent en sortie sans connaitre son nom : très frustrant ! Alors j’ai voulu tout savoir : aux oubliettes la belle photo, je me suis attaché exclusivement à trouver le bon angle de vue. Plus tard, tranquillement installé devant mon écran d’ordi, j’avais tout le temps pour faire connaissance avec mon nouveau compagnon de terrain : le Vulcain (Vanessa atalanta). 

Papillon le vulcain Vanessa atalanta

Un papillon vulcain (Vanessa atalanta)

Convenez que cette photo n’est artistique : prise par le dessus, lumière un peu dure. Mais elle a été extrêmement utile dans l’identification du papillon : ses défauts esthétiques se révèlent être des qualités documentaires ! Les ailes bien ouvertes sur le même plan sont entièrement nettes. L’identification devient (presque) un jeu d’enfant. 🙂

Et vous, quelles sont vos trucs pour déterminer facilement les espèces photographiées ?