L’invité

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Clément Couturier est un très jeune photographe. La formule « le talent n’attend pas les années » lui va à merveille ! Il est un passionné de nature depuis son plus jeune âge.

Des nombreuses et précoces sorties nature avec ses parents jusqu’à ses plus récents voyages en Finlande ou en Russie, Clément n’a de cesse d’observer, de photographier et plus récemment de filmer la faune et la flore qui l’entoure.

Il a des projets plein la tête, certains un peu fous ! Il met tout en oeuvre pour atteindre un jour son rêve : devenir un jour cinéaste animalier. Nul doute qu’il y parviendra ! 🙂

Au sommaire de ce 34ème épisode de « Interview de Photographes Nature »

Voici ce que vous apprendrez dans ce podcast avec le photographe Clément Couturier :

  • L’origine de sa passion pour les oiseaux
  • En quoi faire des études naturalistes peut aider pour la photo animalière
  • Comment faire pour déclencher une passion chez les plus jeunes
  • Pourquoi contacter des photographes de renom
  • Pourquoi Clément s’est lancé dans un documentaire animalier
  • Pourquoi le matériel photo n’est pas un facteur limitant
  • Comment Clément s’est formé à la vidéo
  • Quelles ont été ses sources d’inspiration

Repères cités dans cet épisode

Vous avez aimé ?

Un grand merci à Clément Couturier pour sa disponibilité, son partage de ses connaissances et de son expérience. Remerciez-le vous aussi sur Twitter en 1 clic en cliquant ici.

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Grâce à ça, votre podcast préféré 😉 sera plus visible et pourra être plus facilement trouvé iTunes. Pour ça c’est très simple :

Toutes les photos ci-dessous sont de Clément Couturier

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Transcription texte de l’interview de Clément Couturier

Régis Moscardini : Bonjour Clément.

Clément Couturier : Bonjour Régis.

Régis : Je te remercie beaucoup d’avoir accepté mon invitation.

Clément : C’est avec grand plaisir.

Régis : Avant de commencer, j’aimerais que tu te présentes un petit peu. C’est la tradition sur le blog et sur les interviews. Ne pas tout dire sur toi parce qu’après il n’y aura plus grand-chose à dire, je n’aurai plus de questions à poser mais quelques petits mots sur toi, s’il te plait.

Clément : Je m’appelle Clément Couturier. J’ai 19 ans, je suis originaire des Deux-Sèvres. Là je fais mes études en Corrèze. Je suis passionné depuis mon plus jeune âge par la nature et un peu l’ornithologie. Récemment je me suis mis à la photo et encore plus récemment à la vidéo.

Régis : Super. Ça fait des bonnes bases de travail pour la suite. Tu l’as dit, depuis toujours tu es passionné par la nature. Est-ce que tu te souviens dans ta plus tendre enfance s’il y a eu un élément déclencheur ou si finalement c’est comme ça et tu ne l’expliques pas ?

Clément : Déjà mes parents, depuis que je suis tout petit ils m’emmènent dans la nature à faire des balades. J’ai tout de suite été bercé dans ce milieu. C’est vrai, je me souviens, c’est quand j’avais à peu près 10 ans, j’étais en vacances à l’Ile de Noirmoutier et il y avait des ornithologues qui faisaient des points d’observation à côté d’une réserve naturelle.

J’y suis allé le premier matin, le deuxième matin, etc. Toute la semaine j’y suis retourné. Enfin je ne sais pas, c’est mystérieux.

Régis : Oui, tu as découvert quelque chose qui t’a plu tout de suite et après tu n’as pas lâché.

Clément : Oui, enfin j’étais déjà un peu dans l’optique de la nature mais c’est vrai que les oiseaux ça m’a tout de suite attiré. C’est vrai que c’est joli. C’est un bon pied pour commencer dans le naturalisme. C’est vrai que ça s’est fait assez rapidement.

Régis : Ok. Un message aux parents qui nous écoutent s’il y en a, s’ils on envie que leurs enfants fassent comme toi plus tard et même comme nous finalement soient passionnés par la nature, un bon moyen de faire, c’est de faire comme tes parents ont fait pour toi, c’est de les emmener très souvent faire des promenades.

Clément : C’est tout simple. Il ne faut pas penser compliqué. Il faut vraiment aller à la simplicité et puis rencontrer les associations naturalistes, ils adorent les enfants. Moi, j’adore les enfants dans les sorties, etc. Souvent il y en a qui accrochent, d’autres pas, mais il faut essayer. Ça ne coute rien.

Régis : Tu veux dire que maintenant tu es passé de l’autre côté de la barrière, évidemment à ton âge. Tu animes aussi des sorties comme ça ?

Clément : Oui. En ce moment je n’en fais plus. Mais j’en ai fait quand même plusieurs années. Avec le groupe ornithologique des Deux-Sèvres j’ai fait pas mal de sorties avec les enfants et les adultes, des animations, etc.

Régis : C’est vrai, tu as tout à fait raison, l’ornithologie est vraiment une très bonne porte d’entrée pour aimer la nature. Les Anglais sont très bons là-dedans. Il y a vraiment une grande tradition d’ornithologie, là-bas. Ce n’est pas la LPO en Angleterre.

Clément : C’est la Royal Society.

Régis : Exactement. Là-bas c’est une très grosse association qui a beaucoup d’adhérents. Mais c’est vrai que tu as raison, c’est un bon moyen d’entrer dans la pratique du naturalisme. Tu as 19 ans. J’imagine que tu es encore étudiant. Dans quel domaine tu es ?

Clément : Je suis en BTS gestion et protection de la nature, donc GPN, en 2 ans.

Régis : C’est après le bac ? Tu as fait un bac S ?

Clément : J’ai fait un bac S et là je suis en BTS à Neuvic, c’est plutôt sympa en ce moment, en 2e année.

Régis : Ça veut dire qu’en fait de manière très théorique ça destine à quel genre de métier, ça ?

Clément : Ça destine à énormément de métiers. C’est un BTS qui n’est pas forcément très spécifique, c’est son avantage, qui destine à tous les métiers de l’environnement. Donc c’est assez général.

Il y a une partie animation et une partie gestion. Ça peut être chargé de mission dans une association, animateur dans une structure quelle qu’elle soit, dans une communauté de communes, dans des parcs, etc. Donc ça permet d’avoir une bonne base et de continuer si l’on souhaite par une licence.

Régis : D’accord. Est-ce que ce que tu apprends dans tes cours avec tes professeurs ça te sert dans la pratique de ta passion de la photo,  la vidéo on y viendra plus tard ? Est-ce que ça te sert là-dedans ? Est-ce qu’il y a des cours où tu te dis « c’est bien, ça va pouvoir me servir plus tard quand je ferai des photos » par exemple ?

Clément : Pas forcément. Parce que pour l’instant les projets que j’ai réalisés, le BTS c’est un peu plus technique, on n’apprend pas à identifier les oiseaux réellement, donc après c’est plus de la technique.

Mais c’est vrai que dans les prochains projets qui seront peut-être réalisés, toute la méthode juridique, des droits, etc. ça va m’aider, oui. C’est plus la façon dont ça fonctionne le domaine de l’environnement que ça va être pratique.

Régis : J’ai l’impression que tu acquiers plus une culture très générale, très globale qui te servira de bon terreau, de bonne base pour après performer dans différents domaines. C’est un petit peu la question piège de l’interview. J’ai l’impression que tu te construis de très bonnes bases en naturalisme, en connaissances de la nature, tu fais ce qu’il faut.

Est-ce que tu essaies de faire la même chose par rapport à un regard artistique et esthétique ? Est-ce que tu essaies d’aller voir des expositions, des choses comme ça ?

Clément : Ah oui. Je lis énormément de blogs, de sites. Je suis pas mal l’actualité des photographes en général, quels qu’ils soient, pas forcément du domaine naturaliste ou nature, tous, aussi artistique, portrait. Même si ça ne m’intéresse pas forcément, j’aime bien.

Après, ce qu’il y a encore de mieux, c’est de rencontrer les photographes soit dans des sorties via les associations ou des festivals. Ça fait beaucoup d’années que je vais au festival de Ménigoute dans les Deux-Sèvres, le festival international du film ornithologique.

Cette année je suis allé à Montier-en-Der. C’était la première année que j’y allais. C’est vrai que c’est un très bon moyen de rencontrer les gens, de poser des questions. C’est un bon apport.

Régis : Oui. J’ai dû le dire à plusieurs reprises sur les interviews, même l’écrire sur le blog Auxois Nature. Mais le simple fait d’aller dans les festivals comme ça, dans les expositions, les photographes qui exposent n’attendent qu’une chose, c’est que les visiteurs viennent les voir, leur posent des questions parce qu’ils ne sont pas avares de conseils.

Il ne faut vraiment pas hésiter. Il ne faut pas y aller juste pour voir, c’est important, c’est bien d’en prendre plein les yeux. C’est très important de discuter avec les photographes. Ils aiment ça et on apprend plein de choses.

Clément : Ils sont très accessibles. Des fois on ne dirait pas. Il y a des photographes qu’on suit et qu’on admire. On se dit « jamais je ne pourrai discuter avec lui ». Finalement si. Même des mails. Ne pas hésiter à envoyer des mails, demander des avis. Il ne faut pas non plus demander tous les quatre matins.

Mais de temps en temps s’il y a une photo que vraiment on adore et qu’on aimerait avoir un avis, des fois ils peuvent répondre. C’est un domaine qui est très accessible.

Régis : On l’a vu, tu baignes dans le milieu de la nature depuis très longtemps, tu aimes vraiment ça, tu es passionné. J’aimerais que tu nous racontes qui t’a mis la première fois un appareil photo dans les mains ? Comment ça s’est passé ?

Clément : C’était en 2011. Je rentrais en seconde. Je faisais une sortie nature. J’avais fait mon stage dans une structure de protection des oiseaux, dans le parc ornithologique des Deux-Sèvres. Je discute un peu avec l’animateur. Il me dit « ok, si tu veux, tu peux passer à la maison à midi ». J’étais jeune. Je vais chez lui.

Il m’invite à manger. On ne se connaissait pas du tout. Il me dit « je t’emmène faire une sortie nature » et il prend ses appareils photo parce qu’il faisait de la photo, lui. Il avait fait pas beaucoup d’argentique et là il se mettait au numérique. Il m’emmène et il me passe un appareil photo. Je fais « c’est trop bien ! ». Je ne m’y attendais pas du tout.

Régis : J’imagine qu’il était certainement bien équipé. Tu avais déjà un bel objectif dans les mains ?

Clément : Oui. Enfin à l’époque ce n’était pas encore très développé non plus. C’était encore assez petit. Je ne sais plus ce que c’était, je ne me souviens plus. Mais c’était assez impressionnant. Je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait des trucs aussi gros. Je faisais déjà un peu de photo avec un compact.

J’avais fabriqué plein de petits trucs pour faire des photos à la mangeoire, avec un appareil photo compact. C’est vrai qu’un reflex ça m’a assez impressionné. 6 mois plus tard à peu près, mes parents ils m’ont acheté un petit reflex que j’ai toujours en main, que j’utilise et qui m’a permis de faire le film.

Régis : Excellent. C’est fou comme des moments dans une vie peuvent vraiment être déclencheurs de passion. Je pense que quoi qu’il arrive, tu serais forcément venu à la photo. Mais c’est sympa qu’il y ait des gens comme ça qui soient passionnés et qui passent leur passion à d’autres jeunes.

Clément : Cette personne, Jacques Pellerin, qui est actuellement Président du groupe ornithologique, on se voit encore très régulièrement, dès qu’on peut. C’est vrai qu’il a cette chose de faire passer une passion, de faire passer un message. Il y a des personnes comme ça qui sont indispensables.

Régis : C’est sûr. Exactement. Je pense que tous les grands photographes ont comme ça une personne qui leur a permis de mettre vraiment le pied à l’étrier. C’est important. Qu’est-ce qui t’a attiré tout de suite dans la pratique de la photo ? Tu l’as dit, tu as aimé pouvoir voir en plein cadre des sujets, pouvoir les zoomer comme ça. Mais ça aurait pu ne pas te plaire aussi. Qu’est-ce que tu as aimé là-dedans ?

Clément : Au tout départ, je faisais beaucoup de sorties mais je ne rapportais pas grand-chose. Je disais que je faisais des soties nature, les oiseaux, tout ça, c’est un milieu quand on n’est pas dedans, c’est très bizarre, les gens ils se demandent vraiment pourquoi on regarde ces petites boules de plumes.

La photo c’était un moyen de rapporter une image. C’est vrai qu’au début j’essayais d’avoir l’animal de plus en plus en gros plan. Là maintenant depuis un ou 2 ans je m’éloigne un peu et j’essaie de plus les intégrer dans leur environnement. Je m’intéresse beaucoup plus à la lumière. C’est une évolution du travail. Tout photographe commence comme ça. Ça change de temps en temps.

Régis : Je pense que c’est assez sain comme démarche. Comme tu l’as dit, la plupart des photographes ont à peu près ce cheminement, c’est-à-dire ils ont commencé par vouloir faire des gros plans parce que c’est pour ça qu’on fait de la photo aussi, c’est pour se rapprocher, pour rapporter quelque chose, une photo qu’on peut montrer aux autres et dire « tu as vu ce petit passereau-là, tu as vu comme il est beau, il as vu ce plumage, tu as vu ces couleurs ».

Donc il faut l’avoir en gros plan pour montrer tout ça. Au bout d’un moment, on essaie d’aller plus loin. D’aller plus loin au sens propre comme au sens figuré, c’est-à-dire de prendre un peu de recul et de le mettre dans l’environnement. Je pense que c’est une démarche qui est assez générale, qui est plutôt saine.

Est-ce que tu trouves que les gens ne sont plus du tout émerveillés de la nature qui les entoure ? Si quelqu’un voit une mésange à quelques mètres de lui, il ne la regardera même pas. Est-ce que tu es d’accord avec ça ? Est-ce que tu le constates aussi avec tes amis qui ont ton âge ?

Clément : Moi je dirais que les gens n’ont même pas idée de ce qu’il y a à côté. Quand on ne sait pas ce qu’il y a à côté, on ne prend pas forcément le temps. Oui, les gens soit ils savent ce que c’est et ils trouvent cela banal parce qu’ils en voient tous les jours soit ils ne connaissent pas du tout et ils n’ont jamais pris le temps de les regarder.

J’ai des amis comme ça que j’emmène en balade, ils ne s’attendaient pas à voir ça. Il faut prendre son temps et regarder.

Régis : Tu l’as dit, les deux choses qui sont un petit peu problématiques par rapport à la plupart des gens, c’est qu’effectivement on ne prend pas le temps de regarder, et quand on regarde, on se dit que ce n’est qu’un moineau, ce n’est qu’une mésange, ce n’est qu’un merle. C’est ça qui est dommage.

Moi je prends le cas d’une mésange, j’en vois tous les jours très proches parce que j’ai une mangeoire aussi sur mon balcon, j’en vois à quelques mètres, c’est superbe comme animal. Une mésange bleue, le plumage bleu, jaune, un petit peu noir, ce dégradé de bleus, c’est absolument magnifique.

Je viens à un film que tu as fait il n’y a pas très longtemps. C’est un documentaire. Tu l’as sorti au mois de décembre. Quel est le titre et qu’est-ce qui t’est passé par la tête pour te lancer dans un tel projet il y a quelques temps de ça ?

Clément Couturier: Il s’appelle « Au fil des rencontres ». C’est un 35 minutes. C’est un an de travail dont à peu près 6 mois de tournage. Au tout départ, pourquoi j’ai commencé ? C’est qu’il y avait une petite vallée qui est juste à côté du lycée où je suis encore actuellement.

La vallée je la trouvais vraiment super belle. C’est une toute petite vallée, toute mignonne. On m’a dit qu’il y avait un oiseau qui s’appelle le cincle plongeur, qui est genre un petit merle d’eau.

Régis : C’est ça.

Clément : Il était présent. Je n’en avais jamais vu et j’étais assez impressionné qu’il y en ait là. Je suis parti à sa recherche. Je prenais des photos de la vallée mais je n’arrivais pas trop à retranscrire l’ambiance qu’il y avait dedans. J’ai commencé à faire des vidéos.

Régis : Je te coupe Clément. Mais en gros tu es passé à la vidéo parce que la photo ne te permettait pas de retranscrire ce que tu ressentais. C’est ça ?

Clément : C’est un peu ça, oui. C’était un autre moyen. J’aime bien un peu tester tout, donc je voulais tester ça. Au départ c’était juste de faire une vidéo du cincle. Donc je suis parti et j’ai mis à peu près 2 ou 3 mois à trouver le cincle et à le prendre en photos.

En même temps c’était des affûts, très tôt le matin parce qu’il est actif le matin. Vu les difficultés d’accès, ça prenait du temps. Du coup, j’ai réussi à prendre en vidéo ce petit cincle. Et j’ai continué. Je ne sais pas trop pourquoi mais j’ai continué. J’ai un peu agrandi le territoire de prises de vue. Toutes les prises de vue ont été faites à Neuvic et à un kilomètre maximum de la vallée. C’est vraiment dans un territoire tout petit.

Régis : Evidemment j’ai vu le film. Tu me l’avais envoyé même avant qu’il ne sorte. Après, on a eu quelques petits contretemps par rapport à l’interview. Moi ce que je trouve super par rapport à ton film, je trouve que c’est très encourageant pour ceux qui se disent « moi, je n’habite pas dans une région qui est formidable », « moi, je n’ai pas un super matériel », « moi, je n’ai pas beaucoup de temps ».

Ça t’a pris du temps, ça c’est sûr par contre. J’imagine que tu y étais très souvent. Mais ce que je veux dire, c’est qu’on se donne souvent plein d’excuses pour ne pas faire des choses auxquelles on pense, parce que je n’ai pas un assez bon matériel, parce que je ne saurai peut-être pas faire, parce que je ne me lance pas.

Je trouve que ce que toi tu as fait, évidemment le résultat il est très beau, tu as fait des très jolies choses, il est perfectible comme plein de choses, il y a des choses que tu pourras refaire, on en parlera peut-être

Clément Couturier : Oh là oui !

Régis : Mais tu as quoi comme matériel d’ailleurs ? C’était filmé avec quoi ?

Clément : Le film a été tourné avec un Nikon D3100, un 70-300 et un 18-55. C’est ce qu’il y a de plus basique dans la photo.

Régis : Exactement.

Clément : Avec un trépied de longue vue, qui n’est pas du tout adapté à la vidéo. Je n’avais même pas de micro. Donc j’ai dû rajouter des ambiances que des amis m’ont passées.

Régis : J’insiste sur ce point-là. Je trouve que ce que tu fais là, au-delà du film qui est joli, qui est agréable à regarder, c’est le message que tu fais passer, qui n’est pas volontaire, qui n’est pas réfléchi. Mais en tout cas c’est ce que j’ai envie de dire aux autres qui nous écoutent, c’est que tu as fait quelque chose avec les moyens du bord, qui étaient assez limités et ça donne un résultat qui est vraiment très chouette.

L’excuse de la limitation du matériel n’est pas valable. Pour plein de choses et particulièrement pour ça, je trouve que tu as fait quelque chose de vraiment super chouette.

Clément : Ce n’est pas mon premier projet. J’ai fait d’autres vidéos. Moi je conseillerais de commencer par petit. Ne pas penser gros. Là c’est vraiment beaucoup trop de travail pour ce genre de choses, un 35 minutes. J’ai fait plusieurs vidéos de 5 minutes, de 3 minutes, des photos, etc.

Mais c’est vrai que de commencer par petit est accessible et de ne pas se donner d’excuses. On a du temps et on l’emploie à faire certaines choses. Après, on n’a pas forcément le temps de l’employer pour la vidéo. Mais si on a du temps, on peut faire ce genre de choses.

Régis : Toi, ce que tu as mis 6 mois à faire ou un an, peut-être que d’autres en mettront 2 parce qu’ils ont des enfants, parce qu’ils ont un métier. Mais à la limite peu importe. Tu t’es formé comment ? Tu es allé voir sur des sites Internet, tu as lu des magazines ? Tu as demandé conseil à d’autres personnes ? Comment tu as fait pour avoir des petites combines sympathiques ?

Clément : J’ai commencé déjà par la photo. Comment j’ai appris ça ? Par des blogs. Auxois Nature, je l’ai pas mal lu pendant un temps. Il y a d’autres sites : phototrend, plein de petits sites très sympas. Mais des livres, non, je n’ai pas trop lu de livres. C’est vraiment sur le terrain, de tester, de regarder, de bidouiller.

Régis : Est-ce qu’il y a des films documentaires animaliers qui t’ont aussi inspiré, inspiré pas dans le sens forcément copié, mais en tout cas la méthode, le savoir-faire, est-ce qu’il y a des films qui t’ont inspiré de ce côté-là ?

Clément : Oui, pas mal, parce qu’en fait il y a une formation, un master en cinéma animalier qui se trouve dans les Deux-Sèvres

Régis : C’est l’IFFCAM, l’Institut francophone de formation au cinéma animalier de Ménigoute.

Clément : C’est ça. Tous les ans, les étudiants ils projettent leurs films. Du coup je les ai beaucoup regardés. Ils sont tous assez inspirants, ils ont tous une idée qui change un peu des films classiques de la télé. C’était une des sources, pas d’inspiration mais d’idée à regarder, à voir ce qu’on peut faire.

Parce qu’ex aussi ils sont étudiants. Ensuite il y a un des réalisateurs que j’aime beaucoup, c’est Mathieu Le Lay, qui a sorti plusieurs films qui sont assez impressionnants.

Régis : Je retiens ton idée par rapport à l’inspiration vidéo. Effectivement on peut très bien voir des films qui passent à la télé, il y en a plein. Sur France5 il y a des documentaires animaliers qui sont très bons aussi. Mais on sent que c’est la grosse production et ça reste assez classique, il y a de très belles images et tout ça.

Mais je retiens ton idée, c’est-à-dire d’aller voir des étudiants qui, eux, vont peut-être prendre plus de risques, qui sont moins obligés de se conformer à un format télévisuel, en gros ils font presque ce qu’ils veulent. Il y a peut-être vraiment des choses à prendre au niveau de l’inspiration de ce côté-là.

Clément : C’est vrai que moi je suis de plus en plus inspiré par un fond, quelque chose de vraiment concret, une aventure, etc., mais on sent que le réalisateur l’a vécue dans ses tripes, que des images hyper belles, très bien faites mais avec une histoire banale.

Régis : On les trouve sur le site, je crois, de l’IFFCAM ?

Clément : Oui.

Régis : Gratuitement ?

Clément : Oui.

Régis : Vraiment il faut y aller, c’est une bonne source, je le mettrai en lien aussi dans l’article. J’avais vu justement sur ce site un film, je ne me rappelle plus du tout de l’auteur mais c’était un étudiant également, il s’était mis dans la peau de la proie et dans la peau du prédateur.

On était comme si on vivait la scène du point de vue du prédateur et du point de vue de la proie. C’était assez bien fait, assez fort avec le point de vue de l’animal, c’était bien fichu.

Clément Couturier : Oui. Il y a de bonnes idées. Des fois c’est des films d’étudiants qui ne peuvent pas être adaptés à la télé ou au cinéma mais c’est vraiment une source d’inspiration. Mais Guillaume Colombet, je crois que tu l’avais interviewé

Régis : Oui.

Clément : Il a fait l’IFFCAM. Il fait du bon travail lui aussi.

Régis : C’est clair. Est-ce que tu iras, est-ce que tu vas la faire cette école, toi ?

Clément : Oui, j’ai prévu de la faire dans un an et demi. Parce que là je fais une licence et après j’essaie de rentrer en master.

Régis : Quelles sont les conditions d’entrée ?

Clément : Je ne sais plus trop. Il faut avoir un niveau bac+3 donc niveau licence. Après c’est au cas par cas.

Régis : C’est sur dossier ?

Clément Couturier : Oui, c’est sur dossier. Il faut présenter un projet de film et montrer ce qu’on a déjà réalisé. Après on est pris ou pas.

Régis : Bien sûr. On ne va pas sauter du coq à l’âne mais sauter d’un projet à un autre. Ton film de 35 minutes il est terminé. Il est disponible gratuitement, il est en ligne, il est sur Internet. Juste une dernière petite question par rapport à ça. Tu as eu des bons retours ? Il a eu un certain succès ? Tu es content de ça ? Comment tu as pris la sortie du film ?

Clément : Il est sorti début décembre. J’ai eu pas mal de retours. Effectivement il y a des gens qui ont regardé au début. Vu que je ne suis pas du tout connu, j’ai dû envoyer un peu des mails, des messages à diverses personnes. Il y a des réalisateurs, des photographes et des structures qui m’ont répondu et qui m’ont fait pour certaines des critiques positives ou négatives, des critiques sur mon travail.

C’est vrai que dans l’ensemble c’est plutôt positif dans le sens où je suis jeune, je n’ai pas d’expérience, je n’ai pas de formation, je n’ai pas un matériel adapté. Mais ils ont toujours trouvé la démarche très intéressante. Après c’est vrai qu’il y a pas mal de petits trucs à voir. Je ne vais pas trop dire pour ne pas trop raconter la fin du film. Mais c’est vrai que dans l’ensemble, il y a la Salamandre, Julien Perrot, m’a envoyé un message, c’est super sympa de sa part.

Il y a aussi David Allemand qui m’a envoyé un message, je ne sais plus qui d’autres. Mais c’est vrai qu’ils ont tous été assez enthousiasmés. Il y a pas mal de gens qui l’ont vu, et je suis super content.

Régis : On rejoint ce que tu disais en début d’interview, c’est-à-dire qu’il ne faut pas hésiter à toquer un petit peu à la porte des photographes, des cinéastes. Julien Perrot c’est quand même une figure dans le milieu de la nature.

Clément : Je ne m’y attendais vraiment pas.

Régis : C’est le directeur de la Salamandre qui est une institution pour ceux qui aiment les ouvrages naturalistes. Il passait encore le mois dernier sur France Inter sur un documentaire sur le renard. C’est quelqu’un qui est super. Qu’il t’est répondu, c’est chouette.

Ça veut dire qu’il faut vraiment y aller et ne pas hésiter à pousser des portes. C’est vraiment une bonne démarche. Si un jour tu fais quelque chose de plus ambitieux, de plus important, tu peux pour le coup retourner voir Julien Perrot ou quelqu’un d’autre et dire « tu te rappelles de moi », c’est comme ça que ça fonctionne pour plein de choses mais pour la photo particulièrement.

Clément : Juste pour terminer, c’est vrai que dans le milieu naturaliste, même la photo et le cinéma, ce qu’il y a de plus important c’est le réseau, c’est le réseau qui va tout faire. Quand on est en études, les stages c’est grâce au réseau que j’ai pu en trouver. Si on a besoin d’aide, si on a besoin de conseils, c’est au réseau qu’on va s’adresser. Si on arrive à avoir des contacts et qu’on garde contact, c’est vraiment un travail d’avoir un bon réseau, c’est indispensable.

Régis : Exactement. On passe à l’autre projet qui est assez gonflé, celui-là. Tu vas donc voyager en stop. Ce projet s’appelle « Pousse ton sac ». Quel est le but de ce périple, s’il te plait ?

Clément Couturier : Le but du périple, c’est dans le cadre de nos études, c’est dans le cadre d’un projet d’initiation à la communication, on va partir en stop avec une amie, Jeanne Grignon, qui a fait la musique du film d’ailleurs. On va partir en stop depuis Neuvic.

Régis : Elle fait le BTS avec toi ou pas ?

Clément : Oui, elle fait le BTS, elle est dans la classe juste à côté.

Régis : D’accord.

Clément : On va partir tous les deux en stop avec nos sacs à dos, notre matériel. On va prendre des caméras, on aura deux GoPro et un reflex. On va partir en stop en février en direction de Toulouse pour aller rencontrer Guillaume Mouton, alias Mouts, de l’émission « Nus et culottés ».

Régis : C’est toi qui as eu l’idée d’aller le voir comme ça ? Parce qu’il n’est pas forcément dans la nature, dans l’animalier. Qu’est-ce qui t’a poussé à aller le voir lui plutôt qu’un autre ?

Clément : Déjà on a eu l’idée quand on était en stage, on était avec Jeanne, on était partis en stage tous les deux en Russie et on n’avait pas d’Internet, on avait sur nos ordinateurs les épisodes de « Nus et culottés ». On les a tous regardés, même plusieurs fois.

On s’est dit qu’on pourrait faire quelque chose avec parce qu’on aime bien le voyage, Jeanne elle a l’habitude de faire du stop, moi pas trop. Du coup on a eu l’idée de faire ça pour ce projet-là. C’est un peu un projet hors normes. On a eu du mal à le contacter mais quand on a réussi, il est super ouvert, il est super cool. On est en train de mettre le projet en place.

Régis : Je te disais avant l’interview que c’était une espèce de road movie. C’est ça, tu vas filmer, il y a un but évidemment, mais tu vas surtout filmer pendant le voyage ?

Clément : Là, ça n’a rien à voir avec les autres projets que j’ai pu faire avant. Là c’est plus tourné humains. On va filmer les gens, on va parler avec eux, ils vont un peu raconter leur vie, ce qu’ils font, leur vision du monde.

Régis : Tu dormiras chez l’habitant ?

Clément : On va essayer, oui. On aura une tente au cas où, on a l’habitude de faire du bivouac. Mais on va faire tout pour dormir chez l’habitant.

Régis : Donc une semaine très riche d’expériences, expériences humaines évidemment mais aussi expériences photo, vidéo. Tu vas apprendre plein de choses. Ce ne doit pas être facile de scénariser comme ça une semaine où tu pars un peu à l’aventure, où malgré tout tu te dis quand même « il faut faire tel ou tel plan ». Comment vous arrivez à anticiper la scénarisation d’un tel périple ?

Clément : Toute est la question, là actuellement. On est en train de voir. En gros, on va déjà demander à Guillaume comment un peu ils font eux deux pour filmer leur voyage. Ils vont pas mal nous aider de ce point de vue-là. Après il y a des plans le matin, le soir, etc., quand on mange, quand on rencontre des gens.

On va faire des tests fin janvier pour voir si ça marche, si on arrive à bien gérer tout ça. Après, on aura un petit calepin avec toutes nos prises de vue, à quoi elles correspondent, etc.

Régis : Parce qu’au niveau du montage, on dit souvent qu’une photo bien faite bien réalisée c’est un temps de post-traitement vraiment inférieur à s’il fallait rattraper certaines erreurs, j’imagine que pour la vidéo c’est pareil. Il faut optimiser les prises de vue pour ne pas après s’arracher les cheveux pendant le montage ?

Clément : Oui, une vidéo qui est ratée à la prise de vue, elle est ratée au montage. C’est à la prise de vue que tout se fait.

Régis : Est-ce qu’il y aura une diffusion après, une publication ? Comment ça va se passer pour montrer votre travail ?

Clément : Ça sera en mai, début mai. On vient juste de fixer les dates. Ce sera ouvert au public. Ce sera places limitées. On va mettre les infos en ligne très bientôt normalement. « Nus et culottés », ils vont partager aussi. Ce sera à Neuvic. On ne sait pas trop encore le lieu, on ne sait pas trop encore la date exacte.

Ce sera début mai à Neuvic en avant-première. Si on a la possibilité, parce que les droits à l’image c’est un peu compliqué, si on y arrive et on fera tout pour que ça se fasse, on le mettra en ligne gratuitement pour que tout le monde puisse le visionner. Avec les bêtisiers, les scènes coupées, tout ce qu’on va faire forcément.

Régis : J’ai hâte de voir ça. Je pense que ceux qui nous écoutent aussi. On sera loin de l’animalier évidemment. Mais peu importe.

Clément : Il y a toujours un côté environnemental.

Régis : Il y aura l’environnement au sens général, au sens global du terme. Mais pour voir ton savoir-faire, voir comment tu travailles, voir ce que tu fais, c’est important. Deuxième question piège de l’interview qui ne sera pas facile mais qui est très personnelle pour le coup pour toi : tu as 19 ans, dans 10 ans quand tu auras presque 30 ans, comment tu te vois ? Tu seras quoi ? Tu feras quoi ? Est-ce que tu as une idée de ça ?

Clément Couturier : Je dirais que j’aimerais bien être réalisateur indépendant, dans le sens où je réaliserai des films d’auteur. Ça, c’est vraiment utopiste. C’est assez difficile mais on ne sait jamais. Mais réaliser des films soit d’aventures, j’aime bien le grand nord, j’ai été en stage en Finlande, c’est vraiment le grand nord, la Norvège, l’Arctique, etc.

C’est vraiment des milieux qui m’attirent toujours. Après une partie peut-être plus humains, local, valoriser les métiers locaux, les artisans, etc., créer du lien social grâce au média qu’est la vidéo qui est de plus en plus important maintenant. Parce que c’est un média qui est très accessible.

Régis : Merci beaucoup Clément.

Clément Couturier : Merci Régis de m’avoir invité. C’est vraiment super.

Régis : Je te souhaite de réussir dans tous tes projets, ceux à court terme et ceux à plus long terme.

Clément Couturier : Toi aussi, que le blog continue encore pas mal d’années comme il a pu m’aider dans le passé.