Enregistrer les podcasts, c’est beaucoup de travail. Pour continuer à le faire, j’ai rencontré Objectif Location qui a bien voulu m’accompagner, tout en me laissant une totale liberté de ton.

Au sommaire de ce 43ème épisode

Voici ce que vous apprendrez dans ce podcast avec la photographe avocate Joëlle Verbrugge. Cliquez sur le temps pour accéder directement à la partie qui vous intéresse !

  • [2:50] La biographie de Joëlle Verbrugge
  • [3:40] L’origine de sa passion pour la photo
  • [5:20] Le démarrage de son blog Droit et Photographie
  • [6:30] Quels sont les domaines photos pratiqués par Joëlle
  • [9:20] Quel rôle doit avoir une image
  • [12:05] En quoi son métier d’avocate influence sa pratique photographique
  • [15:05] Les livres de droit photo de la collection CheckList
  • [19:40] La genèse des deux livres sur l’édition de livres
  • [22:00] La définition de l’auto édition
  • [24:30] Qui peut s’auto-éditer ?
  • [25:50] Que signifie les mentions ISBN et ISSN ?
  • [28:35] Tout faire soi même ou externaliser certaines tâches ?
  • [30:25] Quelle plateforme d’auto édition en ligne utiliser ?
  • [33:56] La notion de Best-Seller

Repères cités dans cet épisode

Vous avez aimé cet épisode pour apprendre à auto éditer votre livre ? Partagez cette interview sur Facebook en cliquant ICI, c’est le meilleur moyen de faire connaitre les photos et le travail de Joëlle. Merci ! 🙂

L’invitée

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Pour ce 43 ème épisode, l’avocate photographe pratiquant le droit à l’image Joëlle Verbrugge est à l’honneur. Ça faisait un bon moment que Joëlle et moi nous nous croisions sur le net sans jamais prendre le temps de discuter vraiment. Nos présences communes au salon de la photo ont permis de faire cette interview. L’idée était excellente, mais ce ne fut pas facile de dénicher un endroit calme dans un hall rempli de milliers de visiteurs ! Si vous entendrez un tout petit brouhaha de fond, vous saurez pourquoi ! 🙂

Joelle Verbrugge est une photographe hyper active. Chez moi c’est un compliment. Photographe de concert, photographe de sportifs, photographe du patrimoine, … les thèmes de sa galerie photo sont très variés et surtout de grande qualité. Alors même s’il y a de fortes chances pour que vous connaissiez Joëlle pour ses publications en droit, son travail de photographe amateur (au sens de celui qui aime) doit être absolument découvert ! Allez, filez vite voir sa dernière production sur la chanteuse Imany. 🙂

Vous l’avez compris, le métier de Joëlle Verbrugge est avocate. Il y a quelques années, en voyant beaucoup de grosses bêtises écrites dans les forums, elle décide de partager ses connaissances en droit. Elle crée alors son blog blog.droit-et-photographie.com. Le succès étant au rendez-vous, Joëlle écrit ses premiers livres spécialisés sur le droit adapté à la photographie. Récemment, sa nouvelle collection CheckList éditée chez 29biseditions.com connait un grand succès. Elle est à découvrir absolument par tous les photographes.

Certains de ses livres ne nous concernent pas directement, nous autres photographes animaliers (comme Photographe de mariage ou Le photographe et son modèle). Tandis que d’autres sont franchement à posséder ! Comme ces deux là : 

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On en n’a pas beaucoup parlé dans l’interview, faute de temps, pourtant, j’ai découvert en préparant mes questions la série des outils Jurimage. Ce sont en fait de très nombreux dossiers juridiques relatifs aux arts visuels en général, dont la photographie évidemment. Alors si vous avez besoin d’infos juridiques précises et mises à jour pour votre activité, ça vous sera très utile. Découvrir les articles Jurimage

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Quelques photographies de Joëlle Verbruggejoelle_verbrugge1

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Engie Open de Biarritz Pays Basque (Classement), Tennis Biarritz Olympique Mardi 13 Septembre 2016. (c) 2015 / LMP Joelle Verbrugge / Carina Witthoeft

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Transcription texte de l’interview

Régis Moscardini : Bonjour Joëlle.

Joëlle Verbrugge : Bonjour Régis.

Régis : Je suis ravi que tu aies accepté mon invitation pour cette interview. Comment vas-tu ?

Joëlle : Très bien. Après 4 jours de salon.

Régis : C’est ce que j’allais dire, on est dans des conditions assez inhabituelles, on est au Salon de la Photo. On a profité de notre présence commune à tous les deux ici. Donc il y aura un peu de bruit ambiant mais ça va bien se passer.

Joëlle : Je ne suis pas inquiète.

Régis : Moi non plus.  Première question très simple et très classique : Joëlle dis-nous un petit peu qui tu es en quelques mots ?

Joëlle : Je suis auteur photographe, je vis au Pays basque, je suis d’origine belge comme mon nom l’indique, je suis même carrément belge. Parallèlement à ça j’ai une autre profession, historiquement la plus ancienne, qui est avocate. J’ai créé en 2009 un blog qui s’appelle Droit et photographie.

Comme apparemment ça répondait à un besoin puisqu’il n’y avait rien d’autre sur ce sujet de manière aussi régulière, le blog a vite démarré, très vite démarré. J’ai commencé des articles dans Compétence Photo puis des livres. Là j’ai un nouvel éditeur avec qui j’ai publié plein de choses. Je fais de la formation aussi.

J’essaie de mélanger tout. La photo est aussi rentrée dans mon cabinet puisque je ne m’occupe plus que de dossiers dans ce genre-là.

Régis : C’est très complet. Merci Joëlle. Avant d’aborder le thème principal de l’interview et les questions sur l’autoédition, on va parler photo quand même, nos auditeurs ce sont des photographes. Comment tu as commencé la photo ? Quel a été le déclenchement de ta passion pour cette activité ?

Joëlle : Je crois que c’est un abonnement au magazine Géo qu’on m’avait offert quand j’avais 10 ans. A ce moment-là, j’avais un petit instamatic Kodak, je faisais quelques photos comme ça. Ça m’a vraiment donné envie d’aller plus loin. J’ai demandé à mes parents un appareil, ils m’ont dit « mais tu en as déjà un », « ça ne me suffit pas », « tu n’as qu’à travailler ».

Donc j’ai travaillé pendant un été dans la pharmacie de ma tante, j’ai fait des tisanes, des suppositoires, j’ai rangé des médicaments et j’ai fait acheté par des amis de mes parents qui allaient aux USA un Pentax K1000 qui a été mon boitier jusqu’en 2004 quand même. Je l’ai bien gardé, il était tout cabossé.

J’ai acheté des objectifs. J’ai travaillé pour me payer des développements, du matériel. C’est venu petit à petit. Mais je n’ai jamais envisagé ça comme une démarche professionnelle quand j’étais en âge de choisir des études. J’aurais peut-être dû mais voilà c’est comme ça. Donc j’ai fait le barreau parce que j’étais dans une famille où on est avocat, médecin, notaire, on ne se pose pas trop de questions.

Donc j’ai un peu suivi la voie sans me rebeller. C’est très bien, je ne regrette pas. Puis à partir de 2008 et surtout 2009, j’ai vraiment eu envie que ça devienne une activité – déjà le numérique m’avait fait progresser parce que quand je regarde mes anciennes photos, ça fait juste peur – j’ai voulu que ça devienne une activité officielle. Vraiment essayer être en accord avec cette démarche que je voulais.

Puis aussi peut-être contrebalancer la rigueur du droit dans lequel je suis toute la journée. En me renseignant sur le statut des photographes, je me suis aperçue que c’était super dur. C’est d’ailleurs ça qui a entrainé la création du blog parce que je me suis demandé comment faisaient les gens qui n’avaient pas 20 ans de barreau derrière eux. C’est parti de là.

Régis : Donc une démarche de partage, la création de ton blog ? C’est ça, c’est le partage des connaissances pour rendre service à ceux qui n’ont pas accès à ces connaissances-là ?

Joëlle : Oui. Avant de penser au blog, je répondais sans arrêt sur des forums et des mailing list sur les questions que je voyais poser, où je voyais des réponses qui étaient parfois hallucinantes, qui étaient super dangereuses en droit. Donc je n’arrêtais pas de répondre les mêmes choses partout.

Donc je perdais un temps fou parce que je recopiais sans arrêt les mêmes textes. Donc je me suis dit « c’est idiot, pourquoi ne pas centraliser tout au même endroit ». Mais je n’ai jamais pensé à ce moment-là à  faire rentrer aussi la photo dans mon cabinet.

J’avais une clientèle très classique de divorces, de droit des affaires. Comme le blog a bien marché, il suffisait simplement que je renvoie en disant « vous avez la réponse à tel endroit ».

Comme le blog a bien marché, de fil en aiguille, c’est devenu prépondérant dans mon activité. Maintenant c’est exclusif. Mais au début c’était vraiment ça. Il y a encore beaucoup de partage et beaucoup d’infos que je relaye le plus souvent possible.il faut que je gagne ma vie aussi.

Donc j’essaie d’équilibrer maintenant la partie partage et la partie plus contenue, plus fouillée  avec des parutions qui, elles, sont payantes, qui sont des livres ou des articles.

Régis : La photographie animalière, c’est mon dada, tout le monde le sait évidemment. Toi Joëlle, quel est ton domaine de prédilection en photo ?

Joëlle : Je dirais que je suis assez éclectique en termes de gout. Je suis au Pays basque, donc je suis dans une région super, donc là je m’éclate au niveau naturel parce que l’environnement est vraiment super. C’est très varié. Ça j’aime beaucoup. J’ai sorti 2 bouquins d’ailleurs. Un bouquin qui s’appelle Pays basque, terre de couleurs.

Régis : Un bouquin de photos, de belles photos ?

Joëlle : Un bouquin photos, oui, qui est paru chez Cairn qui est un petit éditeur à Pau. Il est sorti en 2011.

Régis : On peut le trouver encore ?

Joëlle : Oui, bien sûr. Il est sur Amazon, en tapant bêtement mon nom, tout y est. Après en 2014, un bouquin en duo avec André Lamerant qui est un autre photographe, qui vit dans le Nord, mais qui adore le Pays basque, qui s’appelle Biarritz, qui était une commande de la ville de Biarritz et de l’éditeur.

Là, c’était un sujet moins nature et plus encadré parce qu’on avait des lieux à mettre en valeur, qui étaient déterminés. Mais on s’est quand même bien lâché, c’était vraiment sympa. Après il y a la photo de concert, beaucoup. Demain je vais photographier Imani à l’Olympia, je vais me régaler.

En ce moment il y a un très gros projet de photos sportives qui enfin voit le jour. C’est un truc qu’on met en place depuis 2 ans, où avec un ami qui a créé une agence qui s’appelle Image gagnante, on fait des séances photos pour les sportifs pro, uniquement les pros ou ceux qui se professionnalisent, qui ont besoin de photos pour trouver les sponsors et des partenaires.

Régis : C’est pour les sportifs qui veulent donner une belle image d’eux. C’est une espèce de communication pour que les sportifs soient meilleurs en communication ?

Joëlle : C’est ça. La personne avec qui j’ai créé ça, il a été sportif de très haut niveau, il est aussi entraineur de sportifs de haut niveau, il a été mannequin avant ça, ce qui fait qu’il a une bonne notion de l’importance de l’image. Moi j’avais cette idée-là. Un jour il m’a servi de cobaye pour une série sur le tennis dans ce cadre-là.

Comme il a vu le résultat et les idées que j’avais, lui il avait un carnet d’adresses assez étonnant, il a toujours un carnet d’adresse étonnant, on a mis en commun ces 2 énergies-là, mes idées et lui ses contacts pour créer quelque chose qui est vraiment orienté sur les pros avec cette recherche de photos qui sortent de l’ordinaire parce que les photos sont faites dans un cadre qui n’est pas un cadre de vraies compétitions.

On ne demande rien d’autre au sportif que ce qu’il fait sur le terrain, dans son sport. Mais on est là juste pour lui et lui il est là juste pour nous.

Donc on peut créer des choses sympas qui vont mettre en valeur ce qu’il fait tous les jours. C’est clair que quand on est un photographe accrédité autour d’un match de foot, on ne peut pas faire ce que nous on va faire.

Là on a fait un shooting avec un gars qui est 10 fois champion du monde de pelote basque, qui était juste avec moi sur le terrain et avec le créateur de l’agence. On a fait des photos comme on n’aura pas ailleurs. Je me suis régalée, lui aussi.

On s’est bien amusé. C’est très chouette comme échange parce qu’au début il arrive un peu sceptique et après il se prend au jeu et de lui-même il donne plein d’idées. C’est très chouette.

Régis : C’est bien que tu dises cette réponse-là parce que ma question suivante est un peu sur ce thème-là. Si je résume grossièrement le rôle d’un avocat, c’est de défendre les intérêts de quelqu’un.

Joëlle : Oui.

Régis : On va dire ça comme ça. Est-ce que tu penses que la photographie peut aussi parfois jouer ce rôle de défense, c’est-à-dire défendre les intérêts d’un groupe de personnes, d’une espèce animale par exemple ? Est-ce que la photo peut aussi jouer ce rôle-là ?

Joëlle : Je crois qu’elle doit jouer ce rôle-là. Pour moi, elle ne sert à rien si elle n’est qu’esthétique. Tant mieux s’il y a l’esthétique en plus. On dit toujours qu’une photo vaut mieux que mille discours. Demande à tous les photographes animaliers que tu as interviewés, qui défendent la nature.

On parlait tout à l’heure de Sabine qui, elle, passe son temps à travailler avec des organismes de par le monde, qui sont des associations qui n’ont pas un sou, qui mettent tout en œuvre pour défendre certaines espèces, la photo elle les aide considérablement.

D’une part c’est une aide, d’un autre côté elle me dit parfois aussi quand elle revient d’un shooting qu’elle ne peut pas donner les données GPS où les photos ont été prises parce que les animaux sont à ce point protégés qu’il ne faut absolument pas savoir où ils sont. La photo c’est une arme considérable pour ou contre une cause.

Que ce soit en sport, justement pour l’image des sportifs, que ce soit en photo animalière, pour moi c’est un des vecteurs de communication les plus efficaces, qui sont universels. Je peux faire 36 discours en français sur une cause, celui qui m’écoute et qui me lit, qui ne parle pas le français, il ne comprendra rien. Une photo fait mille fois mieux.

Régis : Pour rebondir là-dessus, la dernière photo qui a remporté le concours Wildlife Photographer of the Year, c’est une photo d’orang-outang, je ne sais pas si tu l’as vu passer. L’orang-outang monte sur un arbre, c’est une photo qui est prise au-dessus, c’est une grosse plongée.

On comprend vraiment le message. On a l’impression que l’animal fuit la folie des hommes et fuit la déforestation. Donc ça rejoint ce que tu dis. Une image véhicule plein de messages et plein d’informations.

Joëlle : Si elle ne véhicule pas de message, elle a un peu raté son coup. Il y a des images qui sont magnifiques, il y a plein d’images magnifiques, il y a des images qui véhiculent de l’émotion aussi. Si ça véhicule de l’émotion c’est génial. Si en plus on véhicule un message, on a gagné.

Ça peut être pour le sportif dont on parlait, ça peut être l’efficacité, la puissance, la réactivité et le message qu’il a à faire passer à ses sponsors « regardez, j’ai un physique qui plait, un physique qui touche, en investissant sur moi sportivement, vous allez avoir un retour et mettre votre image en valeur et moi vous allez peut-être me permettre de gagner des titres olympiques, pourquoi pas ».

Quel que soit le message, je crois qu’on peut faire passer plein  de choses. À la rigueur c’est peut-être le travail du photographe, c’est ce que je dois encore apprendre à faire, à mieux trier les images, à ne garder que celles les plus chargées de message. Je crois qu’on l’apprend au fil du temps.

Régis : Est-ce que ton métier d’avocate te sert dans la construction de tes images ? Autrement dit, est-ce que ton métier influence ta pratique photo ? Je pose cette question à chaque fois que j’interviewe. Je pense à quelqu’un qui était informaticien. Il disait que le fait d’être très carré et très construit, ça m’aide dans la construction de mes images.

Est-ce que tu sens que tu as comme ça une espèce d’aller-retour entre ton métier et ta pratique de la photographie ?

Joëlle : Je crois que c’est même l’inverse. Je crois que côté photo il faut que je sois calée sur ma sensibilité à moi et mon émotion à moi, alors que dans le droit je ne peux pas du tout être comme ça.

C’est pour ça que je te disais qu’en 2009 j’avais l’impression que c’était presque vital à un moment d’arriver à compenser la rigueur du droit dans laquelle j’étais tout le temps avec ce côté où je peux au contraire faire parler mes émotions. J’y arrive ou je n’y arrive pas. Mais moi je fais la photo à l’instinct.

Je me suis souvent aperçue que les fois où j’étais mal dans ma peau ou pas bien, tracassée, mes photos elles sont pourries. Techniquement elles sont réussies mais elles ne me parlent pas, il n’y a pas d’âme. Cette émotion-là, dans les dossiers, je suis obligée de l’évacuer, je ne peux pas me laisser emporter par l’émotion d’un dossier.

Régis : Toi, tu ne peux pas ou c’est le travail d‘avocat ?

Joëlle : Non, on ne peut pas, parce que sinon on n’est pas assez distant du dossier, on n’a pas le recul nécessaire. C’est comme un médecin. Si le médecin il se laisse embrigader dans les émotions de son malade, quel travail il va faire, il va le faire très mal.

Nous c’est un peu la même chose. On doit appliquer des règles de droit, on doit expliquer au client, même si lui il est dans une grosse détresse, je parle là plutôt de dossiers familiaux, je n’en fais plus mais c’est le même principe, on doit rester serein face à lui, d’abord pour ne pas paniquer avec lui, ça ne sert à rien, pour ne pas aggraver sa panique.

Mais surtout pour lui dire que le droit c’est des techniques, c’est des règles, on peut les appliquer comme ça, on peut essayer de trouver une solution. Mais on ne peut pas faire de l’émotion dans les dossiers. Ça ne veut pas dire qu’on n’a pas d’empathie pour les gens. Ça veut juste dire qu’on ne peut pas se laisser envahir par ça sinon on fait mal son boulot.

Régis : La photo te permet de lâcher prise ?

Joëlle : Ça m’équilibre.

Régis : Tu trouves un équilibre avec la photo ?

Joëlle : Oui. Exactement. Forcément si je m’écoute, je ne fais que de la photo. Mais en même temps c’est vraiment ça qui fait l’équilibre. Si je n’ai pas ça, le côté juridique je n’arrive plus à le faire parce que ça bouffe trop, c’est trop technique, il n’y a pas cette part d’émotions.

Régis : C’est super intéressant comme réponse, une réponse qui est très personnelle et que je trouve en même temps très vraie.

Joëlle : Pour moi, c’est logique. Demande à Sabine, pose la même question à Sabine.

Régis : D’accord.

Joëlle : Et on verra ce qu’elle te dit.

Régis : Sabine, que je vais bientôt interviewer, qui est aussi avocate. C’est vrai qu’on pourra un peu comparer vos réponses sur ce même genre de questions. C’est intéressant, c’est vrai.

Joëlle : On ne fait pas le même genre de photos. Elle, elle a plus ce côté défense des animaux, encore plus engagée que moi par rapport à mes sportifs. Ce n’est pas le même type de message. Peut-être que ça variera un peu, ça va être intéressant.

Régis : On pourra comparer ça, oui. Je vois que tu as pas mal de casquettes, parce qu’en plus d’être inscrite au Barreau de Bayonne, tu es aussi conférencière, tu as écrit un certain nombre de livres. Récemment une trilogie qui rencontre un grand succès et qui s’appelle Check-list. En quoi consiste cette nouvelle collection ?

Joëlle : Si je peux me permettre un petit retour en arrière, c’est parti du premier bouquin que j’ai publié chez cet éditeur, 29bis Editions, qui est Le photographe et son modèle, qui est un bouquin sur un sujet assez technique et complexe qui est la relation juridique, photographe, modèle, etc. , surtout sur le statut des modèles, qui a eu du mal à démarrer.

Ça va, il va très bien mais il a eu du mal à démarrer parce que déjà le sujet est technique et je crois que les photographes qui étaient dans ce créneau-là n’avaient pas du tout envie de lire ces 300 pages, pourtant importantes, mais qui les rebutaient.

Peut-être trop technique. Donc on s’est penché sur le truc avec l’éditeur qui est en plus un ami, qui a plein d’idées. C’est un peu le couteau suisse de la création, ce gars.

Donc on s’est dit « il faut trouver quelque chose de plus petit, de plus court ». Jusque là, c’est bien, il y a plein de gens qui l’ont fait. On ne voulait pas faire la même chose que d’autres. Il y avait forcément des sujets que j’allais aborder qui avaient déjà été abordés ailleurs.

De fil en aiguille, c’était une discussion par téléphone qui a duré un bon moment, « tiens, tu connais les livres dont vous êtes le héros ? », je connaissais mais je n’avais jamais lu, ça ne m’avait jamais tenté.

Régis : Tu n’avais jamais lu ça ?

Joëlle : Non.

Régis : Moi, j’ai passé des heures et des heures à lire ça, dans une espèce d’ambiance fantaisiste. J’ai vécu ça, c’est formidable.

Joëlle : Mon frère en lisait beaucoup mais moi j’étais plutôt romans plus classiques, romans fantastiques, etc. Je m’en suis acheté un, j’en ai lu un pour bien comprendre le principe.

Puis j’ai fait un premier jet sur Check-list photographe de mariage mais je n’avais pas encore tout à fait compris, c’est-à-dire que j’ai mis une table des matières en images, en parcours, mais ce n’était pas encore exactement ça.

C’est-à-dire que je n’avais pas encore compris le truc, en fonction des questions que j’allais poser de renvoyer d’une page à l’autre. Donc pareil, il a revu un peu ma copie. Ok, une fois que c’est rentré, j’ai travaillé pour le premier Check-list photographe de mariage, le parcours il m’a pris 2 jours. Maintenant c’est bon, c’est fait, le parcours il me prend 1 heure.

Régis : Ce que tu appelles parcours, c’est la table des matières qui est visuelle. J’ai lu pas mal de livres, je n’ai jamais vu ça. Je pense que c’est un monde qui est très normé, très cadré, c’est vraiment super, c’est une très bonne idée.

Ça surprend au début, on est tellement habitué à voir cette table des matières avec une espèce de listes de puces, là c’est top. Autre chose que je voulais vraiment te dire, j’ai trouvé que c’était enfin un ebook intelligent qui utilise la puissance du PDF, il y a plein de liens qui sont cliquables à l’intérieur.

C’est tout bête mais on clique dans le sommaire, on clique sur la page qui nous envoie directement à la page. Un petit message à ceux qui font des ebooks, je pense d’ailleurs à moi aussi parce que c’est une bonne idée, tu as bien fait de le faire.

Joëlle : Ces livres ils existent en papier et en ebook. Les 2 existent. En ebook, tant qu’à faire des renvois d’une section à l’autre, ça paraissait normal de faire des liens cliquables. Pareil quand je renseigne un lien sur Internet qui est intéressant, je fais aussi des liens cliquables qui amènent de l’ebook au lien.

La table des matières comme tu disais, elle est entièrement visuelle, c’est un parcours, on prend le début du projet, par exemple pour l’édition j’ai mon idée, par quoi je commence, dans quel sens je vais.

Je prends vraiment le parcours chronologique dans le même sens que l’auteur dans l’autoédition va se poser des questions, pour qu’à chaque étape il trouve les réponses, j’espère que je n’ai rien oublié, à l’endroit dans le sens où il parcourt le livre.

Régis : Le mot parcours, c’est exactement ça, c’est vrai qu’il y a un chemin, on suit la flèche et au fur et à mesure qu’on avance dans le chemin il y a des encadrés qui correspondent aux différents thèmes et aux différentes pages du livre. Les chapitres sont dans des encadrés, qui sont eux-mêmes dans un chemin et dans une flèche. C’est très bien fait, c’est très visuel.

Joëlle : A la fin de chaque section, je pose des questions. Si je suis en telle situation, partir en page machin. J’ai fait tout ça, je n’ai pas besoin d’une aide pour la mise en page, je passe en page machin. C’est comme dans les livres où vous êtes le héros. Je n’ai rien inventé sur le principe.

Régis : C’est sûr.

Joëlle : Par contre, adapté au droit. C’est sympa.

Régis : Il y a le livre Mon éditeur et moi, il y a aussi Photographe de mariage : avez-vous pensé à tout et enfin J’édite mon livre tout seul. Tu sentais vraiment une demande des photographes sur ces 3 domaines-là ?

Joëlle : Je te rassure, il y en a 15 ou 20 autres en projet. Ça arrive. C’est simplement pour le photographe de mariage, j’avais déjà commencé à écrire le livre au moment où on a fait ce brainstorming, et donc c’était facile, c’était tout au début, j’avais le contenu, le contenu il est dans ma tête, ça fait partie de mes formations, je n’avais pas trop de travail à faire sur le contenu, de telle sorte que je pouvais axer mon énergie pour changer un peu ma méthode d’écriture. C’est venu comme ça.

Les 2 sur l’édition, j’avais commencé un sur l’édition classique. Avant ce fameux brainstorming où on allait créer Check-list, je voulais faire un livre classique sur l’édition en général avec une moitié qui soit sur l’édition classique, l’autre sur l’autoédition, j’avais même pensé à un truc qu’on pourrait renverser.

Mais c’était un peu techniquement pénible. Mais au moment où je suis partie sur cette Check-list, ça s’imposait d’en avoir 2. Mais je voulais qu’ils sortent en même temps. C’était un peu égoïste parce que je savais que si j’en sortais un sur l’édition classique, j’allais recevoir 150.000 mails par jour pour me dire « est-ce que ça parle aussi d’autoédition ? ». Autant qu’ils sortent ensemble.

C’était très intéressant parce que comme les 2 modes d’édition sont très différents au niveau légal, ce n’est  pas du tout les mêmes règles, c’était important d’en faire 2 distincts, c’était beaucoup plus logique. Celui qui se lance d’office dans l’autoédition, il n’en a rien à faire du reste, il achète juste celui qui l’intéresse.

J’ai vu des gens qui sont venus vers moi en me disant « merci, parce que j’étais parti direct vers l’autoédition, j’ai acheté les 2 et j’ai compris », comme ils ne maitrisaient pas bien Internet et qu’ils n’allaient pas pouvoir faire la com comme ils voulaient, en sachant qu’il avait déjà un contact avec un éditeur, il valait mieux partir sur une édition classique parce que ça correspondait mieux à son mode de fonctionnement, à ses compétences parce qu’il n’était pas branché Internet, ça ne le bottait pas du tout de faire la promo.

Il s’était rendu compte que l’autoédition, ça a des avantages mais aussi des inconvénients. Qu’il faut tout faire tout seul. Je suis contente, j’ai pu aiguiller la personne, en tout cas celle-là, directement vers ce qui lui correspondait le mieux.

J’ai eu un peu tous les cas de figure. Des gens qui me disent « c’est génial, mon projet il est juste au début, j’ai tout lu d’un coup, maintenant que je suis en train de le lancer, je reviens tous les jours sur une page différente en fonction de l’avancement. » C’est bien, parce qu’avec cette table des matières visuelle, il retrouve plus vite à quelle étape il en est. Il retrouve tout de suite la question et la confirmation de ce qu’il avait lu. Ça marche bien.

Régis : On a commencé à en parler des 3 livres que tu as faits pour l’instant chez cet éditeur. C’est sans aucun doute J’édite mon livre tout seul qui intéresse le plus les photographes animaliers, de nature.

Je vois bien dans les festivals et les salons que c’est un sujet qui revient souvent sur la table. On va dont découvrir ce livre ensemble si tu veux bien. Tout d’abord question vraiment super bête : c’est quoi l’autoédition ?

Joëlle : L’autoédition, c’est tout simplement s’affranchir du besoin d’avoir un éditeur classique entre guillemets, c’est-à-dire une société dont l’objet principal est de faire de l’édition de différents auteurs, et de gérer entièrement l’édition du début, de la prise des photos pour les photographes, jusqu’au moment où le livre est diffusé dans le circuit, d’un bout à l’autre.

Avec éventuellement se faire aider par un maquettiste, etc., mais on maitrise tout soi-même.

Régis : Est-ce que ça a toujours existé l’autoédition ou seulement depuis qu’Internet est là ?

Joëlle : Non, ça a toujours existé mais par contre il fallait beaucoup plus de moyens pour l’envisager. C’est pour ça qu’on en parlait beaucoup moins.

Parce que si on voulait s’autoéditer il y a 30 ans ou il y a 40 ans, ce n’est pas compliqué, on a l’argent, on prépare le fichier, il faut quand même avoir un peu de connaissances en informatique, on va voir un imprimeur, on crée une couverture, on commence à diffuser, à prendre son bâton de pèlerin ou aller voir un diffuseur pour négocier avec lui des conditions qui n’allaient pas forcément être intéressantes parce que le diffuseur et le distributeur ils allaient s’en moquer complètement d’un petit auteur.

Oui, techniquement ça pouvait exister. Mais maintenant Internet rend les choses beaucoup plus faciles parce qu’il y a tellement de plateformes qu’il y a l’embarras du choix.

Régis : Ton livre aborde tous les aspects de l’autoédition et quand on voit la table des matières, on la vu avec ce système de parcours qui est très bien fait, n’empêche qu’il y a beaucoup de choses, ça fait comme une grosse frontière à franchir.

Est-ce que tu ne trouves pas que ça peut faire un peu peur touts ces étapes-là ? Est-ce qu’il ne pourrait pas se dire « ça m’intéresse mais il y a quand même beaucoup de choses à faire » ?

Joëlle : C’est possible, en même temps j’aurais atteint le but si en lisant déjà les premières parties, il se dit « il y a à faire mais ce n’est pas si compliqué ». Demander un numéro ISBN, pourquoi je ne le ferais pas moi-même plutôt que demander à la plateforme de le faire.

Finalement référencer dans la base de données qui est accessible aux auteurs autoédités, ce n’est pas si compliqué, j’ai mis des captures d’écrans pour aider à chaque étape « vous faites ça, vous cliquez là » et là votre livre il sera référencé chez tous les libraires.

C’est ça que j’ai voulu faire. En plus au niveau de l’autoédition, je n’avais aucune connaissance de terrain, j’ai découvert en même temps, j’ai mis en forme en expliquant juridiquement, pour qu’il n’y ait plus qu’à suivre.

Régis : Il faut suivre le parcours, étape par étape.

Joëlle : Si on arrive à se dire après « j’avais peur, finalement ce n’est pas si compliqué », j’aurais gagné.

Régis : On ne l’a pas dit mais c’est une avocate qui vous prend par la main, c’est pas à pas. Tu le dis sur la couverture du livre, c’est exactement ça.

Joëlle : C’est l’éditeur qui a rajouté ça mais il n’a pas tort.

Régis : Le mot autoédition laisse penser que tout le monde peut le faire. Est-ce que c’est vraiment le cas ? Est-ce que tout le monde peut faire de l’autoédition ?

Joëlle : En théorie, l’édition c’est une entreprise commerciale, c’est une activité commerciale. Donc en principe il faut un numéro de SIRET qui correspond au moins à l’activité artisanale ou commerciale. Il y a des tolérances dans l’administration, c’est ça que j’ai voulu montrer aussi, c’est qu’on accepte qu’un artiste par exemple, un auteur photographe s’autoédite.

Le problème c’est que les critères posés par l’administration sont très flous, c’est expliqué dans le bouquin. Pour essayer de se prémunir contre les effets pervers de ça, c’est-à-dire pour être clair un redressement fiscal, il y a une précaution à prendre au début, une demande de rescrit fiscal à l’administration en décrivant bien son projet, en disant exactement comment on veut le diffuser.

Ce que j’ai fait, c’est que j’ai poussé jusqu’au bout en donnant un modèle de lettre qu’on peut compléter en fonction du projet qu’on a précisément et pour demander à l’administration de confirmer qu’on pourra déclarer ça comme bénéfices non commerciaux.

Après, je vais encore plus loin, j’explique si on a un SIRET ou si on n’en a pas, si on a un SIRET d’auteur en fonction de son régime fiscal comment on va faire pratiquement pour déclarer les revenus de cette activité-là dans sa déclaration de revenus.

Régis : On l’a vu, il y a plein d’étapes, c’est normal, c’est quand même une opération qui est complexe, mais dans ton livre tu l’expliques très bien, tout est expliqué, tu le fais pas à pas, c’est vraiment un bonheur de lire les différentes étapes.

Tu vas pouvoir lever une grande frustration chez moi, parce que depuis que je lis des livres, ça remonte à loin quand même, je vois ces 2 mentions barbares qui me narguent depuis le début, c’est ISBN, ISSN. C’est quoi ces machins ?

Joëlle : ISBN, c’est International Standard Book Number. C’est donc un code international qui permet d’identifier chaque livre en fonction de son origine, du pays où il a été édité, de la langue.

Récemment, je l’ai expliqué dans le livre, ça a changé. Le code ISBN en fait c’est le code 13 chiffres qu’il y a sous le code barre à l’arrière des bouquins, qui se décompose en différents segments. Il y a un segment pour l’éditeur ou pour l’auteur autoédité, il recevra son propre segment, des chiffres après et une clé de contrôle comme une clé rib.

Régis : Chaque chiffre a sa propre signification ?

Joëlle : Oui. Ça permet d’identifier chaque livre. C’est même plus parce que le même livre, mon livre en version papier n’a pas le même numéro ISBN que mon livre en version ebook. Parce que ça dépend aussi du support.

J’explique comment obtenir un segment ISBN, quelques numéros, comment les appliquer, j’explique même comment faire le code barre qui va avec, à quel endroit il faut le mettre, quand il faut le mettre, etc.

Ce numéro-là permet d’être référencé partout dans le monde. Comme c’est un truc international, chaque pays a sa façon de numéroter. Avec ce code, n’importe quelle base de données dans le monde qui répertorie les livres peut retrouver le livre de l’auteur en question.

Régis : Si je ne fais pas ce dépôt légal, si je ne fais pas ce référencement, est-ce que c’est un risque au niveau de l’administration ou c’est juste que je perds la puissance du référencement et de me faire retrouver par quelqu’un qui voudrait me lire ?

Joëlle : C’est les 2. Tu es obligé de le faire. Dès le moment où le livre est en diffusion, tu es obligé de le faire. En plus tu perdrais la possibilité d’être référencé, ce qui serait quand même dommage parce que le but de l’édition, même si on est autoédité, c’est quand même qu’on lise le livre, qu’on le vende.

Si on fait des bénéfices, tant mieux mais en tout cas qu’on nous lise. Le référencement après dans les bases de données des libraires, il existe en France 2 bases de données, il y en a une qui est accessible qu’aux éditeurs professionnels, il y en a une autre qui est accessible à tout le monde, y compris les auteurs autoédités, ce qu’ils ignorent souvent.

Ce qui fait qu’ils ne se référencent pas, ils ont l’impression qu’il suffit du bouche-à-oreille. Non, ils peuvent très bien se référencer. Chaque libraire qui aurait connaissance du bouquin parce qu’un client vient le voir en disant «  je cherche ça », « je ne connais pas », là il a directement les références pour contacter l’auteur autoédité. Ce serait dommage de s’en passer.

Régis : Bien sûr. Une fois que le livre est écrit, il y a plusieurs façons de le faire imprimer. On peut confier ça à une plateforme d’autoédition en ligne ou au contraire tout faire soi-même. Question très simple : c’est quoi le mieux ?

Joëlle : Je crois qu’on n’est pas équipé pour tout faire soi-même. Tu veux dire contacter un imprimeur ?

Régis : Oui.

Joëlle : C’est tout à fait possible. Ça va vraiment dépendre de chaque personne. Je crois que de manière générale pour touts les livres qui se lisent sans contrainte technique particulière, les plateformes d’autoédition en ligne sont plus concurrentielles pour le prix, bien que ce soit un choix personnel.

Après quand je vois dans les livres photos, quand je vois le succès des imprimeurs comme Escourbiac, la qualité qu’il propose, il y en a d’autres, mais c’est le plus connu pour l’instant, c’est forcément très particulier parce que pour la photo on a envie d’un papier qui soit à la hauteur de ce qu’on imagine pour notre travail photo.

C’est sans doute bien plus important de passer par un imprimeur qu’on choisit, avec lequel on travaille en direct pour un livre de nature photographique que pour un roman pour lequel les contraintes sont beaucoup moins importantes.

Régis : Je reviens sur ton système de parcours, j’insiste, mais c’est très efficace parce que la question que je viens de te poser, est-ce qu’il vaut mieux faire soi-même ou alors utiliser une plateforme d’édition, le parcours permet de bien répondre à cette question.

Tu as des encadrés qui sont des questions qui permettent d’aller directement au contenu essentiel du livre, c’est vraiment très efficace.

Joëlle : Parce que d’abord les gens peuvent se poser des questions ou peut-être partir sur une mauvaise direction, parce qu’on leur a dit ceci, cela. En lisant le livre se dire « finalement ça ne correspond pas à mon projet ».

Je reprends la distinction livre photo et roman, pour un roman on n’a pas forcément besoin d’aller voir un imprimeur qui va travailler sur mesure. Tant mieux si on le fait mais si on ne peut pas se le permettre financièrement et que ça bloque le projet, pourquoi ne pas trouver une solution moins onéreuse.

Parfois la solution moins onéreuse, la prochaine fois on pourra faire mieux ailleurs, c’est peut être juste un début.

Régis : Je ne sais pas si tu as le droit de le dire Joëlle mais quelle est la plateforme d’autoédition que tu pourrais conseiller aux auditeurs ? Dans le livre tu en cites quelques-unes mais tu n’orientes vers aucune de celles-ci. Est-ce que tu pourrais nous dire si personnellement tu en trouves une mieux faite, plus intéressante au niveau des prix ? Est-ce que tu peux le dire, ça ?

Joëlle : D’une part je ne pourrais pas trop mais surtout je ne me suis pas amusée à parcourir les interfaces, j’ai juste regardé les conditions générales parce que ce qui m’intéresse c’est la façon dont ils vont traiter légalement et juridiquement les relations avec les auteurs.

C’est pour ça que je dis dans le livre « attention, bien sûr certaines plateformes vous proposent plus de prestations comme par exemple demander le numéro ISBN à votre place, par facilité vous pourriez dire oui mais rendez-vous compte que si après vous n’êtes plus content de la plateforme ou que vous voulez vous autoéditer autrement, faire appel à un imprimeur de votre côté, ce numéro ISBN qui est au nom de la plateforme, il est perdu. Ça veut dire que tout le référencement que vous avez fait avec ce numéro-là, il faut le recommencer avec un autre numéro après ».

Donc il y a des choix à faire dès le départ. Tout comme j’explique aussi comment choisir le livre du prix, comment il faut tenir compte de la TVA même si on n’y est pas assujetti, ça c’est des choix qu’il faut faire tout au début. Il ne faut pas commencer à se poser la question du prix quand il s’agit d’expédier le premier exemplaire qui est vendu.

Régis : Les plateformes qui sont dans le livre, dont tu parles un petit peu, tu les cites, elles sont toutes bonnes, il n’y en a pas une plus mauvaise qu’une autre, c’est à l’utilisateur d’aller se faire son avis en fonction des conseils que tu donnes.

Joëlle : D’une part et surtout d’aller se renseigner, aller voir sur des forums en ligne, voir si ceux qui ont édité sur cette plateforme-là s’ils n’ont pas eu des tracas. J’ai vu passer dans certaines jurisprudences un peu tout le temps les mêmes plateformes, ça veut dire qu’il y a eu plus de conflits avec eux.

Régis : On peut les trouver sur Internet ces informations-là ?

Joëlle : On peut les trouver quand on est abonné à des banques de données juridiques en ligne. Déjà il faut être bien conscient qu’on signe, c’est comme pour tout contrat, mais c’est la même chose.

Les gens ils ne se rendent pas compte mais c’est un peu pour expliquer que les gens ne se rendent pas compte ce que c’est qu’une autoédition, c’est une entreprise commerciale et pas un contrat d’édition, je vois parfois passer des gens qui me disent « j’ai autoédité mon livre, je suis tout content, je viens de recevoir mes droits d’auteur ».

Non, ils n’ont pas reçu des droits d’auteur. Une plateforme technique d’autoédition en ligne, ce n’est pas un éditeur. Elle ne vous verse pas des droits d’auteur, elle vous verse des bénéfices industriels et commerciaux. Que vous ayez un accord pour les déclarer en BNC d’accord. Ce n’est pas du tout la même protection, ce n’est pas du tout la même technique.

La plateforme c’est un intermédiaire technique à qui vous allez payer des frais pour l’impression des livres, des frais pour l’expédition, des frais pour la mise en ligne dans leur base de données, des frais pour l’expédition aux acheteurs ou en PDF, etc.

Mais c’est tout. La plateforme va se prendre une commission sur les ventes des livres en plus des frais d’impression, et vous versez ce qui reste. Ce qui reste ce n’est pas des droits d’auteur. C’est totalement différent.

Régis : J’espère que vous vous rendez compte à quel point Joëlle est compétente, elle explique ça avec passion. Dans son livre on ressent évidemment cette passion et la compétence, parce que c’est quand même ton métier. Tout ça est très bien expliqué. Le problème avec ton livre, Joëlle, enfin ce n’est pas un problème, c’est qu’il est hyper complet.

On ne peut pas tout aborder ici en même pas une heure d’interview, ce serait beaucoup trop long. Tu expliques vraiment tout, comment fixer le prix du livre, comment savoir s’il se vend bien, s’il se vend mal, comment réagir en cas de plagiat, en cas d’accusation de plagiat, et j’en passe évidemment. On retrouve à la fin, j’ai apprécié aussi, ce truc qui est vraiment top, c’est la fameuse check-list.

Joëlle : La vraie check-list.

Régis : La vraie check-list, et elle est cliquable en plus sur la version PDF, sur l’ebook.  Ça j’aime bien. Par contre je n’ai pas eu d’explication sur la notion de bestseller. Est-ce que tu peux m’éclairer là-dessus ?

C’est un peu comme dans l’industrie du disque, au bout de 500.000 ventes, c’est disque de diamant je crois et un million c’est disque de platine. Est-ce qu’il y a des choses aussi réglementées pour la notion de bestseller ?

Joëlle : Je n’ai jamais entendu qu’il y avait une réglementation. Je crois que le bestseller c’est l’éditeur qui fait la promo quand il a un livre phare, il va dire c’est un bestseller et après il y a des plateformes en ligne, j’ai un ami qui vient d’autoéditer un livre en ligne sur Amazon qui marche très bien et qui à un moment a dit « mon livre est dans le top 10 des livres Kindle, c’est un bestseller .

Mais ce n’est pas une appellation contrôlée. Evidemment il ne faut pas se moquer des gens, le truc qui a été vendu 4 fois avec 4 clics « j’aime » sur Amazon, indiquer que c’est un bestseller, c’est ridicule. Ça ne sert à rien et ça va surtout décrédibiliser l’auteur. Attendons de parler de bestseller quand le livre a fait un tabac.

Régis : C’est un peu comme la mention « Vu à la télé » ?

Joëlle : C’est marketing, c’est tout. Je ne m’amuserai jamais et je suis persuadée que mon éditeur 29bis ne le fera jamais de dire Check-list mariage c’est un bestseller. Ça m’est égal. On dit ça pour rigoler quand je travaille avec un auteur. « Viens, on va écrire notre bestseller ». Mais c’est juste pour rigoler.

C’est du marketing. Après, comparer à d’autres bouquins on n’est pas bestseller du tout. Si on se vend, si on aide les gens, ça fait partie du partage. Je suis contente quand les gens achètent mes livres et surtout qu’ils viennent me dire après « ça m’a aidé, ça m’a évité des erreurs », je suis super contente.

Régis : C’est irremplaçable.

Joëlle : C’est génial. Ça ne remplit pas le frigo mais c’est génial.

Régis : Ça remplit d’énergie en tout cas. Ça fait du bien. Vous l’avez compris, j’ai adoré le livre de Joëlle, sa façon de le lire, les encarts, les textes de loi. Je ne l’ai pas dit mais régulièrement tu as un encart avec les textes de loi, ça c’est aussi important.

Joëlle : Dans cette collection-là, je n’ai pas voulu mettre trop de textes de loi, j’ai voulu limiter au strict minimum, parce qu’il y a quand même pas mal de lois qui sont relativement mal rédigées ou pas compréhensibles.

Donc quand ce n’était pas compréhensible, je n’ai pas mis d’article, j’ai juste paraphrasé pour qu’il soit clair. Quand l’article parle de lui-même et que c’est compréhensible par tout le monde, je l’ai mis. Quand je le mets, je fais un renvoi cliquable vers le site Légifrance où l’article se trouve in-extenso.

Régis : Exactement. C’est vraiment super bien, c’est très pratique. Où est-ce qu’on peut le trouver ce livre ?

Joëlle : On peut le trouver en ebook sur le site de l’éditeur : www.29biseditions.com, et en papier soit chez votre libraire en le commandant soit sur Amazon. Ça arrive chez Fnac aussi.

Régis : Juste avant de terminer, Joëlle, où est-ce qu’on peut te trouver sur le Net ? Tu as ton blog. Je ne sais pas si tu as dit l’adresse. Est-ce que tu peux la rappeler ?

Joëlle : Mon blog c’est blog.droit-et-photographie.com. De toute façon, il y a un truc beaucoup plus simple, tu tapes Joëlle Verbrugge dans Google, tu vas tomber sur mon blog, sur mon site de photographe.

Régis : Justement je ne l’ai pas trouvé ton site de photographe.

Joëlle : C’est joelle-verbrugge-photographe.com. Mais pareil, en tapant mon nom dans Google, on retrouve tout. Sinon très simple, j’ai une page Facebook de photographe, une page qui s’appelle joelle-verbrugge-auteur-mes-livres où j’indique tout ce que je sors comme livre, il y en a plein qui arrivent, il y a une page droit et photographie. Il y a moyen.

Régis : Je vous invite à aller voir le livre évidemment parce qu’on en a beaucoup parlé mais aussi aller voir les photos de Joëlle parce qu’elle fait de très belles photos, j’ai vu ses photos de concerts qu’elle avait partagées avec moi aussi, il y a de très jolies choses.

Rien que pour le plaisir des yeux aussi, allez voir ce qu’elle fait. Merci beaucoup Joëlle, c’était un excellent moment. J’espère que le son n’aura pas été trop perturbant. En tout cas, nous ça nous a permis de faire une interview tout à fait sympa.

Joëlle : Merci. Parce que depuis le temps que je te lis, c’est cool de se voir en direct. Ça fait au moins 5 ans qu’on se croise dans tous les sens, on n’avait jamais pris ou eu l’occasion de vraiment parler, d’échanger. C’est un peu grâce à l’interview que tu avais faite de Nicolas Poizot que je me suis penchée plus sur des podcasts.

C’est un peu ma faute si je ne m’étais pas penchée là-dessus avant. En écoutant le podcast de Nicolas, je me suis dit « c’est vraiment chouette, c’est convivial, c’est une manière sympa de parler d’un travail ». J’ai eu envie de faire pareil. Merci d’avoir accepté, c’est cool.

Régis : Merci Joëlle, à bientôt.

Joëlle : A bientôt.