Les lapins de garenne sont des animaux extrêmement méfiants, avouez qu’on le serait pour moins que ça vu le nombre de prédateurs qui les pourchasse : renards, blaireaux et buse variable par exemple … et nous, les humains ! Ah … la dure vie de proie. J’en parle justement dans deux précédents articles sur des deux meilleurs ennemis : le renard et le blaireaux
Sachant ceci, je comprends mieux pourquoi un certain nombre de mes séances d’affût ne me satisfont pas concernant la proximité que je peux avoir avec l’animal. Autrement dit, je trouve que parfois les lapins ne se rapprochent parfois pas assez de mon affût pour faire les images que j’ai en tête.
Ca n’est pas grave et vous allez voir qu’il faut savoir faire contre mauvaise fortune bon coeur, autrement dit, tirer le maximum de situations à priori pas idéales.

Ne pas se décourager

Si au bout de 30 minutes d’affût, vous perdez déjà patience et pensez à plier bagages, vous avez tout faux. Désolé d’être aussi brutal. Un photographe animalier bien connu – Jérôme Salvi – affirme que ces affûts durent au minimum 3 heures.

Lors de mon dernier affût aux lapins de garenne, je suis arrivé trop tard sur les lieux : le soleil se levait à peine, et pourtant les lapins commençaient déjà à rentrer dans leurs terriers. J’ai bien sur très vite compris que je n’en verrai pas un seul mais malgré tout, je suis resté … au moins trois heures … têtu le photographe animalier :). Et je ne le regrettais pas car toute une ribambelle de passereaux passaient et repassaient devant mon affût : des bergeronettes grises, des serin cini, des mésanges, des moineaux, et même des grimpereaux des bois ! Un serin cini s’est posé à une trentaine de centimètres de l’affût, à l’entrée d’un terrier de lapins, je l’entendais décortiquer sa nourriture ! Inutile de vous dire que le reflex a chauffé sévère 🙂

Le naturaliste et écrivain Robert Hainard avait cette magnifique formule :  » il faut être patient jusqu’à fatiguer la chance  » . Pensez à cette phrase 🙂

un grimpereau des bois

Un grimpereau des bois près des terriers de lapins

PENTAX K100D + Sigma 70-300 à 300 mm – f/5.6 – 1/500 – 800 ISO – Bean Bag

Savoir s’adapter à la situation : l’exemple d’une ombre chinoise de lapin

Lors d’une autre sortie, le vent ne cessait de changer de direction et les lapins ont dû finir par sentir une odeur qui ne les mettait guère en confiance : la mienne 🙂 . Pour la proximité, ce serait pour la prochaine fois ! Mais bon, fidèle a ma persévérance ;), je suis resté … rappelez-vous, Robert Hainard 😉 . J’ai attendu le coucher de soleil pour réaliser une photo peu classique. J’aurais pu laisser l’appareil gérer l’exposition mais ça n’aurait donné qu’une image banale d’un Lapin pris de trop loin. J’ai donc verrouillé l’exposition sur le ciel et fait la mise au point sur le lapin. C’est sûr, cette technique n’a pas rapproché l’animal, par contre, la photo obtenue est originale et attire bien plus l’attention non ?
Je pense avoir su tirer le maximum d’une situation peu favorable : le Lapin trop loin et en contre jour.

lapin de garenne en contre jour

Un lapin de garenne en contre jour

PENTAX K100D + Sigma 70-300 à 300 mm – f/5.6 – 1/1500 – 800 ISO – Bean Bag

S’imprégner de tout

Les deux précédentes astuces étaient à appliquer sur le terrain, celle-ci est plus un travail sur le long terme. Je m’explique : quasiment quotidiennement je regarde des photos nature sur tout un tas de supports. Pas par obligation mais avant tout par plaisir, et certaines photos me marquent. Si j’ai eu l’idée de ce contre jour c’est que j’ai forcement vu un jour une image de ce type. Bien sur pas exactement un lapin de garenne comme celui-ci mais dans le même genre! Bref, à mon avis, vous serez beaucoup plus réactif et saurez vous adapter à toute situation si vous avez en tête des tonnes d’images.
Alors achetez des magazines spécialisés, allez voir des expos, surfez sur le net, bref, im-pré-gnez vous !

Et vous, quels sont vos astuces pour faire des photos intéressantes en toutes circonstances ? ( et tant pis si ça n’est pas sur les lapins 😉 )