Se rapprocher ET photographier les oiseaux

[4/4] - Temps de lecture : 4 min.
Par Régis Moscardini

Photographe animalier professionnel

Sommaire des 4 leçons gratuites :

Leçon #1 : pourquoi photographier les oiseaux – à lire ici

Leçon #2 : Connaitre les oiseaux – à lire ici

Leçon #3 : Où trouver les oiseaux – à lire ici

Leçon #4 : Se rapprocher ET photographier les oiseaux – celle que vous lisez

Nous y sommes ! Enfin arrivés à l’étape qu’on attend tous en tant qu’observateurs passionnés des oiseaux. 

Mais ne voyez surtout pas les étapes précédentes comme une contrainte ou pire comme une corvée. 

Premièrement parce que c’est indispensable, exactement comme un apprenti musicien qui découvre un nouvel instrument, avant de faire son premier concert, il doit passer par des étapes de découverte, d’apprentissage.

Considérez donc vos sorties photos dédiées aux oiseaux comme vos concerts et tout ce qui se passe avant est l’entraînement.

Deuxièmement parce que les premières étapes sont super sympas à faire ! Personnellement j’aime en apprendre plus sur les oiseaux que je photographie. J’aime partir à la recherche de nouveaux spots photos qui répondent aux critères donnés dans la leçon 3. J’aime me poser retrouver en pleine nature, même sans appareil, juste pour observer, surveiller, et faire mes premières découvertes.

Mon conseil : vous devez considérer la photographie d’oiseaux comme un grand paquet qui comprend : la photo, ok, mais aussi et surtout les connaissances naturalistes, les repérages de terrain, les temps d’attentes. On pourrait appeler ça : le pack Oiseaux 

Dans ce pack, il vous reste à savoir comment :

– être proche des oiseaux

– les photographier

Commençons par le premier.

Être proche des oiseaux, la méthode

Souvenez-vous, le sens le plus efficace chez les oiseaux, c’est la vue. N’imaginez pas non plus qu’ils soient sourds ! Ils entendent également très bien.

Aussi, je vous rappelle que la grande majorité des oiseaux que vous voudrez photographier sont des proies. Cela signifie qu’ils sont « programmés » pour surveiller et fuir. D’autant que nous autres, êtres humains, sommes des prédateurs en puissance.

Mais si vous optez pour des oiseaux de proies, c’est çà dire des rapaces, leurs sens sont également très aiguisés (et même pour eux, nous sommes des prédateurs)

Bref, pour des raisons différentes (survie dans un cas, prédation dans l’autre) les oiseaux sont véritablement inapprochables en avançant directement vers eux.

Et quand bien même vous réussiriez à vous approcher par surprise, dès votre découverte par l’oiseau, il partira sans que vous n’ayez eu le temps de rien faire.

Car n’oubliez pas que les oiseaux ont un immense avantage sur nous autres les terriens : ils ont le ciel pour fuir. Ils vont aussi en ligne droite (l’expression « à vol d’oiseau » ne vient pas de nulle part). Et puis pas la peine de s’embêter avec la végétation pour vite se réfugier ailleurs.

Tous ces éléments mis bout à bout font que s’approcher des oiseaux relève de la mission impossible. 

Heureusement, il existe une méthode pour être assez proche d’eux pour les photographier.

Une petite parenthèse : être proche des oiseaux n’est pas une fin en soi. Simplement observer un être vivant dans son milieu naturel à quelques mètres voire dizaines de centimètres est juste … exceptionnel.

En fait il y a deux façons de faire.

#1 – La méthode du jardinier.

Pourquoi ce nom ? Parce que les jardiniers sont bien connus pour avoir toujours des passereaux quasiment dans leurs pieds sans que ceux-ci ne s’enfuient. Pourquoi ?

Déjà parce qu’en remuant la terre, le jardinier met à disposition des vers et autres petites bêtes à grignoter. Rapide et pratique.

Aussi et surtout parce que ce même jardinier n’en a que faire des oiseaux ! Il s’en désintéresse totalement. C’est précisément cette attitude qui rassure les oiseaux et qui les incite à ne pas s’enfuir.

Le problème c’est qu’en tant que photographe, vous avez exactement l’attitude opposée à savoir être trèèèèès intéressé par l’oiseau. Et ça, il n’aime pas ! Il déteste même car cela le place en situation de proie.

Quoi faire ? Devenir un photographe jardinier ?. C’est à dire faire « comme si » vous vous fichiez complètement de l’oiseau convoité :

– avancer en Zig-zag plutôt qu’en ligne directe

– ne jamais regarder le sujet directement

– ne pas le surveiller directement

– pourquoi par tenter d’approcher à reculons.

Cette méthode du jardinier n’est pas miraculeuse. Elle fonctionne pas trop mal sur les petits passereaux des jardins déjà habitués à la présence des hommes. Par contre, vous pourrez faire tout ce que vous voulez sur des espèces moins commensale, ça ne marchera pas.

#2 – La méthode du mannequin

Voilà un autre nom énigmatique! ?. Il ne s’agit pas du mannequin du genre top-model mais du bon vieux mannequin en plastique des vitrines de magasins.

Pourquoi lui ? Parce qu’il ne bouge pas, qu’on peut le mettre dans la position que l’on veut et avec toute sorte d’habits ! Idéal !

Cette méthode est celle de la passivité. Ce n’est plus vous qui allez à la rencontre des oiseaux, ce sont eux qui viennent vers vous … sans savoir que vous êtes là évidemment.

Comment les leurrer ? En vous mettant en mode mannequin donc … mais avec ces caractéristiques :

– adoptez une position la plus recroquevillée possible (accroupi, assis, allongé, à genoux) l’idée étant de casser votre morphologie humaine.

– mettez des habits neutres de type randonnée, marrons, verts, unis. Si vous pouvez, des habits aux motifs de l’armée est plus efficace.

– adossez-vous contre un élément naturel comme un tronc d’arbre, une haie, un rocher …

– cachez obligatoirement votre peau d’être humain qui vous trahi direct. Gants, tulle devant le visage, casquette, …

C’est bon ? Votre mannequin est placé ? ? Eh bien attendez le retour au calme, attendez que l’animation due à votre présence s’apaise et les oiseaux reprendrons leurs activités.

 

Photographier les oiseaux : la technique

Avant d’appuyer sur le déclencheur, la première chose à faire est :

vous demander quel type de photo vous souhaitez faire.

De cette question, et surtout de la réponse que vous y apportez, découle la totalité des réglages que vous ferez ensuite.

Photographier, vous savez, c’est simple. C’est juste un court processus de 4 étapes :

#1 : quelle est mon intention photographique ?

#2 : quels réglages je fais pour y arriver

#3 : quelle composition j’adopte pour y arriver.

#4 : à quel moment je déclenche

Le reste, c’est accessoire.

Donc plutôt que de longs discours (d’autant que cette leçon commence à être longue!?) je vais simplement décortiquer une de mes photos en commentant justement ce processus de 4 étapes.

Voici la photo : 

Il s’agit d’une jeune bergeronnette photographiée sur les berges d’une petite rivière en Bourgogne.

#1 : quelle était mon intention photographique ?

Je voulais obtenir un portrait simple de l’oiseau qui le mette en valeur dans son environnement.

Je voulais qu’il soit facilement identifiable, mais que son habitat le soit aussi … tout en restant dans une photographie de type artistique.

Je voulais enfin que l’oiseau soit parfaitement nette, avec aucun flou de bougé. Ses mouvements devaient être figés.

#2 : quels réglages j’ai fais pour y arriver

Connaissant mon intention, il m’était alors facile de choisir les bons réglages. Je me suis mis en priorité à l’ouverture à f/5.6. Avec mon 300 mm f/4, je pouvais être à pleine ouverture mais j’aurais eu plus de flou d’arrière plan, or, je voulais conservé « un peu » de netteté.

Avec cette ouverture à f/5.6, mon reflex me proposait la vitesse de 1/500. Cet oiseau marquant des petites pauses régulières dans son comportement, cela pouvait aller pour figer le mouvement de l’oiseau.

La lumière était très uniforme donc je suis passé par une mesure de lumière matricielle (c’est à dire prenant en compte toute l’image)

Enfin, j’ai choisi le mode déclenchement en rafale pour assurer une belle prise de vue.

#3 : quelle composition j’adoptais pour y arriver.

Pour mettre en valeur un oiseau (et n’importe quel animal d’ailleurs) il faut autant que possible se mettre à sa hauteur. Cela donne de la puissance à votre photo car le spectateur peut plus facilement se mettre à la place du sujet. C’est comme s’il pouvait « entrer » dans l’image. 

Ici, je me suis tout simplement allongé, au sol, en mode mannequin plastique ?. J’ai attendu une bonne dizaine de minutes avant que ma présence soit à peu près acceptée et que l’oiseau reprenne ses activités à deux mètres de moi. 

J’ai choisi de placer la bergeronnette en bas de l’image pour avoir un arrivée plan assez suggestive où on voit quelques pierres, et l’eau bleue en fond. 

#4 : à quel moment j’ai déclenché 

J’ai tout simplement attendu que mon sujet veuille bien se placer sur un point « haut » de la scène pour qu’il puisse se détacher du sol un peu brouillon. 

Une fois sur la pierre, je devais être prêt pour déclencher. Donc mes réglages étaient bien évidemment prêts à l’avance. Il me suffisait donc de déclencher une courte rafale pour avoir une série de 6 images et pouvoir choisir la meilleure d’entre elles en post-traitement. 

Cette leçon était la dernière de la série. Un peu plus longue que les autres, j’espère vraiment qu’elle aura répondu à vos attentes.

Demain, je vous parle de mon programme Premium pour apprendre à photographier les oiseaux. Alors si vous avez déjà appris des choses avec la formation gratuite, la formation Premium, elle, va plus loin, beaucoup plus loin.

J’ai hâte de vous montrer tout ça.