Photographier les animaux des campagnes

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Par Régis Moscardini

Photographe animalier professionnel

Sommaire des 3 leçons gratuites :

Leçon #1 : L’étape cruciale et déterminante – celle que vous lisez

Leçon #2 : Les affûts : où, combien, comment ? – (à lire mercredi)

Leçon #3 : Un outil peu utilisé mais efficace – (à lire jeudi)

OUVERTURE DES INSCRIPTIONS « Masterclass Photographier les Animaux des Campagnes » – Vendredi 2 juillet

Photographier les animaux sauvages de nos campagnes est largement plus difficile que photographier un lion dans la savane.

Certes, en théorie, la faune de chez nous est à proximité. Pas la peine de faire des milliers de kilomètres. Pourtant, il n’y a rien de plus difficile et aléatoire que de vouloir photographier le chat forestier (par exemple).

La raison ? La forte pression humaine exercée sur la faune locale depuis des milliers d’années. Nous, êtres humains, sommes les plus grands prédateurs terrestres et ça n’est pas le chevreuil du bois d’à coté qui me contredira.

Difficile donc, mais pas impossible.

À condition de préparer soigneusement ses sorties photos. Sans ça, toutes vos sorties seront vouées à l’échec.

Au mieux, vous aurez une photo d’une buse décollant d’un arbre à 200 mètres, au pire, et dans 90 % des cas, rien du tout. 

Connaitre le terrain

La bonne préparation pourrait se résumer en 3 mots : connaitre son terrain. C’est capital pour en tirer le meilleur.

Que ce soit un vallon, un petit bois, quelques centaines de mètres d’une rivière, ou encore une succession de champs jouxtant une route, vous n’aurez pas d’autres choix que de devenir un expert de votre terrain de jeu.

Je le dis autrement : vouloir photographier la faune sauvage dans les pays européens francophones ne peut se faire que SI AVANT vous avez passé du temps à faire de la randonnée répétée dans un même petit secteur (celui où vous voulez faire vos photos, vous l’avez compris)

Pourquoi ?

Il n’est pas possible de photographier dans les règles de l’art ET dans le même temps vouloir se repérer, regarder sa carte, prendre des notes, des photos au téléphone pour mémoriser …

Vous savez, le cerveau humain est ainsi fait : nous ne pouvons réaliser qu’une chose à la fois (femmes et hommes ! 🙂 –

Il s’agit donc de, je me répète, choisir un petit secteur tout près de chez vous (plus c’est près, plus on peut s’y rendre souvent).

Comment choisir son secteur ? 

Comment le choisir ? Vous pouvez appliquer cette règle : les zones naturelles les plus susceptibles d’être visitées par les animaux sont celles qui sont au carrefour de plusieurs biotopes.

Idéalement : une surface devrait avoir des bois, des prés et des points d’eau ou berge de rivière.

Rien de plus simple à repérer en utilisant un outil comme Geoportail ou Google Maps en activant la vue Satellite.

Pour la taille de terrain à prospecter, quelques hectares sont largement suffisants pour une zone (ça peut être dans les 300 à 500 m2) 

Cela vous semble peu. Ça l’est. Mais pour commencer, c’est idéal. Ensuite, dans les années futures, vous finirez par « posséder » plusieurs zones, à différents endroits.

Quand c’est trouvé, enfilez vos meilleures chaussures de marche, et partez découvrir cette zone. Simplement en mode découverte. Sans appareil photo autre que celui du téléphone. Sans but particulier, si ce n’est celui de « faire connaissance » avec ce nouvel endroit. 

N’y allez pas n’importe quand. Privilégiez, si possible, les heures de plein milieu de journée, moments pendant lesquels les animaux sont moins actifs. Vous risquez moins de les déranger.

Rien ne vous empêche de commencer à prendre des notes et déjà repérer d’éventuelles traces animales, mais j’insiste, l’idée au tout début est de s’approprier le nouveau secteur.

J’aime bien, pour ça, dire qu’il faut faire exprès de s’y perdre. Déambuler, aller là où notre instinct nous mène.

Se perdre et retrouver son chemin grâce à des éléments naturels marquants est le meilleur moyen de découvrir un nouveau site.

Je ne peux pas vous dire combien de sorties il vous faudra, tout dépend de votre capacité à arpenter. Mais disons que 2 ou 3 sorties, comme ça, en mode « je verrais bien où le vent me mène », parait pas mal pour commencer à devenir intime avec le secteur.

Que devez-vous chercher ?  

Ensuite, c’est l’étape de la recherche d’indices de présences animales qui vous attend.

Et pour celle-ci, abandonnez vos habits de « découvreurs ». Prenez ceux de Détectives ! Car vos prochaines sorties seront sur un tout autre mode, faites selon une approche qui doit vous amener littéralement à « être un autre ».

Ce que j’entends par là ? Ça va peut-être vous faire sourire : laisser de coté vos habitudes d’humain civilisé afin de remettre la main sur votre animalité. Laisser vos sens reprendre le contrôle de vos décisions.

Agir en animal.

C’est exactement ce que je fais quand je suis à la recherche d’indices. Je me mets dans la peau d’un homme préhistorique qui n’a pas d’autres choix que de retrouver la trace d’un animal s’il veut le retrouver pour le manger … ou s’il veut fuir … tout dépend de l’animal ! 🙂

Donc tout est bon à prendre : traces de passages répétés au sol, trous creusés dans l’herbe, mottes de terre, végétaux grignotés (on dit abroutissement), mais aussi restes de repas, plumes, vols d’oiseaux, cris, chants, …

Toute forme de présence passée ou présente d’un animal est à relever.

Cela fera beaucoup d’informations. Pour les retenir et pouvoir y retourner en temps voulu, je n’ai rien trouvé de mieux que d’aller sur GoogleMaps, de me créer un compte et marquer les points d’intérêts directement depuis le terrain.

J’aurais préféré le faire avec GeoPortail, mais leur application ne permet pas d’enregistrer des points d’intérêts depuis le téléphone. 

Si vous faites tout ça, vous finirez pas posséder une connaissance intime du terrain et enfin pouvoir anticiper vos premières séances photos.

Donc …

Je vous retrouve dès demain pour la 2ème leçon de la série.