Michel d’Oultremont est un photographe belge de renommée mondiale, ayant notamment remporté à plusieurs reprises des prix parmi les plus prestigieux dans le monde de la photo animalière.

Il s’apprête à sortir un livre attendu par beaucoup d’entre nous : Hokkaido.

Je l’avais interviewé à deux reprises sur le blog, comme ici et .


Bonjour, Michel, peux-tu te présenter pour ceux et celles qui ne te connaitraient pas encore ?

Salut Régis,

Je m’appelle Michel d’Oultremont, j’ai 27 ans, et je suis photographe de la vie sauvage.

Cela fait maintenant 5 ans que j’ai fait de cette passion ma profession. Ce n’est pas une voie facile, mais c’est tellement passionnant que j’ai tout de même décidé de me lancer dans cette aventure.

Tes images ont déjà été reconnues dans plusieurs grands concours photo comme le Wildlife Photographer of the Year qu’est ce que cela te fais ?

C’est une grande joie c’est certain : remporter deux fois le /Rising star award/ en 2014 et 2018 est une grande fierté ! C’est un peu le Saint-Gall pour tout jeune photographe de la faune sauvage, alors l’avoir reçu deux fois c’est extraordinaire.

Après, comme tous concours c’est un jeu et je le prends vraiment comme tel.

Parfois on a la chance de remporter un prix et parfois non. Cette course au titre m’exaspère de temps en temps… Certains pensent à faire des images uniquement dans cette voie, essayer à tout prix de recevoir un titre dans l’un ou l’autre concours et ça c’est vraiment dommage.

Tu reviens de l’île d’Hokkaido dans le nord du Japon parle nous un peu de ce voyage.

Hokkaido était pour moi un rêve de gosses, voir ces cygnes chanteurs par centaines, les grands pygargues de Steller ou encore la mythique grue du Japon me faisait envie depuis quelques années.

L’été passé, j’en ai parlé avec un ami, Tanguy Dumortier, présentateur et réalisateur pour le /Jardin extraordinaire/ (c’est une émission télévisée belge) et nous avons décidé de partir l’hiver, en février 2019. Lui est resté une dizaine de jours avec moi.

Ensuite il a dû repartir en Belgique et je suis alors resté seul 20 jours de plus. Mon séjour a été scindé en deux, la première partie avec Tanguy m’a permis de faire beaucoup de repérage, de voir les différentes zones et surtout de savoir sur quels lieux j’aillais pouvoir me concentrer.

La seconde partie, là où j’étais seul, a plus été le moment des prises de vues, j’ai fait beaucoup d’images à ce moment-là !

C’était extraordinaire, observer cette faune était vraiment magique. Tellement incroyable que j’ai décidé de rassembler mes plus belles rencontres dans un livre qui sortira en septembre prochain.

Quel était ton plus beau souvenir là-bas ?

Il y en a beaucoup, j’ai eu énormément de chance avec les conditions climatiques, mais aussi avec les animaux présents sur place. J’ai eu vraiment de très belles rencontres.

En milieu de voyage, j’ai eu la grande chance de voir toute la banquise du nord de la Sibérie russe venir s’écraser sur le nord de l’île d’Hokkaido. Un champ de glace de 3 ou 4 km d’épaisseur !

Déjà visuellement c’était très impressionnant, mais en plus les renards qui vivaient sur ces plages ont décidé d’arpenter et de découvrir ce nouveau territoire. J’ai pu faire beaucoup d’images des renards sur la banquise.

D’habitude on y voit plus souvent l’ours polaire ou le phoque.

C’était vraiment bluffant et extrêmement beau comme moment, les renards étaient à 2 voir 3 km de la terre ferme. Cela crée des images assez inédites où l’on peut voir des renards roux avec de grands blocs de glace.

Tu mets un point d’honneur à l’esthétisme et au graphisme de tes images, pourquoi ?

C’est ce qui me plait le plus.

Jouer avec les éléments, avec le graphisme d’un oiseau ou d’un paysage, que ce soit par les gros plans ou à l’inverse par le minimalisme. J’aime les choses épurées, simples, qui ne sont pas trop colorées.

La monochromie est quelque chose que je recherche sans cesse. J’aime essayer de montrer la beauté du monde, la douceur hivernale malgré les conditions rudes que l’hiver engendre.

Un simple cygne chanteur dans la tempête par exemple. Tout est blanc, deux billes noires dessinent ses yeux et une tache jaune montre son bec, le tout dans un blanc immaculé. C’est de la douceur à l’état pur, et pourtant les conditions sont difficilement supportables.

Masque de skis, moufle, parka, pour cet instant je suis couché sur la glace, le vent tabasse, le blizzard est partout. La neige s’engouffre dans les moindres recoins, l’œilleton de l’appareil photo se remplit de neige et l’autofocus patine.

C’est ce contraste de magie et de dureté que j’aime par dessus tout ! Il faut le vivre pour le ressentir pleinement, mais j’essaye de ramener ces petits instants à travers mes images.

Quand je fais des images, j’essaye toujours plusieurs cadrages (merci le numérique) pour voir ce qui fonctionne et me plais le plus.

Hokkaido, c’est le titre de ton prochain livre, pour quoi avoir choisi l’auto-édition ? Quelles sont les grandes étapes dans la fabrication d’un livre en auto-édition ?

Tout d’abord, il faut un sujet. Faire un livre pour faire un livre n’a pas vraiment de sens. L’idéal est d’avoir une thématique qui tient à cœur et que l’on veut partager.

Ensuite, il y a le choix des images. Un véritable crève-coeur, car on ne peut pas tout mettre sauf si on fait un livre de 800 pages. Pour moi c’est la partie la plus complexe.

Car tu dois réussir en quelques pages à émouvoir, montrer le beau, mais en même temps que tout cela a du sens. Il faut arriver à montrer l’ambiance globale en quelques images.

Et pour ce faire, parfois, tu dois laisser de côté des images que tu aimes vraiment, mais qui ne fonctionne pas dans le livre ? Je fais souvent des tests/erreur.

J’essaye plusieurs versions jusque tout cela fonctionne. Je suis rentré d’Hokkaido avec plus ou moins 15 000 images ! C’est énorme quand on y pense.

Après un premier tri, en supprimant les images qui ne me plaisaient pas ou qui étaient ratées il m’en restait plus ou moins 800. De là il faut faire des choix, c’est subjectif et ce sont des choix personnels. Je le fais au feeling pour arriver à quelque chose de concret et qui tient la route.

Vient après le choix du papier, du format, de la taille et dans cette partie, l’imprimeur est très utile et important.

Il est de bon conseil, c’est une discussion qui s’étame et il m’oriente vers la bonne direction.

J’imprime et façonne mes livres en Belgique, cette proximité est importante pour moi. Je n’ai pas envie que mon livre fasse 4000 km pour arriver chez moi, c’est une question d’éthique.

Tu es actuellement en pleine campagne participative pour ce nouvel ouvrage, peux-tu nous en dire un peu plus ?

En effet depuis quelques jours, et ce jusqu’au 21 juillet, il est possible de précommander /Hokkaido/ sur le site https://fr.ulule.com/hokkaido-livre .

Cela me permet de proposer ce tout nouvel ouvrage à un prix préférentiel avant sa sortie. Le prix lors de cette campagne est de 32 € à la place de 38 € (prix public à partir de septembre). Cela me permet aussi de pouvoir régler l’impression qui est assez onéreuse.

L’avantage de la prévente et de précommander maintenant /Hokkaido/, c’est que vous êtes les premiers à recevoir le livre, avec une dédicace personnalisée et que vous contribuez et m’aider à réaliser ce projet.

Un mot pour la fin ?

Il y a bien entendus le livre mais aussi l’exposition Hokkaido qui pourra être visible au Festival International Nature Namur en octobre prochains, à Montier-en-Der en Novembre et au Lowland photo festival en décembre.

L’occasion de voir les images en grand formats.

Un immense merci à tous ceux qui me soutiennent depuis de nombreuses années ! Un grand merci à toi Régis pour ton accueil sur ton site