Au sommaire de ce 46ème épisode

Voici ce que vous apprendrez avec Jean-Luc Dauvergne et Guillaume Blanchard dans ce podcast « Comment choisir les bonnes jumelles« . 

  • [2:10] La biographie de Guillaume et de Jean-Luc
  • [4:20] La génèse du livre
  • [11:00] Le choix du titre
  • [13:20] Un historique complet des jumelles
  • [14:55] Les plus gros progrès techniques dans l’évolution des jumelles
  • [18:34] Les plus vieilles jumelles tenues par Jean-Luc et Guillaume
  • [22:50] La signification des deux chiffres sur les jumelles
  • [25:16] Les différentes jumelles pour chaque usage
  • [28:50] Quelles jumelles pour l’animalier
  • [32:34] Leur coup de coeur à 400-500 €
  • [36:50] Pourquoi des jumelles peuvent coûter 100 € et d’autres 2000 €
  • [49:00] La question délicate des jumelles « Made in China »
  • [52:00] Où trouver le livre Observer avec des Jumelles ?

Repères cités dans cet épisode

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Vous avez aimé cet épisode pour apprendre à bien choisir vos jumelles ? Partagez cette interview sur Facebook en cliquant ICI, c’est le meilleur moyen de faire connaitre le livre.

J’en profite aussi pour vous dire que j’ai testé il y a quelques temps les jumelles Legend de la marque Bushnell : cliquez ici pour lire le test.

Les invités

Guillaume Blanchard est ingénieur en optique. Ses références professionnelles sont impressionnantes ! Guillaume a par exemple travaillé dans le plus grand observatoire du monde. Et surtout, pour le plus grand plaisir des passionnés d’optique et de l’observation, il est le coauteur plusieurs livres qui font référence dans ce domaine : Observer avec une lunette et un télescope (Delachaux et Niestlé, 2009) et Le Guide d’astronomie (Delachaux et Niestlé, 2006).

Jean-Luc Dauvergne est quand à lui journaliste scientifique au célèbre magazine Ciel et Espace. Son expertise dans le domaine des tests optiques est reconnue. Ses publications d’articles sont toujours très suivies par les fans d’astronomie. Tous les passionnés d’astro ont forcément entendu parlé de Jean-Luc Dauvergne !   Il est auteur de Photographier le Ciel (Delachaux et Niestlé, 2008) et coauteur de Lumières du Ciel Profond (Seuil, 2008), Observer avec une lunette et un télescope (Delachaux et Niestlé, 2009) et Le Guide d’astronomie (Delachaux et Niestlé, 2006).

Jeu-Concours

Ça faisait un bail que je n’avais plus organisé ce type d’évènement. Je suis certain que ça vous manquait ! À l’occasion de la sortie de cet épisode, vous pouvez tenter de gagner 3 livres écrits par Jean-Luc et Guillaume :

Observer avec une lunette et un télescopeValeur : 15 €[/av_one_third]

Le Guide de la Photo du cielValeur : 10 €[/av_one_third]

L’almanach du cielValeur 10€

35 € de lots à gagner. Pas mal non ? Comment faire ? C’est simple. Il suffit de répondre (juste, tant qu’à faire 🙂 ) à la question suivante dans l’espace des commentaires :

Combien de paires de jumelles ont été testées dans le livre ? Pour trouver la réponse, cliquez ici ! 😉

Si vous êtes plusieurs à répondre juste, alors je tirerai au sort le commentaire gagnant avec le site randomizer.org.

Le tirage au sort aura lieu le vendredi 24 mars à 10h00.

TRÈS IMPORTANT : vous ne verrez pas apparaître votre commentaire … c’est normal ! Rassurez-vous, il est bien enregistré dans la base de données mais pour éviter que vous ne vous copiez les uns sur les autres … je ne le fais pas apparaître tout de suite. Hé hé hé, que croyez-vous, vous avez à faire à un ancien instituteur rodé aux meilleurs techniques de pompages. 🙂

EDIT : j’ai effectué le tirage au sort ce vendredi à 10h00. Le jeu-concours est donc terminé. C’est le commentaire n°25, soit Stéphanie qui gagne les 3 livres ! Ça n’est donc plus la peine de participer au jeu … mais vous pouvez toujours laisser un commentaire !! 🙂

Transcription texte de l’interview

Régis : Bonjour Guillaume, bonjour Jean-Luc.

Guillaume :  Bonjour.

Jean-Luc : Bonjour.

Régis : Comment allez-vous ?

Guillaume :  Très bien.

Jean-Luc : Ça va. Merci.

Régis : Là, je vais interviewer deux personnes en même temps, toi Jean-Luc et toi Guillaume. Ça va se passer à trois voix, ça promet d’être très vivant. Ça va être top. Vous êtes l’auteur, l’un  et l’autre, d’un guide édité chez Belin qui s’appelle Observer avec des jumelles. On va évidemment en parler longuement dans l’heure qui vient. Mais avant ça, j’aimerais qu’on parle de vous, de votre parcours, de vos études. Qui veut commencer ? Guillaume ?

La biographie de Guillaume et Jean-Luc

Guillaume :  Oui, je peux commencer. Je suis de formation opticien, ingénieur. J’ai passé plus de 20 ans à travailler dans le milieu principalement de la fabrication optique et principalement de l’astronomie puisque c’est une passion pour moi. Et aussi une passion pour la nature et la photographie, photographie animalière. J’ai un peu travaillé sur le puma en Patagonie. Actuellement je travaille dans une entreprise en Région parisienne.

Régis : Jean-Luc ?

Jean-Luc : Moi je suis journaliste au magazine Ciel et Espace qui est un magazine d’astronomie, le plus important en langue française. Dans le magazine je m’intéresse, je m’occupe de tout ce qui est lié à l’observation du ciel. Donc les tests de matériel, les éphémérides.

Je fais aussi plein d’autres choses. Je fais aussi des reportages partout dans le monde. On est amené à être assez polyvalent. Donc les tests de matériel que j’ai l’habitude de faire sur les télescopes sont assez pointus et exigeants dans la mesure où en astronomie on veut vraiment aller au bout du matériel. Cette expérience a permis d’être mise à profit pour tester des jumelles.

Dans ces tests, historiquement depuis le début, avec Guillaume ça fait longtemps qu’on se connait, tous les protocoles de tests que j’ai mis en place à Ciel et Espace c’est avec l’aval de Guillaume, avec la caution de Guillaume en tant qu’ingénieur optique parce que dès qu’on rentre dans ces domaines-là on a vite fait de dire une bêtise. On est très complémentaire là-dessus.

Régis : D’accord. À mon avis, tout le monde connait le magazine Ciel et Espace, même ceux qui ne sont pas forcément passionnés d’astronomie. C’est quand même un magazine qui est connu, qu’on voit très souvent dans les librairies.

Je pense que tout le monde le connait. Le moins que l’on puisse dire c’est que le lecteur et l’auditeur qui nous écoute maintenant sont vraiment entre de bonnes mains avec toi Guillaume, le scientifique, et toi Jean-Luc, le journaliste. C’est très complémentaire.

Vous avez déjà écrit deux livres ensemble, c’est le troisième. Le premier c’était Observer avec une lunette et un télescope chez Delachaux et Niestlé. Un autre livre chez le même éditeur qui s’appelle Guide d’astronomie. Là, c’est le troisième que vous écrivez ensemble. Est-ce qu’il y a un vrai avantage à écrire à 4 mains comme ça ?

Pourquoi écrire à quatre mains ?

Jean-Luc : Sur ce livre-là complètement. On va en parler plus loin. Mais Guillaume n’est pas seulement passionné d’optique mais aussi d’histoire. Il a fait tout un tas de recherches en histoire. Sur ce sujet il a passé un temps que je n’aurais pas eu la patience de passer.

Après c’est la même chose que ce que je disais pour les tests de Ciel et Espace, on a vraiment des compétences qui sont complémentaires. Par exemple dans le livre, l’écriture se répartit un peu, Guillaume a travaillé plus sur l’histoire, sur les parties de généralités pour l’optique, et moi j’ai mené plus le travail de journaliste. J’ai enquêté sur les marques, essayé de savoir qui fabriquait à quel endroit, etc.

L’avantage aussi d’écrire à 4 mains, c’est qu’on recoupe notre travail. Derrière chacun fait une relecture attentive de l’autre, ça aussi c’est très précieux.

Peut-être que sur l’écriture j’enrichis ce que peut faire Guillaume et de l’autre côté sur le vocabulaire un peu technique Guillaume enrichit ce que je fais. C’est vraiment un échange comme ça qui est assez fructueux.

Guillaume :  Je pense que Jean-Luc résume bien la situation. Effectivement le fait de travailler à 4 mains, je ne suis pas écrivain, donc avoir quelqu’un comme Jean-Luc avec qui j’allais travailler, c’était important pour améliorer le style, avoir un style très uniforme dans le livre.

Pour les compétences techniques, ça a peut-être permis de corriger des terminologies. Je suis un petit peu pointilleux sur l’utilisation de certains termes de vocabulaire par exemple.

Régis : D’accord. Je comprends l’intérêt de travailler comme ça avec deux compétences qui sont complémentaires et du coup assez différentes.

Jean-Luc : Ça donne parfois lieu à des engueulades. Parce que Guillaume dit qu’il est pointilleux mais parfois il veut mettre des termes tellement techniques que là on n’est pas d’accord.

Régis : J’imagine que c’est très sain comme genre de travail ce que vous faites à deux. Qu’est-ce qui vous a poussés à vouloir écrire ce guide sur les jumelles ?

C’était le constat d’un manque en librairie ? Ou juste une envie de vouloir partager votre savoir au plus grand nombre ? Peut-être un peut de tout ça ? Qu’est-ce qui vous a poussés à faire ce travail-là pour ce livre ?

Guillaume :  L’idée est venue de la première expérience qu’on a eue avec Jean-Luc sur le guide d’achat qu’on a fait sur les instruments astronomiques. Moi, j’avais fait un constat qu’il manquait quelque chose sur les jumelles. Le sujet avait été assez peu traité.

J’avais dit à Jean-Luc « il faudrait peut-être qu’on écrive quelque chose ». Petit à petit je me suis mis à travailler sur la partie historique, parce que j’avais vu qu’il y avait vraiment un manque. On avait fait le constat avec Jean-Luc que la majorité des tests qu’on trouvait sur les revues était un petit peu simpliste, un petit peu trop liée aux personnes qui faisaient les tests.

On avait l’impression que les gens pouvaient être influencés par les marques. On a mis quand même pas mal de temps avant de se décider, puis de trouver un éditeur qui était prêt à se lancer dans l’aventure parce que écrire quelque chose de technique ça fait souvent assez peur aux éditeurs actuels. Mais on a trouvé Belin qui a voulu rentrer dans l’aventure.

Et Jean-Luc a été d’accord pour mener des enquêtes que je n’aurais pas pu mener, en particulier sur les fabricants internationaux. Voilà un petit peu comment on a construit la chose. L’idée est née il y a peut-être 8 ans à peu près.

Régis : D’accord. Il n’y avait pas d’études de marché comme on peut le voir sur des produits très industriels ? Ce n’est pas tout à fait cette stratégie ?

Jean-Luc : Oui et non. L’éditeur, quand on propose un livre, lui il se pose des questions. Les livres qu’on a faits jusque là, c’est chez Delachaux, on a naturellement proposé d’abord à Delachaux et Niestlé, ça aurait été naturel d’avoir un livre comme ça chez eux, vu qu’ils ont pas mal de guides nature et que le livre est vraiment orienté vers la nature.

Delachaux a dit « non, il faudrait qu’on le rentabilise en un an, du coup on ne va pas rentrer dans nos frais ». Ils s’étaient mis en tête que les jumelles c’était quelque chose qui bougeait très vite, que les modèles étaient sans cesse renouvelés et que du coup il fallait le rentabiliser très vite.

Après c’est toujours pareil, le monde de l’édition, on entend toujours des histoires comme ça où les éditeurs disent non, au bout d’un moment il y en a un qui dit oui. Là c’est lui qui prend le risque.

On le prend ensemble le risque. Nous on a consacré une quantité de travail phénoménale pendant à peu près un an, en y laissant tous nos week-ends quasiment et plus encore. Nous on prend le risque aussi que tout ce travail ne rencontre pas le succès à l’arrivée.

Un format pratique

Régis : Bien sûr. J’ai bien évidemment reçu un exemplaire du guide. Je l’ai entre les mains, là. La première chose qui me frappe, que je remarque, c’est son format.

Il est assez petit, ça fait un peu guide de poche presque. J’ai mesuré, 12 x 20 centimètres. Ça fait guide de terrain. Est-ce que c’est voulu ce format-là pour le mettre facilement dans un sac à dos par exemple ?

Jean-Luc : Oui et non. Là c’est vraiment la prérogative de l’éditeur de choisir le format. Nous quand on a vu arriver les caractéristiques, on s’est dit « ça va peut-être être petit ».

Mais l’éditeur s’est rendu compte lui-même que ça allait être petit puisqu’on était partis pour faire 200 pages et au final le livre en fait quasiment 300. Donc on a été vraiment à l’étroit par rapport à la quantité d’informations qu’on avait. On s’est restreint. Au final, le format je le trouve bien.

J’avais cette crainte que ce soit trop petit, en fait c’est bien, on peut vraiment l’emmener partout, si on va dans un magasin pour acheter un produit ou si on va sur le terrain pour avoir des conseils d’observation. Je trouve que c’est un format qui convient, un format de guide et c’est approprié au sujet qu’on a traité.

Régis : Oui, c’est exactement ça. C’est la première impression que j‘ai eue effectivement. On aurait pu l’avoir un peu plus grand, ne serait-ce que pour les illustrations qui sont intéressantes. Mais au final, tu l’as très bien résumé, c’est un format qui finalement est assez pratique, je te rejoins là-dessus.

Par rapport au titre, ne le prenez pas mal les garçons, mais je trouve le titre presque réducteur. C’est finalement un compliment puisque vous l’avez appelé Observez avec des jumelles. Je dis ça parce qu’avec 288 pages, 8 grandes parties.

Je vais quand même les citer ces grandes parties  parce que c’est important que les auditeurs les entendent et les connaissent. L’histoire des jumelles, on va y revenir sur le côté historique ; Quelques bases d’optique ; Un peu de mécanique ; Quelles paires de jumelles et pour quel usage ; Le guide d’achat ; Bien utiliser et entretenir les jumelles ; Sortez des sentiers battus ; et une partie 8 avec un glossaire.

Le choix du titre

Moi je l’aurais appelé Le guide ultime des jumelles, Le guide complet. D’où est venu ce titre-là ? Comment vous l’avez choisi pour le livre ?

Jean-Luc : C’est exactement comme pour le format, le titre c’est la prérogative de l’éditeur. Pour le livre on est totalement libre, on met ce qu’on veut dedans, après on interagit avec l’éditeur sur les corrections. Mais l’éditeur n’a pas modifié le contenu du livre.

Par contre quand on fait un livre, la prérogative de l’éditeur, c’est la couverture, le format et le titre. Là on a un avis consultatif mais ce n’est pas nous qui décidons. On a fait un livre qui s’appelait Observer avec une lunette ou un télescope.

Nous on avait mis comme titre de travail Observer avec des jumelles, même Observer la nature avec des jumelles, on a fait retirer le mot nature parce qu’on ne parle pas que de nature, même si c’est essentiellement de la nature.

On a fait ajouter des sous-titres sous le titre, la couverture est assez explicite, je pense, ça montre bien qu’on s’adresse aussi bien aux photographes qu’aux ornithos, qu’aux gens qui vont en mer, même aux chasseurs.

Il y a une partie sur la chasse, non pas qu’on soit chasseur ou amateur de chasse mais la chasse représente largement plus de la moitié du marché des jumelles, donc c’est difficile de faire l’impasse. Il fallait trouver un titre qui corresponde à tout ça, ce n’était pas si simple. On a pas mal discuté avec l’éditeur. Sur ce point-là c’est lui qui a eu le dernier mot.

Régis : C’est anecdotique, ce n’est pas le principal sujet.

Jean-Luc : Après j’espère que le titre ne trompe pas sur le contenu.

Régis : Non. Le mot jumelles est déjà plus gros que le reste, la police du mot jumelles est assez grosse, c’est l’essentiel.

Jean-Luc : Suite aux discussions, c’est ça, l’éditeur a joué sur la taille des mots du titre et du sous-titre. On espère que le titre est explicite.

Régis : Il l’est suffisamment, oui. On ne va pas évidemment rentrer dans le détail de chacune des 8 parties, ce serait surement très passionnant mais franchement certainement trop long. Juste avant d’entrer dans le vif du sujet sur les jumelles, je voudrais m’attarder sur l’historique.

Je trouve qu’avoir fait une partie aussi dense sur l’historique, c’est une très bonne idée. Au départ très sincèrement, quand j’ai commencé à feuilleter, je suis allé voir les tests, je suis allé voir comment les tests sont menés, quelles jumelles vous avez choisies, celles que vous avez testées.

J’ai quand même forcément lu la partie historique et j’ai adoré. Franchement j’ai adoré. Vous avez démoli une de mes certitudes. Donc ce n’est pas Galilée qui a inventé les lunettes, c’est ce que vous dites dans le live ?

Une partie historique complète

Guillaume :  Tout à fait. Beaucoup de gens pensent que Galilée a inventé des lunettes parce qu’on parle de lunettes de Galilée.

Galilée a amélioré les instruments d’optique après leur invention par un Hollandais en 1609. Ce qui est assez surprenant c’est qu’on parle dans le milieu de l’astronomie, de l’histoire des télescopes, les lunettes ont été faits en long en large et en travers. En revanche l’histoire des jumelles n’a absolument pas été traitée. C’est très difficile, il a fallu faire un gros travail de ce point de vue-là.

Ce qui est très surprenant c’est que les jumelles ont été inventées au même moment que les lunettes et avant que Galilée soit au courant que la lunette qu’il avait utilisée pour l’astronomie arrive à sa connaissance.

Ça c’est effectivement quelque chose d’assez novateur. On fait plus de 400 ans d’existence de ce qui est l’ancêtre des jumelles, qu’on appelait les binocles à l’époque.

Régis : Le terme jumelles est arrivé en 1810 je crois, votre bouquin est une vraie mine d’informations.

Guillaume :  1825.

Régis : Littré, je crois, le mentionne dans son fameux dictionnaire. Entre 1609, date de la première lunette binoculaire et 2016, sortie des Noctivid de Leica, j’aurais pu prendre une autre marque en 2016 mais c’est pour le côté symbolique de la chose, il y a 407 années de progrès techniques incroyables.

Quelle est pour vous la principale avancée, le principal progrès à retenir qu’il y a eu pendant ces 407 années-là ? Qu’est-ce qui a fait basculer les choses pour vous ?

Des révolutions marquantes

Guillaume :  On va dire qu’il y a deux choses importantes. L’année 1825 où on va avoir l’apparition des jumelles de théâtre. Là on utilise la jumelle avec la technologie Galilée, des jumelles avec assez peu de champ qu’on utilise  pour regarder les spectacles.

Et la grande révolution c’est la fin du XIXe avec l’apparition des prismes redresseurs qui occupent la majorité des jumelles qu’on trouve actuellement sur le marché, 98% des jumelles qu’on va trouver en vente vont avoir des systèmes de redressement à prisme, qui va vraiment être une révolution puisque ça va permettre d’augmenter le champ d’observation, de ne plus avoir cet effet tunnel ou cette limitation en termes de grossissement, de pouvoir monter à des grossissements plus importants, jusqu’à des fois 16, fois 20 sur des jumelles de grand diamètre.

Donc deux révolutions, la première en 1825 où on commence à utiliser les jumelles pour des observations théâtrales et le terme jumelles qui nait. Puis l’arrivée des prismes redresseurs fin XIXe, principalement avec la firme Carl Zeiss qui va développer toutes ces technologies qui vont être utilisées principalement pour les guerres après, guerre de 14-18, guerre de 40. Il y a beaucoup de progrès des jumelles qui sont associées aux développements militaires à la base.

Régis : Toi, Jean-Luc, tu es d’accord avec Guillaume là-dessus ou tu as une autre vision des avancées technologiques ?

Jean-Luc : Non, c’est essentiellement ça. Après une fois qu’on a dit ça, il ne faut pas non plus oublier que les jumelles sont en progrès constant. Notamment ce qui participe aux progrès qu’on voit ces dernières années, c’est les traitements optiques.

Ça, c’est quelque chose sur lequel il y a toujours du progrès. Aujourd’hui sur les jumelles il y a des traitements hydrophobes qui sont anti-salissures et qui repoussent l’eau sur les objectifs pour que ça résiste mieux sous la pluie, pour que ça se salisse moins.

Ce type de traitement c’est une introduction qui est très récente. C’est un type de traitement sur les verres qui vient s’ajouter à un certains nombre de traitements antireflets, de correction de l’effet de phase, etc. Tout un tas de traitements qui sont hyper techniques. On parle parfois de dépôt de plusieurs dizaines de couches de matériaux sur les verres pour optimiser leurs performances.

Mais là ce n’est pas vraiment une révolution à un moment donné. C’est un progrès qui est constant, vu qu’il y a toujours des choses qui sont introduites sur des années récentes. Les traitements optiques c’est apparu juste avant la Seconde Guerre mondiale, depuis cette période-là en 70 ans il y a des progrès énormes qui ont été faits sur ces technologies-là.

Régis : C’est vrai que tout au long des 40 pages de cette partie-là, sur la partie historique on sent bien dans le cheminement que c’est un progrès constant, que c’est régulièrement des nouvelles innovations qui sont faites. Mais je voulais avoir votre avis sur les choses qui ont été des tournants dans les avancées. Petite question comme ça de curieux que je suis : quelle est la plus ancienne paire de jumelles que vous ayez eu chacun entre les mains ?

Des jumelles très anciennes

Guillaume :  Pour ma part ça va être facile. J’ai eu beaucoup de paires de jumelles anciennes puisque j’ai eu l’occasion de travailler avec des musées, en particulier le Musée de l’optique qui se trouve à Iéna en Allemagne. Mais la plus vieille paire de jumelles que j’ai eu entre les mains, c’est une paire de jumelles qui a appartenu à Louis XIV, qui est datée de 1676.

Régis : Ça veut dire que tu as tenu une paire de jumelles que, a priori Louis XIV aurait tenue ?

Guillaume :  Il l’a tenue entre ses mains. Elle est au Musée du CNAM à Paris, elle est exposée. Le Musée du CNAM dispose de 3 paires de jumelles de l’époque de Louis XIV. J’ai eu l’occasion d’expertiser les 3. Mais j’ai aussi eu l’occasion d’expertiser des jumelles italiennes de 1720, etc.

Régis : C’est formidable. Moi j’adore l’histoire et quand je suis allé il n’y a pas très longtemps à la grotte de Lascaux, la fausse, le fac-similé, il y a quand même une vraie émotion qui vous prend. On s’imagine voir ces gens-là faire ces dessins, ces fresques. J’imagine qu’on a le même sentiment quand on prend des jumelles comme ça entre les mains. On fait un bond en arrière dans l’histoire. Ça doit être un sentiment assez impressionnant, je pense ?

Guillaume :  Tout à fait. Il y a beaucoup d’émotion. A ce sujet, j’essaie de développer, de remettre en exposition une paire de jumelles qui a été faite pour Louis XIV qui mesure 4 mètres de long, qui est actuellement non exposée, qui est dans les réserves du Musée du CNAM, qu’il faudrait restaurer puisque l’instrument a été stocké. Il y a des choses à faire aussi au niveau patrimoine français.

Régis : Ça doit être passionnant. Et quant à toi Jean-Luc ?

Jean-Luc : Les jumelles dont parle Guillaume, les jumelles qui sont au Conservatoire National des Arts et Métiers, je les ai déjà vues, les jumelles de l’époque de Louis XIV. Je ne les ai pas eues entre les mains, je n’ai pas eu cette chance.

Du coup les plus anciennes, honnêtement je n’en sais rien. On trouve facilement dans les greniers des jumelles de la guerre de 14, en tout cas de cette époque-là parce qu’il y en a eu des quantités vertigineuses de produites pour la guerre.

Donc j’ai probablement eu entre les mains des jumelles de cette époque-là, peut-être même de l’époque de Napoléon, il y a pas mal de petites jumelles de théâtre. Mais honnêtement la date de la plus ancienne je ne sais pas.

Quoi faire d’une vieille paire de jumelles

Régis : Une question qui me vient là. Tu parles justement de ces jumelles-là, de la guerre. Il y a de très grandes chances que dans les greniers des vieilles maisons on puisse en trouver, donc ce n’est pas extraordinaire. Qu’est-ce qu’on en fait si un jour on trouve ce genre de jumelles dans le grenier de ses grands-parents ? 

Qu’est-ce qu’il faut en faire ? On ne va pas les jeter, c’est trop dommage. Il faut les garder, il faut les dépoussiérer, il faut les donner à un opticien ?  Qu’est-ce qu’on en fait ?

Jean-Luc : Ça c’est une bonne question. Je disais tout à l’heure que le livre fait quasiment 300 pages au lieu de 200. A un moment on a dû s’arrêter. Initialement on avait prévu de mettre un chapitre un peu là-dessus, sur la restauration des vieilles jumelles.

C’est plutôt Guillaume qui aurait été capable de l’alimenter. C’est des jumelles qui ne sont pas forcément trop difficiles à démonter. Donc on peut envisager de les démonter, de nettoyer les optiques, de les restaurer un petit peu, de faire tout un tas de choses. On s’est dit que cette partie-là n’allait pas concerner le plus grand nombre de lecteurs, donc on a choisi de la sacrifier.

On parlera plus tard peut-être du site Web. Mais peut-être quand mettra un article sur Internet un jour là-dessus pour compléter le livre et ce qu’on n’a pas pu mettre dedans. Parfois dans ces vieux instruments, il faut avoir en tête qu’il n’y a pas de traitements optiques qui s’abiment parce que tout simplement il n’y a pas de traitements optiques avant le XXe siècle.

Donc ces instruments qui datent du XIXe siècle ou encore avant, souvent optiquement ils sont pas si mal que ça. Ce qui peut arriver parfois, c’est les colles qu’il y a entre les lentilles, notamment le baume du Canada ça vieillit mal. Guillaume pourrait en parler mieux que moi. Ça peut jaunir, ça peut se craqueler aussi. Donc il y a des colles entre les lentilles qui peuvent mal vieillir.

On voit dans les vieilles lunettes d’astronomie, on a l’occasion d’en utiliser, des optiques qui ont 100, 200 ans, qui fonctionnent toujours parfaitement bien et qui donnent même parfois des images d’une qualité étonnante. Je parle dans l’absolu évidemment.

Que signifie les chiffres inscrits sur les jumelles ?

Régis : On attaque le cœur de l’interview et donc le cœur du livre. Déjà on va aider un grand nombre d’auditeurs : ça veut dire quoi les fameux chiffres, nombres qu’on voit sur toutes les jumelles, le 10 fois 42 ou le 10 fois 32, cette multiplication qu’on voit sur les jumelles ça veut dire quoi ?

Guillaume :  Les 2 chiffres sont les paramètres principaux d’une paire de jumelles. Le premier nombre correspond au grossissement, donc ça va donner une idée du rapprochement que va nous donner une paire de jumelles. Typiquement si on a une jumelle qui va grossir 10 fois, un objet qui va être positionné à un kilomètre, on va l’observer comme s’il était rapproché à 100 mètres.

Le deuxième chiffre correspond au diamètre des lentilles d’entrée, donc de l’objectif. Ça nous donne une information sur la quantité de lumière que va capter une paire de jumelles. Plus le second chiffre est important, plus la jumelle va être lumineuse pour un grossissement équivalent.

Ça c’est un peu en simplifiant les choses puisque quand on lit le livre on découvre qu’il y a des aspects transmissions. Il y a des jumelles qui transmettent plus que d’autres. Donc c’est un peu réducteur ce premier paramètre que l’on donne.

Régis : Le paramètre-là ne parle pas forcément du champ ? La scène embrassée n’est pas expliquée dans les 10 fois 42 ? Ce n’est pas expliqué là-dedans ?

Guillaume : Absolument pas. En général sur certaines jumelles on peut aussi avoir des informations du champ à 1000 mètres, qui va nous dire quel est le champ embrassé à 1000 mètres ou un champ angulaire qui est aussi une information, 6°, 5,5°.

On va trouver des choses assez différentes en fonction des jumelles. On peut trouver des jumelles qui présentent le même grossissement, le même diamètre mais avec des champs différents. Le champ va être principalement lié à la conception de l’oculaire. C’est l’oculaire qui va définir principalement le champ que l’on va observer.

Jean-Luc : Ça n’a rien à voir avec le diamètre. J’ai lu ça dans un livre récemment.

Régis : Dans la partie 4, vous faites un tour d’horizon des différents usages possibles d’une paire de jumelles. Donc je les cite : golf ; tir de loisirs ; chasse ; randonnée ; voyages ; astronomie ; les salles de spectacle ; et aussi les petites bêtes, aussi étonnant que ça puisse paraitre ; évidemment l’ornithologie ; et la photo animalière. Pourquoi vous avez dû comme ça différencier les usages de paires de jumelles ?

Quelles jumelles pour quels usages ?

Jean-Luc : On se rend compte que dans les paires de jumelles les fabricants font parfois cette distinction au moins artificiellement mais en général avec raison. Les besoins dans les différents domaines sont très différents.

Par exemple dans les jumelles de marine on peut trouver des jumelles qui ont des compas pour indiquer des directions. Dans les jumelles de chasse, certaines ont un télémètre pour indiquer la distance, ce qui parait complètement étranger pour les gens qui se contentent d’observer les oiseaux ou faire de la photo.

Selon le domaine d’utilisation, on va vouloir avoir beaucoup de luminosité ou pas forcément. Donc dans certains domaines on va chercher à avoir du diamètre sur la paire de jumelles pour avoir de la lumière. Dans d’autres domaines ça va être secondaire.

Il y a tout un tas de paramètres, comme ça. Il y a aussi la solidité de la paire de jumelles. C’est important dans certains domaines. En astronomie par exemple, c’est une activité parfaitement calme, la solidité c’est très secondaire, l’étanchéité aussi c’est très secondaire. S’il pleut dehors, on ne sort pas. Donc on n’a pas ce genre de problème.

Il y a tout un tas de choses comme ça, différentes, à prendre en considération. En disant ça, ça ne veut pas dire qu’un modèle donné va être réservé à un usage exclusif. Mais en tout cas, il y a certains domaines dans lesquels certaines paires de jumelles vont être exclues.

Dans le cas de l’astronomie par exemple, typiquement c’est évident qu’on va chercher à avoir de la lumière. Donc ça exclut toute une famille de paires de jumelles. Dans la marine, on est sur un bateau ça bouge, ça exclut les paires de jumelles qui grossissent trop.

Il y a comme ça tout un tas de paramètres à prendre en considération selon l’usage qu’on va faire de la jumelle. Ce qui n’empêche pas, encore une fois, si on veut d’essayer de trouver un compromis, une paire de jumelles universelle qui va servir dans différents domaines. Mais il faut prendre en considération ces aspects-là.

Guillaume :  Je pense que ce que vient de dire Jean-Luc est important. Il faut savoir que ces chapitres sont fondamentaux dans le sens où on a bien sûr fait des tests. On présente des tests et des résultats des les évaluations. Mais il y a une partie qui est forcément liée à l’utilisation.

Certaines jumelles qu’on va trouver très bonnes dans un domaine ne vont pas être forcément la meilleure paire de jumelles pour un autre. Ce qu’on a voulu à travers le livre, c’est donner des outils aux gens pour justement gérer la partie plus subjective dans le choix d’un instrument.

Typiquement une personne qui va vouloir regarder des papillons va chercher des instruments qui ont des distances de focalisation très courtes. Ce qui n’est pas du tout le cas d’une personne qui va chercher à faire de l’astronomie ou qui va faire de la marine.

Donc il y a certains paramètres qui ne peuvent pas être évalués. On ne peut pas mettre une note, si c’est important d’avoir une distance de focalisation faible ou longue, ou si la masse est importante. Il y a des choses où on ne peut pas noter parce que c’est vraiment l’utilisation qui va guider le choix d’une paire de jumelles. Le diamètre par exemple, le poids.

On a vraiment séparé au niveau des chapitres ce qui est mesurable, on donne des informations et on peut comparer des choses au niveau optique, et des choses qui sont plus subjectives et liées à l’activité de l’utilisation de la jumelle. Ça je pense que c’est une grande nouveauté qu’il y a dans ce livre.

Régis : Une personne qui souhaiterait s’acheter des jumelles doit d’abord et avant tout prendre un temps de réflexion pour se dire « dans quel domaine je vais principalement les utiliser » et en fonction de ça après elle pourra acheter en conséquence ce type de paire-là ou ce type de paire-là.

Justement pour l’animalier, parce que la plupart des gens qui nous écoutent sont des photographes animaliers, de nature, quelles sont les caractéristiques essentielles que doit posséder une bonne paire de jumelles pour l’animalier, et on va élargie un peu, pour l’ornitho ?

Quelles jumelles pour l’observation animalière ?

Jean-Luc : Typiquement pour l’animalier et encore plus pour l’ornitho, on va avoir parfois des sujets qui vont être éloignés. Déjà on ne se pose pas de questions, il faut du grossissement.

On peut avoir plusieurs écoles chez les ornithos, il y en a qui sont plutôt pour des jumelles qui grossissent 8 fois et d’autres pour des jumelles qui grossissent 10 fois. Mais la majorité des personnes choisissent 10 fois. Après ce qui peut conduire à choisir moins, c’est pour des personnes qui tremblent un petit peu, qui n’ont pas assez de stabilité.

Mais en général on prend au moins 10 fois, voire pourquoi pas un petit peu plus. L’autre paramètre important, c’est qu’on va souvent barouder, donc il faut des jumelles solides. Du coup les jumelles ne sont pas toutes sur un pied d’égalité sur ce plan-là. Aujourd’hui on a la chance d’avoir un critère qui devient assez général, les paires de jumelles sont étanches mais elles sont plus ou moins étanches, donc il faut regarder selon le milieu dans lequel on va aller.

Si on a un risque de faire tomber dans un lac, autant prendre une paire de jumelles vraiment étanches. Aujourd’hui c’est abordable. Il y a beaucoup de jumelles qui peuvent supporter une immersion jusqu’à un mètre. Après celles qui permettent d’aller plus loin, il y a moins de monde. C’est aussi un critère important. L’autre critère encore à prendre en  considération, c’est le diamètre pour avoir de la luminosité.

Le paramètre qui est important à avoir en tête, si on se place dans des conditions de faible lumière, si on pousse le truc à l’extrême, quand il fait nuit, la pupille de l’œil se dilate au maximum, à peu près à 6 millimètres. Il faut donc idéalement que le faisceau à la sortie de la paire de jumelles fasse cette taille-là, la taille de la pupille de l’œil.

Pour connaitre cette valeur de la taille de la pupille à la sortie de la paire de jumelles, il suffit simplement de prendre le diamètre de la paire de jumelles en millimètres divisé par le grossissement.

Donc des 7 fois 50 par exemple ont des pupilles de 7 millimètres qui correspondent assez bien pour un usage dans des conditions de basse lumière.

Régis : Une astuce super importante.

Jean-Luc : Après on ne va pas forcément pousser jusqu’à des pupilles de 7 millimètres, mais typiquement si on est amené à être dans des conditions de basse lumière, il faut avoir une pupille de sortie d’au moins 4 ou 5 millimètres. Ça c’est clair.

Guillaume :  D’où le fait que les jumelles 10 x 42 sont souvent conseillées pour l’ornithologie ou pour l’observation nature parce qu’on se retrouve avec une pupille de sortie de 4,2, un grossissement qui est assez gérable de 10, un aspect masse. C’est un petit peu pour ça qu’on a énormément testé de jumelles de cette catégorie-là.

Jean-Luc : Nous aussi on est photographes animaliers. Quand on fait de la photographie animalière, on se déplace avec beaucoup de matériel, on est tous confrontés à ce problème-là, de se retrouver vite avec 10-15 kilos, là le poids de la paire de jumelles ça devient aussi un critère.

C’est là aussi où il peut être intéressant de se dire « je vais peut-être concéder un grossissement un peu plus faible, des jumelles avec un diamètre légèrement plus petit mais à la limite la différence de prix je vais la mettre dans une paire de jumelles plus haut de gamme qui a une très bonne transmission de la lumière ».

Comme ça ce qui a été perdu en diamètre et en grossissement, je vais le compenser par un gain en luminosité. Et en poids surtout pour éviter de s’alourdir.

Un coup de coeur

Régis : De toute façon la partie guide d’achat est très bien faite là-dessus. C’est très segmenté, très clair. Tout ce que vous dites là, c’est repris évidemment pour chaque type d’usage. C’est vraiment très bien fait. Ce que j’ai aussi apprécié, vous donnez à chaque fois un coup de cœur sur un type de jumelles.

On va rester sur l’animalier évidemment. Quel serait votre coup de cœur à vous sur une paire de jumelles pour l’animalier dans les 400-500 euros ?

Jean-Luc : Dans cette gamme de prix-là, il y a aujourd’hui beaucoup de moyen de gamme, on commence quasiment à rentrer dans le haut de gamme, qui sont dans ces gammes de prix. Il y a un choix assez important. Dans ce que nous on a pu constater, dans cette gamme de prix-là, on n’a beaucoup vu de mauvaises surprises.

Nous on a été attaché à une chose, c’est de tenir un discours que les gens soient responsables dans leur pratique. C’est évidemment vrai pour les chasseurs mais c’est aussi vrai quand on va voir des oiseaux. Il y a des lois qui existent pour ne pas aller déranger les gypaètes barbus quand ils nichent par exemple.

On peut aussi se poser des questions quand on achète sa paire de jumelles de se demander d’où elle vient, est-ce qu’elle n’a pas été fabriquée par des enfants, est-ce que l’usine qui a fabriqué la paire de jumelles a respecté l’environnement, etc.

En enquêtant là-dessus, d’où viennent nos jumelles, comment sont-elles fabriquées, on s’est clairement rendu compte qu’une certaine partie de la production asiatique ne permettait pas tout simplement d’avoir de garanties sur les conditions de fabrication.

Ça ne veut pas dire que c’est fabriqué dans des conditions anormales mais on ne peut pas le vérifier, on n’a pas l’information, il n’y a pas de traçabilité. Ce qui a été intéressant dans nos recherches, on a trouvé notamment la marque Meopta qui est en République Tchèque, on a pu même visiter l’usine. On a visité quelques usines, on a vu aussi Swarovski, Zeiss et Leica.

On a poussé jusqu’à la République Tchèque et on a testé les produits de Meopta. Les produits Meopta sont sur un rapport qualité / prix qui est vraiment intéressant. Ils ont deux gammes : les Meostar et les Meopro. Les Meopro sont à peu près dans cette gamme de prix, de 500 euros pour des 10 x 42. Nous on a mis en coup de cœur, pas les Meopro, mais d’autres jumelles de Meopta, parce qu’il fallait faire des choix.

Mais c’est le genre de produit intéressant sur lequel on a une garantie de la provenance. Après il faut regarder aussi dans les marques, y compris celles où l’on pense que tout est fait en Chine comme Bushnell. Bushnell a des produits qui sont faits au Japon.

Il y a la marque Kite aussi qui fabrique au Japon. Dans ces eaux-là, 500-600 euros, on trouve pas mal de produits faits au Japon. Il faut vraiment regarder au cas par cas. C’est quelque chose qu’on explique sur le livre. On a mis aussi sur le site Internet en lien avec le livre une liste des marques.

Un site dédié pour les tests de jumelles

Régis : Tu peux nous donner le lien, s’il te plait Jean-Luc ?

Jean-Luc : C’est test-jumelles.fr. Cliquez ici pour aller voir. Sur la 4e de couverture du livre il y a un petit QRcode qui permet d’accéder facilement au site Internet. Donc il y a toute cette liste de marques. On détaille où se fournissent les gens. Ce qui est compliqué, c’est que beaucoup de marques se fournissent un peu partout.

Si on me demande par rapport à moi, mes jumelles perso sont à peu près dans cette gamme de prix, légèrement au-dessus, c’est des 12 x 36, des Canon, ça doit couter dans les 600-700 euros. On est un peu au-dessus de ça. Mais justement on parlait d’animalier, le grossissement c’est important, c’est pour ça que j’ai choisi ces jumelles-là. C’est des jumelles stabilisées.

En photographie on aime bien la stabilisation. J’aime retrouver ce confort sur des jumelles. La qualité optique n’est pas du tout au niveau de ce qu’on trouve sur Zeiss, Leica, voire Swarovski , c’est vraiment un cran en dessous, il n’y a pas de doute, on est dans une qualité optique de milieu de gamme.

Moi ce que j’ai dit dans le livre et à d’autres endroits, c’est que quand on y a gouté, on a du mal à revenir en arrière. D’autres personnes qui utilisent des jumelles stabilisées disent la même chose. Je dis ça mais Guillaume qui est juste à côté de moi n’utilise pas de jumelles stabilisées.

Régis : Avec un grossissement de 12 fois, on peut penser que la stabilisation est quasiment obligatoire ?

Jean-Luc : Si, il faut que ce soit stabilisé, c’est clair.

Des prix justifiés

Régis : Ce que j’ai beaucoup apprécié dans le livre, c’est les illustrations de tests. Notamment les photos d’aberration, la qualité d’images au bord, c’est vraiment édifiant. On voit à chaque fois l’illustration, c’est une photo prise de la jumelle, avec la qualité d’images au bord de la jumelle, c’est assez impressionnant.

Et je comprends enfin pourquoi une paire de jumelles peut couter 2.000 euros et pourquoi une paire de jumelles peut couter 150 euros. C’est assez incroyable de voir la différence de qualité. Ça s’explique par les traitements optiques, j’imagine.

Mais de voir une image pas chouette sur les bords de l’image justement et quelque chose qui est très correct sur ces mêmes bords de l’image avec une paire de jumelles à plus de 1.000 euros.

Guillaume :  Oui, ça c’est quelque chose qui est important. C’est principalement le design optique, la quantité de lentilles qu’on va mettre, le choix des verres qu’on va utiliser. Il y a des verres qui peuvent couter au prix du poids 10 fois plus que des verres normaux par exemple.

Donc le choix des verres qui va impacter le prix de façon conséquente va aussi impacter sur la qualité des images en bord de champ. Ce qu’on a pu constater, c’est qu’effectivement les rares jumelles qui avaient des qualités très bonnes en bord de champ sont des jumelles haut de gamme.

La majorité des jumelles bas de gamme, moyenne gamme, ont une qualité optique tout à fait honorable au centre du champ, mais dès qu’on va s’éloigner du champ on va perdre rapidement en qualité. Pour des gens qui n’ont pas l’habitude de regarder avec des jumelles, on regarde au centre.

On se conforme avec une image de qualité au centre du champ et on n’a pas tendance à regarder sur les bords. Les gens qui sont un peu plus pointilleux, connaisseurs en observation, en particulier les ornithos, les gens qui vont chercher à détecter un petit oiseau au milieu du feuillage ou des choses comme ça, vont apprécier le fait d’avoir de la qualité optique dans tout le champ.

Ça peut être le cas de chasseur aussi. On en parlait, ils ont à peu près les mêmes problématiques. D’ailleurs on se rend compte qu’il y a deux écoles. Les chasseurs vont sur certaines marques, les ornithos vont sur d’autres mais ils ont à peu près les mêmes besoins.

Il y a vraiment cette grande différence qui est au niveau prix. Monter dans du haut de gamme, ça veut dire qu’on va énormément gagner en qualité de détail, de contraste en bord de champ. C’est ce qu’on a constaté au niveau de tous les tests qu’on a menés.

Jean-Luc : En faisant le livre, c’était vraiment une des questions à la fois qu’on se posait et à laquelle on avait envie de répondre, c’était justement celle que tu viens de poser. Est-ce qu’on arrive à justifier que des jumelles se vendent 1.500 euros voire plus de 2.000 euros.

Quand on fait des tests poussés, sérieux, on se rend compte que la différence clairement, elle est aussi bien sur la transmission de lumière que de la qualité d’image en bord de champ. C’est aussi pour ça qu’on a été visité des usines haut de gamme, c’est pour discuter avec les gens, voir comment ils travaillaient.

Clairement quand on visite ces endroits, on comprend la quantité de travail. Sur les jumelles qu’on a en prêt en ce moment, les Victory de Zeiss qui atteignent des taux de transmission très élevés, ça doit être 92 ou 93 %. Pour arriver à ce niveau-là, il y a 72 couches qui sont déposées sur une des faces du prisme.

Des traitements optiques de haut-niveau

Régis : Vraiment la question de béotien de base. Mais plus on met de couches, plus ça fait des freins à la transmission, non ? Ce n’est pas comme ça qu’il faut voir les choses ?

Jean-Luc : Là c’est des couches sur l’une des faces externes du prisme, donc c’est des couches qui favorisent la réfraction totale.

Guillaume :  Sur la partie transmission, il faut aussi augmenter le nombre de couches puisque les matériaux qui sont disponibles pour les dépôts de couches minces sont assez limités.

Théoriquement on pourrait faire des choses absolument fabuleuses si on avait des matériaux où l’on pouvait choisir les qualités optiques, les indices, les paramètres. On n’a malheureusement pas ce choix. On est obligé de prendre parmi les matériaux qu’on est capable e déposer en couches minces.

De fait de ce choix, on est obligé de donner des empilements de couches assez complexes. Par exemple en couche antireflet, on peut monter à des empilements de 11 couches pour des choses de très haut de gamme. Le bas de gamme, on va se situer avec une couche déposée.

Régis : Ça explique la différence. La différence de prix elle est évidemment dans les matériaux qu’on achète parce que ça coute cher tous ces matériaux-là mais aussi dans la recherche et développement qui est en amont sur les marques ?

Jean-Luc : Oui, totalement. Aujourd’hui on voit clairement que Leica, Zeiss et Swarovski en particulier se tirent la bourre. Il y a un ingénieur de chez Swarovski qui a été récupéré par Zeiss et c’est ça qui a permis à Zeiss de faire les Victory SF. Leica était un peu à la traine et a fini par sortir les Noctivid qui ont d’autres qualités.

Si on prend point par point, elles n’ont pas exactement les mêmes qualités. Il y a une concurrence pour apporter des produits dans ce marché haut de gamme qui est très exigeant. C’est clair que ça leur demande des efforts de recherche qui sont conséquents.

A ce jeu-là, les marques ont chacune leur qualité, leur faiblesse. Par exemple pour les jumelles à télémètre, Leica a un petit peu d’avance. Pour la transmission, Zeiss a un peu d’avance. Pour la planéité du champ, Swarovski a de l’avance. Ça devient assez subtil à ce niveau-là.

Chacun a essayé de pousser ses pions dans un sens, sur un point. Du coup ça rend le choix entre ces produits assez difficile. Ça va dépendre de ce que chacun attend, vu que c’est des produits qui sont dans les mêmes ordres de prix. Là c’est intéressant aussi de faire des tests.

Parce qu’on a lu des tests qui mettaient sur un pied d’égalité soit des produits à moins de 1.000 euros avec ces produits à plus de 2.000 euros. Là, nous ce qu’on a pu montrer dans nos tests montre qu’il y a vraiment des différences significatives, même s’il y a de très belles choses à moins de 1.000 euros. On voit que pour ces produits, derrière il y a plus de travail. Tout ça est cohérent.

Guillaume :  Il y a cette fabrication aussi des produits haut de gamme qu’on a pu voir, l’entièreté des composants est fabriquée en Europe avec des couts de production supérieurs aussi. Il faut imaginer que la fabrication des verres actuellement, il y a certains verres dits haute transmission qui ne sont accessibles qu’en Europe.

C’est-à-dire que pour fabriquer les lentilles qui vont composer les jumelles très haut de gamme, les gens sont obligés de fabriquer en France, parce que ces verres ne sont pas disponibles en Chine par exemple, parce qu’il y a certaines contraintes.

Il y a une justification sur le prix qu’on a pu constater à travers nos enquêtes. Si on ne s’était pas déplacé, on n’aurait pas pu se rendre compte qu’effectivement il y avait autant de différences.

Régis : C’est intéressant d’avoir ce point de vue parce que ça explique ces prix-là, ces tarifs qui sont très impressionnants. Quand on commence à s’intéresser au monde des jumelles et qu’on voit des prix à 2.000 euros sur des objets qui ont la même taille que celles à 150 euros ou un peu plus, on se dit « pourquoi ».

D’après ce que vous dites, c’est largement justifié. Je le comprends. Et c’est bien de le dire comme ça. On sort un peu du cadre de l’interview mais est-ce qu’on peut faire le lien avec le prix des téléobjectifs en photographie animalière ou sportive où l’on atteint des sommets également, à 8.000-10.000 euros, les 500mm/f4 par exemple ? Est-ce que c’est aussi cette même explication qui justifie ces tarifs-là ?

Jean-Luc : Le parallèle est assez bon parce qu’aujourd’hui dans la photo il y a des objectifs de 500mm autour de 1.000 euros qui sont valables, qui permettent déjà de faire des choses. Mais on sait très bien que les gros blancs ou certains autres objectifs chez Nikon sont bien meilleurs malgré tout.

C’est le même ordre de différence. On voit aussi comme dans les objectifs photo des fractures dans les prix. C’est vrai que dans le marché grand public les jumelles sont majoritairement en dessous de 1.000 euros. Il y a même beaucoup de produits en dessous de 500 euros.

Et il y a presque un vide entre 1.000 et 2.000 euros, il y a moins de produits, il y en a mais il y en a moins.

Guillaume :  Pour être photographe, je sais que l’utilisation de magnésium pour alléger les grandes lentilles est quelque chose. L’utilisation de moteurs ultra soniques silencieux. Il y a beaucoup de petits détails qui ont un cout. Moi je suis équipé avec une des grandes marques.

Etre avec des photographes à côté qui avaient des équipements un peu moins connu, on se rend compte que la vitesse d’autofocus elle est là. En basse lumière on va pouvoir sortir la photo alors qu’ils vont avoir leur moteur qui va s’emballer, des choses comme ça.

Le prix s’explique par quelque chose. Il y a une technologie derrière. C’est comme si on fait du vélo, on peut très bien faire du vélo avec un vélo qui coute 100 euros ou acheter un vélo qui coute 10.000 euros.

Après ça dépend de son niveau, on adapte le prix de l’équipement en fonction du niveau que l’on a. J’ai tendance à dire que si on n’est pas capable de détecter un défaut, à la limite ce n’est pas grave.

Régis : C’est vrai.

Guillaume :  Si on est capable de voir qu’il y a un problème sur une paire de jumelles, ça veut dire que déjà on est à la limite de ses compétences.

Savoir d’où viennent vos jumelles

Jean-Luc : Après c’est comme sur les optiques photo, il ne faut pas dire aux gens « si vous n‘avez pas 2.000 euros, rentrez chez vous, ce n’est pas la peine d’acheter des jumelles ». Evidemment non. C’est ce que montrent nos test aussi, on a mis des coups de cœur sur un panel de gamme de prix.

Nous, le message fort qu’on a envie de faire passer, c’est autant que possible d’éviter d’acheter des choses fabriquées en Chine. Là-dessus on est assez clair. Mais ça ce n’est pas incompatible avec les produits fabriqués, on évoquait la Tchéquie, le Japon.

Les produits russes ne sont pas trop présents sur notre marché mais en Russie il y a aussi des fabrications dans ces ordres de prix. Il y en a pour tout le monde. Comme dit Guillaume, les différences même si elles sont bien présentes, elles ne sont pas flagrantes pour le novice. On a fait l’expérience. Il y a quelques mois, quelqu’un cherchait une paire de jumelles, on lui en a mis 3 ou 4 entre les mains.

La personne ne voyait pas les différences, alors qu’on savait très bien les différences entre ces produis-là. Après, tout dépend des moyens de chacun, c’est surtout ça. Si vous avez 2.000 euros à mettre dans une paire de jumelles, allez-y. Si vous ne l’avez pas, ce n’est pas grave du tout, il y a vraiment des choses chouettes à 500-600 euros.

Régis : Ma paire de jumelles c’est une paire de marque Perl que j’ai achetée il y a 7 ans maintenant à 500 euros. Dans cette fameuse gamme des 400-500 euros il y a de très belles choses. J’en suis très content.

Vous l’avez très bien dit, on me met entre les mains les dernières Noctivid de Leica, je vois forcément une différence et j’aurais peut-être du mal à revenir en arrière. Mais c’est partout, dans plein de choses. Je joue un petit peu de guitare, j’en ai une qui vaut 250 euros, j’en joue tout les soirs.

Il n’y a pas très longtemps on m’a prêté une guitare qui vaut 1.500 euros, ça m’a fait tout drôle. Ça s’explique et c’est justifié. Mais il faut faire en fonction de son budget et de ses besoins.

Jean-Luc : Ceci dit, le challenge pour les grandes marques, c’est de plus en plus lourd à porter dans la mesure où la qualité de la fabrication dans des niveaux de gamme inférieure a connu un progrès réel et fort dans ces 15 dernières années.

On peut dire qu’on a été surpris par certains produits qu’on a vu fabriquer en Chine. Certaines usines qui sont en Chine appartiennent à de grosses marques japonaises. Il y a du savoir-faire, clairement. Ce n’est pas parce qu’on achète du « made in China » que la qualité n’est pas là.

Le problème avec le « made in China » c’est plus le problème des normes sociales et environnementales.

Régis : Comme d’autres pays d’ailleurs.

Jean-Luc : En tout cas, sur les jumelles on a la chance d’avoir le choix, ce qui n’est pas le cas pour plein d’autres produits de consommation, des composants électroniques ou quoi. C’est forcément fait en Chine pour certaines choses.

Un investissement sur le long terme

Guillaume :  Il faut aussi voir la notion d’amortissement. Un ornitho qui va sortir tous les week-ends observer les oiseaux va se permettre d’investir un budget supérieur à celui qui va faire une sortie ornitho une fois par an à l’occasion parce qu’il a ses vacances et qu’il va sortir en famille.

Il faut aussi replacer les choses. Le budget associé aussi avec la passion et comment on peut la vivre. Je pense que c’est important la notion de budget. On n’achète pas une paire de jumelles à 2.500 euros pour la mettre dans un placard. Parce qu’on va l’utiliser de façon régulière, c’est un outil de travail. Parce qu’on la sort, parce qu’on a besoin de robustesse.

Une paire de jumelles qui va couter 500 euros va peut-être durer 3 ans en termes d’utilisation sur le terrain de façon intensive. Une paire de jumelles de 2.500 va durer 10 ans. Plutôt que d’acheter 3 paires ou 4 paires à 500 euros, il vaut mieux prendre une paire de jumelles à 2.500 euros.

On s’y retrouve sur du long terme. Il y a certains ornithos qui sont encore avec leur Leica d’il y a 30 ans, ils sont super contents de continuer à observer avec leur Leica qu’ils ont acheté quand ils avaient 25 ou 30 ans.

Régis : C’est un peu comme les objectifs, c’est un investissement. Ce n’est pas un objet technologique qui perd de la valeur au bout de la première année. Ce n’est pas du tout dans ce paradigme-là qu’il faut voir les choses. Il faut aussi tenir compte de ça.

J’espère que les auditeurs ont compris qu’on avait à faire avec Jean-Luc Dauvergne et Guillaume Blanchard à deux experts, qui connaissent vraiment le domaine des jumelles. Je conseille sincèrement à toute personne en phase d’achat de jumelles d’acheter ce livre parce que, en plus des conseils donnés pour acheter des jumelles, évidemment c’est important, en plus ça donne une belle culture optique.

Ne serait-ce que pour le côté acquisition d’une culture optique, je trouve ça formidable. Où peut-on se le procurer, ce livre ?

Où trouver le livre ?

Jean-Luc : Il est édité chez Belin, donc on peut le retrouver un petit peu partout. Nous on est tous les deux sur Paris, on a travaillé beaucoup avec la Maison d’astronomie qui est la plus grosse boutique de jumelles sur Paris. Ils ont un bon stock là-bas.

On a été aussi au Festival de la Photo à Montier-en-Der. Si vous voulez faire travailler un libraire, le libraire du festival qui est à Saint-Didier a aussi un bon petit stock de livres. Et dans le réseau de boutiques du monde astronomique, on est un peu issu du milieu astronomique, même si on fait de la photo animalière.

Donc les revendeurs de matériel astro, souvent, ont le livre en stock. Après si vous cherchez le livre sur Internet, vous avez un vaste choix de libraires qui le vendent, y compris des libraires qui payent leurs impôts en France.

Régis : En parlant de ça, je fais une petite parenthèse, je ne sais pas si je vais le garder dans l’interview, j’ai récemment découvert une extension sur le navigateur Google Chrome qui s’appelle Amazon Killer.

Pour ceux qui achètent pas mal de livres sur Internet et qui aime bien pouvoir le recevoir le lendemain, cette application est très bien faite parce que sur la partie où on clique sur « mettre au panier », il y a le petit onglet avec « trouver un libraire près de chez moi ».

On clique dessus, ça emmène sur un autre site qui s’appelle la Place des libraires qui automatiquement vous propose ce même bouquin chez un libraire près de chez vous. Ça marche très bien.

Jean-Luc : Exactement. Je l’ai déjà testé, ça marche bien.

Régis : Donc on peut faire la recherche sur Amazon et par contre l’acheter chez un libraire chez soi, c’est mieux pour l’économie locale.

Jean-Luc : On soutient les petits libraires. Quand on entend le salaire moyen qu’ils ont, souvent inférieur à 1.500 euros par mois, alors qu’ils font des horaires pas possibles

Régis : Et qu’ils donnent de bons conseils souvent.

Guillaume :  Une petite parenthèse aussi qu’on peut faire, aussi faites l’effort si vous allez chez un revendeur tester des jumelles et profiter des conseils et autres, essayez d’acheter chez un revendeur et pas utiliser ces gens-là pour derrière acheter sur des plateformes Internet.

Parce que ces gens-là vous donnent un service, un service qui est quand même assez important puisqu’ils ont de l’expérience, ils ont des conseils, ils peuvent vous orienter. Vous êtes ou pas d’accord  avec eux, ça c’est autre chose.

Mais c’est quelque chose qui nous a foncièrement choqués de voir que beaucoup de gens vont tester les équipements, vont les prendre en main pour se faire leur jugement et partent sans rien acheter et le lendemain vont acheter l’équipement qu’ils ont testé sur Amazon.

On aurait tendance à dire que si vous faites l’effort de vous déplacer et que ça vous coute peut-être un peu plus cher, c’est aussi parce que vous payez le service, vous payez du service après-vente et des choses comme ça.

Jean-Luc : C’est important parce que sur les jumelles ça arrive souvent d’avoir de petites bricoles, quand il y a eu un choc ou quoi, des courroies qui cassent, on peut vite avoir besoin de SAV sur des jumelles plus qu’on ne le pense, autant que sur du matériel photo, pour tout ceux qui font de la photo intensive savent à quel point on peut avoir besoin du SAV régulièrement.

Pour les jumelles, à ce titre-là, c’est bien de les acheter à quelqu’un qui a pignon sur rue. Si on les achète en virtuel, ça sera beaucoup plus difficile d’avoir du service. Je ne veux pas citer de marque mais il y a du SAV sur certaines marques, y compris des grandes marques, qui est un peu poussifs et laborieux.

Là c’est bien d’avoir une aide humaine d’un professionnel du milieu qui va pouvoir éventuellement pousser les choses, voire trouver un réparateur bis. Il y a aussi des artisans qui savent réparer les optiques. Ça on peut l’avoir en étant dans les réseaux de professionnels.

Régis : Je suis certain que tous ces bons conseils auront été entendus par les auditeurs, qu’ils sauront les utiliser à bon escient. Je vous remercie beaucoup Guillaume et Jean-Luc pour tous ces très bons conseils. Je vous dis à très bientôt.

Guillaume :  A bientôt.

Jean-Luc : A bientôt, au revoir.