Dans cet article, je partage avec vous tous mes secrets pour photographier avec une vitre sans tain.

Avez-vous déjà vu des images d’oiseaux avec une proximité incroyable ? Des photos d’affûts où le photographe semble pouvoir toucher le sujet, en tendant le bras ? Bence Maté, ça vous dis quelque chose ?  C’est l’un des premiers à avoir utilisé cette technique de la vitre sans tain au service de la photographie.

C’est en voyant ce type d’images que je me suis renseigné sur ce système. J’ai donc décidé de reprendre la même idée, à plus petite échelle, au fond d’un verger à côté de la maison. 

Comment aménager les lieux ? comment installer l’affût ? où se procurer la fameuse vitre sans tain ? Est-ce que ça détériore la qualité d’image ? Combien ça coûte ? Tant de questions pour lesquelles vous aurez les réponses après avoir lu cet article.

IMPORTANT – cet article a été rédigé par Mathieu Horrenberger. Jeune photographe animalier plusieurs fois primé dans des concours. C’est lui qui s’exprime dans cet article.

Une vitre sans tain qu’est-ce que c’est ?

Une vitre sans tain est un miroir qui ne réfléchit qu’une partie de la lumière tout en laissant passer l’autre partie. De cette manière, une personne placée derrière ce miroir pourra observer sans être vue. D’un point de vue physique, ce miroir semi-réfléchissant sépare un rayon incident en 2 flux lumineux

  • l’un réfléchi (changement de direction brusque de la lumière contre la vitre)
  • et l’autre réfracté (la lumière traverse la vitre).

Pour en savoir plus, vous pouvez lire cet article de Couleur Science

Illustration issue du site Couleur Science – © Philippa McKinlay

Comment installer une vitre sans tain ?

Pour utiliser une vitre sans tain, il faut d’abord construire un affût avec une large ouverture sur le devant afin de pouvoir y fixer la vitre. Les dimensions sont à définir selon votre besoin de confort et de place. Celui que je vais vous présenter mesure 1m40 x 1m40.  

Pour un affût solo, je trouve que c’est amplement suffisant et je suis satisfait de ce choix. Il y a suffisamment de place pour bouger, s’asseoir, étendre les jambes, etc. Si vous souhaitez faire des séances d’affût à plusieurs (c’est toujours plus convivial et le temps passe plus rapidement), il peut être plus long afin d’accueillir 2 postes de photographes.

L’affût que j’utilise est associé à un bassin. C’est un excellent système, en plus de la mangeoire, pour accueillir les oiseaux.

Où placer l’affût ?

Cet affût est préférablement installé au fond d’un verger ou à proximité d’une forêt. Les oiseaux se sentent plus en sécurité lorsqu’il y a des arbres sur lesquels ils peuvent se percher pour arriver progressivement au bassin. Il est donc important de prendre ça en compte lorsqu’on choisi le lieu.

Un second facteur essentiel est la facilité d’approvisionnement en eau. Il pourrait sembler idéal d’installer sa drink-station au fond d’une belle forêt d’arbres centenaires, où on se rendrait après une belle balade de 20 minutes, tous les samedis matin. Le contexte fait rêver : un endroit secret, bien sauvage, où vous êtes sûr d’accueillir les plus beaux oiseaux.

Mais lorsque le bassin sera à sec (ça se vide très rapidement) et qu’il faudra le remplir, la belle balade sera tout de suite moins sympathique avec un arrosoir de 15 L dans chaque main. Soit le lieu doit être accessible en voiture pour amener des bidons d’eau, soit il faut installer un système de récupération d’eau de pluie.

Personnellement, j’ai accès à un puits à 100 mètres et je fais plusieurs aller-retours avec des arrosoirs pour remplir le bassin (environ 50-60 litres). 

Important : pensez à contacter le propriétaire du terrain afin de lui demander l’autorisation. Si vous avez la chance d’avoir un grand jardin avec quelques arbres, ça peut être un lieu idéal car proche d’un apport d’eau, et vous êtes propriétaire du lieu ! Bref, toutes les conditions sont là !

Comment orienter l’affût ? 

Concernant l’orientation de l’affût, il est essentiel de tenir compte de la position du soleil.

Désolé pour ceux qui n’aiment pas la physique mais il va falloir s’y remettre un petit peu. Comme nous l’avons vu plus haut, la vitre sans tain sépare le rayon en deux afin d’obtenir un coté transparent et un autre miroir. Ce système nécessite un coté sombre (l’intérieur de l’affut) et un coté lumineux (l’extérieur).

Il est donc essentiel que l’intérieur de l’affût soit très bien isolé de la lumière. S’il est bien sombre, alors la vitre jouera son rôle à la perfection. Or, si nous plaçons l’affût orienté ouest, les premiers rayons du soleil nous viendront droit dessus, éclairant ainsi à travers la vitre l’intérieur de l’affut. Ce dernier sera moins obscur et le miroir réfléchissant perdra un peu de son efficacité.

De ce fait, si vous souhaitez faire des séances d’affût le matin, préférez une orientation plutôt est. Si vous préférez faire vos séances d’affûts en fin de journée, préférez une orientation ouest.

Combien ça coûte ?

Le coût de cet affût est raisonnable (surtout en récupérant des vieilles planches) : quelques dizaines d’euros. Mais il est nécessaire d’être en bons termes avec le maître des lieux afin d’éviter un saccage ou autre.

Personnellement, je suis loin d’être bricoleur et il faut vraiment que je sois à fond dans un projet photo pour être prêt à sortir les outils. J’ai construit cet affût en 2013, j’avais alors 17 ans et j’ai choisi de faire au plus simple.

Un affut solide, durable mais sans complexités particulières :

  • 4 poteaux dans le sol,
  • des planches de contreplaqué,
  • une visseuse à batterie (car pas d’alimentation électrique au fond du verger),
  • des vis
  • … et le tour est joué 🙂

Il reste plus qu’à construire une petite porte et à aménager l’intérieur (siège, stock de graines, livres…)

Mais il faut encore à fixer la vitre sans tain ! Comment faire ? J’imagine qu’il y a toutes sortes de méthodes mais n’étant pas un as du bricolage, j’ai utilisé une planche de bois que j’ai vissée en dessous de l’ouverture de la vitre.

Ensuite j’ai disposé verticalement deux profilés aluminium en U de 5mm, de chaque côté. Il était alors facile de faire glisser la vitre sans tain entre les deux profilés alu, jusqu’à ce qu’elle vienne se poser sur cette planche de bois servant de support.

 

auxois nature

Voici la vue depuis l’affût

Les avantages et les inconvénients de la vitre sans tain

Avantages

  • Confort. Le photographe profite d’une liberté de mouvement sans craindre une fuite des oiseaux. Quel plaisir de pouvoir être libre de tous ses mouvements ! Je ne sais pas si vous avez déjà essayé les séances d’affûts sous un filet de camouflage pour un renard, un martin-pêcheur ou je ne sais quel autre sujet. On a très vite le nez qui gratte ou des douleurs dans les jambes mais on se doit de rester immobile. Dans un affût comme celui-ci, il faut attendre un petit peu, mais c’est plus plaisant. En général, j’ai mon portable avec des jeux, parfois je viens avec des cours à réviser, ou bien avec l’ordi pour traiter les images de la veille.
  • Proximité. De plus, ce procédé permet une proximité incroyable avec les oiseaux, même les plus farouches. J’ai déjà eu un couple de pouillot véloce venir se percher sur le rebord de la vitre de l’affût, ils étaient trop proches pour que je puisse faire la mise au point. Ils ne sont même pas allé boire au bassin, mais ils étaient simplement curieux de leurs beaux reflets contre la vitre sans tain.
  • Gain de temps. En général en photo nature, il faut chercher le sujet. Si on veut photographier un renard, on va apprendre des informations sur son mode de vie, essayer de comprendre ses habitudes, on va se rendre dans un lieu propice à sa présence, à des heures matinales, rechercher des indices de présences (empreintes, excréments, terriers…). Et c’est rarement dès la première prospection que l’on fait la découverte de l’animal. Il faut du temps, mettre toutes les chances de son côté, et peut-être, avec de la persévérance, on arrivera à observer, puis à photographier l’objet de notre quête. Ici, pour le bassin, il suffit de choisir un endroit approprié, de faire sa construction et c’est tout, ce sont simplement les oiseaux qui viennent au photographe !

Inconvénients

  • Inconvénient #1 : ajout d’une couche de verre supplémentaire.

J’imagine que depuis le début de l’article, une question vous tracasse : la vitre supplémentaire n’est-elle pas néfaste pour la qualité de la photo ? Je ne peux pas vous dire que ça n’a aucun impact mais cela reste négligeable face à tous les avantages dont profite le photographe.

Si de grands noms de la photographie animalière utilisent cela et que des photos « prises à travers une vitre » remportent les premiers prix des concours photo les plus prestigieux, on peut se dire que le résultat ne doit pas être trop mauvais.

Je ne peux pas vous convaincre plus clairement là dessus, je ne peux pas comparer la qualité d’image avec et sans vitre grâce à une grille d’évaluation précise. C’est un défi à oser, je n’ai aucun regrets. Je pense que chaque photographe s’étant lancé dans cette aventure en est satisfait.

  • Inconvénient#2 : orientation du boitier

Il est important de photographier perpendiculairement à la vitre sans tain et pas en biais. Sinon cela peut parfois donner un effet double à la photo. Il faut simplement le savoir, et prendre garde à placer son trépied en face du perchoir sur lequel les oiseaux vont se poser. Voici un exemple de l’effet double que l’on peut malheureusement obtenir avec un prise de vue en biais.

EXIFS : Pentax k-3 + 300mm f4 + TC x1.4     420mm   f5.6   400 ISO   1/500s

  • Inconvénient #3 : la luminosité

Y a-t-il une perte de luminosité ? Oui, mais elle reste raisonnable. Je n’ai pas mesuré précisément la perte d’IL, mais elle doit être de l’ordre de -1 IL.

La vitesse d’obturation de mes photos prises à travers la vitre atteint sans difficulté 1/500 ou 1/640s (parfois plutôt 1/250s lors d’un ciel couvert) alors que mon objectif ouvre seulement à f/5.6 (ce qui n’est pas très lumineux). D’autant plus que je règle la sensibilité à 400 ISO (alors que bon nombre de boitiers récents gardent une excellente qualité jusqu’a 3600 ISO, ce qui permet d’augmenter encore la vitesse si c’est votre préoccupation première).

Mais ces vitesses restent correctes car le boitier étant installé sur un trépied, cela ne provoque pas un flou de bougé. Si vraiment vous souhaitez une luminosité permettant des photos à 1/2000 ou plus, vous pouvez imaginer toute sorte de procédés, qui pour moi, sont, d’une part trop complexes à aménager, et, d’autre part, non nécessaires car mon boitier est sur trépied.

Pour vous donner un exemple, le photographe hongrois Bence Mate utilise sur certaines de ses drink-station un système de miroir complexe . Ils sont reliés à des câbles jusqu’à l’affût pour les orienter et ainsi faire réfléchir la lumière pour d’augmenter la vitesse d’obturation !

[Note de Régis : Cédric Girard du blog Aube Nature avait écrit un article en 2009 sur son voyage là-bas]

Si ça c’est pas du confort !!! Le photographe hongrois derrière une vitre sans tain.

Où trouver une vitre sans tain ?

Une vitre sans tain c’est bien beau, mais comment ça se trouve ? En cherchant sur internet « acheter vitre sans tain » on nous propose rapidement des films à coller sur une vitre pour obtenir cet effet. C’est économique mais pour le résultat de l’image, je reste sceptique.

Personnellement je m’étais rendu à une miroiterie, et je leur avais exposé mon idée. Ils avaient pris ça au sérieux, et m’avaient mis à disposition plusieurs échantillons afin que je puisse photographier au travers et juger laquelle gardait la meilleure qualité d’image. En toute logique, le plus fin permet un rendu optimal et est moins cher. Le terme exact de la vitre choisie est Antélio argent 4 mm.

J’avais également essayé le verre Antélio Bronze, en 4mm et l’Antélio argent en 6mm mais le meilleur rendu était bien l’Antélio argent 4mm.

On arrive à la 2ème question que vous vous posez depuis le début : combien coûte cette petite merveille ? Pour des dimensions de 120x40cm la vitre sans tain revient à une cinquantaine d’euros. Je me souviens du retour de la miroiterie ou j’avais attaché la vitre sur la banquette arrière avec les ceintures et des mousses de protections : j’étais stressé sur tout le trajet ! Je craignais que la vitre glisse ou se raye ! 🙂

Ensuite, laisser venir les oiseaux devant l’affût nécessite un investissement de notre part, il faut trouver des astuces pour attirer les oiseaux ! Voyons comment …

Comment attirer les oiseaux devant l’affût ?

Méthode #1 : le bassin

Le plus intéressant est un bassin, plus communément appelée drink-station dans le domaine de la photographie nature. Si on est capable de construire un affût, il est facile de bricoler un petit bassin.

Il suffit d’une planche de bois, de quatre bords, éventuellement des étages différents pour varier la profondeur de l’eau. Un peu comme un escalier à l’intérieur du bassin. Ensuite, il faut poser une bâche pour accueillir l’eau. Je vous conseille une bâche prévue pour les bassins et mares qu’on peut trouver en jardinerie. Mon bassin a pour dimensions 140 x 60 x 10 cm. Il est constitué de 4 étages : 1cm, 3cm, 5cm et 10cm.

Il faut ensuite le remplir d’eau régulièrement afin que les oiseaux prennent cette habitude de venir boire, se toiletter, prendre leur bain.

Gérer la glace

En hiver, l’eau gèle facilement car la quantité d’eau est faible. Il suffit de casser la glace et de rajouter un peu d’eau. Le bassin que j’utilise ne forme jamais une couche épaisse de glace car il est dans une région où les hivers ne sont pas trop rudes. Les oiseaux apprécient toujours avoir accès à un point d’eau lorsque leurs flaques naturelles sont bloquées par la glace.

Gérer l’hygiène

En été, la bâche noire va capter les rayons du soleil, et la qualité de l’eau va rapidement se détériorer. Les feuilles mortes, les fruits, les plumes d’oiseaux, les fientes, les insectes vont se retrouver dans l’eau. Il est donc essentiel de remplacer l’eau assez souvent.

Je ne tiens pas un rythme régulier dans le nettoyage, sa nécessité dépend des saisons, selon l’aspect de l’eau. Cette petite tâche ne prend pas beaucoup de temps : je vide le bassin, frotte la bâche avec une éponge si elle est sale, et je fais les quelques aller-retours entre le puits et la drink-station avec les arrosoirs. Ça y est il est comme neuf ! 🙂

photo animalière

EXIFS : Pentax k-3 + 300mm f/4     300mm   f5.6   400 ISO   1/400s

En période estivale, lorsqu’il n’y a pas eu de pluie depuis un bon moment et que les journées sont chaudes, les oiseaux pourront compter sur votre bassin et ainsi s’y rendre fidèlement. On dit qu’un point d’eau en milieu sec est comme un aimant à oiseaux. Cela permet de photographier avec beaucoup de proximité des espèces habituellement difficiles à observer. Comme le rossignol ou la fauvette mélanocéphale.

Ces espèces sont rares à observer en milieu découvert, mais le bassin est un attrait suffisamment important pour les sortir de leurs buissons et arbustes. On retrouve encore ici l’avantage du bassin en hauteur, car ces oiseaux auraient plus d’hésitation à venir à même le sol pour profiter du bassin.

La fauvette mélanocéphale – EXIFS : Pentax k-3 + 300mm f4 + TC x1.4 420mm   f9   100 ISO   1/80s

photo animalière

Le rossignol philomèle – EXIFS : Pentax k-3 + 300mm f4     300mm   f4   400 ISO   1/400s

Méthode #2 : la repasse

La repasse est la diffusion d’enregistrements de sons d’oiseaux dans le but d’obtenir une attitude intéressante de la part de l’oiseau.

Les appeaux peuvent se révéler efficaces suivant les périodes de l’année et les espèces. D’autant qu’on peut avoir accès à des applications smartphones avec tous les chants d’oiseaux. Si on aperçois un petit oiseau qui s’en va dans la roselière, et que l’on souhaite le photographier, un petit coup de repasse de l’espèce en question et ça va peut-être le faire ressortir des roseaux.

Mais cette technique me semble néanmoins pas la plus appropriée. En effet, je déconseille l’utilisation d’appeaux car un excès de cette pratique est néfaste pour les oiseaux. En effet l’oiseau chante pour alerter ou défendre son territoire. Si on alerte sans qu’il n’y ait de danger, c’est un stress inutile pour l’oiseau. Et si on se fait passer pour un congénère qui marque son territoire, l’oiseau peur se sentir agressé et s’en aller plutôt que d’être attiré.

De plus la repasse ne fonctionne pas bien avec toutes les espèces d’oiseaux, ça dépend de la saison, et personnellement je n’y trouve pas grand intérêt tant sur le point efficacité que sur le point éthique.

Pour en savoir plus à ce sujet,  je vous conseille cet article. 

Méthode #3 : la nourriture

En période hivernale, il est toujours efficace de proposer des graines aux oiseaux pour aider à passer l’hiver ! On trouve facilement des mélanges de graines pour oiseaux dans les grandes surfaces et aussi des boules des graisse. Vous pouvez adapter le choix des graines selon les espèces que vous souhaitez attirer.

Les mésanges et les chardonnerets affectionnent le tournesol et les cacahuètes, le rouge-gorge préfère les vers de farines. Concernant le tournesol, je conseille plutôt les petites graines noires aux grosses striées.

Après, j’ajoute les cacahuètes, des miettes de boule de graisse, parfois aussi des vers de farines (ou des larves de mouche), du chènevis…

Evitez simplement les mélanges pour canaris/perruches qui ne sont pas appropriés pour les oiseaux de nos jardins.

Encore un coût financier non négligeable vous allez me dire ? Oui ça coûte un peu mais ça permet un va-et-vient incessant d’oiseaux sous nos yeux et c’est une précieuse aide pour ces boules de poils qui perdent parfois + de 10% de leur poids en une nuit de gel.

Vous voulez une solution pour ne pas dépenser trop cher ? Je vous la donne ! Plutôt que de vous approvisionner dans des jardinerie ou grandes surfaces qui vendent des sac de 2  ou 5 kg, allez dans une coopérative agricole qui vends des sacs de 25kg de tournesol, pour un prix bien inférieur à 1€ le kg (même inférieur à 0,8€ le kg si mes souvenirs sont bons).

Ce n’est peut-être pas la meilleure qualité de tournesol, mais on en a pour son argent. Personnellement je le stocke dans un fût et je ne l’écoule pas en un seul hiver.

photo animalière

Voici un aménagement possible devant une vitre sans tain

Comment diversifier sa collection d’images ?

Astuce #1 : laisser faire la nature

La nature à elle seule permet déjà de ne pas se lasser à faire toujours la même chose grâce à  :

  • la diversité d’espèces. Voici une liste non exhaustive des différentes espèces que j’ai pu voir depuis l’affût : pic vert, pic épeiche, gros-bec casse noyau, verdier, pinson des arbres, moineau domestique, mésange bleue, mésange charbonnière, mésange à longue queue, fauvette à tête noire, fauvette mélanocéphale, fauvette des jardins, bergeronnette grise, tourterelle turque, pie bavarde, geai des chênes, tarin des aulnes, rouge-gorge familier, chardonneret élégant, rouge-queue noir, rouge-queue à front blanc, tarier pâtre, rossignol philomène, bruant des roseaux, pouillot véloce…
  • les changements de lumières :
    • Matin : j’aime la lumière du soleil levant, et les oiseaux sont actifs le matin. Mon affût est idéalement placé pour les séances matinales. L’inconvénient c’est qu’il faut aimer se lever tôt en été et avoir froid en hiver.
    • Soir : Mon affut étant orienté à l’ouest, les photos en fin de journée sont en contre jour (exemple du rouge-queue sur les galets, ci dessous). C’est un style tout à fait différent du matin.
    • En pleine journée : je ne fais jamais d’affût en pleine journée. En été, il fait beaucoup trop chaud, et en hiver, après 3h d’affût je rentre me réchauffer à la maison.
  • l’alternance des saisons :
    • Eté : Il fait chaud, les flaques et les petites mares sont à sec et les oiseaux ont besoin de boire, prendre leur bain, etc… On peut profiter des espèces estivantes qui ne sont en France que pour la période chaude.
    • Hiver : Les oiseaux ont froid, ils ont des difficultés à trouver leur nourriture, c’est l’occasion de les aider avec des graines, et des espèces habituellement farouches vont être moins méfiantes pour avoir accès aux graines.
    • Automne : Les belles couleurs des feuilles mortes dans le verger ! Ces teintes automnales me plaisent particulièrement car elles donnent une toute autre ambiance aux images (exemple du rouge-gorge ci-dessous).
    • Printemps : C’est une saison pour laquelle je passe un peu moins de temps au bassin car d’autres sujets photos m’attirent, mais c’est encore une période intéressante. On peut par exemple proposer des beaux perchoirs avec des branches d’arbres fruitiers en fleurs, qui sont déjà sur place dans le verger.

Astuce #2 :

Ensuite, on peut varier les supports, les perchoirs, l’aménagement du bassin. Voici ce que je peux utiliser afin d’obtenir des ambiances bien distinctes.

  • une jolie branche,
  • d’autres fois un chardon,
  • ou encore des galets

J’ai également essayé de la terre, mais sans réussite. Par contre, la mousse, c’est très beau, ça donne une ambiance forestière mais c’est pas très durable. Même en la laissant tremper dans l’eau elle devient de moins en moins belle après plusieurs semaines d’utilisation. Je ne vous ai pas agrémenté chacune de ces idées par une photo dans cette article mais vous pourrez voir ça sur mon site internet, à la fin de la lecture de l’article.

Les branches de baies rouges (comme le houx) en période automnale/hivernale sont un autre type de perchoir que j’affectionne particulièrement. Ou bien les fines branches pleines de lichens… Ensuite on peut imaginer tout type de support, personnellement je préfère garder une cohérence naturelle mais on peut également s’amuser à placer un vieil appareil photo, ou tout autre objet qui puisse apporter une touche humoristique à l’image.

photo animalière

EXIFS : Pentax k-x + 300mm f4     300mm   f4   400 ISO   1/800s

photo animalière

Photo aimalière

EXIFS : Pentax k-3 + 300mm f4     300mm   f4   500 ISO   1/500s

Astuce #3 :

Ensuite, on peut varier les optiques ou la distance affût-bassin ! Nous aurons ainsi des portraits serrésou des plans plus larges.

Habituellement je photographie avec un 300mm f/4 sur boîtier APS-C et lorsque je n’ai pas de nouveaux perchoirs, l’oiseau se pose sur la bâche du bassin, et je profite de la proximité pour faire simplement un portrait, afin de masquer le support inesthétique.

Autrement je place un élément en premier plan, proche de l’affût, qui sera flou lors de la prise de vue, permettant ainsi de dissimuler la zone fâcheuse de l’image.

photographie animalière

EXIFS : Pentax k-3 + 300mm f4 + TC x1.4     420mm   f5.6   500 ISO   1/500s

photographie animalière

EXIFS : Pentax k-3 + 300mm f4     300mm   f4   400 ISO   1/160s

Astuces et pièges à éviter

Astuce #1

Afin de ne pas investir pour rien dans une vitre, il est préférable de commencer à attirer les oiseaux, faire des séances d’observations, et une fois qu’on est sûr que ce coin attire bon nombre d’espèces, on peut se lancer dans la fabrication de l’affût.

Piège #1

À vouloir photographier de trop près on est parfois piégé. J’ai souvenir d’un matin ou je souhaitais réaliser des portraits de passereaux. J’avais alors monté le 300 mm et j’obtenais le résultat souhaité. Mais un geai est arrivé prendre son bain. Sauf que pour un oiseau de taille plus importante comme lui, j’étais trop près ! Le cadrage était trop serré.

Dans l’idéal, il faudrait deux boitiers avec sur l’un un 300mm (avec éventuellement un TC 1.4) et sur l’autre un 200mm f/2.8. On peut ainsi passer d’un boitier à l’autre suivant la taille de l’oiseau et la volonté de faire une image d’ambiance ou un portrait.

L’autre solution plus adorable est d’utiliser des zooms et non pas des optiques fixes. Personnellement j’ai seulement des optiques fixes, mais pour ce type de photos, un 70-300mm ou un 100-400mm sont vraiment des télés-zoom optimaux !

 

photo animalière

EXIFS : Pentax k-3 + 300mm f4 300mm f4 400 ISO 1/400s

Piège #2

L’oiseau est souvent vif (surtout lorsqu’il prend son bain), et il faut réussir à faire la mise au point au bon endroit. On est parfois trop pressé à vouloir faire une rafale, sans se soucier de la zone de netteté de l’image. Le résultat est encore une fois raté.

J’aime utiliser l’ouverture maximale proposée par mon optique. Je suis quasiment toujours à f/4 avec le 300mm (ou 5.6 avec le multi x1.4). Cela permet une meilleure vitesse et un bokeh plus doux. Le risque est d’avoir des photos floues car la zone nette de l’image et plus restreinte.

Sur cette image de rouge-queue, la netteté n’est pas sur l’oeil comme les règles de la photo nature le conseillent, elle est sur le plumage de l’oiseau. En voyant le résultat j’étais déçu, frustré, mais après avoir vu le détail et la finesse des plumes, je trouvais ça intéressant, on voit la photo différemment. Ça change ! J’ai eu bien d’autres occasion d’avoir un rouge-queue à l’oeil net. Ce piège peut donc être vu comme un avantage dans le sens où elle permet une photo plus originale.

Mais à force de pratiquer, vous allez connaître les habitudes des oiseaux. Comme toujours se percher ici puis là, avant d’aller chercher des graines. On peut prévoir une mise au point manuelle selon le perchoir sur lequel il va se poser.

Si vous avez un boitier récent avec bon nombre de collimateurs pour l’AF, la mise au point ne sera pas vraiment plus compliquée qu’une photo d’oiseau sans vitre devant, car cette vitre je le rappelle n’a pas les reflets parasites qu’on peut trouver sur nos baies vitrées ordinaires.

photo animalière

EXIFS : Pentax k-x + 300mm f4     300mm   f4   400 ISO   1/40s

Conclusion

Vous pouvez voir de nombreuses photos que j’ai prises sur mon site internet en cliquant ici. Je vous conseille le top 30 ! 🙂

Lancez-vous un minimum dans le bricolage pour vous permettre de nouvelles possibilités photographiques !

Accueillez les oiseaux et vous serez étonnés par toutes les espèces que ce bassin attire. Ensuite, pour profiter au maximum des ces boules de poils, installez une vitre sans tain, pour la proximité, pour le non dérangement des oiseaux, pour les conditions d’observation idéales, simplement pour avoir un spectacle de la nature devant vos yeux.

Ce système à fait ses preuves pour beaucoup, vous avez maintenant toutes les clefs afin de mener à bien ce projet, à vous de décider ou non de vous lancer dans l’aventure !

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