Voyez un peu le dilemme face auquel 90 % des photographes se trouvent ! Ils lisent des magazines comportant un grand nombre de photos prises avec des super téléobjectifs. C’est vrai non ? Il y a un sacré paquet d’images d’illustrations prises du 400 mm au 600 mm. Faudrait faire le compte, un jour de très mauvais temps ! 🙂

Et oui ! Tout le monde n’a pas les finances la chance de posséder un 500 mm f/4 focale fixe. La vie du photographe animalier est ainsi (mal) faite !

Car une fois le périodique refermé, c’est le retour à la dure réalité. Finit le rêve. Adieu gros cailloux inaccessibles. Il faut se rendre à l’évidence : le plus gros téléobjectif à focale fixe et grande ouverture (j’entends par là au max f/4) que nous possédons quasi tous est au mieux un 300 mm f/4, ou « pire » un 200 mm f/2.8 voire même un 100 mm f/2.8.

Mais au fait, pourquoi ? Oh, la raison est simple. C’est le prix. Désolé, ça n’est pas une porte ouverte que j’enfonce là mais un portail ! Savez-vous qu’un Canon EF 500 mm f/4.0 L IS II USM coute 9 959 € ? Le prix d’une voiture citadine neuve ! Alors oui, quand un objectif photo atteint un tel tarif, on a beau être passionné, la limite est atteinte.

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Et puis il y a aussi une autre raison. C’est celle de la marque que vous utilisez. Si vous êtes chez Canon ou Nikon, pas de souci, ces deux marques ont bien un 500 mm f/4 dans leurs catalogues respectifs. En revanche, vous ne trouverez pas d’équivalents chez Pentax, Sony, ni même Sigma ou Tamron. Pentax propose bien un super-téléobjectif (560 mm) mais qui ouvre « seulement » à f/5.6. Idem pour Sigma et Tamron qui fabriquent un puissant 150-600 mm. Problème, il ouvre à f/6.3. Trop petite ouverture selon moi pour de l’animalier.

Le plus gros télé de chez Pentax. Le DA 560mm f/5.6

Le plus gros télé de chez Pentax. Le DA 560mm f/5.6

Vous comprenez donc maintenant pourquoi vous voyez peu de photographes se promenant avec une de ces optiques incroyables sur les épaules !

Professionnel VS amateur

Tiens, j’en profite pour ouvrir une parenthèse. Vous êtes nombreux à penser qu’une des principales différences entre que le photographe amateur et le photographe professionnel concerne le matériel. Et, qu’en gros, l’amateur serait forcément moins bien équipé.

Faux, archi faux. Comme souvent d’ailleurs lorsqu’il s’agit de légendes urbaines ! Je connais pas mal de photographes animaliers amateurs qui ont un parc d’objectifs photos bien plus fourni que le mien !

Que cela signifie-t-il ? Que je ne suis pas un bon photographe ? Heureusement non ! Seulement je fais partie des photographes professionnels qui n’ont pas de super téléobjectif dans leur besace. Hé oui ! Ça n’est pas parce que vous vous décrétez pro qu’un 500 mm tombe du ciel automatiquement. A cela deux raisons :

  1. le coût. Je l’ai écrit plus haut. À près de 10 000 € la bête, vous comprendrez qu’un photographe qui se lance dans le métier peut attendre quelques années avant de s’offrir ce qui est considéré comme le graal.
  2. La marque. Je suis chez Pentax et je ne suis pas prêt, je croix, de monter un 500 mm f/4 sur mon K3 !!

Bon, parenthèse refermée, mais on peut en discuter dans les commentaires. 🙂

Je viens de vous démontrer brillamment pourquoi vous deviez vous contenter d’un pauvre 100 mm ou 200 mm.  Et bien je vais maintenant vous prouver que ces « pauvres » petits télé sont, contrairement à ce que vous pensez, une chance. Oui. Une chance.

Une vraie chance de pouvoir vous démarquer des autres photographes animaliers. La production photographique du commun des photographes de la faune sauvage est dictée par la volonté d’être toujours plus proche des animaux. Attention, je ne dis pas que c’est mal ! Je recherche aussi ça parfois ! Je dis juste que ça peut manquer d’originalité.

Alors transformez ce que vous pensiez être une contrainte en atout !

Voici comment.

Astuce #1 : photographier les animaux en groupe

Utiliser un type de téléobjectif conditionne immanquablement la place que va prendre l’animal dans l’image. À toutes choses égales, un court télé, disons un 200 mm, fera tenir à l’animal moins de place dans l’image qu’un 500 mm. Logique.

C’est ce qui peut justement vous embêter : constater que le sujet est bien petit dans la scène photographiée. Trop petit même d’après vous.

Et bien l’astuce consiste à ne plus photographier qu’un seul sujet, mais plusieurs en même temps !

Ainsi, la petite taille tenue par l’animal dans l’image sera compensée par la « multiplication » du sujet.

Evidemment, ce type d’exercice photo est plus difficile qu’il n’y parait ! Car si nous sommes souvent frustrés de « subir » les caprices d’un animal qui ne se place jamais comme on voudrait, alors imaginez la frustration avec quatre, cinq, ou six animaux simultanément !

Vous aurez assurément pas mal de déchets, mais le jeu en vaut la chandelle. Oui, du déchet car bien souvent les animaux ne seront pas dans le même plan. Du coup, certains sujets ne seront pas nets, comme sur l’image ci-dessous.

ISO 800 - f/4 - 1/320 - 300mm

ISO 800 – f/4 – 1/320 – 300mm

Reste bien sur à trouver des spots photos qui ont des animaux vivant en bande. Car toutes les espèces ne sont pas sociales et certains individus préfèrent la vie solitaire à la vie en groupe.

Un écureuil sera dans 99 % du temps seul comme le rouge-gorge par exemple. Ce qui n’est pas le cas d’autres passereaux. Avez-vous déjà remarqué comme des mésanges peuvent se déplacer en bande ? Les lapins de garenne ou les blaireaux sont aussi des animaux sociaux. Là, c’est à vous de parfaire vos connaissances naturalistes.

Et les tourterelles aussi sont en groupe ! Euh … il y en a une qui tient la chandelle là non ? 🙂

ISO 400 - f/4 - 1/200 - 300mm

ISO 400 – f/4 – 1/200 – 300mm

Vous n’êtes pas non plus obligé de photographier des animaux de la même espèce. J’ai fait une sortie l’autre jour en bord de rivière. Deux espèces d’oiseaux se côtoyaient : des chevaliers guignettes et des bergeronnettes grises. L’occasion ne s’est pas présentée mais c’est une opportunité de plus.

Vous avez aussi le droit de mélanger les classes ! La classe des mammifères et celle des oiseaux. Bon, je vous mets une photo d’exemple ci-dessous pour vous montrer ce qu’il est possible de faire. La photo n’a rien de rare cependant ! (qui saura me dire dans les commentaires quel est l’oiseau qui se trouve sur la photo ? 😉 )

ISO 800 - f/4 - 1/125 - 300mm

ISO 800 – f/4 – 1/125 – 300mm

Voilà. Retenez l’idée qu’il est plus facile remplir de remplir le cadre avec plusieurs animaux quand on a un 200 mm dans les mains.

Astuce #2 : photographier l’environnement

Et si finalement c’était ça, la vraie photo animalière ? Celle qui montre de manière esthétique l’animal dans son environnement ? Et oui ! Un portrait animalier, aussi réussi soit-il, est finalement très réducteur. Seul, dans ce cas, compte l’esthétisme. Le coté naturaliste est au fond du fond des oubliettes. C’est peut-être dommage non ?

Photographier la faune sauvage avec un 200 mm vous donne cette possibilité d’inclure des jolis fonds bien flous (le fameux bokeh). Ainsi, vous faites d’une pierre deux coups. Vous faites aimer la Nature par la beauté ET vous la faites connaitre par l’apport naturaliste.

Regardez ce cliché de bergeronnette grise juvénile ci-dessous. Prise au 300 mm, on est loin du portrait et la place prise par l’oiseau est faible. Pourtant ça marche ! Pourquoi ? Parce que le fond est assez flou pour  mettre en valeur l’oiseau (qui lui est net) tout en permettant de montrer dans quel type d’habitat vit l’animal.

Esthétique et pédagogique ! Merci les « courtes-longues » focales ! 🙂

Je ne développe pas plus ici car j’avais écrit un article super complet sur comment faire pour photographier les animaux dans leur environnement.

ISO 800 - f/4 - 1/250 - 300mm

ISO 800 – f/4 – 1/250 – 300mm

Astuce #3 : attendre

Désolé. Cette 3ème astuce n’a absolument rien de révolutionnaire. Je ne sais pas combien de fois j’ai écris ça ici. L’attente est évidemment très important dans notre activité.

D’ailleurs, lorsque que quelqu’un me demande ce que je fais comme métier, et que je lui réponds (assez fièrement d’ailleurs ! 🙂 ) « photographe animalier » , la première question que j’ai est « tu dois être super patient !! » . Bien souvent avant même de me questionner sur quels animaux je photographie par exemple.

Pourquoi l’attente est-elle plus essentielle avec un 200 mm qu’avec un 500 mm ? Poser cette question revient à poser celle de la distance de fuite des animaux. Voici une très bonne définition honteusement pompée sur Wikipédia

La distance de fuite représente chez les animaux mobiles la distance à partir de laquelle un élément menaçant les pousse à fuir. La distance de fuite varie entre espèces, sexes, individus, groupes d’individus, etc mais est généralement relativement similaire chez tous les individus d’une même espèce dans un même habitat. Les animaux sauvages ont une distance de fuite plus grande que les animaux semi-domestiques.

La science qui étudie ça est la Proxémie. Vous pouvez lire un article très complet sur les distances de fuite

distance-fuite-critique

S’approcher d’une espèce sauvage vous demande de bien connaitre sa distance de fuite. Mettons que vous êtes à l’approche d’un ragondin (je l’ai expérimenté il n’y a pas très longtemps). Dans ce cas précis, la distance de fuite sera d’environ 10-15 mètres. Au delà, le ragondin, même s’il vous a repéré ne s’enfuira pas systématiquement. En deça, l’animal prend ses distances par rapport à vous.

Donc, pour le ragondin, n’espérez pas vous approchez plus que ça. Si vous avez un 500 mm, un sujet de 40 cm tiendra une place suffisante dans l’image. Au 200 mm, ça peut être un peu court (sauf à vous focaliser sur l’environnement !)

La seule et unique solution s’offrant à vous pour une approche est … d’attendre ! Et surtout pas de tenter de vous rapprocher « encore un peu plus« . Mettez-vous comme d’habitude pour les mammifères face au vent, et attendez que l’animal se rapproche de vous.

Par contre, il se pourrait que la position d’attente soit inconfortable ! Tant pis … il faut savoir souffrir ! 🙂

ISO 800 - f/5.6 - 1/125 - 300mm

ISO 800 – f/5.6 – 1/125 – 300mm

BONUS : un jeu créatif

Alors, oui, à priori, les objectifs que chacun d’entre nous possède sont à priori destinés à une utilisation bien précise. Le 400 mm pour les gros plans animaliers, le 24 mm pour le paysage, le 50 mm pour les portraits. Ce ne sont que des exemples.

Il faut évidemment les utiliser ce pour quoi ils sont prévus. Et plus souvent qu’à leur tour d’ailleurs.

Mais pensez aussi qu’un peu de transgression ne fait pas de mal. Ça fera même beaucoup de bien à votre créativité.

Tiens, je lance un jeu ! Je me souviens qu’un très bon ami, footballeur (personne n’est parfait ! 🙂 ) avait pour habitude, lui et ses coéquipiers, de s’amuser pour le dernier match de la saison. Ils écrivaient leurs prénoms sur des petits bouts de papier qu’ils placaient dans un chapeau. Et juste avec le match, l’entraineur tirait au sort les étiquettes pour connaitre la position des joueurs sur le terrain !

En gros, le gardien pouvait parfaitement se retrouver avant centre et l’avant centre, défenseur ! 🙂 Marrant non ?

Et bien pourquoi ne feriez-vous pas la même chose avec vos objectifs ?

  1. Etape 1 : écrivez sur des carrés de papier tous vos objectifs un par un
    1. 50 mm f/1.8
    2. 100 mm f/2.8
    3. 300 mm f/4
    4. 400 mm f/4
  2. Etape 2 : écrivez sur d’autres carrés de papier différents types de sortie photo nature
    1. Paysages
    2. Ambiance
    3. Macro – Proxi
    4. Environnement
    5. Portrait
  3. Etape 3 : placez la série de papiers Objectifs dans un chapeau et l’autre série (celles des types de sorties) dans un autre chapeau
  4. Etape 4 : faites tirez pas une main innocente (donc surtout pas la votre !! 🙂 ) un papier du chapeau 1 et un papier du chapeau 2
  5. Etape 5 : lisez le résultat et faites front devant un probable mauvais coup du sort ! Oui, vous pouvez très bien avoir ce type de duo : Paysage au 400 mm ou bien encore Portrait animalier au 100 mm
  6. Etape 6 : faites votre sortie en n’emportant QUE l’objectif désigné par le tirage et avec comme seul but de réaliser des photos QUE dans le thème imposé.
  7. Etape 7 : amusez-vous !!! 🙂

Ce type de jeu/exercice devrait franchement vous faire progresser en créativité.

Allez, je vous laisse, je dois trouver un chapeau et des petits bouts de papier pour ma prochaine sortie ! 🙂 En attendant, posez votre question dans les commentaires !

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