J’inaugure avec ce post une nouvelle série d’articles pour vous aider le plus concrètement possible. J’ai décidé de le faire parce que je demande systématiquement aux nouveaux abonnés du blog de répondre à cette question :

Quel est le plus gros souci que vous rencontrez en ce moment en photo animalière ?

Comme ça fait plusieurs mois que c’est en place, j’ai maintenant près de 700 questions en attente !

Donc plutôt que de laisser ça sans rien faire, régulièrement, je ferai un article en répondant à quelques questions. Dites moi en commentaires si le principe vous plait ! 🙂

[Sommaire]

Question #1 : comment déclencher pile au bon moment
Question #2 : j’ai des photos floues à cause du mouvement de l’animal
Question #3 : j’ai des difficultés à photographier en forêt

QUESTION #1 : comment déclencher pile au bon moment

Je vous mets la question intégralement :

J’observe avec patience et souvent je déclenche une fraction de seconde trop tard et je rate l’attitude ou le mouvement que j’avais longtemps attendu…

Il y a deux raisons pour lesquelles vous déclenchez trop tard.

RAISON #1 : vous n’anticipez pas assez

Au lieu de prévoir ce qu’il va se passer, vous réagissez en réaction … d’où cette micro seconde de délais « fatale ».  Vous subissez en quelque sorte la scène. Il faut vous mettre dans l’état d’esprit inverse.

Comment faire ?

Déjà, connaitre parfaitement l’animal photographié. C’est indispensable.

Exemple. 

Nous somme actuellement en hiver. Sur la mangeoire à oiseaux que j’ai installée vient régulièrement la mésange bleue. J’ai pas mal de portraits bien statiques d’elle, mais je voudrais à l’avenir la photographier au décollage.

Pour ça, j’observer d’abord très attentivement tous les mouvements précédent le décollage de la mésange. Je finis par découvrir que systématiquement, juste avant chaque envol, elle se tourne en direction du buisson d’à coté et se baisse un chouilla comme pour mieux pousser sur ses pattes.

Fort de ça, dès que dans le viseur je la vois adopter cette attitude, je déclenche en rafale. Et je n’attends surtout pas qu’elle s’envole ! Car c’est déjà trop tard.

Mésange charbonnière – f/5.6 – 1/1600- 300mm – ISO 1600

Idéalement, il faudrait pour chacun des comportements d’un animal qu’on voudrait photographier, connaitre l’indice indiquant que ledit comportement va se réaliser.

Evidemment, ça n’est pas le plus simple. Certains animaux ne montrent pas grand chose ! Ou alors le temps s’écoulant entre l’indice et l’action est bien trop court pour anticiper.

Dans ce cas là, on applique la deuxième solution

RAISON #2 : vous ne voyez pas assez bien la scène

Je m’explique.

Avec un téléobjectif, la scène visualisée dans le viseur est étroite. Parfois même très étroite. C’est exactement comme si on se mettait des œillères ! On surveille pile ce qu’il y a devant soit. Par contre, tout ce qui est à gauche ou à droite est invisible.

L’astuce ?

Sortir la tête du guidon viseur pour prendre du recul. En reculant votre tête de quelques centimètres, c’est à présent toute la scène que vous pouvez surveiller.

Un truc se passe sur la gauche ? Vous le voyez. Un machin arrive par le haut ? Pareil.

L’intérêt ?

Attendre et surveiller dans de bien meilleures conditions la prochaine action attendue de l’animal.

Vient logiquement cette question : comment cadrer alors si je n’ai plus l’oeil dans le viseur !

Au pif ? Bien sur que non.

Je cadre et je fais la mise au point en avance, précisément là où devrait se passer l’action. La MAP étant faite, ainsi que le cadrage, je n’ai plus qu’à attendre sagement adossé à mon siège. Je surveille comme une vigie. Mon doigt sur le déclencheur et bim, dès que je vois l’animal arriver par un coté, je déclenche.

L’idéal est d’avoir une télécommande. Ça évite de devoir laisser son doigt sur le déclencheur et d’attraper une crampe !

Grande aigrette – f/5.6 – 1/2000- 420mm – ISO 1600

QUESTION #2 : Mes photos sont floues à cause de l’animal en mouvement.

Bon, là, c’est simple.

C’est que la vitesse d’obturation est trop lente : le mouvement ne peut pas être figé.

Mais attention ! Elle n’est pas trop lente dans l’absolue. Elle est juste trop lente pour un cas de figure bien précis. Si votre idée est de geler le mouvement de la course de votre chat, alors vous n’aurez pas d’autre choix que d’adopter une vitesse d’obturation élevée de l’ordre du 1/1000. Et là, c’est bon, tout sera bien figé, du bout des pattes jusqu’aux moustaches !

Sauf que si vous avez en tête de figer les ailes du colibri en vol, 1/1000 ne sera pas suffisant, et vous aurez les ailes floues. Vous les voulez absolument nettes ? Alors vous l’avez deviné, pas d’autre choix que d’augmenter encore la vitesse d’obturation.

Bon. Je n’ai jamais photographié de colibri en vol, mais un bon 1/4000 devrait suffire.

Techniquement, je vous conseille de ne pas vous prendre la tête.

Voici comment je ferais à votre place :

  1. choisir l’action que vous voulez geler (saut d’un chien, course-poursuite de lapins, vol en saint-esprit du faucon crécerelle …)
  2. en fonction de la rapidité d’exécution du geste de l’animal, déterminer la vitesse à utiliser … en sachant que plus ce mouvement est rapide, plus la vitesse doit être élevée
    1. vol d’un passereau (avec ailes figées) : 1/2000 s
    2. course (avec pattes figées) : 1/1200 s
    3. vol plané d’un grand oiseau : 1/800 s
  3. choisir le mode priorité à la vitesse
  4. tourner la molette vers la gauche ou la droite pour accéder à la vitesse désirée

Hiboux des marais – f/5.6 – 1/1600- 420mm – ISO 400

Une remarque importante.

Choisir 1/2500s à la tombée de la nuit dans un sous-bois ne va pas le faire. La lumière ambiante n’est pas en quantité suffisante pour suffisamment « imprimer » le capteur en l’espace de 1/2500 s.

Résultat ?  La photo sera très très sous-exposée. Et votre reflex n’aura pas manqué de vous le faire remarquer. Comment ? En faisant clignoter le signe f/. C’est son moyen à lui pour vous dire ça :

– « hey ! avec 1/2500 s et si peu de lumière qui entre, je suis coincé et si tu ne fais rien, ta photo sera toute noire. Alors s’il te plait ouvre plus ton diaphragme !

et vous de répondre :

– « je peux pas ! je suis déjà au max avec f/4 … bon alors je vais augmenter les ISO pour atteindre la vitesse désirée? »

Vous voyez !! On discute pas mal avec un reflex en fait 🙂

QUESTION #3 : j’ai des difficultés à photographier en forêt

Normal.

C’est un environnement qui impose au photographe une contrainte importante.

Je ne vous apprends rien en disant qu’en forêt il y a moins de lumière qu’en milieu ouvert. En cause, le couvert végétal qui bloque une grosse partie des rayons solaires.

Ce déficit de lumière n’est évidemment pas sans conséquences pour le photographe. S’il n’y prête pas attention, la plupart de ses photos seront floues.

Pourquoi ?

Parce que pour assurer une exposition correcte, le reflex n’aura pas d’autres choix que de laisser entrer assez de lumière sur le capteur. Il faut compenser la faible quantité de lumière en augmentant le temps d’exposition (la fameuse vitesse d’obturation). Et pour correctement exposer la photo il faudra souvent taper dans des vitesses basses comme … 1/100 ou en dessous.

Conséquence ? En shootant au 300 mm (ou plus si vous avez), vos propres tremblements affecteront la netteté de l’image.

Solution ?

  • mettre l’appareil sur trépied pour s’affranchir de ses tremblements,
  • augmenter la vitesse d’obturation en ouvrant au max le diaphragme et en augmentant les ISO pour figer le mouvement de l’animal
  • pour retranscrire une ambiance sombre, ne pas hésiter à corriger l’exposition proposée par le reflex de -1IL par exemple (et du coup on augmente un peu la vitesse)

Mésange nonette – f/5.6 – 1/1250- 320mm – ISO 7200

Vous avez probablement entendu dire qu’il ne vaut mieux pas photographier en pleine journée. Pile quand le soleil est à son zénith. La lumière est dure, les contrastes sont très marqués ce qui donne des photos assez peu esthétiques dans la plupart des cas.

Si malgré ça vous avez une envie folle de jouer du reflex en plein midi solaire, ne vous abstenez pas … filez vite en forêt ! Le couvert végétal qui nous embête bien début et fin de journée, devient un atout !

C’est par exemple un endroit parfait pour s’entrainer au clair-obscur et tenter des effets artistiques audacieux.

Corbeau – f/7.1- 1/640- 420mm – ISO 100

On échange dans les commentaires ?