Dans cette série de quatre articles sur l’intention photographique, voici ce que vous allez apprendre :

  1. Ce qu’est exactement l’intention photographique et surtout pourquoi c’est indispensable pour votre pratique
  2. Deux approches faciles à appliquer pour utiliser l’intention photographique dans vos photos
  3. 3 techniques photos concrètes pour traduire votre intention photographique immédiatement dans vos images
  4. Mes conseils de terrain pour progresser dès maintenant (ce que vous êtes en train de lire 🙂 )

D’après vos très nombreux commentaires postés à la suite des trois premiers cours (plus de 50 en tout !) je sais à présent que vous êtes très réceptifs à ce concept de l’Intention Photographique. 

Mieux encore, vous avez tous compris son importance pour faire passer vos photos à un niveau supérieur.

Au fait … ça veut dire quoi  » à un niveau supérieur  » ?

Pour moi, c’est passer de photos communes, banales et qui ne vous plaisent qu’à moitié, à des photos émouvantes, recherchées, au sens où elles déclenchent chez vous et chez le spectateur de l’intérêt authentique.

Ça vaut le coup non ? 🙂

Au programme de 4ème et dernier cours d’introduction à l’Intention Photographique, du concret et rien que du concret.

Concrètement ? ??

J’ai choisi 3 images dans ma photothèque et je les ai commentées pour vous montrer :

  1. Mon intention : quelle était mon intention photographique au moment de la prise de vue
  2. Les moyens utilisés : quels choix techniques et artistiques j’ai faits au service de cette intention

Ça vous va ? 😉

Cas pratique #1

Mon intention

Rendre ses lettres de noblesse au goéland argenté, un oiseau très commun, peu aimé, et perçu comme étant dérangeant à certains endroits (comme peut l’être le pigeon dans les villes)

Les moyens utilisés

  • point de vue : contre-plongée. J’ai choisi ce point de vue car comme je l’ai expliqué dans le 3ème cours c’est celui qui permet de mettre en valeur un sujet. De le mettre dans une situation de domination par rapport au spectateur. J’ai pu le faire facilement car ce goéland était posé sur un poteau le long d’un escalier. Il me suffisait de descendre de quelques marches pour me placer en dessous de lui. Pensez-y bien : votre placement vertical est un choix très fort.
  • réglages : grande ouverture. Je voulais à tout prix que tout ce qui se situait juste devant le sujet soit gommé. Pour ça, rien de plus efficace que d’ouvrir le diaphragme au maximum (ici à f/4 au 300 mm). Donc tout ce que vous voyez en bas de l’image, sombre, n’est si plus ni moins qu’une touffe d’herbe ! (la magie de la photo 🙂 )
  • le plan : serré. J’étais en billebaude (comprendre randonnée photographique) avec uniquement mon 300 mm focale fixe avec moi. Alors les possibilités d’obtenir un plan plus ou moins serré étaient assez limitées … sauf à avancer ou reculer, ce qui n’est pas le plus simple en animalier. Du coup, ici, étant « coincé » dans la largeur de l’escalier, je ne pouvais pas modifier ce paramètre là. C’est important aussi que vous sachiez que parfois, le contexte nous impose une contrainte ! Il faut savoir composer avec.

Cas pratique #2

Mon intention

La fritillaire pintade (oui oui, pintade) est un plante herbacée plutôt bien répandue en France (et aussi en Europe). Elle pousse dans les milieux humides. Voilà pour les infos naturalistes. 🙂

Le message que je veux faire passer avec cette photo est excessivement simple : révéler la beauté d’une fleur en mettant l’accent sur sa forme et sa couleur

Les moyens utilisés

  • point de vue : même hauteur. J’aurais pu essayer d’adopter un point de vue plus en contre-plongée pour mettre la fritillaire plus en valeur encore. Sauf que je ne pouvais pas le faire physiquement puisque j’étais déjà au ras du sol ! En revanche, hors de question de me placer en plongée. Je n’aurais pas atteint mon intention photographique de départ.
  • réglages : grande ouverture. Vous commencez à connaitre la musique. Pour effacer par le flou d’arrière et d’avant plan, il faut ouvrir le diaphragme au maximum. Ce que j’ai fait à f/4. Remarquez comme les tiges d’herbes sont fondues et n’apparaissent distinctement que très peu (uniquement celles juste en dessous de la fleur, parce que (presque) dans le même plan de mise au point.
  • le plan : moyen. On pourrait associer ce type de photo à de la macro. Mais non. Tout au plus peut-on parler de proxy-photographie. Peu importe. J’étais à environ 3 mètres avec mon 300 mm f/4. C’était le meilleur compromis pour d’une part donner assez de place à la fleur dans l’image et d’autre part l’inclure dans son environnement tout de vert paré. J’ai donc pu jouer avec le contraste des deux couleurs principales de la scène.

Cas pratique #3

Mon intention

Et oui ! En France, aussi surprenant que cela puisse paraître, il existe des colonies de phoques. Ces deux individus appartiennent à celle Berck-sur-mer (Hauts de France). Il y avait une cinquantaine d’individus regroupés ce soir là sur un banc de sable.

J’y suis resté une petite heure, soit assez longtemps pour remarquer une attitude typique du phoque commun : celle de la banane. Je voulais donc isoler ce comportement et le mettre en avant.

Les moyens utilisés

  • point de vue : même hauteur. Je l’ai écrit plus haut, parfois, le contexte nous impose ces contraintes. C’est le cas ici ! Une petite centaine de mètres me séparait des phoques et impossible d’être plus proche. Je ne pouvais pas non plus être plus haut ni plus bas … donc je me suis mis à la même hauteur par la force des choses.
  • réglages : grande ouverture. Plus qu’une grande ouverture, ce que je voulais ici c’était une vitesse d’obturation suffisante pour figer le mouvement du phoque. Comme la lumière commençait à décliner, j’ai ouvert le diaphragme au maximum et ainsi laisser entrer le plus de lumière possible … pour avoir un bon 1/250 s. Parfait pour figer l’attitude du phoque.
  • le plan : large. J’aime beaucoup jouer à avec les contrastes. Quel qu’ils soient. Ici, il s’agit du contraste d’attitude. Pourquoi le phoque en banane se remarque tout de suite ? Parce que son congénère est dans une position parfaitement contraire. Et ça, je ne pouvais l’obtenir qu’en adoptant une plan assez large pour avoir les deux dans la scène.

Moyen Bonus 🙂

En fait, le moyen le plus important utilisé au service de mon intention, n’est pas le point de vue. Ni les réglages. Ni le plan. Il s’agit du moment de déclenchement. 

Exercice pratique

Ce qui serait top, c’est que vous me décriviez en commentaires votre prochaine photo en adoptant le même modèle que le mien :

  • Votre intention
  • Les moyens utilisés

À vous de jouer !