Avant toute chose, je remercie chaleureusement, vivement, avec tous les adverbes en -ment qui vont bien, le photographe animalier Julien Séré, le co-constructeur de la Drink Station testée ici. Souvent, ce sont les autres qui viennent à moi me proposant de tester ou de rédiger un article (comme pour le test de la location d’objectifs). Présentement, c’est l’inverse : de manière un chouilla culottée, j’ai demandé à Julien de tester sa Drink Station pour vous la présenter. Il a dit oui, alors merci à lui.

Avant d’oublier, je dois vous dire que si d’aventure il vous venait l’idée de construire à votre tour une Drink Station, sachez que Julien Séré et ses accolytes (Julien Fréguin et Raphaël Jourdan) ont tenu à s’associer aux acteurs locaux, comme l’agriculteur propriétaire du terrain. Celui-ci, en plus de leur mettre à disposition la zone pour le Drink Station en a facilité l’accès (tonte, débroussaillage, …)

Une Drink Station ça veut dire quoi ?

Une « Drink Station » est littéralement une « Station à boire ». Drink Station … Station à boire … Drink station … hum … y a pas, la version anglaise en jette ! Prononcé à la française, ça fait tout mou du genou. C’est vrai, voilà une expression anglaise de plus, mais que voulez-vous, à l’heure des Darty Days et des Essais French Touch’ (voitures Renault 😉 ) l’expression Drink Station a toute sa place.

Pardonnez-moi cette introduction un poil orientée marketing, mais je souhaitais justifier l’emploi de franglais tout au long du test de la « Drink Station ». Hop, c’est fait.

Essai de définition

Une Drink Station est une construction destinée à recevoir dans un bassin prévu à cet effet de l’eau, attenante à un affût dédié, au bord de laquelle des oiseaux principalement, mais aussi la petite faune, viennent boire et/ou se baigner sur une plage aménagée.

Un peu longuet sauf qu’il fallait bien que je place tout en une seule phrase, comme dans le dictionnaire.

Mon esprit de synthèse me titille tout de même alors je retiendrai quatre mots : construction, eau, affût, plage. Avec ça, on a la totale :

  • construction : parce qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même (quand bien même la nature fait très bien les choses)
  • eau : elle attire comme un aimant tout être vivant … l’eau c’est la vie
  • affût : Où qu’il est le photographe ? Dans l’affût ! Parce que sinon les animaux y viennent pas si le bonhomme ne se cache pas !
  • plage : mis à part les canards et autres oiseaux d’eau, la faune ne se risque jamais à se rendre là où elle n’a pas pied !

Une image valant mille mots, voici des photos qui vont bien :

affût drink station

Vue d’ensemble de la Drink Station

affût drink station

Vue sur la fenêtre de l’affût depuis le bassin

Principes de base

La Drink Station n’a presque plus de secrets pour vous. Presque car il ne suffit pas de mettre de l’eau dans un bassin et un cabanon à coté pour attirer toute la faune locale. Il y a des principes à respecter pour que la Drink Station joue le rôle demandé :

  • prévoir une profondeur d’eau suffisamment profonde sur la majorité de la surface du bassin pour obliger les oiseaux à se rendre à l’endroit souhaité : on ze beach. Je l’ai dévoilé quelques lignes plus haut, j’en remets une couche : une mésange se toilettera et profitera des bienfaits de l’eau seulement si elle a pied
  • et ce qui fonctionne pour une mésange fonctionne aussi pour tous les autres visiteurs potentiels. Alors pourquoi diable se casser la tête et les reins (pour les bricoleurs) à bâtir un bassin qui ne sera utilisé par les animaux que pour une toute petite partie (la plage) ? Je n’ai pas de réponse scientifiquement prouvée, mais il me semble que plus le volume d’eau offert est conséquent et plus le pouvoir attractif de la Drink Station sera puissant :
    • l’eau du bassin sera plus fraiche et plus longtemps. Les oiseaux se rendent au bassin pour boire, bien sur, et aussi pour se rafraichir. C’est leur clim’ à eux. Je ne suis pas dans la tête d’une mésange (sinon je me laisserais facilement approcher par les photographes!) mais j’imagine qu’ils préfèrent se tremper le bout des ailes dans un grand volume d’eau à 20 ° plutot que dans une flaque à 40 ° en période de grande chaleur
    • elle sera plus facilement repérable, identifiable
    • et vous, vous préférez vous baigner dans une piscine gonflable-boudin de 2 m2 qui crame la pelouse du jardin ou dans une piscine Olympique même s’il y a un peu de monde ?
    • l’évaporation due au soleil sera identique que dans une petite flaque d’eau mais les effets seront plus lents à se manifester (baisse du niveau d’eau notamment)
  • placer la Drink station sur un point haut du relief tel qu’une colline, là ou naturellement il ne peut se former de retenue d’eau à cause, justement, dudit relief. La relative distance séparant les points d’eau naturels et la Drink Station obligera les oiseaux à venir profiter de la construction plutôt que d’aller plus loin en contrebas. Malin non ?
  • l’utiliser au cours d’une période de « sécheresse », car on en revient au même principe basique : il faut que la Drink Station constitue le seul point d’eau à des dizaines de mètres à la ronde. Un temps pluvieux, un après-orage, laissera la possibilité à l’avifaune de se servir dans toutes les zones humides de leur environnement
  • fixer différents types de perchoirs afin de permettre aux oiseaux de s’y poser avant de profiter de l’eau, et laisser la possibilité aux photographes de varier les points de vue ! (joindre l’utile à l’agréable donc)
  • installer le dispositif dans une zone à la biodiversité riche. Celle que j’ai testée se situe en bordure de forêt et en limite de champ agricole. L’eau apportée par la Drink Station rend la zone réellement intéressante pour la faune locale
  • des chiffres pour finir : le bassin fait 6 mètres de longueur, 2 mètres de largeur et 20 cm de profondeur.
affût drink station

Le bassin dans son environnement : clairière, forêt et point haut

L’affût de la Drink Station

Il ne suffit pas de tout faire pour attirer les animaux du coin, encore faut-il pouvoir photographier sans être vu, sans provoquer la fuite du premier rouge-gorge venu. Et l’affût accroché au bassin sert à ça. Un affût en dur tel que celui-ci est à ranger dans la catégorie des affûts 4 étoiles, tout confort, all inclusives (tout compris … compris ?:-) ) :

  • intérieur tapissé de toile noire pour assombrir la cache
  • avancée de toit pour limiter le rayonnement solaire direct sur lentille … et aussi pour assombrir, encore, l’intérieur de l’affût
  • présence de crochets pour pendre (et surtout ne pas perdre!) ses clés de voiture (ou n’importe quoi d’autre en fait)
  • petites étagères sur un des cotés pour vider ses poches … ce qu’on appelle communément un vide-poche
  • filets de camouflage sur le devant de l’ouverture (le fameux « voir-sans-être-vu »)
  • suffisamment de place pour ranger le matériel photo complet de deux photographes
  • sièges de camping pliants avec, tenez-vous bien, un emplacement pour une bière un jus de fruit bio issu de commerce équitable
  • large ouverture donnant sur le bassin
  • plus d’espace devant les jambes que dans un Airbus A 320 en classe éco
  • parfaitement conçu pour deux adultes bien costauds, possible pour trois personnes, qui seront, évidemment plus à l’étroit
  • pas ou très peu d’insectes ! Incroyable mais vrai, malgré la proximité d’une eau stagnante, nous n’avons jamais été importunés par les mouches et autres saloperies de moustiques. Je pense que les toiles de camouflage agissent comme des moustiquaires.

Le Club Med n’a qu’à bien se tenir ! 🙂

Je plaisante, je plaisante, mais cette profusion de confort a un objectif précis : tenir le plus longtemps possible. Pour ce test, je suis resté avec Julien Seré plus de 4 heures, assis dans nos fameux sièges de camping.

Bon, de temps en temps, je ne dis pas que les fourmis dans les jambes ne nous ont pas titillées ! Cependant, puisque l’espace et la configuration de l’affût le permettent, les occupants des lieux peuvent facilement se détendre les muscles par des séances d’étirement. Toute une journée de présence dans la Drink Station ne pose vraiment aucune difficulté.

affût drink station

Vue sur le bassin depuis l’affût

affût drink station

L’intérieur de l’affût avec les filets de camouflage

affût drink station

Vue du la porte d’entrée de l’affût

Le test de la Drink Station

J’ai testé la Drink Station un après-midi entier, de 13h30 à 17h30, une petite soustraction, ça vous fait dans les 4 heures d’attentes dans l’affût. Je confirme donc ce que j’ai écrit plus haut : ça le fait sans problème. 4 heures, c’est assez long pour se faire une idée du potentiel de la bête.

Je ne reviendrais pas sur le confort, excellent pour ce type de structure. Je m’attarde en revanche sur les observations et la photographie, finalement le but ultime de la Drink Station.

Observations animalières

C’est un peu moins d’une trentaine d’espèces différentes recensées par les 3 concepteurs du projet : des passereaux bien sur (rouge-gorge, mésange noire et bleue, merle noir, sitelle torchepot, fauvette à tête noire, pouillot fitis, grive musicienne, mésange huppée, Pipit des Arbres, Gobemouche noir, mésange nonnette, … ) des corvidés comme le geai des chênes, des pics épeiches et même un épervier d’Europe (guère étonnant : l’épervier se nourrissant de passereaux notamment, il est pérsent là où la nourriture est abondante …). Une martre et des écureuils ont aussi été observés en train de s’abreuver.

Voilà pour le potentiel de la Drink Station. Le jour de ma visite était en pleine période d’innondation. Vous savez, les crues du mois de mai, celles qui ont provoqué le débordement de tous les cours d’eau de Bourgogne. Et … donc … vous voyez où je veux en venir ? Il y avait de l’eau partout, même là où il ne devait pas y en avoir (ou si peu). Partant du postulat que les animaux sont pragmatiques et que chaque vol est une dépense d’énergie, ils ont tout intérêt à se rendre là où l’eau est la plus proche ! Pourquoi aller se baigner à la Drink Station (croyez-vous qu’ils l’appellent eux aussi comme ça ? 🙂 ) située à 200 mètres alors qu’une flaque toute fraiche se trouve à 50 mètres ?

C’est certainement ce qui s’est passé le jour du test. Les oiseaux que j’ai observés sont : des mésanges charbonnières, des rouge-gorges et des mésanges bleues. Oui, assez loin des 30 espèces déjà vues, et même si je ne m’attendais pas à trouver une martre et un épervier, j’espérais un pic, une fauvette, bref, des espèces que je ne rencontre pas tous les jours !

Petite déception donc mais qui ne remet pas en cause le travail mené autour de la Drink Station … au contraire ! Le principe selon lequel ce dispositif attire les oiseaux grâce à l’eau est plus que confirmé, ok, par l’inverse, mais confirmé quand même !

Moralité, la période pour utiliser la Drink Station doit être relativement sèche, comprenez par là qu’une météo pluvieuse est à éviter, au contraire, un anticyclone bien installé sera le meilleur des alliés.

Ce constat étant fait, sachez que même si j’ai été privé des nombreuses espèces souhaitées, pouvoir observer longuement des oiseaux profitant d’un point d’eau est un privilège. Honnêtement, avez-vous souvent vu des volatiles se baigner, boire et batifoler à 2 mètres de vos yeux ? Quand bien même ce ne sont « que » des mésanges ou des rouges-gorges !

Photographies

A savoir tout de suite : point besoin d’être équipé comme Vincent Munier pour profiter de la Drink Station ! Ca tombe bien pour moi, avec mon trinôme Pentax K100D – Sigma APO 70-300 – Trépied Vanguard AltaPro 283 CT j’ai pu me faire plaisir ! Attention, je n’ai pas dit qu’un compact à 70 € suffisait, je vous annonce juste que le matériel du photographe animalier du dimanche est largement suffisant. Aucune honte à avoir.

Quand l’équipement est installé et le photographe calé dans le fauteuil et bien caché derrière les filets de camouflage (déjà sur place), il ne reste plus qu’à attendre. Pas longtemps, c’est ça qui est bien.

La surveillance de la plage est facilitée par les filets de camouflage, il suffit de regarder en direction du lieu de baignade. Le photographe animalier n’est pas contraint de rester immobile ! Le couple filets de camouflage plus intérieur de l’affût sombre permet de pouvoir se gratter le nez (ou n’importe qu’elle autre partie du corps 😉 ) pépère.

15 ou 20 minutes plus tard, les premiers passereaux pointent le bout de leurs becs. Comme d’hab’ ne pas déclencher dans la seconde, pensez à laisser les oiseaux prendre confiance, déclenchez une ou deux fois pour voir leur réaction et enfin vous pouvez lâcher les chevaux ! Je veux dire la rafale 🙂

L’expression «faire chauffer la carte mémoire» prend tout son sens. C’est vraiment génial de pouvoir photographier des oiseaux dans ces conditions, sans aucun muscle qui fait mal.

Concernant les réglages du reflex, tout dépend du type de photo souhaitée. L’intérêt d’une plage telle que celle de la Drink Station est de pouvoir «fixer» l’attitude des oiseaux au bain. Une vitesse élevée de l’ordre du 1/1000 est idéale. En pleine journée, les conditions lumineuses le permettent largement.

Dès que je le peux, je suis un adepte du « mise au point puis recadrage » : je sélectionne le collimateur central, je vise sur le sujet, je fais la mise au point et enfin je recadre pour respecter la règle des tiers (parce que j’aime bien les compositions avec les points forts et tout et tout). Dans le cas des vifs passereaux au bain, pas le temps de faire tout ça. Je sélectionne alors un collimateur excentré pour déjà avoir ma composition. Avec la mise au point continue et le mode rafale activés, y a plus qu’à !

mésange charbonnière au bain

Assurément ma plus belle photo de l’après-midi – © Régis Moscardini – tous droits réservés

pic épeiche raphael jourdan

Un magnifique pic épeiche – © Raphael Jourdan – tous droits réservés

grive litorne musicienne raphael jourdan

Une grive litorne musicienne juvénile – © Raphael Jourdan – tous droits réservés

geai des chênes raphael jourdan

Un geai des chênes – © Raphael Jourdan – tous droits réservés

La Drink Station coté pratique

Comment s’y rendre ?

Le site se trouve dans le village de Lamargelle, en Côte d’Or à :

  • 45 minutes de Dijon
  • 3h10 de Paris
  • 2h15 de Lyon

(tout) Petit village bien sympathique de 170 habitants dans la vallée du Lignon, (toute) petite rivière du bassin versant du Rhône. La Drink Station n’est pas dans le bourg. Et pourquoi à votre avis ? … Parce que la proximité du Lignon traversant la commune concurrencerait le bassin de la Drink Station ! Suivez un peu ! 🙂

village Lamargelle

Le village de Lamargelle sur Google Maps

Il faut donc se rendre en voiture sur les hauteurs du village, à quelques deux ou trois kilomètres à peine sur une (toute) petite route de campagne. Heureusement pour les non Lamargellois, il suffit de suivre Julien Seré du bourg jusqu’au site. La voiture garée, effectuez 500 mètres de marche à tout casser le long d’un champ agricole, traversez un petit bosquet et la Drink Station se trouve là, devant vous (Julien est toujours avec vous!)

Vous admirez le travail de conception et de construction puis le maitre des lieux vous introduit dans l’affût, vous donne quelques explications, puis vous laisse là, tranquille, le temps convenu lors de la réservation

rivière du lignon

La belle vallée du Lignon traversant Lamargelle- rivière bien plus petite habituellement

Comment réserver ?

Le tarif de location est de 50 € par personne et par journée. Evidemment, ce prix ne comprend pas les éventuels déplacements ainsi que l’hébergement et la nourriture. Faut pas pousser 😉

Pour réserver, il suffit d’utiliser le formulaire suivant : Formulaire location affût ou de contacter Julien Séré dont les coordonnées figurent sur ce même document.

drink station

Télécharger le formulaire pour réserver la Drink Station

Où dormir ?

A 15 minutes de Lamargelle se trouve l’autre (un peu moins) petit village Sainte-Seine-l’Abbaye. A peine plus gros mais surtout disposant de deux hotels pour vous héberger.

Vous héberger ? Eh oui !! Malgré son grand espace, ne pensez pas pouvoir y dormir, surtout à deux, lors d’une réservation sur deux jours. Donc, dormir à l’hotel est parfait.

BILAN

La note que j’attribue à la Drink Station est [rating=5]

J’ai aimé

  • observer la faune et mieux connaître les comportements des oiseaux
  • le confort de l’affût
  • la disponibilité de Julien pour l’accueil
  • en profiter même avec du matériel léger amateur
  • pouvoir venir avec seulement un reflex, un objectif et un trépied

J’ai moins aimé

  • dépendre de la météo (mais comme plein d’autres choses non?)

Pour finir

Voici les sites internet des 3 photographes animaliers qui ont conçus la Drink Station :

En encore, pour vraiment finir en beauté, des images de Julien Séré prises évidemment depuis la Drink Station :Tous droits réservés © Julien Séré Tous droits réservés © Julien Séré Tous droits réservés © Julien Séré Tous droits réservés © Julien Séré Tous droits réservés © Julien Séré

Et vous avez-vous déjà utilisé ce type d’installation ?