Les invités

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Pour ce 32e épisode de ma série d’interviews, j’ai le plaisir d’accueillir Stéphanie et David Allemand. Ils sont tous les deux photographes de nature. Ils partagent la même passion pour les grands espaces naturels. Stéphanie et David réalisent à quatre mains de nombreux reportages qui sont publiés dans la presse française et internationale.

Sans plus attendre, filez vite voir leur site internet : www.david-allemand.com

Il y a de véritables petites pépites ! Vous comprendrez vite pourquoi ils sont devenus des photographes reconnus et respectés … avec leur propre style ! J’en profite pour vous donner l’adresse de leur boutique de tirages en ligne : www.david-allemand.com/eshop

Leurs photos sont régulièrement primées dans divers concours photos de nature nationaux et internationaux comme Montier-en-Der évidemment ou encore le concours de l’Asferico en Italie.Tiens par exemple ils ont obtenu la mention d’honneur dans la catégorie Nature avec leur photo « Chouette dans les flocons de neige » au Concours International de photographie nature de Montphoto en Espagne.

Ils ont su développer un style photo très esthétique et aussi très expressif. C’est pour cette raison que j’ai voulu leur poser tout plein de questions sur le sujet du style photo. Leur grande expérience vous aidera beaucoup.

Au sommaire de ce 32ème épisode de « Interview de Photographes Nature »

Voici ce que vous apprendrez dans ce podcast avec les photographes animaliers et de nature Stéphanie et David Allemand :

  • la biographie photo de Stéphanie et David
  • leur matériel utilisé
  • comment ils gèrent leur travail à 4 mains
  • comment ils ont su développer leur style (le coeur de l’interview évidemment)
  • leurs futurs projets photos

Repères cités dans cet épisode

Pour aller plus loin sur la route du style !

Ah …. le style en photographie animalière … tout un poème !! Si vous avez déjà un bon niveau, vous devez certainement vous poser ce type de questions tous les jours (ou presque) :

  • comment je peux trouver mon propre style ?
  • comment m’inspirer des autres photographes sans les copier ?
  • comment développer un style photo reconnaissable ?

D’ailleurs, cette dernière question est celle qui revient le plus souvent. Et c’est normal. L’un des Graal en photo animalière est de posséder un style avec ces caractéristiques :

  • être reconnaissable entre mille (rien que ça !)
  • qui plaise beaucoup (tant qu’à faire)
  • qui me plaise et dans lequel je sois à l’aise (c’est mieux !)

Un sacré programme hein ? :-) Vous aimeriez que les gens qui voient vos photos puissent se dire «ah, ces images là je les reconnais, c’est le photographe Bidule Tartenpion ! Il a un style bien à lui ! J’adore ! ». Ne me dites pas que ça ne vous fait pas envie ! :-)

Autant vous le dire tout de suite, atteindre ce niveau là ne se fait pas du jour au lendemain. Être photographe animalier, c’est avant tout être un artiste (à mon avis !). Et comme tous les artistes, trouver son style est un long processus.

Je prends l’exemple de Michel d’Oultremont. Vous connaissez ce jeune photographe ? Si non, allez voir son travail dans cette interview. Si oui, vous comprenez de quoi je parle alors. Michel a développé une façon unique de composer ses images. Il suffit d’avoir une de ses photos sous les yeux pour comprendre qu’il en est l’auteur (et sans lire la signature ! :-) )

J’aurais aussi pu vous parler de Bastien Riu. Lui aussi a su développer une patte. Sa patte. Il y en a plein d’autres bien sur ! Je pense aux frères Francey. Deux jeunes photographes suisses dont les images sont facilement reconnaissables. Ils font des photos aux tons pastels surexposées typiques. J’aime beaucoup ! Je les avais interviewés ici.

Bien sûr, ne mettez pas la charrue avant les boeuf (ne vendez pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué marche aussi, mais j’aime moins l’image ! :-) ). Le débutant doit d’abord consolider ses bases techniques ainsi que ces connaissances naturalistes.

Je vous donne ma propre définition de ce qu’est le style photo (pour l’animalier évidemment ! ) :

  • produire des images ayant une caractéristique commune entre elles ; caractéristique forte et identifiable rapidement :
    • façon de composer comme : centrer le sujet, au contraire l’excentrer fortement, placer le sujet en tout petit dans son environnement,
    • utilisation de la lumière : ombres chinoises, surexposer, …
    • traitement du sujet : uniquement des comportements d’animaux, seulement des animaux pris en mouvement avec un flou de bougé, …
    • ambiance : photographier des ambiances crépusculaires, de sorties d’orages, de pluie battante, de froid intense, …

Posez-vous une question et une seuleQue voulez-vous que vos images véhiculent ? Quel message voulez-vous faire passer ?». Votre réponse, évidemment très personnelle, vous aidera à orienter votre style.

J’avais écris un article qui pourrait vous aider sur la créativité en photo. J’expliquais que le meilleur moyen de développer sa créativité était de photographier, encore, encore et encore ! L’appétit vient en mangeant n’est-ce pas ? Et bien le style vient en photographiant ! Vous ne développerez jamais votre propre style les fesses posées sur la chaise à regarder des photos sur 500px. Oui, ça peut aider. Pourquoi pas.

Mais tout passe par la pratique.

Regardez ce qu’à fait mon amie Karin Caporal récemment. Photographe amateure, elle a exposé lors du festival Nature en Scène des photos d’oiseaux. Ok, rien de bien original jusque là ! Sauf que toutes ces photos ont été prises à ras du sol. Et dans l’herbe. Ça donne une unité, un trait commun à sa série. C’est ça le style ! Une caractéristique originale et forte qu’on retrouve dans une série de photos.

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Enfin, j’insiste sur un point. Créer son style, c’est prendre une position. C’est mettre de coté des choses pour n’en garder que d’autres. C’est prendre un risque. C’est avoir un avis et le défendre à fond. C’est prendre parti. C’est surtout avoir conscience que c’est ne PAS plaire à tous.

Vouloir contenter tout le monde c’est au final ne plaire à personne ! Prenez les séries d’Alexandre Boudet que j’ai présentées dans cette interview. Il a décidé de reproduire ce que faisaient les anciens avec les techniques d’aujourd’hui. J’en discutais encore avec lui à Montier-en-Der l’autre jour : il a essuyé beaucoup de critiques ! Ok. Sauf qu’il a aussi des nombreux fans qui adorent son style photo.

Alors que cherchez-vous ? Des photos consensuelles mais fadassent ? Ou des images avec un vrai parti pris, clivantes, mais génératrices de vrais commentaires passionnés ? Moi je prends la deuxième solution !

Vous avez aimé ?

Un grand merci à Stéphanie et David pour leur disponibilité, le partage de leurs connaissances et de leurs expériences. Remerciez-les vous aussi sur Twitter en 1 clic en cliquant ici.

Si vous me donniez un coup de pouce pour faire connaître l’émission ? Il suffit de laisser un commentaire sur iTunes.

Grâce à ça, votre podcast préféré ???? sera plus visible et pourra être plus facilement trouvé iTunes. Pour ça c’est très simple :

Une sélection de leurs photos

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Transcription texte de l’interview

Régis : Bonjour Stéphanie, bonjour David.

David : Bonjour Régis.

Stéphanie : Bonjour Régis.

David : Merci de nous inviter.

Régis : Je t’en prie. C’est avec plaisir que je vous reçois, toi et Stéphanie, sur le blog d’Auxois Nature pour vous poser quelques petites questions sur votre activité de photographes. On va commencer par la première : est-ce que vous pouvez vous présenter s’il vous plait tous les deux ? On va être galant, on va commencer par Stéphanie.

Stéphanie : Merci Régis pour ton invitation. Je suis photographe de nature avec David, je m’occupe essentiellement de la partie rédactionnelle. On a un travail complémentaire.

David : Moi je suis aussi photographe de nature. C’est essentiellement photographie, quand je dis de nature, ça représente à la fois l’animalier et la photographie de paysages.

Régis : Photographes nature au sens large du terme ?

David : Oui, parce que le terme de photographe animalier, c’est un petit peu réducteur. J’aime bien le terme de photographe de nature car ça me permet de naviguer dans deux mondes, à la fois l’animalier et la photographie de paysages que j’aime aussi énormément.

Régis : Je comprends. Avec vous deux aujourd’hui, on va pas mal parler de techniques photos et de créativité, mais ce sera dans une deuxième partie de l’interview. Avant ça, je vais vous poser quelques petites questions à tous les deux pour vraiment situer votre travail et votre parcours.
On va commencer par toi David cette fois-ci. Quel est ton apprentissage ? Est-ce que tu as appris tout seul, sur le tas ou au contraire tu as suivi des cours photo ou une formation en lien avec l’image ?

David : Pour ma part je suis autodidacte. Déjà j’avais une approche un petit peu étroite avec la nature. Je suis venu par hasard à la photo, assez tardivement. C’est lors du festival de Montier-en-Der en 2003 que j’ai découvert énormément d’expositions.

Régis : Tu y étais allé en tant que visiteur. Finalement ça a déclenché chez toi une passion pour cette activité ?

David : Oui, tout à fait. Auparavant j’avais également des amis qui faisaient de la photo et qui étaient également passionnés. Stéphanie à ce moment-là faisait beaucoup de photos aussi. Ça m’intéressait énormément de voir toutes ces belles images. Je n’avais pas la possibilité à ce moment-là d’être sur le terrain et d’être en pleine nature.
C’est vrai que le festival de Montier-en-Der est vraiment un moteur, cela permet vraiment de créer des énergies pour pouvoir réaliser des images.

Régis : Bien sûr. Tu dis que tu as appris sur le tas mais par contre dans ta formation initiale, à l’université ou autre, est-ce que tu as appris quand même des notions de naturalisme ou tout a été appris pour ton cas dans les livres ou ailleurs ?

David : J’ai commencé à peu près en 2005 avec, comme pas mal de photographes, l’explosion du numérique. Donc il y a un peu plus d’une dizaine d’années. J’ai eu la chance de croiser un photographe très talentueux, un photographe français qui malheureusement nous a quittés l’année dernière, Christophe Sidamon-Pesson, avec qui j’ai travaillé durant plusieurs années.

C’était un photographe très talentueux, nous avons beaucoup voyagé, nous avons fait énormément de voyages. Sur le terrain en sa présence, j’ai beaucoup appris. Ça c’est lorsqu’on partait à l’étranger, nous sommes partis énormément en Europe du Nord, en Amérique du Nord, nous avons fait beaucoup de voyages.

En contrepartie, à côté de cela, j’ai réalisé un travail personnel sur les gorges du Verdon, dans le Parc régional du Verdon dans le sud-est de la France où j’ai également développé mon œil, où je me suis exercé à la photographie.

Régis : Les gorges du Verdon, en fait vous habitez là-bas, c’est ça ? Du coup avec Stéphanie, vous mettez vraiment en avant la faune et la flore locales, et le paysage aussi d’après ce que j’ai compris, mais ça ne vous empêche pas de partir en voyage photographier des contrées très lointaines, n’est-ce pas Stéphanie ?

Stéphanie : Oui, tout à fait Régis. Moi, j’ai commencé la photo il y a une quinzaine d’années. J’ai appris également sur le tas avec des amis qui, eux, avaient fait une école de photographie. A la base je suis hôtesse de l’air, j’ai le goût du voyage déjà, de l’ailleurs.

Régis : Sauf qu’hôtesse de l’air, on voyage beaucoup évidemment mais on ne visite pas beaucoup les pays dans lesquels on va.

Stéphanie : On n’a pas le temps de faire une immersion dans le pays effectivement.

Régis : Ça doit être très frustrant ?

Stéphanie : C’est très frustrant, ça donne le goût de l’ailleurs mais c’est très frustrant à ce niveau-là. J’ai vite travaillé à mi-temps afin de pouvoir partir pendant un mois, deux mois dans des contrées lointaines.

J’ai commencé à faire des photos sur le rapport hommes et animaux. Ensuite j’ai continué avec David à travailler sur les animaux dans l’environnement, on a continué ensemble ce travail.

Régis : Je parlais d’apprentissage tout à l’heure, est-ce que le fait d’être ensemble c’est justement un moyen d’apprendre, c’est-à-dire de vraiment partager la même passion ? En gros quelqu’un trouve une astuce, il la partage avec l’autre. Ça permet de faire ça ?

David : Oui.

Stéphanie : Tout à fait, c’est une motivation, on se motive mutuellement, c’est une curiosité qu’on partage. C’est très enrichissant de partager la même passion, c’est vraiment un moteur. Ce qui est bien, c’est qu’on essaie d’être complémentaire.

Si David fait de l’animalier, je vais être au même moment sur le terrain, je vais plutôt faire des photos de paysages.

David : Parfois c’est sympa d’être à deux aussi. Je me rappelle en Finlande, je me plaçais pour faire des photos d’alignement de bouleaux, les arbres, je suis passé devant une chouette lapone à moins 1,50 mètre, je ne l’avais pas vue. C’est Stéphanie qui l’a vue, je photographiais, elle était derrière moi en train de me regarder.

Régis : Elle n’est pas partie en plus ?

David : Non, elle n’était pas partie, elle me regardait mais je ne la voyais pas.

Régis : L’art du camouflage chez les animaux est quand même assez surprenant ?

David : Oui.

Stéphanie : C’est vrai que le partage dans la photo, humainement c’est très beau déjà, que ce soit au niveau amical, nous on est en couple, je pense que ça se situe au même niveau.

Régis : C’est un peu la problématique des photographes animaliers, c’est quand même une passion plutôt solitaire, même si on peut rencontrer des personnes parfois dans des festivals, même ailleurs, des sorties communes. Mais la plupart du temps, c’est quand même solitaire.

Donc ça doit être une sacrée chance de pouvoir quasiment quotidiennement s’enrichir du travail de l’un et de l’autre. C’est une bonne chose. Une question très pratique, très matérielle justement : est-ce que ça vous oblige à acheter tout en double ou vous vous prêtez ?

Je ne sais pas, par exemple un matin toi David, tu as envie d’avoir tel objectif, du coup c’est Stéphanie qui aura l’autre. Comment ça se passe concrètement ?

David : Le matériel, on a plusieurs boitiers, des boitiers professionnels, ensuite nous avons un 500 mm mais nous n’avons pas forcément deux 500 mm, parce que c’est quand même assez onéreux. Par exemple pour faire des portraits ou des cadrages beaucoup plus serrés, je vais utiliser le 500 mm et Stéphanie peut avoir un 100-400 ou un 70-200.

Ça a été le cas notamment lors de notre dernier voyage, au Spitzberg pour les ours polaires, où j’avais notamment un 500 mm qui m’a permis de faire des cadrages beaucoup plus serrés. Et Stéphanie, ça lui a permis avec un 100-400 de faire l’animal dans son environnement. Ce que je n’aurais pas pu faire en ayant les deux boitiers, ce n’était pas possible.

Donc c’est vrai qu’on est complémentaire parce que ça permet de diversifier les prises de vue.

Régis : Est-ce que ce n’est pas frustrant, je me mets un peu dans votre situation, si j’ai le 500 mm dans les mains, il faut vraiment faire confiance à l’autre, c’est-à-dire qu’il faut lui laisser le choix de faire les photos qu’il veut même si nous on aurait peut-être fait autrement ? Il y a vraiment une vraie confiance qui doit s’instaurer ?

Stéphanie : C’est vrai.

David : Tout à fait. Mais avec l’expérience un petit peu et en se connaissant bien, on ressent à peu près les mêmes choses. Donc au niveau du ressenti également, de l’image, on sait ce qui va nous plaire. Des cadrages originaux, décentrer le sujet.

Stéphanie : Et on communique aussi. Si moi j’ai une idée de ce qu’il pourrait faire avec le 500, que je ne l’ai pas à ce moment-là, je vais communiquer mon idée. Et vice-versa.

Régis : C’est vrai que d’avoir l’œil dans le viseur parfois, c’est bien parce que ça permet vraiment de peaufiner son cadrage et d’être dans l’immersion de l’image, mais du coup on n’a pas du tout de recul, et c’est bien d’avoir une deuxième personne qui, elle, aura du recul, comme toi Stéphanie parfois peut-être ou David aussi, de dire là tu pourrais faire comme ci ou comme ça.

David : Oui, tout à fait. Après, lorsqu’on revoit nos images le soir, on peut rectifier si on a l’occasion de refaire des sujets. Donc il y a beaucoup plus de facilités dans ce sens-là. C’est-à-dire qu’on multiplie par deux les chances d’avoir une bonne image.

Régis : Bien sûr. Par rapport au matériel, vous travaillez avec quelle marque, vous avez quoi ? Tu l’as dit un petit peu, David. Stéphanie, tu as quoi comme boitier ?

Stéphanie : On travaille tous les deux en Canon. Moi pour l’instant j’ai un boitier D-MarK IV, le 70-200, le 100-400, le 17-40. Après on n’est pas personnel dans notre travail, on échange des objectifs, on se prête les boitiers aussi.

David : Le D-Mark IV qui a un petit capteur, qui permet de grossir un peu plus. Sinon pour ma part, j’utilise le 1D-X qui est un boitier full frame, un plein capteur, un 500 mm comme j’ai dit, avec également des multiplicateurs et des doubleurs. Nous avons un 70-200, un 100-400, un 16-35, un 24-70.

Donc une gamme assez large entre le 16 mm et le 500, à la fois pour réaliser des photos bien sûr animalières mais aussi des photographies de paysages. Egalement ce que l’on aime bien, c’est fondre l’animal dans son environnement.

Régis : Ça on en reparlera dans quelques petites minutes par rapport au style qui vous caractérise. Dernière petite chose par rapport à votre travail en duo, parce que vraiment ça m’intéresse, je suis assez curieux de cette façon de travailler, d’autant plus que vous êtes en couple, un homme et une femme, il y a une question qui me tient à cœur, du moins c’est la réponse que vous allez apporter qui m’importe beaucoup.

Est-ce que vous estimez qu’il y a une différence de traitement de la photo, de l’image en tant qu’homme ou en tant que femme ? On va peut-être commencer par Stéphanie. Toi, est-ce que tu estimes que tu as une approche différente par rapport à celle de David qui lui est un homme ?

Stéphanie : Vu que je suis une femme, je vais certainement avoir une sensibilité plus féminine. Ce qui ne veut rien dire puisqu’on a tous une part de féminité / masculinité. Quand on est allé photographier les pygargues, j’ai aimé les photographier dans leur environnement, dans les flocons de neige.

Pareil pour les chouettes. Je vais peut-être privilégier le côté artistique au pur animalier, aux photos naturalistes qui me tiennent moins à cœur.

Régis : D’accord. Est-ce que vous pensez qu’une personne extérieure qui connait votre travail mais qui ne saurait pas qui a pris telle ou telle photo, est-ce que vous pensez qu’elle pourrait dire, ça c’est Stéphanie qui l’a prise et ça c’est David qui l’a prise ? Est-ce que vous pensez qu’il y a une telle différence entre vos deux clichés à vous ?

Stéphanie : C’est vrai que c’est difficile. Quand on travaille en couple, déjà on vit ensemble, on travaille en couple, on est assez fusionnel finalement. Et même nous des fois on a du mal à reconnaitre nos propres photos.

Régis : C’est intéressant, ça.

Stéphanie : Il ne faut quand même pas exagérer, on sait quand même, mais je pense que pour un œil extérieur, c’est peut-être plus difficile. Je ne sais pas ce qu’en pense David.

David : Oui, tout à fait. Après, ça ne veut pas dire que parce que je suis un homme avec un 500 mm, je vais faire que du pur animalier. J’aime assez peu l’image pure animalière. Nous avons fait un travail sur le circaète Jean-le-blanc, qui est un oiseau mangeur de serpent, durant plusieurs années.

Là c’est typiquement animalier. Un sujet qui est vraiment avec les serpents. Parfois des personnes n’aiment pas ça. J’ai essayé au maximum de rendre l’oiseau artistique par des images originales avec des floutés ou des cadrages originaux. Donc même dans l’animalier nous essayons, on espère, de rendre de la poésie dans l’image.

Régis : C’est vrai que quand on voit un peu les forums, même sur Facebook, il y a quand même beaucoup de photographes animaliers qui partagent leur travail. Et malheureusement il y a quand même beaucoup plus d’hommes par rapport aux femmes qui sont sur ce domaine-là.

Mais malgré tout il y a des photos qui sont très artistiques, très douces que l’on pourrait presque dire féminines, qui sont faites par des hommes. C’est vrai que je vous ai posé la question de manière un peu caricaturale mais finalement je ne pense pas qu’il y ait tant de différences que ça entre une photo faite par un homme et faite par une femme.

David : Non.

Stéphanie : C’est vrai que même avant de travailler ensemble, David avait une approche très douce, très poétique. C’est pour ça qu’on a du mal souvent à différencier nos photos.

Régis : Je comprends.

David : Moi dès le début, 2005, où il y a une approche même autodidacte, j’avais déjà cette approche-là de la nature et cette approche de la photo par rapport à cette idée que je me faisais de la nature.
Utiliser un appareil photo comme un peintre avec des pinceaux. C’est l’appareil photo qui me permet de rendre ce que j’ai envie de faire ressentir. C’est ce côté artistique.

Régis : Je comprends. Moi, ça ne m’étonne pas du tout qu’il n’y ait pas tant de différences que ça. C’est même mieux ainsi. On va aborder le sujet principal de l’interview, même si ce que l’on a dit avant était très intéressant et nécessaire.

Je voulais vraiment parler avec vous du style et de la créativité. Ce n’est pas un sujet qui est facile. Pourtant c’est quelque chose que beaucoup de personnes qui débutent dans la photographie animalière et nature voudraient développer. J’entends souvent dire, moi j’aimerais avoir un style un peu particulier, je voudrais avoir mon style, et pourtant ce n’est pas facile à faire.

Ma première question sera sur votre style à vous. Comment le définiriez-vous, même si on l’a dit il a quelques minutes de ça, j’ai bien compris que vous étiez plus du côté de l’esthétisme que du côté du naturalisme, mais est-ce que vous pourriez aller un petit peu plus loin dans la définition de votre style à vous ?

David : C’est vrai que c’est une question un petit peu difficile. Je dirais plutôt pour trouver un style, c’est surtout par rapport à son ressenti. C’est-à-dire ce que l’on va ressentir sur le terrain. Nous avons beaucoup de chance parce que nous passons énormément de temps sur le terrain, nous voyageons beaucoup et l’œil s’exerce avec cela. C’est un petit peu comme une gymnastique.

C’est vrai qu’en fonction des conditions climatiques et en fonction des sujets, les photos arrivent relativement vite à partir du moment où on est dans de beaux environnements. Par exemple en ce moment nous sommes en automne, il y a des couleurs d’automne. Il suffit d’avoir une petite chevêchette dans les couleurs d’automne et tout de suite l’image va être très artistique. Je ne sais pas si on a vraiment un style.

Du moins on cible un ressenti de ce que l’on va voir dans la nature. C’est ce que j’expliquais tout à l’heure par rapport au circaète, le circaète c’est beaucoup plus difficile de réaliser des images artistiques parce que lui-même c’est un rapace, alors que nous travaillons actuellement sur les chouettes et les hiboux, lorsqu’elles sont dans des décors féériques avec des grandes forêts, tout de suite ça apporte une magie.

Ce style-là, on essaie de le développer, on essaie que ça fonctionne.

Régis : D’accord. Si je comprends bien, David, ça ne vient pas d’un coup. Ce n’est pas un déclic, tu ne t’es pas dit un jour, je vais faire comme ça. C’est l’expérience, c’est du vécu. C’est plutôt le résultat d’un long cheminement par rapport à ça. C’est ce que tu penses aussi, Stéphanie ?

Stéphanie : Je pense déjà qu’il ne faut pas se chercher un style.

Régis : Tu veux dire qu’il ne faut pas forcer les choses ?

Stéphanie : Il ne faut pas forcer les choses. Et c’est vraiment en étant en immersion dans la nature, en étant sur le terrain le plus souvent possible qu’on se découvre soi-même déjà et qu’on peut retranscrire son style entre guillemets. Parce qu’un style

Régis : Ça ne veut pas dire grand-chose ?

David : C’est un ressenti.

Stéphanie : Je pense qu’il faut rester au plus proche de son intérieur et ne pas chercher à retranscrire un style particulier. En étant vraiment authentique, je pense que les photos s’en ressentiront.

Régis : C’est un peu comme l’inspiration, j’imagine, pour un écrivain, un chanteur, tout artiste finalement. Le fait de vouloir absolument avoir l’inspiration, de forcer la chose, ça peut bloquer. Donc il faut se laisser aller et attendre tranquillement que les choses arrivent naturellement.

Stéphanie : Bien que, il y a la photo instinct et il y a la photo que l’on prépare. Si on veut être près de ce que l’on est intérieurement, c’est-à-dire rechercher un peu de douceur, de poésie, on va attendre des conditions climatiques qui s’y prêtent.

David : Moi, je pense que c’est vraiment en étant sur le terrain et en vivant les choses que l’on fait sa propre expérience, son propre ressenti. Le fait de vouloir faire du copier-coller d’un style ou de reproduire des images qui ont déjà été réalisées ou faites, je pense que c’est un piège.

Régis : Malgré tout, sans parler de copier, est-ce que vous avez ou des photographes ou des artistes, des peintres, des sculpteurs, des personnes qui vous inspirent, qui vous aident un petit peu à trouver des idées de type d’images ?

David : Il y en a, bien sûr. Mais quand j’ai commencé il y a une dizaine d’années, j’ai eu la chance de commencer en Finlande, notamment dans des parcs nationaux, c’était incroyable. C’est vrai que le choix des clichés vient assez vite. Parce qu’il y a rapidement des reflets, il y a énormément de faunes dans ces contrées-là.

Donc l’œil s’exerce, on arrive à réaliser rapidement de la belle image. Je n’ai jamais été trop fan de livres, c’est un petit peu l’inspiration, l’inspiration elle vient vraiment de la nature.

Régis : Je comprends. J’avais écrit un article il y a quelques temps de ça, qui avait d’ailleurs pas mal plu. J’étais allé faire une sortie en bas de chez moi, dans mon jardin, sans aucune idée préconçue, l’appareil à la main et voir ce qui se passait.

J’ai commencé à photographier des fourmis tout simplement, tout bêtement. J’y suis resté quasiment une heure. Parce que, comme tu l’as très bien dit, c’était en étant sur le terrain, en étant là sur place que je me suis exercé à faire des choses.

C’est en photographiant que les idées sont venues, que l’inspiration est venue et j’ai pu faire des choses assez sympathiques.

David : Moi, j’y crois vraiment. Après, on peut être inspiré par des photographes de nature qui ont un nom, évidemment, parce qu’il ne faut pas être hermétique.
On voit bien ce que tout le monde fait, surtout avec Facebook et les réseaux sociaux. Hannu Hautala qui est un photographe finlandais, qui est un grand photographe finlandais avec beaucoup d’expérience

Stéphanie : C’est un grand naturaliste aussi.

David : Lorsque j’avais justement été avec Christophe Sidamon-Pesson, on avait vu des ouvrages en Finlande de ce qu’il faisait, c’est vrai que ça donne de l’inspiration. Après, l’inspiration il ne faut pas simplement s’intéresser qu’à cela. Je pense que l’inspiration, il faut son propre vécu et être sur le terrain, ses propres sujets, ses propres idées et essayer de creuser dans ce sens-là pour justement voir ce que l’on a au fond de soi et voir ce que l’on va sortir comme images.

Régis : Stéphanie, tu es d’accord avec tout ça ?

Stéphanie : Oui, on s’entend tout à fait, surtout à ce niveau-là. On risque aussi à trop s’inspirer, c’est sûr qu’on est sur des réseaux, on regarde nous aussi ce que font les collègues, c’est très intéressant, c’est très enrichissant, mais le piège, quand on aime vraiment le travail de quelqu’un, on a peut-être tendance à faire du copier-coller de ce qu’on aime.

C’est un petit peu un piège. Il faut essayer aussi de se détacher de tout ça, de vraiment revenir aux sources, à la racine de la photo. Je pense que c’est dans la nature qu’on puise tout ça.

Régis : C’est bien de s’inspirer mais il ne faut pas oublier sa propre personnalité, garder quelque chose de naturel et de personnel.

Stéphanie : Et de spontané.

David : C’est ce que l’on pense.

Régis : On l’a dit tout au début, ce n’est pas un sujet qui est facile, c’est presque philosophique finalement, ce n’est pas des mathématiques, ce n’est pas cartésien, c’est vraiment quelque chose de ressenti, c’est difficile de donner une définition très claire et très précise.

David : On le voit d’ailleurs dans les concours internationaux, les concours de photos, où certaines images qui gagnent, après on peut essayer de reproduire certaines images, mais elles ne passeront pas parce que justement ce travail a déjà été trouvé ou cette idée.

Donc c’est important de renouveler son travail et de trouver une inspiration.

Régis : Oui, c’est ça. L’interview de Jean-Philippe Anglade, le directeur scientifique de Biosphoto, me disait qu’il y a de très jolies photos qui ne vont pas forcément gagner des concours, qui ne seront pas acceptées dans les agences photos parce qu’elles sont vues et revues.

Alors que le même sujet pourrait très bien sortir son épingle du jeu parce qu’il y a une inspiration qui aura été trouvée, quelque chose de plus spontané, de plus subtil. Il faut essayer de trouver ça mais ça n’est pas facile, vous l’avez très bien dit, il faut quand même passer pas mal de temps sur le terrain.

David : Oui. C’est vraiment le temps passé sur le terrain, l’expérience.

Stéphanie : Il y a une autre difficulté, c’est de ne pas d’entériner dans un style justement, c’est de toujours se renouveler, de découvrir d’autres facettes de nous-mêmes et par là même retranscrire d’autres photos aussi. C’est difficile de ne pas s’enfermer dans un style. Ça, c’est encore un autre débat.

Régis : Oui, parce qu’on pourrait très bien rétorquer, Stéphanie, que ça pourrait être bien d’avoir son propre style, vraiment très précis, un petit peu comme une niche finalement. On parle souvent de niche dans les entreprises, dans l’aspect économique des choses, quelque chose de très restreint.

Ça pourrait être ça aussi d’avoir sa marque de fabrique très précise, très nichée, finalement pas très grand public. Mais ça permet aussi d’avoir une signature très particulière.

Stéphanie : C’est primordial d’avoir une griffe, d’avoir une signature. C’est bien sûr très important. Mais il faut aussi pouvoir au-delà de ça renouveler toujours ses photos et toujours être créatif.

Régis : Par rapport à ça, à la créativité, est-ce que vous êtes plutôt du genre à imaginer, préparer, penser une photo en amont, c’est-à-dire de vous dire, je sais qu’il y a tel paysage ici très précisément, l’arbre il est comme ça, vous avez fait des photos de repérage, vous allez même peut-être faire des croquis en avance pour anticiper le positionnement des éléments sur la scène, ou alors c’est vraiment à l’instinct et finalement c’est la scène qui vous inspire ? Comment vous fonctionnez ?

David : Parfois on improvise sur le moment, plus par rapport à l’animalier où parfois il faut être assez rapide. Parce que les sujets peuvent changer brusquement de position ou les oiseaux peuvent s’envoler, donc il faut être réactif, il faut réagir assez vite surtout lorsqu’on veut composer avec une image qui nous tient à cœur.

Beaucoup plus que le paysage où, à mon avis, on peut prendre le temps de la réflexion. Je me souviens d’un endroit, c’était en Australie, j’avais vu des arbres complètement morts qui étaient magnifiques avec des courbes incroyables. J’avais pensé les réaliser de nuit avec des étoiles. Je m’étais déplacé en pleine journée pour voir quel angle je pouvais utiliser.

Parfois c’est vrai qu’on peut prendre le temps de la réflexion. A certains moments c’est des images qui sont composées assez rapidement pour l’animalier.

Régis : C’est vrai que pour la nature, ce n’est pas plus facile que l’animalier, mais on a plus le temps quand même de se préparer, on n’est moins pris par la réaction de l’animal.

Stéphanie : Oui. C’est tout un côté méditatif aussi quand on fait de la photo de paysages, c’est beaucoup plus posé. Donc il y a le temps de la réflexion. On peut préparer effectivement bien en amont nos photos.

David : Quand je vais photographier un oiseau, je vais déjà le photographier comme je le vois. Ensuite en voyant ma photo dans mon viseur, je vais me poser la question de savoir comment je vais pouvoir réaliser d’autres images, des images qui pourraient être différentes et originales.

Je vais essayer de me creuser la tête pour savoir ce que je vais utiliser comme technique, soit des éléments naturels soit des techniques avec l’appareil photo, avec des réglages de l’appareil photo pour justement arriver au résultat final.

Régis : Tu veux dire que l’on peut très bien jouer sur le rendu final d’une image par rapport au cadrage évidemment, mais aussi par rapport à des réglages, plus ou moins exposé par exemple, faire des filés.

On peut vraiment jouer sur les réglages de l’appareil pour avoir un résultat de l’image qui soit différent des autres.

David : Oui, tout à fait. On a plusieurs possibilités du rendu de l’image pour le côté artistique. Soit on utilise des réglages spécifiques à l’appareil photo qui vont rendre cette image-là graphique ou artistique comme tu disais avec l’histoire de filés, avec des temps de pose beaucoup plus longs.

Ce qui est également le cas pour les paysages en utilisant des filtres dégradés de gris d’une autre densité. On peut voir des photos d’Islande avec des icebergs ou des glçaons. Mais également on peut jouer sur les éléments de nature, c’est-à-dire on peut utiliser un flouté d’une branche, d’un feuillage, on peut jouer avec la lumière.

En fait ce qui est très important en photographie, je pense que c’est la réactivité de son environnement et de bien connaitre son appareil photo pour justement arriver à faire ce rendu.

Régis : C’est vrai que la connaissance de l’appareil photo, je trouve que c’est de plus en plus une excuse qu’on ne peut plus avoir maintenant, parce qu’il faut même s’entrainer chez soi à vide, sans avoir aucun stress, aucune pression par rapport à l’environnement, à faire tel ou tel réglage pour que ça devienne sur le terrain un réflexe, sans jeu de mots, un réflexe d’utilisation.

J’ai une question pour Stéphanie : on sait tous qu’un reflex pro monté sur un 500 mm c’est très lourd, le trépied en plus ça rajoute des kilos. Toi en tant que femme, est-ce que c’est pénible ce poids, cette lourdeur de l’équipement ?

Stéphanie : Moi, j’utilise moins que David le 500 mm.

Régis : A cause de ça ?

Stéphanie : C’est quand même une contrainte effectivement. Je suis capable de porter le 500 mm si j’ai vraiment envie de l’utiliser. Mais c’est quand même une contrainte. Je l’utilise moins du coup. J’aime autant utiliser le 70-200 ou le 100-400.

Régis : On attend souvent des constructeurs photo d’optique, Canon, Nikon, Sigma, même Tamron par exemple, qu’ils améliorent leur optique, qu’ils améliorent les ouvertures, mais on pense moins à la légèreté des choses.

C’est quelque chose sur lequel on pourrait être attentif, c’est le poids des optiques.

Stéphanie : Je pense qu’ils vont travailler à l’avenir sur le poids des optiques parce que je pense que c’est un frein pour pas mal, notamment pour les femmes peut-être. Mais il y a la solution du monopod. Moi je me sers du 500 mm avec un monopod, il n’y a aucun souci. Mais c’est vrai que s’ils allégeaient un peu le matériel, ce serait formidable.

Régis : Oui, j’imagine.

David : Pas tant que ça. Le 500 mm, il pèse ce qu’il pèse mais il y a surtout l’ensemble du poids total. Parce que quand on fait de la photographie, on n’utilise pas qu’un 500 mm, on a toute une gamme, du grand angle au gros télé et on a vite 25 kilos. Donc si on part un peu en bivouac, la tente plus tout ça, on est vite à 30 kilos.

Stéphanie : C’est vraiment le point noir du métier de photographe.

Régis : C’est sûr. C’est plutôt encombrant, plutôt lourd et parfois ça peut être une vraie contrainte.

David : Surtout dans les pays du nord où il y a beaucoup de tourbières, parfois on marche pendant des heures. Ou alors il faut bien cibler son matériel, en fonction des sujets.

Régis : Aussi. On peut effectivement limiter son matériel à la journée par exemple pour ne pas avoir à transporter trop de choses. On passe à votre actualité. C’est aussi quelque chose d’important pour les photographes. Est-ce qu’en ce moment vous avez quelque chose sur le feu qui va bientôt sortir, l’aboutissement d’un travail particulier ?

David : Nous avons fait une expo l’année dernière sur le circaète Jean-le-blanc, nous avons travaillé plusieurs années sur cet oiseau-là, nous allons continuer à présenter notre travail. Prochainement nous allons avoir un partenariat avec le Parc régional du Verdon, nous allons donc entamer des stages photo, tout cela va se mettre en place l’année prochaine.

Régis : Les stages photo, c’est quelque chose que vous n’avez pas encore fait, que vous allez mettre en place en 2016 ?

David : Oui. Parce qu’on a été sollicité par des personnes, on a été sollicité par le Parc du Verdon également, qui veulent nous soutenir dans ce projet. Des projets avec le parc, en termes de livres aussi.
Nous avons également d’autres projets, nous travaillons dessus, on espère le mettre à jour d’ici un an et demi à peu près. C’est un gros projet, ça fait plusieurs années qu’on travaille dessus. Nous avons eu également pas mal de reportages au niveau de la presse européenne, nous travaillons un peu avec différents pays en Europe sur nos reportages nature.

Régis : D’accord. Vous ne manquez pas de travail et de projets, c’est plutôt bon signe, c’est même encourageant. Je reviens par rapport aux stages parce que c’est aussi quelque chose qu’on me demande souvent. Là le principe j’imagine qu’il est assez classique. Vous recevez avec vous quelques stagiaires pour passer une journée pour faire de la photo ?

David : Ça sera sûrement sur deux jours. Pour la thématique des vautours fauves et des paysages du grand canyon du Verdon qui, on l’espère, va passer grand site de France. Justement pour présenter ce bel oiseau qui a été réintroduit dans le Parc naturel régional du Verdon. Et également tous les paysages que l’on peut trouver tout autour de cet oiseau, du grand canyon.

Régis : Vous faites d’une pierre deux coups, c’est-à-dire que vous recevez des personnes qui grâce à vous vont apprendre la photographie animalière nature et en plus c’est aussi sensibiliser ces personnes-là à la nature qui vous est chère, celle du Verdon, et aussi aux animaux qui sont là-bas.

Stéphanie : C’est pour ça qu’on va être soutenu également par le parc qui veut développer l’écotourisme du parc. Donc nos stages seront labellisés. Nous travaillerons également avec la LPO qui sera sur place lors du nourrissage des vautours normalement et qui apporteront beaucoup d’informations au niveau naturaliste.

Ça sera de la formation photographique avant tout mais il y aura aussi ce côté naturaliste qui sera là.

Régis : Ce que je retiens de ce que vous dites, c’est que là d’une manière beaucoup plus générale, des photographes animaliers qui voudraient se lancer dans cette activité, même dans ce métier-là s’ils le souhaitent, c’est que travailler seul c’est très difficile, il vaut mieux comme vous vous les faites s’entourer d’une équipe, la LPO, le Parc du Verdon, c’est d’aller chercher des partenaires, d’aller chercher des personnes pour travailler ensemble.

David : Pour notre cas, on a commencé, comme je te l’expliquais, il y a une dizaine d’années. Très rapidement j’ai fait énormément de voyages en Europe du Nord et en parallèle nous avons essayé de développer notre travail sur le Parc régional du Verdon. Il y avait assez peu de choses qui se faisaient il y a une dizaine d’années, même je dirais très peu dans la région.

Le leitmotiv pour moi, ça a été un peu la réintroduction des vautours fauves en 99. Ça m’a permis de faire toutes ces images de vautours. Puisque j’ai passé une grande partie de mon enfance ans cette région-là, j’aime beaucoup cette région évidemment, j’ai commencé à photographier les paysages.

Ça a commencé comme ça l’aventure avec le parc, avec de très nombreuses expositions, de très nombreux reportages puisque je crois qu’on en est à plus d’une trentaine de reportages dans toute l’Europe et France aussi sur les gorges du Verdon. On s’est fait remarqué avec le parc, du coup on a un partenariat et ils nous soutiennent dans nos projets.

Stéphanie : Je voudrais parler également du livre, de l’ouvrage qui est sorti sur le Parc du Verdon en 2013. C’est un livre de plus de 200 pages qui est sorti aux Editions Biotope, qui réunit le travail photographique de David sur 10 années, et dont j’ai fait les écrits.

Régis : David le photographe et toi la plume ?

Stéphanie : Voilà, tout à fait.

David : Le livre s’appelle Verdon d’autres visages et vraiment d’autres visages pour parler de tout ce que l’on peut rencontrer et voir dans cette région-là.

Régis : Où est-ce qu’on peut l’acheter ce livre ?

Stéphanie : On le trouve un peu partout en librairie en France, que ce soit à la Fnac, Virgin. Ça dépend peut-être des régions. On le trouve assez facilement. On peut également aller sur le site de Biotope si on veut le commander ou sur notre site, sur le site de David et de moi-même.

Régis : Est-ce que tu peux donner l’adresse de votre site, s’il te plait Stéphanie ?

David : C’est tout simplement www.david-allemand.com En parallèle des stages qui vont commencer l’année prochaine, il va y avoir un nouveau site qui va être ajouté à notre site actuel, qui sera une galerie en ligne à la fois de vente de tirages, de produits, de stages.

Régis : Je vous remercie beaucoup, Stéphanie et David, pour ce bon moment passé ensemble.

Stéphanie : Merci à toi, Régis.

David : Merci à toi, Régis. Ce fut vraiment un plaisir.

Stéphanie : Bon courage et bonne continuation pour ta merveilleuse initiative.

David : Bonne continuation au blog !

Régis : Merci.