L’invité : Fabrice Milochau, photographe de paysages

Pour ce 36 ème épisode j’ai le plaisir d’accueillir Fabrice Milochau, photographe pro spécialisé en photo de paysages.

Il y a peu, je ne le connaissais pas. J’ai découvert Fabrice grâce aux éditions Eyrolles. Dès qu’ils publient un livre traitant de photo nature au sens large, ils ont la gentillesse de me l’envoyer. Sans que je ne demande rien ! 🙂 Ça c’est cool. Oui, c’est vrai, il y a quelques avantages à être photographe ET blogueur au succès international avec quelques milliers d’abonnés. 🙂

Le livre est « Les secrets de la photo de paysage. Approche – Composition – Exposition« . Je me suis empressé de le lire, d’autant que dans ma bibliothèque, je n’ai pas de bouquins pédagogiques sur ce thème. Car vous l’aurez deviné avec le titre, ça n’est pas un ouvrage de belles photos à feuilleter.

C’est uniquement pour apprendre à bien photographier les paysages (même si, évidemment, toutes les pages fourmillent de photos d’illustration).

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Alors pour innover sur le blog j’ai eu l’idée absolument exceptionnelle 🙂 d’interviewer directement l’auteur du livre, plutôt que d’en faire un test. Même si j’aime ça (et je sais vous aussi 🙂 ) j’ai eu envie de changer ! D’autant que d’autres blogs ont déjà fait la critique du livre de Fabrice. Comme sur Nikon Passion par exemple.

Plus que jamais, je me rends compte que j’ai envie de vous apporter toujours plus de conseils, d’astuces et d’idées. Ce qu’un test, aussi bien rédigé soit-il, ne vous donne pas. Alors que l’interview audio de l’auteur avec mes questions que-vous-aussi-vous-auriez-posé-les-mêmes, ç’est du lourd, comme disent les jeunes. 🙂

Ce qui ne change pas, en revanche, c’est que vous pouvez tenter de gagner le livre. Vous connaissez le principe à présent : je vous pose une question à laquelle vous devez répondre en farfouillant sur la page internet que je vous donne en indice. Et rappelez-vous toujours : 100 % des gagnants ont tenté leur chance. 🙂

Petite bio

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Ça fait un moment que Fabrice roule sa bosse sur les plus beaux paysages de France et du monde. Et pourtant, il n’était pas destiné au métier de photographe. D’abord dans le milieu du marketing, c’est à 30 ans qu’il décide de plaquer son boulot pour faire un métier « dans la nature » comme il le dit. Photographe ou autre chose ! Mais dans la nature.

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La vie étant faite de rencontres qui vous font prendre un chemin plutôt qu’au autre, c’est celle avec Gilles Martin, photographe bien connu des macroteurs, qui va tout déclencher. Il concrétise alors son amour pour la nature en la photographiant. C’est ainsi que débute son travail de photographe de paysages. Fabrice est depuis un auteur prolifique et a été publié dans les plus grands magazines (Géo, Terre Sauvage, Figaro mag, Détours en France …) et par de grands éditeurs (Arthaud, Glénat, …).

Vous l’avez compris, Fabrice fait parti des meilleurs photographes de paysage de la place.

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© Fabrice Milochau – Tous droits réservés

Cliquez directement sur les parties du sommaire pour y accéder directement :

Dans ce 36ème épisode,  vous apprendrez

Voici le sommaire de ce podcast avec le photographe Fabrice Milochau :

  • Son parcours photo et pourquoi il s’est orienté vers la photo de paysage
  • L’intérêt de commencer par la photo de paysage quand on débute
  • Des conseils pour percer et rester en tant que photographe pro
  • La définition de ce qu’est un paysage
  • Quel matériel photo utilise Fabrice : reflex, objectifs et accessoires
  • Pourquoi et comment Fabrice utilise les filtres optiques
  • L’intérêt d’utiliser un trépied pour photographier les paysages
  • Comment repérer les bons spots de paysages avant de partir en vacances
  • Comment mettre de l’émotion dans ses photos de paysages
  • Les techniques pour immortaliser un coucher de soleil
  • La sortie du livre Les Secrets de la Photo de Paysage

Repères cités dans cet épisode

Le jeu-concours « Les secrets de la photo de paysage »

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Le livre « Les secrets de la photo de paysage » à gagner !

  • Valeur : 24 €
  • Auteur : Fabrice Milochau
  • Editeur : Eyrolles
  • Date de parution : 17/03/2016

Comment faire ? C’est simple. Il suffit de répondre (juste, tant qu’à faire 🙂 ) à la question suivante dans l’espace des commentaires :

Comment s’appelle la 7ème et dernière partie du sommaire du livre ? La réponse est ici ! 😉

Si vous êtes plusieurs à répondre juste, alors je tirerai au sort le commentaire gagnant avec le site randomizer.org.

Le tirage au sort aura lieu le mercredi 8 juin à 10h00.

TRÈS IMPORTANT : vous ne verrez pas apparaître votre commentaire … c’est normal ! Rassurez-vous, il est bien enregistré dans la base de données mais pour éviter que vous ne vous copiez les uns sur les autres … je ne le fais pas apparaître tout de suite. Hé hé hé, que croyez-vous, vous avez à faire à un ancien instituteur rodé aux meilleurs techniques de pompages. 🙂

EDIT : j’ai effectué le tirage au sort ce jeudi à 12h00. Le jeu-concours est donc terminé. C’est le commentaire n°67, soit Sacha qui gagne le livre ! Ça n’est donc plus la peine de participer au jeu … mais laisser un commentaire si ! ????

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Quelques photos de Fabrice

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© Fabrice Milochau – Tous droits réservés


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© Fabrice Milochau – Tous droits réservés


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© Fabrice Milochau – Tous droits réservés


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© Fabrice Milochau – Tous droits réservés


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© Fabrice Milochau – Tous droits réservés


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© Fabrice Milochau – tous droits réservés.


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© Fabrice Milochau – Tous droits réservés

Transcription de l’interview

Biographie de Fabrice

Régis Moscardini : Bonjour Fabrice. Je suis vraiment très content de pouvoir d’interviewer. D’autant plus que la première fois j’avais complètement oublié notre rendez-vous. Mais la chose est réparée. Tu pourras enfin répondre à mes questions.

Fabrice Milochau : Absolument. Allons-y.

Régis : Fabrice, juste pour commencer, c’est un petit peu la tradition sur les interviews, est-ce que tu peux te présenter s’il te plait, toi et ton parcours photo ? Qu’est-ce qui fait que tu es venu à faire de la photographie en général et de la photo de paysages en particulier ?

Fabrice : Moi, je suis photographe depuis un peu plus de 15 ans, photographe pro. J’ai toujours un petit peu fait de photo mais sincèrement avant de passer pro j’avais un rapport à la photo qui était une espèce de rapport de photos de vacances. C’était quelque chose que je faisais de temps en temps mais ça n’allait pas bien loin.

Régis : Comme beaucoup de personnes, je pense.

Fabrice : Oui, bien sûr, absolument. J’avais une vie complètement différente.  Je travaillais dans le marketing, je m’occupais de formation professionnelle, de choses comme ça, donc ce n’était pas du tout dans l’univers de la photo. Aux alentours de 30 ans, j’ai eu une espèce de petite remise en question personnelle. Ça arrive parfois de refaire un petit bilan sur sa vie, même quand on a 30 ans.

Régis : 30 ans, c’était assez tôt finalement ?

Fabrice : C’est ça, c’est assez tôt. J’étais précoce en la matière. En tout cas je me suis dit que cette ancienne vie que j’avais ne me plaisait pas vraiment, en tout cas au niveau professionnel. J’avais envie de renouer avec des rêves un peu plus enfantins. On ne sait jamais, on peut les réaliser parfois. Je voulais faire un métier en rapport avec la nature. Je ne savais pas trop quoi. J’aurais pu faire garde forestier ou autre chose.

Mais il s’est trouvé que je suis passé par le journalisme en travaillant pour un magazine qui n’existe plus mais qui s’appelait Sciences et Nature. Là j’ai fait un boulot de secrétaire de rédaction pendant un peu plus d’un an.

Régis : Sans aucune expérience de journalisme, sans avoir fait d’école, tu as été pris dans ce journal-là ?

Fabrice : Oui. Je te fais la version courte. Parce qu’il y a eu plusieurs étapes entre mon ancien métier et cette arrivée dans ce magazine. En fait je suis arrivé dans le magazine par un stage. Les stages sont d’actualités depuis très longtemps. Quand on ne sait pas trop quoi faire, à quelqu’un qui cherche, on lui dit « fais donc un stage ». C’était mon cas en fait. J’ai fait un stage dans ce magazine et ensuite ils m’ont embauché.

Là j’écrivais des articles, je rencontrais des photographes qui revenaient du bout du monde avec des photos magnifiques d’animaux, de paysages, etc. Je me disais « quand même ils ont une vie assez sympathique, ces gens-là ». De fil en aiguille, j’ai sympathisé avec un d’entre eux que tu connais certainement, qui s’appelle Gilles Martin.

Régis : Oui.

Fabrice : On est devenu amis avec Gilles à l’époque. Il m’a dit « tu as l’air d’aimer la photo, si ça te tente, vas-y, lance-toi, il y a 5 ans j’étais prothésiste dentaire ».  Je me suis dit « peut-être ».

Régis : Il y a autant d’écart entre prothésiste dentaire et photographe qu’il peut y avoir d’écart entre marketing et photographe ?

Fabrice : Absolument, je crois. J’ai suivi un peu bêtement son conseil. Disons pour faire court encore, j’avais droit à un petit peu de chômage devant moi. J’ai profité de cette période de chômage pour me dire « je me donne un an-un an et demi pour essayer de faire photographe, si ça ne marche pas je ferai autre chose ».

Ça a marché. J’y suis toujours. Donc mon parcours, en tout cas mes débuts, j’ai commencé mes toutes premières photos par la forêt de Fontainebleau parce que j’habitais à côté. J’ai passé quasiment un an dans cette forêt, j’y allais tous les jours à faire des diapos parce qu’à l’époque c’était de l’argentique, à être un peu catastrophé de mon niveau. En en faisant tous les jours, régulièrement, au bout de 6 mois je faisais des photos un peu mieux.

Au bout de 8 mois je faisais des photos encore un peu mieux. Au bout d’un an je suis arrivé à avoir une centaine de diapositives qui tenaient la route. Pour moi, tout est parti de là.

Régis : C’est super intéressant. C’est même très motivant pour ceux qui sont peut-être à la croisée des chemins, qui peuvent avoir 30 ans ou plus et qui peuvent se dire « effectivement moi la photo c’est quelque chose qui me plait tellement que j’aimerais bien passer le cap et en faire mon métier, en tout cas essayer d’en vivre un petit peu ».

C’est motivant et c’est très enrichissant de savoir que tu es parti de quelque chose de très différent pour finalement y arriver. Peut-être à une époque où je ne sais pas si c’était plus simple mais il y avait peut-être moins de concurrence.

Être photographe de paysage professionnel

Fabrice : Je ne sais pas si c’est en termes de concurrence, mais en tout cas c’était peut-être un poil plus simple vis-à-vis du rapport que peuvent avoir les photographes à la presse magazine notamment. Il y avait un marché un peu plus ouvert. Il y avait une possibilité d’être publié dans des magazines soit un peu plus nombreux soit qui avaient des politiques rédactionnelles moins verrouillées parce qu’aujourd’hui c’est un peu le problème.

C’est-à-dire que tous les magazines diffusent toujours des photos évidemment mais se font des plannings un an à l’avance, parfois même plus pour des très grands magazines. Si on rentre dans les rubriques planifiées, on a une chance d’être publié. Si on n’y rentre pas, on attend. Le problème c’est que ces magazines ne disent pas forcément ce qu’ils ont envisagé. Donc c’est un peu une loterie. On arrive avec son sujet.

Si ça rentre dans les cases, c’est bien. Si ça ne rentre pas dans les cases, c’est moins bien. À l’époque il n’y avait pas encore ce côté aussi rigide. On pouvait arriver à la rédaction de Géo avec un sujet sous le bras, sortant de nulle part, et on avait peut-être une chance d’être édité si les photos étaient belles. Aujourd’hui c’est un peu plus compliqué.

Régis : Tu es surtout connu, Fabrice, pour tes photographies de paysages. En tout cas tu as écrit un livre là-dessus. On va y revenir longuement dans l’interview. Les photos de paysages c’est à l’époque dont tu parles là, c’était à tes débuts, c’était la bonne porte d’entrée auprès des éditeurs et des magazines pour te faire connaitre ou c’était vraiment une vraie passion pour toi et tu ne voyais pas la photo autrement que par le paysage ?

Fabrice : C’était plutôt ça. Partant d’un niveau relativement moyen, je ne pouvais guère m’improviser photographe animalier par exemple. Ce n’est pas que c’est tellement plus difficile techniquement que le paysage. Mais s’il y a un ticket d’entrée au niveau du matériel qui est un peu plus cher, donc je n’avais pas les moyens de m’acheter des grandes focales.

Puis par tempérament, c’est vrai que ce qui me plaisait fondamentalement c’était d’être dans la nature, autrement dit être au milieu des paysages qui m’émerveillent. La photo c’est un alibi, ce n’était pas une fin en soi. C’était un alibi pour être dans la nature, dans la forêt, pour être dans des gorges, dans des montagnes, tout ce que l’on peut imaginer comme paysage nature, et de dire  en plus de ça j’ai trouvé un moyen de gagner ma vie avec.

Le plaisir fondamental c’est ce que l’on vit. Ça c’est quelque chose que je conseille à n’importe quel photographe qui veut se lancer, même à quelqu’un qui s’est déjà lancé et qui réfléchit un peu sur son métier, c’est de se dire « au-delà des images en elles-mêmes et du résultat, parce que je vais pouvoir vendre éventuellement à quelqu’un, qu’est-ce qui me plait dans mon activité, qu’est-ce que j’aime vivre ? »  Ça c’est la clé de tout le reste.

Régis : C’est le chemin qui est important plutôt que la destination ?

Fabrice : C’est quelque chose qu’on dit souvent. Mais ça s’applique aussi beaucoup à la photographie.

Régis : J’ai écouté une émission à la radio hier sur les chemins de Saint Jacques de Compostelle et c’était une personne qui a écrit un livre là-dessus, qui a fait une partie du chemin de Saint-Jacques pendant plusieurs semaines. Il disait que la plupart des gens qu’il avait rencontrés à Saint-Jacques, une fois le voyage terminé, étaient déçus, pas forcément de la beauté du lieu de Saint-Jacques parce que c’était fini.

Finalement avec le recul ce qu’ils avaient vraiment apprécié, ce que cette personne-là expliquait très bien, ce qu’ils avaient apprécié et particulièrement aimé c’était le chemin, c’était le processus du voyage plutôt que la destination. Finalement la photo c’est un petit peu ça. Ce qui est important c’est le moment qu’on vit en tant que photographe sur le moment où on fait a prise de vue plutôt que le résultat.

Fabrice : L’avantage d’en faire un métier ensuite, c’est que ce moment tu peux le revivre, je ne dirais pas à l’infini, mais en tout cas tu peux le répéter longtemps et longuement, beaucoup de fois, autant de fois que tu vas faire un reportage ou que tu vas faire des photos sur une destination, sur un lieu, sur un animal, peu importe. Ça permet de renouveler l’expérience.

Régis : Exactement.

Fabrice : C’est ça qui est vraiment enrichissant. Donc quand l’expérience est vécue de façon intense, presque passionnée, à niveau photo égale entre 2 photographes, évidemment il faut avoir un minimum de bagage technique, c’est toujours le plus amoureux de ce qu’il fait qui va faire les plus belles images. Parce que ça marche comme ça. Ça marche avec le plaisir que tu y prends.

Régis : C’est un excellent conseil. Effectivement c’est de vivre les choses à fond et ne pas les faire par nécessité. Tu dois les faire parce que tu aimes ça et que tu as envie de les faire.

Fabrice : Juste pour finir avec ça, quand on commence à raisonner trop par nécessité et qu’on aborde une démarche pour le coup marketing, un domaine que j’ai bien connu, qu’on se dit « qu’est-ce que veulent les gens, qu’est-ce que veut la presse, qu’est-ce que veulent les éditeurs, ils veulent tel et tel type de photos, je fais faire ça ».

Si on a cette démarche-là, elle est très pertinente d’un point de vue commerciale, mais elle va être très difficile à emprunter, ça va être difficile de vendre au final parce qu’on sera sur un chemin qu’on aura emprunté par opportunisme mais pas par goût personnel. Ça, dans les images ça se sent immédiatement.

C’est quoi, un paysage ?

Régis : On va parler du paysage à proprement parler. Je vais commencer par une question qui, j’espère, ne va pas de mettre en difficulté mais qui n’est pas forcément très facile, qui n’apporte pas forcément de réponse très précise mais qu’est-ce qu’un paysage pour toi ?

Fabrice : J’en ai eu différentes définitions au cours de ma vie. Je pense que la définition la plus simple pour moi, c’est de dire que c’est la partie du monde qu’on peut embrasser d’un seul regard. Un paysage c’est ça pour moi. Ça peut s’appliquer à n’importe quoi. C’est valable pour la nature, ça peut-être valable en ville, n’importe où. Du moment qu’on a une partie du monde sous les yeux, pour peu qu’on ait la chance d’être un voyant et non un non-voyant.

En tout cas on peut avoir accès à un certain nombre de choses que notre cerveau peut embrasser, que nos yeux découvrent. A la base un paysage c’est ça. Après il y a des tas de variantes. On peut y greffer des choses culturelles. Il y a beaucoup de gens qui raisonnent culturellement par rapport aux paysages et qui disent, notamment des gens qui vont être plus des paysagistes que des photographes par exemple, que le paysage est une construction fondamentalement humaine, même quand elle s’applique à un paysage dit naturel.

Parce que ce qui fait un paysage, c’est justement l’action de le regarder et de le composer d’une certaine façon dans sa tête et avec sa culture.  Ça, ça peut être valable. Moi j’en ai une approche beaucoup plus libre en disant qu’un  paysage c’est effectivement la portion du monde sur laquelle on se concentre. Parfois c’est sur des hectares en entier, parfois c’est sur 2 cm² sur un carré de mousse en forêt, peu importe, ce que l’on a sous les yeux forme un paysage.

Régis : Ça veut dire tout photographe qui a son œil dans le viseur, quelle que soit cette chose, la  scène qu’il a sous les yeux dans son viseur, est un paysage ?

Fabrice : Oui. Moi j’ai tendance à aborder les choses comme ça. Après, c’est une déformation personnelle. Je me suis mis par exemple au portrait ou à des choses un peu plus humaines ces dernières années, même quand je photographie quelqu’un, je le ressens comme un paysage, même si c’est un portrait assez serré. C’est difficile à exprimer mais en fait ça vient de ma culture première qui a été cette culture liée à la nature.

Mais je trouve que c’est du même ressort parce qu’on a un rapport affectif comme on pourrait avoir avec un paysage, en tout cas moi j’ai des rapports assez affectifs avec la nature. On a une vision esthétique, on a une volonté d’en cadrer une certaine partie, ça c’est l’essence même de la photographie et de la composition. On a à cœur d’essayer de retranscrire quelque chose que l’on éprouve face à ce que l’on regarde. Tout ça c’est valable pour un paysage naturel comme pour une personne.

Le matériel photo utilisé

Régis : On va revenir à des choses beaucoup plus terre à terre et un peu moins poétique, c’est sur le matériel. Pour le paysage, on va vraiment rester là-dessus pour l’instant, qu’est-ce que tu as comme matériel, quel boitier, quels objectifs, Fabrice ?

Fabrice : J’ai toujours été un petit joueur au niveau du matériel.

Régis : Tu vas rassurer beaucoup de personnes, je sens.

Fabrice : Au départ c’était juste parce que je n’avais pas de sous. Maintenant c’est parce que c’est devenu ma façon de fonctionner. Donc j’ai un boitier 24×36 plein format, mais pas depuis très longtemps. J’ai fonctionné pendant pas mal de temps avec un format DX. J’ai des optiques qui vont du 18mm au 300 avec des zooms, je fonctionne beaucoup avec des zooms parce que c’est pratique dans la nature et pour la photo de paysages.

Donc j’ai un 18-35, j’ai un 28-70, j’ai un 80-200 et j’ai un 300mm fixe. Avec tout ça je couvre l’ensemble de mes besoins sauf parfois quand je vais faire des photos d’animaux, on me prête un objectif, un zoom ou une focale un peu plus longue. En tout cas, avec tout ça on peut tout faire en sachant que ce qui s’utilise le plus dans ma spécialité, c’est quand même les grands angles, voire les très grands angles, donc aux alentours du 18mm, un petit peu au-dessus, un petit peu en dessous, c’est des focales qui sont très souvent utilisées en paysage.

Régis : Je suis assez surpris, pas dans le mauvais sens du terme, mais je suis assez surpris par rapport à ton utilisation du zoom. J’aurais plutôt pensé que tu serais un photographe qui n’hésiterait pas à se déplacer un petit peu, à aller un peu plus devant ou un peu plus derrière de la scène pour cadrer différemment. En fait non. Tu as un zoom et tu assumes ce côté pratique-là sans aucun état d’âme ?

Fabrice : Ce que tu dis n’est pas incompatible. Si j’ai envie de m’approcher, de reculer, d’aller à droite ou à gauche je ne me gêne pas pour le faire. Mais quand même quand tu fais des photos des journées, voire simplement un après-midi entier, je vais rester dans un milieu simple que tout le monde connait, la forêt, sans parler de haute montagne ou de choses comme ça encore plus extrême, il fait le temps qu’il fait, tu as ton matériel à porter, tu n’as pas forcément accès à tous les moindres recoins de la forêt parce qu’il y a des obstacles.

Donc tout ça fait que le zoom, notamment pour voyager léger, est super pratique, même si à l’usage, je suis le premier à le constater, que j’utilise toujours un peu les mêmes focales y compris sur mon zoom. Il est pratique parce qu’il me permet de me confronter à n’importe quel cas de figure. Mais j’utilise beaucoup les extrêmes de mon zoom, par exemple le 18-35 je suis très souvent qu’à 18. Le 28-70, je ne suis souvent qu’à 28, etc.

Régis : Est-ce que tu as un accessoire qui te semble vraiment indispensable pour ta pratique de la photo, qui du coup ne serait pas forcément accessoire ?

Fabrice : Déjà  ça c’est le petit truc mais c’est la première chose qui me vient à l’esprit. Un pinceau, mais un vrai pinceau, un pinceau qu’on peut acheter dans un magasin de bricolage, un petit pinceau avec des poils moyennement durs, dont on coupe le manche pour que ce soit le plus petit possible à tenir dans une poche.

Ça c’est l’ustensile indispensable  pour nettoyer régulièrement quand on est dans la nature tout ce qui est pollen, poussière, etc., ce qui se dépose très vite sur le boitier, dans les interstices des boutons, etc. Donc ça c’est quelque chose que je conseille à beaucoup de monde. C’est plus pratique et plus solide que les petits soufflets

Régis : Qu’on nous vend à prix d’or.

Fabrice : Sincèrement à l’usage, au début j’avais ça. En général c’est trop mou, ça souffle pas assez. De toute façon le côté soufflant n’est pas très intéressant. Ce qui compte beaucoup, c’est de pouvoir épousseter avec un pinceau, ça c’est la première chose. Le deuxième accessoire indispensable pour moi, c’est la banane plutôt que le sac à dos. Ça se fait de moins en moins, je crois qu’il n’y a plus que Lowepro qui fait ça de façon vraiment grand public.

Moi je préfère avoir mon matériel autour de la ceinture que sur le dos, pour moins transpirer, pour que ce soit plus facilement accessible parce qu’il suffit de tourner la banane sur ton ventre quand tu veux prendre ou déposer quelque chose. Puis la remettre dans ton dos ensuite sans avoir à détacher l’ensemble. Donc ça c’est la deuxième chose que j’utilise. Après c’est chacun son truc. La troisième chose qui me semble indispensable par rapport à ma spécialité, c’est le filtre dégradé neutre qui est le seul filtre quasiment indispensable.

Régis : La transition est superbe, j’allais justement te demander si tu faisais partie des photographes qui utilisent des filtres. Tu viens d’y répondre. Pourquoi ce filtre dégradé-là ? Quel est l’intérêt pour toi du dégradé ?

Fabrice : Ça n’a pas changé depuis l’air de l’argentique, ça a toujours le même usage. C’est fait pour compenser les différences de luminosité entre le ciel et la terre.  Je schématise mais c’est souvent ça. Quand on veut avoir un ciel qui ne soit pas cramé, qui ne soit pas tout blanc, qui ne soit bleu trop clair, qui ne soit pas surexposé d’une façon générale, ce filtre sert à foncer ce ciel et à lui redonner un équilibre lumineux par rapport à la terre et ce qui se passe au sol.

Ça, en matière de paysage, on a tout le temps ce cas de figure-là, en tout cas dans beaucoup de cas d’espèces  on se retrouve avec un ciel et la terre en bas. Même si on s’applique à composer son image de façon plus ou moins idéale, on aura un problème de gestion de lumière, notamment en plein après-midi, je ne parle pas des extrêmes de la journée qui sont évidemment l’aube et le crépuscule où  les lumières naturelles s’équilibrent de manière assez homogène.

Mais dès qu’on rentre dans un milieu de journée voire un après-midi d’été, là on y a droit à tous les coups, c’est-à-dire que on va avoir un ciel tout blanc, cramé, en tout cas surexposé par rapport à la terre si on n’utilise pas de filtre dégradé neutre.

Régis : Même si on se rend compte que parmi tous les progrès que font les fabricants sur les numériques, on parle de la montée en iso par exemple, on parle de la fréquence en rafale, mais on oublie souvent de parler des progrès qui concernent l’amplitude, le dynamisme de l’image et de la luminosité, de l’exposition. Maintenant les appareils sont capables d’être franchement bons dans les basses lumières et en même temps d’être franchement bons dans les hautes lumières. Malgré tout tu conseilles quand même d’utiliser un filtre dégradé ?

Fabrice : C’est vrai que maintenant les boitiers ont des fonctions de rééquilibrage plus ou moins automatiques de ce genre de trop grande amplitude entre la zone la plus claire et la plus foncée. Il y a le delighting, ça porte d’autres noms sous d’autres marques. Ça marche, ça marche même assez bien parfois. L’inconvénient, c’est que ça a tendance à tout désaturer, et que ça a tendance à amoindrir les contrastes.

Parce que justement l’appareil va chercher à rendre les noirs plus clairs et à rendre les blancs plus foncés. C’est sympa en termes d’homogénéité mais ça donne des images qui sont beaucoup plus plates et plus fades. Ensuite on peut très bien redonner un coup de boost sur Photoshop, une fois que l’on a remis tout ça sur un ordinateur. Mais je trouve que c’est plus intéressant d’une faon générale de pouvoir quand c’est nécessaire, ce n’est pas tout le temps non plus, rééquilibrer le ciel de façon un petit peu artisanale avec un filtre plutôt que de chercher à le faire ensuite sur Photoshop ou avec d’autres logiciels qui vont avoir parfois des fonctions qui remplacent un filtre dégradé neutre.

C’est ni plus ni moins qu’une espèce de zones supérieures qui va se foncer de façon plus ou moins automatique. Ça peut rendre de jolis résultats mais je pense que ce n’est jamais aussi bien que lorsque c’est fait à la source, au moment de la prise de vue.

Régis : Effectivement. En plus si la luminosité était vraiment trop forte et la zone est cramée, l’information elle est manquante, donc le logiciel ne pourra de toute façon pas créer l’information qui n’est pas là. Un autre aspect qui peut intéressant à utiliser un filtre dégradé à la prise de vue,  c’est qu’en plus on a dans le viseur le résultat directement. C’est du confort gagné au moment de la prise de vue.

Fabrice : Absolument. Je suis assez partisan de ça. Ce n’est vraiment pas compliqué. Il y a des gens qui par souci de la perfection vont se lancer tout de suite dans l’achat de filtres  très chers, ce n’est pas une mauvaise chose, avec un porte-filtre qui est tout aussi cher pour que ça soit bien d’équerre devant l’objectif sur le trépied ou pas.

J’avoue aussi que dans mon côté artisanal, depuis le début, j’ai quasiment jamais acheté de porte-filtres, c’est-à-dire que je sors le filtre de son étui, je le mets avec ma main devant l’objectif, je m’arrange simplement pour ne pas mettre mes doigts devant, mais ça marche très bien aussi comme ça.  Il n’y a pas besoin forcément d’une espèce d’usine à gaz qui va encore alourdir le matériel que l’on porte avec soi.

Il suffit simplement d’avoir un filtre qui fasse un peu plus que le diamètre de l’objectif auquel il est destiné et ensuite on le pose à la main devant, on le baisse ou on le rehausse pour avoir la zone la plus foncée à l’endroit où on le désire et ça marche très bien.

Régis : Ça veut dire que tu utilises un trépied ?

Fabrice : Ça par contre, systématiquement, tout le temps ou quasiment dans 100% des cas.

Régis : Dans l’animalier, on bouge tout le temps. Avec nos longues focales, on se doit d’avoir un trépied pour supprimer tout flou de bouger qui pourrait être nocif et qui pourrait dégrader la netteté de l’image. On n’est pas dans ce cas de figure-là pour le paysage. On a de grandes focales, on pourrait se permettre de photographier à main levée, on n’aura pas de risque de tremblement. Quel est l’intérêt du trépied pour la photo de paysage, Fabrice ?

Fabrice : A l’origine, c’était quand même pour un intérêt de bouger. Je parle encore comme un dinosaure de l’argentique. Mais c’était quand même valable avec  des pellicules qui étaient optimales à 100 ISO. On avait toujours un risque de bouger dès qu’on était dans un milieu un tout petit peu sombre. C’était le côté utilitaire. Mais au-delà de ça, je me suis rapidement aperçu que c’est extrêmement intéressant à utiliser en paysage par rapport à la philosophie de façon de faire les photos.

Je m’explique. Quand tu as un pied, même que c’est en plein été, en plein soleil, que tu pourrais parfaitement photographier à main levée sans problème, s’obliger à utiliser un pied c’est  s’obliger à poser son appareil, à regarder ce qu’il y a devant soi et surtout à fignoler sa composition et son cadre. Dès que tu poses ton appareil sur un trépied et que tu regardes dans l’objectif, tu vas avoir tendance à porter beaucoup plus d’attention à la composition, aux bords de l’image, à ce qui rentre, à ce qui n’est pas dans l’image, à ce qu’il y a derrière ton sujet principal, à l’arrière-plan, etc.

Le simple fait d’utiliser ce pied et d’avoir une photo posée va faire que tu vas avoir un autre rapport à ce qu’il y a devant toi. Tu vas porter beaucoup plus d’attention et beaucoup de soin à la composition de ton image. C’est ce que j’en ai retenu comme expérience, c’est pour ça que  je continue à utiliser un trépied quasiment tout le temps, d’une part pour m’assurer une parfaite stabilité, sur des tirages grand format ça peut vraiment avoir son utilité, d’autre part pour avoir cette attention portée plus particulière lorsque l’appareil est posé.

Régis : Je suis très content que tu dises les choses comme ça, parce que je n’aurais évidemment pas dit mieux. Je vais rajouter que ce que tu dis là, on aurait pu dire les mêmes mots que tu as utilisés pour la macro. C’est exactement pareil. On aurait tendance à faire de la macro à main levée comme on pourrait faire du paysage à main levée, mais le simple fait de prendre son trépied te permet d’accéder à une démarche photographique que tu n’as absolument pas si tu fais ça à main levée.

Fabrice : Absolument. Il faut un petit peu le vivre pour bien le comprendre, avec les mots ça reste toujours un peu théorique. Il suffit d’essayer de s’acheter un trépied si on n’en a pas un et de se forcer dans un premier temps à le prendre, à l’avoir sur l’épaule.

Au départ c’est super chiant, il ne faut pas se leurrer, on se dit « qu’est-ce que je fais avec ça, je serais bien mieux avec les mains dans les poches » mais très vite on s’aperçoit que c’est un gros atout et même moi je dirais que pour toute autre raison je me sers un peu de mon trépied comme quelqu’un qui marche sur un fil et se sert d’une perche pour se stabiliser. Mais vraiment, souvent je me suis vu franchir des endroits assez délicats en termes d’équilibre, maintenant le fait d’avoir mon trépied me stabilise. C’est un peu bizarre.

Régis : Non, c’est intéressant. Ça fait une chose en plus, un apport à mettre au crédit du trépied auquel je n’ai absolument pas pensé. Pourquoi pas ? Tu fais un petit peu le funambule avec ton trépied. Ce que tu dis là, la démarche que tu exposes avec le trépied elle n’est absolument pas compatible avec la promenade en famille. C’est-à-dire que si on sort son trépied, on ne le sort pas pour 10 secondes, il vaut mieux faire une photographie à main levée dans ce cas-là.

Si on sort son trépied, c’est qu’on va y rester un certain temps, qu’on va peaufiner, qu’on va vraiment chiader son paysage, son réglage, son cadrage. Il faut prendre le temps, tout simplement.

Fabrice : Oui, c’est vrai ce que tu dis, mais avec l’habitude c’est même possible de le faire en famille. Après, ça devient un accessoire, c’est comme si tu avais un sac à dos, sauf que là tu as un trépied. Après, tu le poses très vite, tu le remballes très vite quand tu commences à avoir l’habitude de l’utiliser. Ce n’est pas forcément quelque chose qui va nous contraindre à rester 10 minutes devant un rocher. Ça peut se faire aussi rapidement. Je ne suis pas là pour dire aux gens « ne sortez jamais sans trépied », mais « essayez » parce que c’est utile.

Comment repérer les sites à photographier

Régis : Oui, c’est très utile. On va parler maintenant du côté du repérage des sites à photographier. Tout d’abord est-ce que tu utilises des applications de smartphone qui permettent de prédire des heures précis de lever et de coucher de soleil pour avoir le meilleur endroit au meilleur moment, pour avoir la plus belle lumière possible ? Est-ce que tu utilises ce genre d’outils-là ?

Fabrice : Non. Je sais que ça existe. Je ne suis pas rétrograde. C’est-à-dire que ce n’est pas par rébellion contre le système informatique. Mais ça vient de mon rapport à la manière de faire mon métier. Comme moi, ce qui m’intéresse c’est d’être sur place, de vivre les choses telles qu’elles se présentent et d’avoir un rapport avec le paysage et la nature qui soit très spontané. Du coup sauf commande spéciale de laquelle je ne peux pas faire autrement, mais c’est assez rare, en tout cas je n’ai pas ce besoin d’optimiser des images idéales par rapport à des périodes de lumière idéale.

C’est-à-dire  que j’ai conscience que les couchers de soleil ou les levers avec de très belles lumières c’est toujours des jackpots en termes  de paysage, que ça fait de très belles photos. Mais je ne m’interdis jamais d’aller faire des photos aux pires heures du milieu de journée, même sous un cagnard de plein été, où les lumières sont très dures parce que, c’est toujours la même histoire, ce qui me plait c’est d’y être.

Une fois que j’y suis, j’essaie de tirer parti de ce qu’il y a autour de moi. Je prends plus ça comme une espèce d’offrande, sans employer de grand mot, que me ferait la nature au sens large, en me disant « voilà ce que je te propose là tout de suite au présent » et moi  je fais avec. Des fois je suis capable de faire des belles choses, des fois moins, mais  en tout cas cette approche ça m’a aussi permis de progresser rapidement dans mon métier, notamment au début, parce que je ne me focalisais pas sur des moments ou sur des cas de figures faciles, en tout cas idéal où tu as plus de chance de réussir de très jolies photos.

Je m’imposais mais ce n’était pas une punition, c’est quelque chose que je vivais avec plaisir, de faire des photos tout le temps par n’importe quelle condition, dans n’importe quel endroit, sans chercher à prédire ce qui allait se passer. Ça c’est l’inverse du repérage, c’est la tactique complètement opposée, elle n’est pas forcément  meilleure, mais en tout cas elle me correspond bien.

Régis : D’accord.  J’ai quand même l’impression au fil des réponses que tu apportes à mes questions, on pourrait résumer ta démarche à prendre le temps. C’est-à-dire qu’effectivement les applications dont je te parlais tout à l’heure sont efficaces pour gagner du temps, notamment en vacances, dans un endroit que tu ne connais pas très bien. Tu sais qu’à tel endroit tu vas avoir quelque chose d’intéressant. Toi, tu essaies plutôt de t’imprégner d’un lieu pour être capable après de pouvoir aller là où il faut aller ?

Fabrice : C’est une question de tempérament personnel. Je considère simplement que tout est bien, même si d’un point de vue strictement théorique en photographie  on peut préférer certaines lumières à d’autres, certains moments à d’autres. J’ai tendance à me dire qu’il n’y a pas de hiérarchie dans tout ça et qu’en fait tu peux trouver de la beauté partout tout le temps, à n’importe quel moment, même dans les pires conditions de lumière les plus mauvaises possibles.

En tout cas, quand tu admets ça comme un système de fonctionnement possible et que tu fais des photos avec ce système de fonctionnement possible, tu t’aperçois que tu vas faire des progrès plus vite parce que tu vas te farcir tout un tas de lumières moches, des cas de figure nuls, des paysages qui sont loin  d’être idéals et tu dois quand même en tirer quelque chose d’intéressant en termes de photos.

Du coup tu fais des progrès bien plus vite que si tu te concentres sur des super couchers de soleil qui sont toujours beaux et que n’importe qui pourrait faire de façon un peu idéale. Je schématise.

Régis : Le problème là, Fabrice, c’est que tu viens de fusiller ma prochaine question. Parce que j’allais te demander justement quelle astuce, quel conseil tu pourrais donner aux auditeurs pour anticiper les jolis points de vue sur leurs lieux de vacances.

Mais finalement ta réponse elle n’est pas du tout celle que j’attendais mais elle est très puissante. C’est-à-dire que n’importe où on se trouve et à n’importe quel moment il y a quelque chose à faire. Donc ta réponse elle n’est pas celle que j’attendais mais elle est aussi efficace. C’est-à-dire que les lieux, forcément il y a de plus jolis lieux dans l’absolu que d’autres, mais on se satisfaire de n’importe quel endroit à condition de se donner la peine de regarder ça.

Fabrice : C’est vrai. Mais en même temps pour répondre à ta question, moi je ne vais peut-être pas te répondre sur des enjeux de lumière, parce que tu l’as compris, je vais le faire avec ce qui se présente, mais par contre sur des enjeux de lieux, des enjeux géographiques, je suis le premier à pas mal préparer les choses.

C’est-à-dire d’une façon générale, quand une destination m’intéresse, quand des sites naturels m’intéressent, peu importe où ça se trouve, en France ou ailleurs, j’essaie de me renseigner beaucoup sur des guides, sur des bouquins de photos d’autres photographes, ça peut être le Guide du routard, le Guide vert ou un beau livre d’un autre photographe. En tout cas, j’essaie de m’imaginer comment peut être le lieu, j’essaie de voir s’il est vraiment pertinent par rapport à ce que je cherche et j’essaie de le localiser de la meilleure façon possible, en tout cas de le sélectionner de la meilleure façon possible.

Il y a un truc tout bête pour faire ça au niveau de n’importe qui, sans être photographe pro, c’est simplement  quand on est dans un endroit simplement en vacances de regarder, même si on ne les achète pas, toutes les cartes postales qui existent. Parce que très souvent, c’est bête, en même temps c’est logique, les cartes postales qui sont vendues, ils font des grands classiques, tu vas à Paris tu vas trouver la Tour Eiffel, mais tu vas dans n’importe quel site touristique un peu plus nature tu vas trouver des jolies vues d’endroits que tu n’aurais pas forcément pensés, que tu ne connais pas forcément.

Dans ces cas-là il faut regarder les cartes postales, regarder au dos la légende écrite en tout petit où tu peux avoir de temps en temps le nom du lieu et ensuite s’inspirer de ça pour y aller. C’est la première des démarches que je fais.

Comment mettre de l’émotion dans ses photos de paysage

Régis : Excellent conseil effectivement. Les auditeurs vont croire qu’on a répété à l’avance mais pas du tout. Tu parlais de cartes postales. C’est un petit peu le thème de ma prochaine question.  Comment faire pour dépasser, en tout cas aller un peu au-delà du côté carte postale, de faire comme tout le monde. La carte postale. Elle se vend parce qu’elle plait à tout le monde, au plus grand nombre, mais il manque de l’émotion.

Qu’est-ce que tu pourrais donner comme conseil pour apporter de l’émotion, apporter un sentiment d’authenticité à  une photo qu’on fera sur un lieu de vacances par exemple.

Fabrice : Comme tu dis, l’exemple de la carte postale il est super intéressant parce que c’est l’archétype de la photo idéale souvent. Donc c’est souvent sur les cartes postales des photos qui ont été faites aux heures idéales, où sous un ciel bleu idéal avec le petit nuage qui va bien en plein milieu, tout blanc, tout potelé. Les cartes postales elles répondent à des archétypes qui sont faits pour ce qui va plaire au plus grand nombre.

C’est exactement la démarche un peu marketing dont je te parlais tout à l’heure. C’est comme si un photographe se disait « qu’est-ce qui plait aux gens » et qu’il fait ce qu’il leur plait.  Du coup il va peut-être faire photographe de cartes postales, ça peut être une voie, ce n’est pas déshonorant, c’est très bien. Mais en tout cas ça va donner souvent de très jolies photos mais qui sont vides d’émotion, qui en tout cas ne sont pas très chargées, qu’on ne va pas acheter sous forme de posters qu’on va laisser 10 ans dans sa chambre.

Donc pour arriver à faire quelque chose de plus personnel, il faut s’extraire des archétypes. C’est-à-dire que ce ne doit plus devenir un souci au niveau de la conduite de la prise de vue, c’est pour ça que je dis qu’il faut être capable de s’ouvrir à la nature sous n’importe quel climat et à n’importe quel moment, parce que ce qui va  compter ce n’est pas le cas de figure de lumière idéale, ce n’est pas non plus le lieu idéal, the place to be, pour faire la photo inratable.

C’est qu’est-ce qui me plait dans ce que je vois autour de moi, qu’est-ce que je ressens, est-ce qu’il y a quelque chose qui me touche et ça c’est du domaine de chacun, il n’y a pas de recette miracle, il faut simplement s’interroger et avoir une petite introspection en soi, notamment quand on débute, parce que ça c’est important de faire cette gymnastique, il faut en permanence se dire « qu’est-ce qui me touche, qu’est-ce qui me plait ?

Pourquoi ce qu’il y a devant moi ça m’interpelle, pourquoi j’ai envie de photographier ? » En tout cas,  il faut saisir ce moment, cette petit chose qui se passe à l’intérieur de soi, de ta tête ou de ton ventre, pour te dire « il faut que je me penche sur le cas parce qu’il m’intéresse ».  En tout cas la bonne photo à faire c’est celle qui me touche là au moment présent dans ce qui m’est proposé, et pas forcément  sur le belvédère sur lequel il faut monter pour voir le point de vue, etc.

Ça c’est la seule réponse que je puisse d’apporter de façon très généraliste et ne parlant pas d’une photo en particulier. C’est de s’extraire  de ce qui est idéal pour rentrer en soi et de se demander « qu’est-ce qui me plait, qu’est-ce qui m’a touché dans ce que je vois devant moi et comment je peux faire en sorte de montrer ce qui m’a touché ? »

Régis : Je trouve que tu résumes exactement ce que moi je m’efforce de me dire à chaque fois que je prends une photo. C’est  « Qu’est-ce que je veux montrer ? Qu’est-ce que je veux raconter ? » C’est un petit peu pompeux. On dit souvent qu’une belle photo raconte une histoire.

C’est peut-être un peu cucul peut-être. Mais c’est tellement vrai en fait et effectivement à chaque fois que je prends une photo, je me dis « Qu’est-ce que je veux raconter ? Qu’est-ce que je veux montrer ? » Ce que tu viens de dire, c’est exactement ça. C’est vrai que c’est important de se poser cette question-là, de ne pas appuyer sur le déclencheur de manière automatique parce que c’est joli. Auquel cas ça ne rendra pas quelque chose de très authentique.

Fabrice : Il faut vraiment prendre conscience que tout vient de soi. C’est pour ça que je n’attache pas tant d’importance que ça au matériel ou aux conditions de lumière idéale. Je suis bien content de les trouver quand elles se présentent, je ne crache pas dessus. Mais disons que le propos c’est ça, c’est vraiment que les gens comprennent que de toute façon ce qui va faire leur talent photographique, comme dans d’autres domaines de la vie, c’est ce qu’ils ont en eux, c’est leurs émotions et c’est ça qu’il faut exploiter.

Ça s’exploite avec un minimum de bagage technique, c’est pour ça qu’il faut toujours apprendre un minimum de choses sur les techniques photos. Mais ça c’est des outils, ce n’est pas ça qui va t’aider ou qui va faire ton résultat final même si ça va y contribuer parce qu’il faut un minimum de connaissances, c’est comme quand tu fais du ski, tu as beau vouloir être un super skieur, si tu ne prends pas des cours de ski, tu vas passer ton séjour entier sur les fesses et dans la poudreuse.

En photo, c’est pareil, si tu n’as pas un minium de connaissances sur comment ça marche et comment je peux utiliser les différents paramètres techniques, tu vas peut-être foirer tout le temps tes photos pour la même raison. Une fois que tu es passé à un niveau moyen parce que tu connais un minimum de choses en photo, très vite l’enjeu c’est ce qui se passe en toi, ce n’est plus du tout ni ton appareil ni les connaissances techniques.

Comment photographier un coucher de soleil

Régis : Oui, c’est un très beau résumé, super important. Je vais y revenir sur une partie de ton livre que je trouve super. Il y a une partie que j’ai vraiment particulièrement bien aimée, elle est d’ailleurs tout à la fin. En gros tu décortiques des photos que tu as prises et tu expliques le contexte, comment tu as fait, ce que tu as voulu faire. J’aimerais qu’on fasse un petit peu pareil. En audio, c’est un peu plus  compliqué qu’à l’écrit ou en vidéo évidemment, mais on va essayer de le faire quand même.

Je me mets en situation, je suis sur la plage, le soleil se couche, la lumière est magnifique évidemment, j’ai mon reflex, je n’ai pas de trépied, je n’ai pas de filtre, c’est vraiment une occasion comme ça. J’ai envie de montrer vraiment la beauté de la lumière et l’émotion qui me prend à ce moment-là. Qu’est-ce que je vais faire techniquement pour réussir à retranscrire ce que je ressens dans ma photo ?

Fabrice : On va essayer d’écumer tous les grands classiques du genre. Là, pour le coup, on va parler un peu technique. La première erreur à ne pas faire ou à faire intentionnellement si on choisit ce cas de figure-là, la fameuse ligne d’horizon que les gens ont toujours tendance à centrer. La ligne d’horizon, je précise, c’est la ligne plus ou moins schématique ou clairement dessinée entre le ciel et la terre, c’est le moment où se termine le ciel et commence la terre, ou l’inverse.

Souvent les gens instinctivement ils mettent cette ligne en plein milieu. Ce n’est pas une bonne chose. Il faut choisir son camp en photo. Soit on met un peu plus de ciel, soit on met un peu plus de terre. Là en l’occurrence ce sera un peu plus de la mer puisqu’on est au bord de la mer. Ça c’est la première chose. Rien que de faire ça, rien que de faire un peu plus de mer ou un peu plus de ciel, suivant ce qui nous intéresse le plus, déjà on va glisser un peu plus vers la photo pro et un peu moins vers la photo de vacances un peu basique.

Ensuite ce qu’on peut se dire, ce qui va faire aussi la différence entre une photo un peu plus touchante et une photo un peu plus banale, notamment sur tous ces cas de figure où on est au bord de la mer, c’est-à-dire où on a un très vaste horizon devant soi avec la plage, le sable, l’eau et le ciel, c’est qu’une fois qu’on a photographié ça, tout est plat sur l’image. En forêt on dit que c’est un effet de lisière, c’est un peu comme si on était tout le temps sur un chemin et que du chemin on photographiait une lisière de forêt, on a l’impression que tous les arbres sont au même niveau, on a une image un peu en rang d’oignon.

Au bord de la mer, ça peut être un peu la même chose même si on n’a pas d’arbres, c’est-à-dire qu’une fois photographiés, la plage, l’eau, le ciel, tout ça c’est un peu sur un même plan. Pour cause, parce qu’il n’y a pas de premier plan, il n’y a pas de différents plans. Le deuxième exercice qu’on peut essayer d’avoir dans ce cas de figure-là, c’est de se trouver au moins un premier plan. Quand on est sur une plage, il y a des tas de choses.

Ça peut être quelqu’un, ça peut être votre fils, votre fille si vous avez des enfants, ça peut être un rocher qui traine dans le sable, ça peut être un coquillage qui traine dans le sable et duquel on va s’approcher très fortement avec un grand angle.

Régis : Est-ce que ça peut être mes traces de pas qui vont vers la mer ?

Fabrice : Les traces de pas, ça c’est un autre grand classique du genre très efficace. Ça peut être simplement aussi une espèce de langue de mer, quand les vagues arrivent, elles repartent, elles arrivent, elles repartent, et au moment où elles arrivent, de temps en temps tu as une langue un peu plus serpentesque que les autres qui arrive plus vers ton objectif.

Ça peut être des tas de choses comme ça mais en tout cas trouver un objet ou une matière de quelque chose qui va apporter un premier plan et ne pas hésiter avec un grand angle à s’approcher beaucoup de ce premier plan, quitte à  l’exagérer. Ça va donner déjà une échelle de profondeur dans le paysage, ce qui peut être très important sur un bord de mer. Ensuite il y a des tas d’autres variantes encore. Mais ce qui est important aussi, c’est qu’au-delà du coucher de soleil au bord de la mer, ce qui nous intéresse c’est quand même pas mal la mer.

Parce que la mer elle va refléter tout un tas de variantes de la jolie lumière du coucher de soleil, elle va miroiter de tout un tas de feux plus ou moins rougeâtres. C’est très important aussi de se concentrer et de se dire « qu’est-ce qui m’intéresse le plus dans ce que je regarde, est-ce que c’est simplement le soleil qui fait une très belle boule rouge dans le ciel avec toutes les variations de lumière dans le ciel ou est-ce que c’est plutôt les reflets de cette lumière sur la mer ? »

A ce moment-là ça aide à choisir son camp comme je le disais tout à l’heure. Est-ce qu’on cadre un peu plus la mer ou un peu plus le ciel ?

Régis : Encore une fois on revient à la question qu’on doit tous se poser : qu’est-ce que je veux montrer ? C’est vrai que la mer il y a le côté symbolique qui est intéressant, c’est l’évasion, c’est l’infini. Ça peut être aussi une réponse qu’on peut apporter en choisissant de montrer plus de mer que de ciel par exemple.

Fabrice : Après, il y a une variante qui est assez classique qu’il faut intégrer comme une variante possible. C’est qu’on a le choix entre photographier le coucher de soleil et la mer de face, on est en face de ce qui se passe, ou alors d’utiliser la plage, puisqu’on est sur une plage dans le cas que tu évoques, de profil. De ne plus viser le large et le soleil juste en face de nous mais de se mettre de profil, c’est-à-dire en regardant la longueur de la plage et se servir de cette longueur de la plage comme un outil de perspective.

Souvent, on s’aperçoit qu’on peut faire des couchers de soleil très intéressants en cadrant la plage plutôt de profil que de face, même si à la rigueur le soleil sort du cadre, peu importe parce que parfois les lumières sont tellement jolies, justement  ce qui va être tellement beau c’est les reflets sur l’eau et c’est les reflets sur le sable, c’est tellement joli et ça devient plus intéressant de photographier la plage de côté.

Régis : Je comprends. Par rapport à l’exposition, quel est le principal écueil à éviter pour réussir l’exposition qui est assez complexe avec  ce gros point lumineux jaune qui est le soleil ?

Fabrice : Pour garantir la meilleure exposition possible, il faut attendre que le soleil soit le plus bas possible sur l’horizon. Si le soleil vous intéresse, le choper avant qu’il disparaisse, avant qu’il se couche dans l’eau. Mais ça peut être quand il est quasiment posé sur la ligne d’horizon. Là on a souvent les meilleurs équilibres de lumière parce que le soleil est très joli, il va être dans les rouges ou jaune très foncé.

S’il y a quelques nuages dans le ciel, c’est très important pour le côté ciel, un truc à retenir aussi que ce soit sur la plage comme ailleurs, les couchers de soleil sont toujours plus beaux quand ils trainent quelques nuages dans le ciel parce que la lumière s’accroche sur les nuages. Ça donne des teintes rougeâtres absolument divines. En tout cas s’il y a des nuages, en tenir compte et du coup  attendre que le soleil soit le plus bas possible sur l’horizon pour avoir justement un disque qui soit assez fort en couleur mais assez mesuré en intensité.

Du coup on n’aura plus ce gros problème d’avoir un point solaire très intense qui va créer des déséquilibres de lumière avec l’ensemble du paysage.

Son livre : Les Secrets de la photo de paysage

Régis : Super conseil. Merci Fabrice. Tu as sorti un livre aux Editions Eyrolles qui s’appelle Les secrets de la photo de paysage, qui je conseille vraiment, même si on pense qu’on sait faire. Il y a toujours plein de choses à apprendre. Je le répète, tout est bien fait, mais la dernière partie j’ai particulièrement aimé avec ce côté cas pratiques, qui est très instructif, qui apporte plein de choses. Où est-ce qu’on peut trouver ce livre, Fabrice ?

Fabrice : Ce livre il est distribué dans le réseau librairie au sens large du terme, chez votre libraire habituel, à la Fnac, où vous voulez. Si vous ne l’avez pas vous pouvez le commander à votre libraire. Evidemment comme on est à l’ère du numérique, Amazon et consorts, sans problème pour le trouver là-dessus aussi. Par rapport à cette rubrique que tu aimes bien, je comprends tout à fait les raisons pour lesquelles tu peux y être attaché.

D’ailleurs que c’est vrai que c’est intéressant d’avoir des études de cas de photos. Même si ensuite ce qui est un peu plus complexe quand on se retrouve tout seul dans ses baskets, c’est de se dire « j’ai bien compris comment il a fait la photo de tel endroit dans son livre et tous les paramètres, mais dans ma vie je ne suis pas au même endroit, il faut que je me débrouille ». Mais c’est vrai que ça aide beaucoup d’étudier des études de cas complets d’images parce qu’on finit par saisir au bout d’un moment la logique qui peut présider à la meilleure photo possible.

Je profite simplement que tu en parles pour dire que je fais exactement la même chose d’études de cas dans le magazine Le monde de la photo tous les mois. C’est un magazine parmi d’autres, je ne dis pas qu’il est meilleur que ses concurrents. Mais là j’y fais des chroniques tous les mois où justement l’objet c’est de prendre une photo, de  la décortiquer de A à Z et d’expliquer aux gens comment je me suis retrouvé là et comment j’ai travaillé ma photo pour qu’elle donne ce qu’elle donne.

Régis : C’est vrai que j’ai insisté aussi là-dessus parce que je trouve que c’est un aspect de la photo que l’on ne trouve pas forcément dans beaucoup de livres qui traitent de l’apprentissage de la photographie dans quelque domaine que ce soit. C’est pour ça que de voir cette partie-là dans ton livre, ça m’a du moins surpris et en tout cas intéressé.  Je trouve que c’est bien d’avoir mis ça là. Tu fais bien de le dire que tu le fais aussi dans le magazine Le monde de la photo parce que c’est très instructif.

C’est une idée que tu me donnes malgré toi par rapport à mon blog. Ça pourrait  être effectivement une rubrique de plus à faire sur mon blog. Je décortique une des photos que j’ai prise, comment j’ai fait pour en arriver là. C’est effectivement un bon thème de travail.

Fabrice : Je pense que c’est très intéressant. Je sais que quand j’étais  amateur et que je fantasmais sur les paysages des autres, notamment sur les bouquins de technique photo, ce que je regardais presqu’exclusivement, c’était les photos avec les légendes qui allaient dessous en fantasmant là-dessus. Qu’est-ce qu’il avait comme appareil le gars, je kiffe, à quelle ouverture, quelle vitesse ?

Ah, si j’avais le même appareil, je pourrais  faire les mêmes choses. Après, on s’aperçoit que c’est un peu plus compliqué. Mais en tout cas  au départ ce qui nous intéresse quand on feuillette un livre de technique photo, c’est ce qui colle le plus à une image qu’on voit.

Régis : Exactement. Merci beaucoup Fabrice pour tous ces précieux conseils très instructifs et très bien expliqués également. C’était un vrai plaisir.

Fabrice : Je t’en prie. Merci.