Avant le numérique …

Du temps de l’argentique, pour les plus jeunes, si ce mot là est inconnu, demandez à vos aïeux, du temps de l’argentique donc, on n’entendait jamais un photographe dire « j’ai des centaines de photos à trier, elles s’entassent sur ma visionneuse par dizaines ! »

Je n’ai moi-même pas connu ce temps là, enfin si, en fait, je ne peux pas dire le contraire, pour un photographe qui a dansé sur I Like To Move It (Reel 2 Real 🙂 ). Je sais ce que signifie l’attente infinie entre la dépose de la pellicule et la récupération du paquet cadeau.

Vous vous souvenez ?? Le type à l’accueil ouvrait devant tout le monde la pochette et sortait les 3 ou 4 premières photos juste pour dire « c’est bien celles-ci ? » « Oui, oui, c’est bon !! Refermez-vite, y en a une dans le tas, je suis plus trop sûr de ma tenue »

Bref, le développement du film, j’ai connu, mais juste dans le contexte vacances-loisirs. La photographie animalière m’a attrapé avec le numérique, j’ai pris le pack ! Pour moi, le tri de centaines de photographies d’animaux s’est toujours faite sur un écran d’ordi. Chambre noire, non, Aperture, oui !

Aujourd’hui, la seule limite constatée en sorties photos, c’est celle de la carte mémoire placée à plus de 500 images en RAW. Une pellicule de 500 poses … terrible ! Et vas-y que je shoote en rafale, que je teste les cadrages, des réglages, que je m’amuse, que je tente, que j’expérimente, que je râte, que je recommence … des sorties sur le terrain à 200 ou 300 prises de vues, c’est monnaie courante.

Que de photos en stock !

En conséquence, le nombre de photos de lapins, de renards, d’oiseaux et compagnie qui s’entasse sur le disque dur est important. Peu importe où et comment vous les rangez, dans un dossier tout bien organisé ou en vrac comme elles viennent, ces images sont là et bien là !

Grâce au très faible coût de stockage, rien de plus facile que de se laisser envahir … et c’est tant mieux ! Oui, je répète, qu’il est bon de pouvoir entasser ses photos de sorties terrain ! Car nous faisons tous la même chose : au retour d’une séance photo, on se précipite sur l’ordinateur pour admirer les 4 ou 5 dont on sait qu’elles sont réussies sur les 200 obtenues. On les dynamise vite fait bien fait à coup de Lightroom ou Aperture, on les partage illico sur Facebook, en espérant obtenir le plus de J’aime possible !

Et les autres ? Bah oui, les 195 autres photos ? On les garde n’est-ce pas ? Surtout ne les jetez pas ! Mettez-les bien au chaud, réservez-les pour après. Pourquoi ? Pour les regardez plus tard ! Car il faut toujours revenir à postériori sur les photos prises avant, bien avant.

Voici trois raisons pour comprendre pourquoi. Trois raisons qui, après les avoir lues, vous feront considérer toutes les 195 comme un trésor potentiel, vraiment.

Raison 1 – Vous avez appris de nouvelles techniques en post-traitement

Lorsque vous vous êtes lancé en photo animalière, vous avez en premier lieu appris à mieux utiliser votre reflex. Ensuite, vous avez tout fait pour améliorer vos connaissances naturalistes. Après, vous avez mis en oeuvre ce qu’il fallait afin d’observer les animaux dans les règles de l’art. Et finalement, vous avez commencé votre apprentissage dans l’installation des affûts, dans la photographie à l’approche pour, enfin, photographier vos sujets favoris.

Mais !! La photographie en générale et animalière en particulier est un processus d’apprentissage permanent ! Croyez-vous qu’au bout de 6 mois, 1 an ou même 2 ans vous n’aurez plus rien à apprendre ? Non, bien sûr.

La lecture des meilleurs blogs (dont auxoisnature.com évidemment 🙂 ), des magazines spécialisés, des livres type Guides Pratiques sur la photo animalière et des beaux livres comme celui de Vincent Munier, fera constamment évoluer votre approche de la photo.

Et parmi tous les sujets sur lesquels vous découvrirez toujours de nouvelles techniques, c’est celui du post-traitement. Je ne vous parle pas de procédés ultra perfectionnés sur des logiciels professionnels coûteux. Il s’agit bêtement de maîtriser quelques trucs pour donner de la consistance à vos images. Les photos brutes de capteur peuvent manquer de punch, alors bouger quelques curseurs sur Lightroom ou Aperture révèlera des détails notables.

Maintenant, revenons en arrière, à vos tout début. L’époque où vous ne soupçonniez pas l’existence de logiciels de traitement d’images. Que croyez avoir fait avec les prises de vue du moment considérées alors comme non valables ? Au pire, à la corbeille, au mieux, archivées.

Plongez-vous à présent dans les bas-fonds de votre disque dur, et retrouvez ces archives. Depuis ces temps anciens, vous avez j’espère installé un logiciel de traitement d’images ! Analysez vos anciennes photos en les filtrant grâce à vos connaissances nouvelles en post-traitement.

Je prends les paris que dans le lot vous retiendrez des photos passées à la trappe auparavant. Passez-les à la moulinette de votre software préféré, laissez parler votre savoir-faire, et découvrez de nouvelles-anciennes photos !

vache charolaise

Une vache charolaise et son veau prise il y a longtemps, photo que j’ai laissée dormir – © Régis Moscardini

vache charolaise et son veau

La même photo passée à la moulinette d’Aperture et avec mes nouveaux standards esthétiques – © Régis Moscardini

 

Raison 2 – Vous avez acquis de nouveaux standards en terme de «bonnes photos»

Désolé de vous infliger ça : faites encore un flash-back sur votre activité. Aussi loin qu’il est possible d’aller dans votre mémoire, demandez-vous quels étaient vos critères de sélection à vos débuts. Sont-ils les mêmes qu’aujourd’hui ? Oui, non ? Oui, forcément !

Voilà un point qui change – presque – autant que les mises à jours des logiciels : vos critères pour choisir entre une bonne photo et une mauvaise. L’expérience, la technique, la sensibilité, la sagesse, le sang-froid, autant de paramètres qui ont modifié la façon de trier vos images.

Prenez mon cas. A mes débuts, je cherchais à tout prix à figer le sujet. Pour moi, une bonne photo animalière correspondait à un animal dont les mouvements étaient figés par une vitesse d’obturation suffisante.

Par la suite, j’ai lu, j’ai admiré, j’ai discuté et … j’ai changé !! J’avoue, la netteté du sujet a toujours sa place dans mes critères, en revanche, en fonction du type de photo que j’ai en tête, j’en ai d’autres maintenant. Par exemple, je suis bien plus sensible aux flous et autres effets de filés. Il y a donc de grandes chances qu’au sein de ma photothèque, une poignée de photos correspondent à mes nouveaux canons de beauté ! Faites l’essai 🙂

filé de cascade

Une photo que j’ai laissée de coté car elle ne correspondait pas à mes critères de l’époque – © Régis Moscardini

filé de cascade

Un filé d’eau auquel je suis bien plus sensible aujourd’hui – © Régis Moscardini

 

Raison 3 – Vous avez carrément oublié une série !

Nos vies sont trépidantes. On passe du boulot aux gosses, des gosses à la maison (ou appart’), puis on revient au boulot pour re-s’occuper des gosses et dans tout ça on tente de caser notre passion : la photo animalière.

Evidemment, dès que l’occasion se présente, ça n’est pas pour une séance de tri qu’on se lèvera aux aurores mais pour une séance photo sur le terrain ! A peine rentré et vidé la carte mémoire sur le P.C que paf ! c’est reparti pour les enchainements décrits plus haut.

La belle série de 200 photos commence alors sa longue et ennuyeuse attente dans les entrailles du computer. Rigolez pas, ça m’est déjà arrivé !

La solution est aisée : regarder régulièrement les dossiers photos. C’est tout con mais ça marche 😉 .

paysage aube

Pour les besoins de l’article, j’ai fouillé dans ma photothèque … et j’ai (re)trouvé cette photo de paysage à l’aube ! – © Régis Moscardini

Bonus – L’astuce qui tue

Truc lu sur un forum : pour ressortir à la surface des vieilles photos de l’ordinateur, il suffit de programmer le lancement d’un diaporama lorsque la machine se met en mode économie d’écran.

L’ordi pioche alors au hasard les images dans les dossiers choisis par l’utilisateur : que de l’animalier ou toutes les photos, même les dernières du petit. A vous de voir.

Pas bête, ça peut-être une façon originale de se trouver nez à nez avec une vieille photo de renard oubliée depuis des siècles et qui n’attendait qu’une petite retouche pour exprimer toute sa quintessence.

Conclusion

Bravo, vous avez lu tout l’article, soit 8 184 caractères, 1 357 mots en, normalement, 6 minutes et 47 secondes. Sauf que c’est la moitié de la tâche à accomplir. Il vous faut maintenant passer à l’action !

Si je vous ai convaincu de jeter un oeil dans vos anciennes photos, maintenant faites ça : programmez dans vos tâches à faire (les fameuses to-do-list) l’inspection des dossiers photos. Pas tout d’un coup, juste un peu de temps en temps.

Vous aurez de nouvelles images sans même photographier, incroyable !!!